Antoine Herouet

Antoine Herouet

Antoine Héroët

Antoine Héroët, ou Herouet[1], vers 1492 et mort vers 1567, est un poète et un clerc français.

Sommaire

Biographie

Une date de naissance incertaine

Antoine Héroët serait en 1492, selon Frédéric Godefroy[2]. Cette date sera reprise par tous les biographes ultérieurs, mais on ignore encore sur quel document Frédéric Godefroy sappuyait. La date reste donc hypothétique.

La famille dAntoine Héroët

Antoine Héroët était le fils de Jean Hérouet, un trésorier du roi, et de Marie Malingre. Son père a fait construire dans le Marais lhôtel Héroët, qui existe encore, reconnaissable à sa tourelle, qui domine le carrefour de la rue des Francs-Bourgeois et la rue Vieille-du-Temple.

Jean Hérouet

Jean Hérouet était peut-être originaire de Normandie. Il existe un hameau de ce nom dans le canton dOcteville, à 4 km au sud-ouest du centre de Cherbourg. Et on sait que, le 7 mai 1532, Jacques Hérouet, détenteur héréditaire dune sergenterie relevant de la vicomté dAvranches, a fait déclaration de foi et hommage pour ce fief. Il reste cependant impossible de situer avec certitude les origines familiales dans cette petite seigneurie normande ; mais les Hérouet semblaient entretenir des rapports réguliers avec cette province. En outre, en 1499, un Jehan Herouet était greffier civil de léchiquier de Normandie, ou greffier civil en chef au Parlement de Rouen. Sagissait-il du trésorier parisien ? On sait que Jean Hérouet a souvent été chargé de missions lointaines, jusquen Italie. Or le poste était important car cette année- léchiquier de Normandie, qui était une cour médiévale intermittente, devint le parlement de Rouen. Jean Hérouet peut donc avoir été chargé de contribuer à lorganisation de la nouvelle institution.

Par la suite, en 1502, Jean Hérouet fut trésorier à Milan. , il se serait livré à des malversations qui ont brisé, semble-t-il, sa carrière : on perd toute trace de lui dans lentourage royal. Il est encore en vie en 1508, puisquen janvier, à Blois, Louis XII institua à la requête de Jean Herouet, seigneur de Carrières-sous-Bois, deux foires annuelles au dit lieu, lune le jour de la Saint-Vincent, lautre le lendemain de la Saint-Pierre en juin, et un marché le lundi de chaque semaine. Jean Hérouet avait acquis ce fief de son mariage.

Marie Malingre

La mère dAntoine Héroët appartenait, elle, à une famille déjà bien installée de la noblesse de robe parisienne. Le 30 octobre 1465, Nicolas Malingre, huissier de la chambre des comptes, avait reçu des lettres danoblissement de Louis XI. Sa fille, Marie, tante de la mère dAntoine Héroët, épousa Hector Hyon, seigneur de Carrières, faisant ainsi entrer le fief dans la famille.

Le 14 novembre 1470, Jean Malingre, fils de Nicolas, fut reçu conseiller au parlement de Paris. Il épousa Blanche Rolland, qui appartenait également à une famille de la noblesse de robe[3]. Marie Malingre aurait été leur premier enfant. Elle eut elle-même six enfants de son mariage avec Jean Herouet, nommés Nicolas, Georges, Antoine, Louise, Marie et Jean. Le 15 septembre 1515, Marie Malingre, qui est donc devenue veuve, se remaria avec Jean Ballue, dit le jeune, neveu du cardinal La Balue, seigneur de Villepreux, de Gouaix, dErmet, de Cervolle et de la Motte-Bonot. Celui-ci devint en 1520 Maître dhôtel de la reine de Navarre et écuyer tranchant du dauphin. Cette alliance rapprochait de nouveau la famille de la cour, et Antoine Héroët profita toute sa vie de ces liens.

Jeunesse et études

Antoine Héroët vécut peut-être ses premières années dans lhôtel Hérouet, à moins quil nait été placé en nourrice à la campagne, comme cela se pratiquait à lépoque.

Marsile Ficin, dont Antoine Héroët traduit et versifie la traduction de LAndrogyne.

On sest interrogé sur les études qui lont amené à devenir humaniste. Son biographe Colletet rapporte quil a étudié à Paris. La tradition familiale lamena certainement à étudier en premier lieu le droit. Cela supposait à lépoque dêtre bilingue : toute la profession travaillait en effet encore en latin[4]. Il semble bien avoir été promis à une carrière judiciaire, car le 2 avril 1527, un Antoine Hérouet fut nommé auditeur au Châtelet. On ne lui connaît pas dhomonyme à Paris, et il sagit dautant plus vraisemblablement de lui quil accéda par la suite à dautres titres de la carrière judiciaire.

Mais Antoine Héroët sest-il limité à des études de droit ? Fils dune famille aisée, il a sans doute pu étudier à sa guise. Selon J. Hutton[réfnécessaire], Jean Salmon Macrin et Hérouet se connaissaient déjà en 1515 au moins. Antoine a-t-il étudié le grec avec Salmon Macrin sous légide dAléandre et peut-être de Lefebvre dÉtaples ? On ne connaît aucun témoignage allant dans ce sens. Mais les œuvres dHéroët montrent son intérêt pour Platon, ce qui est à lépoque un trait caractéristique de la Renaissance intellectuelle. Selon André-Jean Festugière[réfnécessaire], Héroët sest non seulement inspiré de Platon, mais aussi de textes italiens non traduits, ce qui suppose quil ait également connu cette langue. Si lon ignore si Héroët a eu un accès suffisant au texte original de Platon, on sait du moins quil dit, dans son Androgyne, sinspirer de Marsile Ficin. Ce faisceau dindices permet en tout cas dinscrire Héroët dans la mouvance néoplatonicienne des humanistes du début du XVIe siècle.

Dans lentourage de Marguerite de Navarre

Portrait de Marguerite de Navarre, par Jean Clouet, vers 1527.

En 1524, Antoine Héroët reçut de Marguerite de Navarre, sœur de François Ier, une pension de 200 livres. La somme était importante et lui permettait de vivre confortablement. Visiblement, la position de maître dhôtel de son beau-père de la reine de Navarre lui avait servi. Mais si la sœur du roi s'intéresse à lui, c'est peut-être aussi à cause de ses qualités humaines : on faisait, semble-t-il, appel à lui dans des arbitrages. Cela lui permettait surtout de se rapprocher de la cour savante et raffinée dhumanistes, dartistes et de poètes qui entourait Marguerite, et qui fut lun des creusets de la Renaissance française. À lépoque, la figure la plus importante en était Clément Marot, nommé valet de chambre du roi en 1528.

Héroët dut y plaire, car en 1529 il devint « pensionnaire extraordinaire » de Marguerite de Navarre et de Louise de Savoie, pension qui a duré jusquen 1539. On a retrouvé un bail signé par lui le 25 juillet 1532, qui prouve quil vivait probablement à lextérieur de la cour. Selon ce bail, Antoine Héroët, seigneur de La Maison-Neuve, louait une maison rue de la Bretonnerie. La seigneurie de Maison-Neuve était un petit arrière fief de Carrières-sous-Bois, et sans doute un revenu alloué par sa famille.

Les débuts poétiques

On ignore quand Héroët a commencé à faire des vers. Il semble avoir publié tardivement ses poésies, et contrairement à lusage, ne fit précéder ses publications daucun panégyrique, qui aurait pu nous apporter des renseignements. Par la voie détournée de la musicologie, on sait cependant quil a déjà écrit en 1533 : Clément Janequin composa en effet à cette date une partition pour le poème « Ayez pitié du grand mal que jendure ». On sait aussi quen 1535, Clément Marot écrivit de Ferrare , accusé de protestantisme, il était réfugié, le Blason du beau tétin auquel Héroët répond comme beaucoup dautres poètes par un Blason de lœil.

La même année, lauteur anonyme du Panégyrique des demoiselles comparait Héroët à Horace, en faisant une paronomase sur les deux noms, procédé courant dans les éloges poétiques au seizième siècle. Cette célébrité naissante sexplique sans doute par la publication de LAndrogyne daprès Platon, quil ne présenta pourtant au roi que lannée suivante, en 1536 : François Ier avait insisté pour connaître enfin ce poème, mais Hérouet sexcusa en affirmant être mécontent de ses vers et pour cela « les tenir longuement en silence ».

Cette reconnaissance officielle marquait le début véritable de la renommée littéraire dAntoine Héroët. En 1537, Salmon Macrin lui dédie une hymne latine et Fripelippes invoque son autorité dans la querelle de Marot contre Sagon. Enfin, la même année, Antoine de Saix fait de nouveau léloge de son Androgyne.

1538 fut certainement un tournant dans la carrière de cet homme de robe, courtisan humaniste et poète. Le roi lui donna en effet le bénéfice de labbaye de Cercanceaux, vacant par la mort de son abbé, Jean de Moles. Dans lacte, Antoine Héroët est désigné sous le titre de Maître des requêtes ordinaires du roi et de la reine de Navarre, mais il sagit peut-être dune charge de complaisance. Ce bénéfice lui donnait en tout cas dimportants revenus ; lannée suivante, il cessa de figurer sur les comptes de Louise de Savoie et de Marguerite de Navarre : le revenu de labbaye de Cercanceaux remplaçait vraisemblablement la pension de la mère et de la sœur du roi.

Le clerc

La bulle de nomination pontificale du 23 août 1538 montre que le poète cumule les bénéfices ecclésiastiques, une pratique courante à lépoque. Il était à la fois curé de Saint-Germain de Villepreux, dont son beau-père Jean de La Balue était seigneur, curé de Sainte-Geneviève de Lindry, dans lYonne et enfin prieur commendataire de Nesles-la-Gilberte, près de Rozay-en-Brie. En 1544, on le retrouve chapelain de la chapelle Saint-Louis fondée en léglise Saint-Denis de Coulommiers. Enfin, en 1552, il devint 22e prieur commendataire de Saint-Éloi de Longjumeau.

Contrairement à beaucoup de ses contemporains, il semble avoir pris au sérieux ses fonctions de bénéficier. Il a ainsi payé un desservant à Coulommiers, Nicolas Alleaume, pour faire dire la messe dans la chapelle dont il a la charge. Mais cest surtout à Cercanceaux que son implication est la plus visible. Dabord, il a résidé dans son abbaye : on sait par son testament quil y a des meubles ; quil demande à y être enterré ; quil y possède un troupeau de vaches quil laisse à sa cousine ; quil aimerait enfin que son neveu soit abbé après lui. Deux actes chez les notaires de Château-Landon prouvent en outre quil a continué de soccuper de son abbaye même lorsquil était évêque de Digne. En 1630, dans son Histoire du Gâtinais, Dom Morin ne cite quAntoine Héroët parmi les anciens abbés de Cercanceaux, et rapporte que celui-ci a fait des réparations et les a marquées de son blason :

« […] a succédé à Monsieur lévêque de Digne Anthoine Hérouet, iceluy a fait quelques réparations en ladite abbaye, & lon voit ses armes en plusieurs lieux, qui sont deux lyons & une bande cannellée ou ondée. »

Les travaux nétaient cependant pas encore payés à sa mort, car le bailli de Nemours saisit la succession dHeroët, pour finir de les régler. Mais pour les moines de 1630, cest le seul abbé qui ait laissé un souvenir, et cest un souvenir positif.

Lapogée de la carrière poétique

Pendant les quinze années qui séparèrent sa nomination dabbé de Cercanceaux de celle dévêque de Digne, la renommée poétique dAntoine Héroët ne cessa de croître.

Léloge des pairs

En 1539, Étienne Dolet cite Antoine Héroët, « excellent traducteur, […] illustrateur du haut sens de Platon ». Et Marot linvoque de nouveau dans une querelle contre Mellin de Saint-Gelais, en le surnommant « Thony ». Plus tard, en 1543, il affirme quHéroët est lun des trois grands poètes français de lépoque. Claude Chappuys qualifie son style d'« héroïque ». Charles de Sainte-Marthe, lui, publie en 1540 une Élégie du temps de France, dans laquelle il cite Héroët au même titre que Mellin de Saint-Gelais ou que Maurice Scève, et évoque son amitié avec Charles Fontaine. En 1548, Thomas Sébillet érige Antoine Héroët en modèle pour tous les poètes.

En 1542, Héroët fit imprimer la plus importante de ses œuvres, la Parfaicte Amye de Court chez Étienne Dolet, en signalant à limprimeur quil se fait appeler Maison Neuve, nom féodal qui ne semble avoir été utilisé que dans le cercle restreint de la cour. Mais limprimeur choisit à la place dinscrire Héroet, une forme en vogue auprès de certains grammairiens de lépoque, mais qui faisait fi de toute tradition écrite[1]. La Parfaicte Amye est écrite en réaction à LAmye de court (1541) de Bertrand de la Borderie, qui sopposait au néoplatonisme en proposant une image moins éthérée de la femme aimée. Lœuvre sinscrivait donc dans un débat contemporain, dont les conversations entre les personnages de l'Heptaméron de Marguerite de Navarre rendront compte[5]. Dans cette controverse[6], Héroët reçut le soutien de Charles Fontaine, auteur dune Contramye de Court.

En 1544, désormais seul seigneur du fief de Maison-Neuve, quil partageait jusque avec lun de ses frères, Antoine Héroët publie de nouveau lAndrogyne, et la Parfaicte Amye, dans Le Mesprit de la cour, un ouvrage collectif qui fut plusieurs fois réédité dans les années suivantes. Lannée 1547 voit enfin la publication des Opuscules damour par Antoine Héroët, La Borderie « et autre divins poètes » chez de Tournes à Lyon.

Ladmiration plus nuancée de la nouvelle génération

Portrait de Joachim du Bellay par Jean Cousin.

En 1549, cest au tour de Du Bellay de lui offrir un long poème à sa gloire, dont voici un extrait :

« Héroët, aux vers heroïques[7]
(sujet vrayment digne du ciel),
Qui en douceur passent le miel
En gravité les fronts stoïques,
Ta Muse, des Graces[8] amie,
La mienne à te louer semond,
[...]
On peut, Héroët, estimer
En toy celuy revivre encore
A qui jadis dedans la bouche
Les abeilles alloyent formant,
Le miel, lors quil estoit dormant,
Encor' enfant, dedans sa couche[9]… »

Mais après ce poème dithyrambique, Du Bellay attaque dans la Défense et illustration de la langue française les auteurs qui imitent Héroët ainsi que Marot :

« aussi est-ce chose grandement à reprendre, voire odieuse à tout lecteur de libérale nature, voir en une même langue une telle imitation, comme celle daucuns savants mêmes, qui sestiment être des meilleurs quand plus ils ressemblent un Heroët ou un Marot. »

— Défense et illustration de la langue française I, 8. Le français nest selon la Pléiade pas encore une langue suffisamment poétique pour quon puisse imiter les auteurs du passé. Mais la critique se fait ensuite plus directe, quoique voilée :

« Lautre [Héroët], outre sa ryme, qui nest par tout bien riche, est tant denué de tous ces delices & ornementz poëtiques, quil merite plus le nom de phylosophe que de poëte. »

— Défense et illustration de la langue française, II.

Malgré ces réserves, en 1550, Du Bellay, dans sa Musagnoeomachie, met en scène Héroët et Marot dans la troupe qui lutte contre lignorance. La même année, François Habert cite Héroët tout au début de sa liste des poètes de lépoque. Enfin, dernière consécration de la nouvelle génération, Ronsard fait léloge dHéroët dans la préface de ses Odes.

En 1555, Jacques Peletier du Mans vante à son tour les qualités du poète :

« […] je nai encore vu Poésie en français mieux dressée à mon gré, ni plus sentencieuse, ni il y eût moins à redire : que la Parfaite Amie dAntoine Héroët. »

— Art poétique.

La seconde carrière dAntoine Héroët

À partir de cette date, les éloges deviennent moins nombreux. Le poète semble en effet ne plus écrire, même sil est réédité régulièrement[10].

Après 1542, Marguerite de Navarre est occupée par les affaires de son royaume. Elle vit loin de Paris et son influence diminue dautant plus que son entourage est accusé de protestantisme. Héroët se trouva peut-être un nouveau protecteur en la personne du connétable Anne de Montmorency, alors en disgrâce, qui construisait le château d'Écouen et sentourait dune cour dhumanistes. Les verrières du château sont en effet ornées par des huitains de Chappuys, de Saint-Gelais, et dHéroët, signés du nom de Maison-Neuve[11]. Le connétable de Montmorency, que rapporte Brantôme, on surnommait « le grand rabroueur », était un fervent catholique, ce qui met à mal les accusations au sujet de l'intérêt que portait Héroët au protestantisme.

On sait par les nombreux actes notariés quil a laissés à Paris quil participait activement à la vie de la famille, en gérant parfois des sommes importantes. En novembre 1544, Antoine Héroët agit ainsi pour le compte de Gaston Olivier dans lachat de deux maisons rue Vieille-du-Temple, lune Antoine demeurait, et lautre logeait sa mère, Marie Malingre et le second époux de celle-ci, Jean de La Ballue. Georges Hérouet, frère dAntoine, avait épousé Madeleine Olivier. Les Olivier appartenaient à une famille de la noblesse de robe bien en cour, qui avait aussi profité du soutien de Marguerite de Navarre. Le 18 mai 1545, lun deux, François Olivier devient chancelier de France. Antoine Héroët « était ordinairement en sa cour… »[réfnécessaire]. Entre temps, le connétable de Montmorency était revenu aux affaires. Héroët avait donc de nouveau deux protecteurs puissants.

Une fin de vie peu connue

En 1551, Henri II nomma Antoine Héroët évêque de Digne. Dans lacte, on lui donnait le titre de « feal conseiller et aulmosnier ordinaire maistre Anthoine Heroët, abbé de Cercanceaulx ». Les conseillers du roi, et même les aumôniers étaient assez nombreux, mais ce cumul est tout de même la preuve que le personnage était bien en cour, sans quon sache très bien à quel titre. On perd alors presque toute trace dHéroët. Les hommes du XVIe siècle ont beaucoup écrit de mémoires, et la vie de la cour des Valois est bien connue. Mais à parcourir les index des mémoires du temps, on ne trouve rien. Rien non plus dans les ouvrages qui relatent la vie politique. Contrairement à ce qui a été dit plus tard, il ne laisse aucune trace dans les disputes religieuses de lépoque. Quelques actes notariés dans les archives montrent une vie de famille normale. À Digne, il laisse également peu de traces.

On a même longtemps ignoré la date exacte de sa mort, que lon situait en 1568. En fait sil semble quil ait participé à lassemblée générale du clergé qui commence le 25 octobre 1567. Son successeur à Cercanceaux, le cardinal de Bourbon, est nommé à Rome le 20 décembre, et lacte précise quHéroët est mort[12].

Œuvres

Linfluence du néoplatonisme sur Héroët se marque comme chez dautres poètes du temps par un idéalisme qui mêle lamour au divin[13]. Lamour sensuel y est opposé à un amour spirituel qui amène à la compréhension des idées et représente donc la synthèse réussie du Vrai, du Beau et du Bien, de la réalité et de la spiritualité. Ces lieux communs se traduisent en une poésie philosophique, qui cherche à exprimer par les figures de la métaphore, du paradoxe et de la pointe lélévation spirituelle nécessaire pour accéder à cette amour idéal, quHéroët définit comme un « je ne scay quoi ». Cette esthétique est illustrée par cet extrait de la Complaincte dune Dame surprinse nouvellement damour dHéroët :

« Car je me veulx, sans me perdre, trouver,
Et sans espreuve, en moy seule esprouver,
Puis mesprouvant, scavoir ce qui peult estre,
Que je congnois en moy sans le congnoistre.
Seroit ce amour ? Confesser je ne lose ;
Et si sens bien je ne scay quelle chose
Dedans mon cueur, qui de lamour approche. »

  • LAndrogyne de Platon, traduction versifiée établie à partir de celle de Marsile Ficin ;
  • 1542 La Parfaite Amie.

Notes

  1. a et b Comme cétait souvent le cas à lépoque, le patronyme dAntoine Héroët a été soumis à des variations importantes de graphie. Sa famille semble avoir porté le nom dHérouet, sous lequel il signa ses premières œuvres, et que tous les documents historiques attestent. Lui-même semble avoir voulu choisir le nom féodal de Maison Neuve comme nom de plume, mais les imprimeurs de ses œuvres ont popularisé la forme Héroet, qui sest imposée par la suite avec un tréma. Voir.
  2. Frédéric Godefroy, Histoire de la littérature française, XVIe siècle, 1878. Il y consacre une notice à Héroët (p. 591-592), en indiquant cette date.
  3. Les Rolland seront des cousins très présents auprès dAntoine Hérouet.
  4. Ce nest que plusieurs décennies plus tard que lordonnance de Villers-Cotterêts imposa le français.
  5. Précis de littérature française du XVIe siècle, sous la direction de Robert Aulotte, P.U.F, Paris, 1991. Chapitre VII, « Littérature et politique : la cité », de Daniel Ménager, p. 327.
  6. largement héritée de la poésie médiévale, et en particulier du débat autour du Roman de la Rose de Jean de Meung.
  7. De nouveau, léloge joue de la paronomase. Le jeu de mots sera repris en 1553 par un autre membre de la Pléiade, Pontus de Tyard:

    « Voyez encore lAmour
    Qui Heroiquement parle
    Souz Heroet »

  8. Les Grâces étaient des déesses qui personnifiaient la beauté.
  9. Allusion double à Pindare et à Platon. Selon la lègende leur éloquence viendrait de ce que pendant leur enfance, des abeilles se seraient posées sur leur bouche.
  10. En 1543, 1544, 1545, 1546, 1547, 1549, 1550, 1551, 1556, 1558On copie également ses poèmes à la main, comme cela se faisait encore au XVIe siècle. Beaucoup de ces manuscrits ont été conservés.
  11. Ces verrières sont aujourdhui à Chantilly.
  12. Pierre Larousse et Michaud écrivent quil est mort à Paris, sans référence précise.
  13. Précis de littérature française du XVIe siècle, sous la direction de Robert Aulotte, P.U.F, Paris, 1991. Chapitre VI, « Littérature et spiritualité », de Françoise Joukovsky, p. 296 à 299.

Bibliographie

Éditions
  • Valéry Larbaud a publié la « Complaincte dune dame surprise nouvellement damour » dans la revue Commerce, n° 9, 1926, et lannée suivante, des Notes sur Antoine Héröet et Jean de Lingendes.
  • Albert-Marie Schmidt a publié « Le Blason de lœil », p. 311-312 dans les "Poètes du XVIe siècle" Bibliothèque de la Pléiade, 1953.
  • Ferdinand Gohin Antoine Héroet, œuvres poétiques, Paris 1909, réed. 1943. Cest la seule édition des œuvres à ce jour.
  • Christine M. Hill, a publié dans une thèse, une édition critique de La Parfaicte Amye, University of Exeter, 1981.
  • Bernard Delvaille a publié la « Complaincte dune dame surprinse nouvellement damour », dans Mille et cent ans de poésie française, collection Bouquins, 1991.
Études

Si Héroët est souvent cité, il est peu connu et étudié. On note principalement les ouvrages suivants :

  • Frédéric Godefroy, dans son Histoire de la littérature française, "XVIe siècle", 1878, p. 591-592, consacre une notice à Héroët.
  • Charles Sellier, « La demeure dAntoine Hérouet », Bulletin de la société de lhistoire de Paris et de lÎle-de-France, 1887, p. 98-100.
  • Abel Lefranc, « Le platonisme de la littérature en France à lépoque de la Renaissance », dans la Revue dhistoire littéraire de la France, 1896. Il consacre plusieurs pages à Héroët, qui constituent la première étude scientifique moderne.
  • Lucien Grou, « La famille dAntoine Héröet », Revue dhistoire littéraire de la France, VI, 1899, p. 277-282, et « nouveaux documents sur Antoine et Louise Héröet », Bulletin dhistoire de Paris, XXVI, 1899, p. 88-94.
  • Jules Arnoux, Un précurseur de Ronsard, Antoine Héröet, Digne, 1912.
  • E. Balmas découvre et publie « Le testament inédit dAntoine Héröet », Mélanges dhistoire littéraire offerts à Raymond Lebègue, Paris, 1969, p. 67-74.
  • Raphaël Valéry, « Qui était Antoine Héroët ? Biographie provisoire en attendant un colloque », Bulletin dart et dhistoire de la Vallée du loing, 2002, n°5, p. 147-158. Larticle a été publié par lauteur sur le site de la Société éditrice de la revue, et constitue la principale source de cet article.
  • Un colloque consacré à Antoine Héroët sest déroulé dans son ancienne abbaye de Cercanceaux les 26 et 27 septembre 2003. Il est paru en janvier 2007 aux éditions Champion sous le titre Par élévation desprit, Antoine Héroët, le poète, le prélat et son temps.
Études sur le néoplatonisme en littérature
  • Précis de littérature française du XVIe siècle, sous la direction de Robert Aulotte, P.U.F, Paris, 1991. Chapitre VI, « Littérature et spiritualité », de Françoise Joukovsky, p. 290 à 305.

Sources

  • Tout ou partie de cet article est issu du texte Qui était Antoine Héroët ? de Raphaël Valéry publié sous licence GNU de documentation libre à cette adresse

Lien externe

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