Pindare

Pindare
Pindare
Buste de Pindare, copie d'un original du Ve siècle av. J.‑C., Musée archéologique national de Naples
Buste de Pindare, copie d'un original du Ve siècle av. J.‑C., Musée archéologique national de Naples

Activités poète.
Naissance 518 av. J.-C.
Cynocéphales
Décès 438 av. J.-C.
Argos
Langue d'écriture grec ancien
Genres poésie lyrique.
Œuvres principales

Pindare (en grec ancien Πίνδαρος / Píndaros), né à Cynocéphales, Béotie, en 518 av. J.-C., mort à Argos en 438 av. J.-C., est l'un des plus célèbres poètes lyriques grecs.

Sommaire

Biographie

Les éléments biographiques que nous possédons sur lui sont minces, malgré les six Vies laissées par l'Antiquité.

Selon la tradition, il est membre d'une famille aristocratique. Il naît en 518 à Cynocéphales, en Béotie. Dans le fragment 193, il évoque « la fête quinquennale / escortée de bœufs où pour la première fois / je fus couché, choyé dans mes langes » — cette allusion aux jeux Pythiques nous montre qu'il naît au mois d'août ou de septembre. Sa famille possède une maison à Thèbes, où Pindare habitera souvent par la suite. Hérodote fait de lui l'élève de Lasos d'Hermione. À Athènes, il a également comme professeur Agathoclès. Il entre jeune dans les concours de poésie, où selon Pausanias il aurait été battu par Corinne. Celle-ci lui aurait alors conseillé de « semer à pleines mains, non à plein sac ».

Sa première ode, la Xe Pythique, est composée à l'âge de 20 ans. Elle célèbre la victoire du Thessalien Hippokléas au double stade, ainsi que la famille de l'athlète, les Aleuades. En 490, il compose sa VIe Pythique en l'honneur de Xénocrate, frère de Théron, futur tyran d'Agrigente. En 480, les Perses envahissent la Grèce. Thèbes transige avec l'ennemi. Sans doute Pindare suit-il la politique de sa région natale, car c'est Simonide de Céos qui célèbre la victoire de Salamine.

Loin de se limiter au théâtre local, il s'attache à différentes cours aristocratiques grecques, comme celle du tyran Hiéron de Syracuse, en l'honneur duquel il compose la Première Pythique, ou celle du roi de Cyrène, Arcésilas IV, pour lequel il compose les Pythiques IV et V. Sur ce terrain, il est concurrencé par le poète Bacchylide, caractérisé par son style plus élégant.

Œuvres

Le corpus pindarique nous est parvenu sous la forme de papyrus (du IIe siècle av. J.‑C. au IIe siècle ap. J.-C.), comprenant de nombreux fragments de péans et des épinicies. Nous disposons également des manuscrits (XIIe et XIIIe siècles), parmi lesquels les plus importants sont l’Ambrosianus C222, le Vaticanus Græcus, le Laurentianus et le Parisinus Græcus. Ils proviennent d'une sélection effectuée au IIIe siècle et ne comprennent que des épinicies.

Nous avons conservé de Pindare quatre livres d'épinicies (ἐπίνικοι / epinikoi). Il s'agissait de chants de victoire composés en l'honneur des vainqueurs des quatre Jeux panhelléniques, chantés ensuite par des chœurs de danseurs sur le passage du vainqueur. Dans ses épinicies, Pindare ne célèbre pas tant la performance sportive que la valeur personnelle de l'athlète : sa victoire reflète le triomphe du Beau et du Bon sur la médiocrité.

Les épinicies ne représentent qu'une faible partie de l'ensemble de son œuvre, qui comprenait également des hymnes, des péans, des chants de procession, des chants pour chœurs de vierges (parthénies), des chants de louange, des chants à boire, etc. L'ensemble constituait 17 livres, édités par les grammairiens alexandrins Zénodote et Aristophane de Byzance à partir de copies ou des éditions originales. C'est Aristophane qui regroupe les Odes en quatre livres, suivant les Jeux concernés : les Olympiques, les Pythiques, les Néméennes et les Isthmiques.

La question pindarique

Les odes pindariques ne se conforment à aucun plan. Le poète lui-même déclare dans sa Xe Pythique : « semblables à l'abeille, mes beaux hymnes de louange volent d'un sujet à l'autre. »

À l'époque hellénistique, Aristophane de Byzance et Aristarque de Samothrace le placent dans le Canon alexandrin. Ils établissent une édition sur laquelle les philologues se sont longtemps fondés : en effet, il semble peu probable que les odes de Pindare aient été couchées par écrit du vivant de leur auteur. Les grammairiens hellénistiques fixent le texte sous la forme de cola (du grec κῶλα / kỗla, « membres », puis « périodes oratoires »). Il faut attendre le XIXe siècle et les travaux d'August Böckh (Pindari opera quæ supersunt, Leipzig, 1811–1881) pour voir reconstruit le vers pindarique, tâche d'autant plus difficile que chaque ode possédait son propre système métrique.

Se pose ensuite la question de l'unité de l'ode. Un premier courant de la recherche, qualifié d'« historiciste », représenté par des auteurs comme Böckh et Wilamowitz (XIXe siècle), s'attache à repérer dans le texte des éléments biographiques ou historiques. Un autre courant préfère se focaliser sur l'« idée lyrique » se trouvant derrière chaque art (Dissen, Metger, Croiset, XIXe siècle). La critique contemporaine tente pour sa part de relever la récurrence de motifs et d'images.

Postérité

Poète au style difficile et parfois obscur, Pindare a ses détracteurs, dont Voltaire n'est pas des moindres : dans une lettre à son ami Chabanon, il le nomme « l'inintelligible et boursouflé Pindare ». Si les Grecs l'ont très vite porté au pinacle, Hérodote parmi les premiers, Pindare n'eut guère d'imitateurs (le seul autre auteur d'épinicies connu est Bacchylide). Il fut admiré par Horace et Quintilien, puis par les poètes français de la Renaissance, au premier rang desquels Pierre de Ronsard, qui composa des Odes pindaricques. On doit à Rabelais le verbe moqueur « pindariser », en référence aux émules du poète lyrique ; le substantif « pindare » désigne au XVIIIe siècle un poète sibyllin incompris de ses contemporains.

Au XIXe siècle, Pindare fut lu avec attention et traduit brillamment par Friedrich Hölderlin. En France, il influença sensiblement la poésie de Paul Claudel, qui le découvrit grâce à André Suarès.

Au XXe siècle, dans le sillage de Martin Heidegger, il fut cité et commenté par le philosophe Jean Beaufret et inspira René Char.

Voir aussi

Tableau

La naissance de Pindare de Henry-Pierre Picou.

Cinéma

Pindare est cité dans le film La Grande Illusion de Jean Renoir en 1937, dans lequel Jean Gabin dit à un autre officier prisonnier : « Mais au fait, note bien que je m'en fous mais c'est qui ton Pindare ?! » ce dernier déclare qu'il est le plus grand poète grec... Eric Von Stroheim examine aussi le profil de l'amateur du poète avant que de déclamer, "ce pauvre vieux Pindare", laissant imaginer une allusion à un antisémitisme allemand alors rampant.

Bibliographie

Éditions
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Études
  • Philippe Brunet, « La Première Pythique de Pindare : mètre, strophe et traduction », Bulletin de l'association Guillaume Budé, no 3 (1996), Les Belles Lettres, Paris, 1996.
  • (en) Richard Hamilton, Epinikion: General Form in the Odes of Pindar, De Gruyter, La Haye, 1974.
  • Jean Irigoin, Histoire du texte de Pindare, Klincksieck, Paris, 1952.
  • Suzanne Saïd, Monique Trédé et Alain Le Boulluec, Histoire de la littérature grecque, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Quadrige », 1997 (ISBN 2-13-053916-5) .
  • (en) David C. Young, « Pindaric criticism », Pindaros und Bacchylides, Wissenschattliche Buchgesellschaft, Darmstadt, 1970.
  • Jacqueline Duchemin, Pindare poète et prophète, Les Belles Lettres, Paris, 1956.
  • (en) William Mullen, Pindar and Dance, Princeton, 1982.
  • Pascale Hummel :
    • La Syntaxe de Pindare, Peeters, Paris-Louvain, 1993,
    • Philologica lyrica. La Poésie lyrique grecque au miroir de l’érudition philologique de l’Antiquité à la Renaissance, Peeters, Paris-Louvain, 1997,
    • L'Épithète pindarique. Étude historique et philologique, Peter Lang, Bern, 1999.
  • (en) Stella P. Revard, Politics, Poetics and the Pindaric Ode 1450-1700, Turnhout, Brepols Publishers, 2010 (ISBN 978-2-503-52896-0).

Liens externes

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