- Michel Serre (peintre)
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Michel Serre
Cet article concerne le peintre baroque du XVIIIe. Pour le philosophe contemporain et homophone, voir Michel Serres. Pour les homonymes, voir Serre (homonymie).Michel Serre né à Tarragone (Espagne) le 10 janvier 1658, décédé à Marseille le 10 octobre 1733 est un peintre baroque connu pour ses toiles à motifs religieux et surtout pour ses représentations de la peste à Marseille en 1720.
Sommaire
Biographie
Sa jeunesse
Michel Serre, quatrième enfant de Jacques Serres, marchand ambulant, et de Marie Barbos est né à Tarragone le 10 janvier 1658. Orphelin très tôt, il est accueilli à la chartreuse de Scala Dei, située à une quarantaine de Km de Tarragone. En 1670, il se rend en Italie où il apprend la peinture dans différents ateliers à Rome, Naples et Gênes.
En 1675, il quitte l’Italie pour s’installer définitivement à Marseille : il a 17 ans.
Ses débuts
Peu de temps après son arrivée à Marseille, il obtient une importante commande pour l’église des Dominicains, « Le martyre de Saint Pierre Vérone », toile qui se trouve actuellement au musée des beaux-arts à Marseille[1].
En 1684, il peint pour les Chartreux, l'immense toile de Madeleine enlevée par des anges qui se trouve actuellement dans le chœur de l'église des Chartreux à Marseille.
Le 1er mai 1685, il épouse à Notre-Dame des Accoules, Florie Régimonde, fille de Jean Régimonde et de Jeanne Montaignon[2]. En juin 1688 il achète un terrain à Suzanne de Marle et André Venture, puis y fait construire une grande maison dans la future rue Venture. L'emplacement exact de cette habitation n'a pu être trouvé.
Le 10 mai 1685, il obtient des échevins une lettre de citadinage et accepte de peindre pour l'hôtel de ville une toile, actuellement disparue, représentant le Christ mourant sur la croix.
Pour le récompenser de ses succès, Louis XIV le nomme peintre des galères et maître à dessiner des officiers et pilotes[3]. Il travaille aux ouvrages de peinture des galères et enseigne aux jeunes officiers[4]. Il exécute plusieurs portraits de chefs d’escadre dont celui de Louis de Montolieu qui se trouve au musée des beaux-arts de Marseille.
Les années de maturité
Le 27 février 1704 il donne procuration à sa femme pour régir ses biens et se rend à Paris. C'est là qu'il rencontre Jean-Baptiste Oudry qui devient son élève pendant quelques temps[5]. Il se fait connaître par l'exécution de diverses toiles dont celle du « Christ chassant les vendeurs du temple », tableau se trouvant actuellement dans l’église Saint-Symphorien à Versailles[5]. Il envoie un tableau représentant « Bacchus et Ariane » à l’Académie de Paris qui l’admet au nombre de ses adhérents le 6 décembre 1704[6].
Ayant acquis une certaine fortune, il achète les charges de lieutenant du roi de la ville de Salon-de-Provence et de major de la ville de Gardanne. Louis XIV signe les lettres patentes correspondantes respectivement le 22 janvier 1712 et le 22 octobre 1712[2]. Ses armes sont d’azur à trois serres d’aigles d'or posées l'une sur l’autre.
Il achète de nombreuses maisons de rapport et des terrains à bâtir dans les quartiers de Mazargues et de Saint-Giniez[7].
La peste et les années de vieillesse
Pendant la grande peste qui sévit à Marseille en 1720, Michel Serre se distingue par sa conduite. Il se révèle un homme de cœur et d’action. Il accepte la responsabilité de commissaire général de son quartier Saint-Ferréol et préside aux opérations de déblaiement du quartier. Il s’attira l’attention de l’intendant Lebret qui écrit aux échevins le 18 décembre 1721 : « Comme j’espère aller dans peu à Marseille, je verrai avec vous ce qui pourra se faire pour le tableau du sieur Serre dont je connais le mérite » [8].
Il distribue sa fortune pour soulager la misère des survivants[9]. Son nom figure sur la stèle élevée en 1802 et placée actuellement au square du palais des Arts. Ayant été un très proche témoin de cette terrible épidémie, il peindra trois toiles qui sont ses œuvres majeures.
En 1726 il acquiert une chapelle qu’il dédie à Saint Jean de la Croix dans l’église des Carmes déchaussés[10].
Décès
Il meurt à Marseille le 10 octobre 1733, veuf et ruiné, mais entouré du respect de tous. Il est enseveli à la paroisse Saint-Ferréol[11],[2].
Une rue du 16e arrondissement de Marseille porte son nom[12].
Son œuvre
La virtuosité de Michel Serre lui a permis de réaliser un très grand nombre de peintures dont plusieurs ont malheureusement disparu. Il a surtout peint des scènes bibliques ou de la vie de la Vierge et du Christ. Il a également exécuté des tableaux relatifs à la mythologie et des représentations historiques, ainsi que des portraits. Ses tableaux se trouvent au musée des beaux-arts de Marseille, chez des particuliers ou dans des églises de Marseille et de sa région.
Tableaux religieux
Ces tableaux se trouvent dans les lieux suivants :
- Musée des beaux-arts de Marseille
- L’éducation de la Vierge.
- Présentation de la Vierge au temple.
- La visitation.
- Présentation de Jésus au temple.
- Jésus au temple parmi les docteurs.
- Saint-Benoît ressuscite un jeune moine mort.
- Cycle de la vie de Saint-François (14 toiles dont deux ont disparu).
- Le martyre de Saint-Pierre de Vérone provenant de l’église des prêcheurs. Une copie a été faite par Joseph Coste qui remporte avec elle le prix d’encouragement[13].
- Le miracle de Saint Hyacinthe.
- La vierge à l’enfant, Saint-François de Sales et Sainte Jeanne de Chantal.
- Église Saint-Ferréol les Augustine
- Sainte Marguerite.
- La Vierge des grâces, Saint-pierre et Saint-Paul.
- Le repos pendant la fuite en Égypte.
- Église des chartreux
- Madeleine enlevée par les anges.
- Église de Château Gombert.
- Le Christ roi, la Vierge et Saint-Joseph.
- Abbaye Saint-Victor.
- La vierge en prière dans l’atelier de Nazareth.
- Église Saint-Cannat
- La vierge à l’enfant et le purgatoire.
- La purification de la Vierge.
- Église des Grands Carmes.
- cycle de la vie de la Vierge (six toiles classées en 1911)
- Église d’Allauch.
- Mort de Saint-Joseph. Ce tableau a appartenu à Julie Pellizzone[14].
- Église du Beausset (Var)
- Le vœu de Mgr. de Belsunce
- Église Notre-dame à La Ciotat.
- Vierge de grâces.
- Vierge de grâces et purgatoire.
- Basilique Sainte-Marie Madeleine à Saint-Maximin-la-Sainte-Baume (Var).
- L’enfant Jésus.
- Sainte-Anne, la Vierge et l’enfant jésus, Saint-Joseph.
- La Vierge à l’enfant et le purgatoire.
- Saint-Thomas d’Aquin foudroyant l’hérésie.
- Église de Saint-Jean de Malte (Aix-en-Provence)
- Apothéose de Saint-Augustin.
- Musée Grobet-Labadié
- Notre-Dame du bon voyage.
- Église de la Madeleine (Aix-en-Provence)
- Le repas chez Simon le pharisien.
- Ex-voto de la peste.
- Église Saint-Michel (Draguignan)
- Vierge donnant le scapulaire à Simon Stock.
- Musée Granet (Aix-en-Provence)
- La vierge à l’enfant, moine bénédictin, Sainte félicité et Perpétue.
- Église Saint-Symphorien (Versailles).
- Les vendeurs chassés du temple.
- Villa Gaby Deslys.
- La résurrection de Lazare.
Tableaux historiques
Les trois tableaux peints peu de temps après la peste de 1720 représentant les scènes de cette épidémie sont les plus connus. Ces œuvres qui eurent un très grand retentissement à leur époque, demeurent un témoignage majeur de cet évènement tristement célèbre.
- Musée des beaux-arts de Marseille.
- Vue du Cours (actuellement Cours Saint-Louis et Cours Belsunce) pendant le peste. (Hauteur = 3.17 m. x Largeur = 4.10 m.).
- Vue de l’hôtel de ville pendant la peste ( Hauteur = 3.06 x Largeur = 2.77 m. ).
« Ces deux tableaux représentent le déplorable aspect qu’offraient alors les quais et le cours : là on voit les moribonds étendus, ayant près d’eux une cruche et un vase que quelques personnes compatissantes remplissent avec terreur d’eau et de bouillon ; le cours est jonché des cadavres de ceux qui ont cherché l’ombrage de ses arbres ou celui des toiles que les officiers municipaux y ont fait tendre : partout ce sont des scènes déchirantes d’enfants, de femmes, de vieillards expirants »[15].
Stendhal a apprécié ces deux tableaux : « Je viens de monter au premier étage de la Bourse (à l’époque bâtiment de l’hôtel de ville) pour les tableaux de Michel Serre. Contre mon attente, je les ai trouvés fort bons »[16].
- Musée Atger à Montpellier.
- La scène de la peste de 1720 : épisode de la tourette (Hauteur = 1.25 m. x Largeur = 2.10 m.)
Portraits
Michel Serre a peint divers portraits qui se trouvent pour la plupart dans des collections privées.
Bibliographie
- Marie-Claude Homet, Michel Serre et la peinture baroque en Provence, Edisud, Aix-en-Provence, 1987, (ISBN 2-85744-308-0)
- Paul Masson (sous la direction de), Encyclopédie départementale des Bouches-du-Rhône, Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille, 17 volumes parus de 1913 à 1937, tome III p. 121, tome IV 2e partie p. 453 et tome XVI p. 17.
Notes et références
- ↑ Julie Pellizzone, Souvenirs (1787-1815), Transcription d’Hélène Échinard, présentés et annotés par Pierre et Hélène Échinard et Georges Reynaud, Publications de l’Université de Provence, Paris, 1995, p. 354(ISBN 2-907883-93-3)
- ↑ a , b et c Comte Godefroy de Montgrand, Armorial de la ville de Marseille, Alexandre Gueidon, Marseille, 1864, p. 181-183
- ↑ Paul Masson (sous la direction de), Encyclopédie départementale des Bouches-du-Rhône, Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille, 17 volumes parus de 1913 à 1937. tome IV, 2e partie, p. 452
- ↑ Marie-Claude Homet, Michel Serre et la peinture baroque en Provence, Edisud, Aix-en-Provence, 1987 p. 19, (ISBN 2-85744-308-0)
- ↑ a et b Marie-Claude Homet, Michel Serre et la peinture baroque en Provence, Edisud, Aix-en-Provence, 1987 p. 21, (ISBN 2-85744-308-0)
- ↑ Julie Pellizzone, Souvenirs (1787-1815), Transcription d’Hélène Échinard, présentés et annotés par Pierre et Hélène Échinard et Georges Reynaud, Publications de l'Université de Provence, Paris, 1995, p. 227(ISBN 2-907883-93-3)
- ↑ Marie-Claude Homet, Michel Serre et la peinture baroque en Provence, Edisud, Aix-en-Provence, 1987 p. 24, (ISBN 2-85744-308-0)
- ↑ Paul Gaffarel et de Duranty, La peste de 1720 à Marseille & en France, librairie académique Perrin, Paris, 1911, p. 211
- ↑ Académie de Marseille, Dictionnaire des marseillais, Edisud, Marseille, 2001, p. 319
- ↑ Marie-Claude Homet, Michel Serre et la peinture baroque en Provence, Edisud, Aix-en-Provence, 1987 p. 26, (ISBN 2-85744-308-0)
- ↑ Paul Masson (sous la direction de), Encyclopédie départementale des Bouches-du-Rhône, Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille, 17 volumes parus de 1913 à 1937, tome 16 p. 17
- ↑ Adrien Blés, Dictionnaire historique des rues de Marseille, Ed. Jeanne Laffitte, Marseille, 1989, (ISBN 2-86276-195-8), p. 351
- ↑ Julie Pellizzone, Souvenirs (1787-1815), Transcription d’Hélène Échinard, présentés et annotés par Pierre et Hélène Échinard et Georges Reynaud, Publications de l’Université de Provence, Paris, 1995, p. 354(ISBN 2-907883-93-3)
- ↑ Julie Pellizzone, Souvenirs (1787-1815), Transcription d’Hélène Échinard, présentés et annotés par Pierre et Hélène Échinard et Georges Reynaud, Publications de l’Université de Provence, Paris, 1995, p. 129 et note 61 de la page 142(ISBN 2-907883-93-3)
- ↑ Aubin Louis Millin, Voyage dans les départements du midi de la France, Imprimerie impériale, Paris, 1808, tome III p. 210-211
- ↑ Stendhal, Voyage dans le midi de la France, le livre du divan, Paris, 1930, p. 267 Gallica-Voyage dans le midi de la France
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