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Mentonasque
mentonasque/mentonnais
"mentonasc" en norme classique, "mentounasc" en norme mistralienneParlée en France Région Menton Nombre de locuteurs ? Classement Non-classée Typologie Syllabique Classification par famille - Langues indo-européennes
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- occitan/intémélien
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- Mentonasque/Mentonnais
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(Dérivée de la classification SIL) modifier Le mentonasque (ou mentonnais) est le parler du canton de Menton, dans les Alpes-Maritimes. Il est intermédiaire entre l'occitan (vivaro-alpin) et le ligure (intémélien), mais possède des traits occitans dominants et est revendiqué localement comme occitan.
Dans ce parler, on le nomme et on l'écrit o mentonasc selon la norme classique ou bien ou mentounasc selon la norme mistralienne (voir provençal). On prononce [u meⁿtu'naʃk], en employant l'article défini spécifique o/ou (devant une consonne) comme en ligure, et non l'article habituel lo/lou de l'occitan.
Sommaire
Dialectologie
Sa catégorisation en parler ou en dialecte indique que le mentonasque est la variété d'une véritable langue, et qu'il ne s'agit nullement ni d'un patois (terme connoté de manière négative et abandonné par la plupart des linguistes) ni du nissart. Décrit pour la première fois de façon scientifique par James Bruyn Andrews à la fin du XIXe siècle (« Il dialetto di Mentone, in quanto egli tramezzi ideologicamente tra il provenzale e il ligure » (le dialecte de Menton, en ce qu'il est intermédiaire idéologique entre le provençal et le ligure) in Archivio Glottologico Italiano XII, 1890/92, pp. 97-106), il fait l'objet d'études plus récentes notamment par Jean-Philippe Dalbera (« Interférences entre provençal et ligurien dans la génèse du […] mentonnais » in Bulletin du Centre de romanistique et de latinité tardive 4-5, Nice, 1989, pp. 89-97) et surtout par Werner Forner de l'université de Siegen (« L'Intemelia linguistica », in Intemelion 1, Sanremo, 1995, pp. 67-82), dont les recherches sont bien résumées dans « Le mentonnais entre toutes les chaises ? », in Lexique Français-Mentonnais (Caserio & al. 2001). Dans ces différentes études, il appert un caractère nettement intermédiaire de ces parlers entre le provençal (dans le sens général d'occitan) et le ligure (dans sa variante intémélienne). Il est néanmoins enseigné, en fonction des règles françaises en vigueur dans l'Éducation nationale, comme une variété du provençal niçois — ce qui n'empêche pas d'en respecter les traits spécifiques. D'un point de vue génétique, malgré des influences certaines et massives dues à l'alpin, au niçois et au provençal maritime (première personne en -o [u] notamment, absence de -D- entre voyelles, pluriels marqués), « la position du mentonnais est donc celle de dernier avant-poste méditerranéen, témoin de l'ancienne étendue du type linguistique royasque-pignasque jusqu'au bord de la mer » (Werner Forner).
Les parlers royasques et pignasques sont nettement de type ligure — assez différents cependant du génois tel qu'il est parlé à Gênes.
Aréologie
Il est parlé non seulement à Menton, mais aussi dans les villages de son canton, à savoir Gorbio, Sainte-Agnès, Castellar. Castillon, Sospel, Moulinet en font aussi partie. Le parler de Roquebrune-Cap-Martin est généralement considéré comme du mentonasque par la plupart des auteurs même s'il présente des particularités qui peuvent en faire un parler distinct — cette remarque étant par ailleurs valable pour chaque village du canton… Il s'agit néanmoins d'une aire dialectale bien délimitée « qui se distingue nettement tant de ses voisines occidentales (aire du provençal de type niçois et îlot linguistique ligure de Monaco) que de sa voisine orientale (aire du ligure [intémélien]) » (Alain Venturini, in Lou Sourgentin, n° 56, avril 1983).
Tout en étant une variété d'occitan alpin, le mentonasque présente des similitudes par les traits alpins communs (absence de D intervocalique, L intervocalique devenant r) avec les parlers liguriens alpins tels que le royasque (vallée de la haute Roya et de la Bévéra, notamment Sospel, Breil et Saorge) et le pignasque (Pigna, dans la province d'Imperia).
En revanche, il se distingue assez nettement, surtout à l'oreille, des parlers ligures (italien septentrional) de Vintimille (intémélien) et de Monaco (monégasque), influencés tardivement par le génois parlé à Gênes.
Le rattachement du mentonnais à la langue d'oc (en relation avec sa variante niçoise parlée dans le Comté de Nice) est parfois revendiqué par certains [réf. nécessaire] : c'est ce qui ressort, d'une part, des travaux de certains linguistes et, d'autre part, du sentiment ([réf. nécessaire]) des associations locales comme la Société d'Art et d'Histoire du Mentonnais (SAHM) qui a édité le Lexique Français-Mentonnais (Caserio & al. 2001). Cette société est d'ailleurs affiliée au Félibrige et à l'Institut d'Études Occitanes, les deux principaux mouvements militant pour la langue d'oc.
L'apocope généralisée et une seconde diphtongaison tardive (comme dans pònt/pouant ['pwaⁿt] pour le mot 'pont'), ainsi que le vocabulaire, donnent effectivement au mentonasque des traits de langue d'Oc. Selon la théorie de la propagation linguistique (ou des ondes), on a un courant linguistique majoritairement occitan jusqu'à Menton, « large ondée qui s'est brisée contre les Baoussé Roussé » (Bauces Rosses, i Balzi Rossi, les rochers qui forment aujourd'hui la frontière littorale franco-italienne) pour reprendre l'image de Werner Forner.
Littérature
Le mentonasque n'a pas le prestige littéraire des dialectes voisins. Mais il peut s'appuyer sur le riche héritage littéraire de la langue occitane dont il fait partie. Il existe néanmoins quelques textes et chansons publiés récemment en mentonnais (pour la plupart au XXe siècle) et il est désormais régulièrement enseigné dans l'académie de Nice, dans le canton de Menton. Parmi les différentes publications, A Lambrusca de Paigran (la Vigne vierge de Grand-père) par Jean-Louis Caserio, illustrations de M. et F. Guglielmelli, SAHM, Menton, 1987.
Voir aussi
Bibliographie
- Jean-Louis Caserio et la Commission du Vocabulaire Mentonnais, Lexique Français-Mentonnais, Société d'Art et d'Histoire du Mentonnais (SAHM), Menton, 2001.
- Jean-Philippe Dalbera, Les parlers des Alpes Maritimes : étude comparative, essai de reconstruction [thèse], Toulouse: Université de Toulouse 2, 1984 [éd. 1994, Londres: Association Internationale d’Études Occitanes]
- Werner Forner, “Le mentonnais entre toutes les chaises ? Regards comparatifs sur quelques mécanismes morphologiques” [Caserio & al. 2001: 11-23]
- Intemelion (revue), n° 1, Sanremo, 1995.
- Louis Caperan-Moreno et Jean-Louis Caserio, Ou Mentounasc à Scora, SAHM, 2003, 3e édition revue et corrigée.
- Ou Mentounasc per ou Bachelerà (le mentonasque au baccalauréat), choix de textes présentés par Jean-Louis Caserio, professeur de langue et culture régionales, 4e édition, SAHM, 2002
- Gerhard Rohlfs, « Entre Riviera et Côte d'Azur : à propos du mentonnais » in Mélanges de philologie romane à la mémoire de J. Boutière, éd. I. Cluzel - F. Pirot, vol. II, Liège, 1971 (pp. 883-891) et « Entre Riviera et Côte d'Azur (II) » in Mélanges de philologie romane offerts à Ch. Camproux, vol. II, 1978, pp. 971-978.
- Jules Ronjat, Grammaire istorique [sic] des parlers provençaux modernes, 4 vol., 1930-1941 [rééd. 1980, Marseille : Laffitte Reprints, 2 vol.]
- Alain Venturini, Le parler mentonasque, Lou Sourgentin 56, avril 1983 [rééd. in Caserio & al. 2001: 25-30]
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