Martiros Saryan

Martiros Saryan

Martiros Sarian

Martiros Sarian
Monument à Martiros Sarian, Erevan
Monument à Martiros Sarian, Erevan
Naissance 28 février 1880
Rostov-sur-le-Don
Décès 5 mai 1972
Erevan
Nationalité Arménien
Activité(s) Peintre

Martiros Sarian ou Saryan (en arménien Մարտիրոս Սարյան ; né le 28 février 1880 à Rostov-sur-le-Don, mort le 5 mai 1972 à Erevan) est un peintre arménien né en Russie. Il est souvent considéré comme le père de la peinture arménienne moderne.

Sommaire

Biographie

Martiros Sarian naît en 1880 à Nor-Nakhitchevan[1] (aujourd'hui un quartier de Rostov-sur-le-Don) au sein d'une famille de la diaspora arménienne en Russie. Il termine sa formation scolaire en 1895 à l'école locale, puis, de 1897 à 1903, il étudie à l’École de peinture, de sculpture et d'architecture de Moscou[2], où il suit notamment les cours de Valentin Serov et de Constantin Korovine[3]. Fortement inflencé par Paul Gauguin, Martiros a l'occasion de présenter ses travaux dans différentes expositions.

En 1901, il a l'opportunité de se rendre en Arménie russe[3] et visite notamment le Lorri et le Shirak, ainsi qu'Etchmiadzin, Haghpat, Sanahin, Erevan et Sevan. De 1910 à 1913, Sarian voyage fréquemment dans l'Empire ottoman (1910), en Égypte (1911) et en Iran (1913)[4]. Il se rend à nouveau à Etchmiadzin en 1915 afin de porter secours aux rescapés du génocide arménien. Il se rend ensuite à Tiflis en 1916, où il épouse Lusik Aghayan (la fille de Ghazaros Aghayan)[5] et où il contribue à l'organisation de la Société des artistes arméniens.Les impressions de son premier voyage au pays de ses ancêtres se retrouvent dans son cycle panthéiste Contes et Rêves réalisé sous l'influence du symbolisme. Se référant à l'esprit populaire, Sarian représente la nature, les gens, la végétation, les animaux, les oiseaux, comme une famille unique, un vrai paradis terrestre. Selon le peintre, « La nature engendre l'homme pour qu'elle puisse à travers ses yeux se voir, s'émerveiller de sa propre beauté », c'est ainsi qu'il définit sa philosophie de la nature. Cette philosophie, cette Sagesse au sens grec de sophia, aura beaucoup d'influence sur son élève, son fils spirituel : Minas Avétissian avec lequel il dialoguera pendant toute sa vie.

Le vieil Erevan, 1928 (timbre des postes soviétiques).

Après la Révolution d'octobre, Sarian rentre en Russie, avant de s'installer en 1922 en République socialiste soviétique d'Arménie[1], dont il ébauche les armoiries et le premier drapeau[6], et où il reçoit la direction de la section artistique du musée d'État[7]. De 1926 à 1928, Sarian vit à Paris ; la plupart de ses œuvres datant de cette période ne survit cependant pas à l'incendie du navire le ramenant en Union soviétique[8].

Durant les années 1930, il se consacre principalement à la peinture de paysages et de portraits. Sa peinture est néanmoins critiquée par le pouvoir en raison de son caractère décoratif et de la vivacité de ses couleurs ; Martiros, s'il se retient, refuse toutefois d'exécuter un portrait de Staline[9]. L'arrivée au pouvoir de Khrouchtchev en 1953 libère l'artiste[10]. Il reçoit à trois reprises l'ordre de Lénine, ainsi que d'autres décorations.

Martiros Sarian meurt à Erevan le 5 mai 1972. Il est enterré à côté de Vertapet Komitas. Sa maison est transformée en musée[11].

Œuvre

Martiros Sarian, billet de 20 000 drams.

Martiros Sarian est considéré comme le père de la peinture moderne arménienne[12] ; lorsqu'il découvre l'Arménie, ressent une « passion presque charnelle » pour elle, et n'a « de cesse de la représenter par des toiles inondées de lumière et vibrantes de couleurs »[13]. Il fut le premier à réaliser la nécessité d'élaborer un sytle propre basé sur les anciennes traditions nationales. Sa palette est « délibérément gaie, vive et colorée »[14]. Il disait lui-même :

« La couleur devrait chanter. Elle devrait exprimer la perception de l'essence de la vie qui réside en chaque être humain. En utilisant la couleur, j'augmente encore plus ce que je vois, afin que la lumière puisse être plus brillante dans mes œuvres. »

— Martiros Sarian[15].

En 1909, Sarian se tourne vers les changements réels qui affectent son temps. Il observe l'éloignement de l'homme et de la nature. Il choisit de peindre des motifs que la civilisation industrielle n'avait pas encore touchés et qui portent l'empreinte et l'enseignement d'une vie séculaire. Il devient ainsi passeur de mémoire des lieux et des jours. Il généralise à l'extrême la nature et il révèle l'expressivité des formes. Il construit l'art de sa composition sur un seul plan en répartissant régulièrement de grandes taches de couleur pure. Il s'inspire en cela du principe et de l'art de la miniature arménienne, ainsi que l'art de l'enluminure arménienne à l'exemple de l'art de Toros Roslin. Les couleurs de la palette de Sarian irradient la lumière. La combinaison harmonieuse et contrastée de trois ou quatre tons principaux permet au peintre d'obtenir expressivité, chaleur et surtout lumière. Cette lumière alliée à des couleurs suaves et chantantes qu'elle fait rayonner sont devenues des symboles de la patrie du peintre. Sa sagesse et son habileté ont pu le préserver des persécutions politiques dont son fils spirituel Minas Avétissian fut mortellement frappé. C'est pour cela que les historiens de la peinture arménienne ont toujours privilégié la peinture du jeune Sarian à celle plus académique du vieux peintre. Il a écrit : « La terre est comme un être vivant : elle a une âme. Sans liens étroits avec la patrie, il est impossible de se trouver, de découvrir son âme. Je suis persuadé qu'il ne peut y avoir de peintre sans qu'il soit attaché à sa terre. Le cœur de la terre bat dans le cœur de l'homme. Tout prend naissance dans ce cœur[16]. »

En 1980, une exposition lui a été consacrée au Centre Pompidou[13].

Liste de quelques peintures importantes

Autoportrait et Mont Aragats (1925), timbres-poste arméniens.
  • Au pied de l'Ararat, Conte, 1904, 24x33, Musée Sarian, Erevan
  • Le roi avec sa fille, Conte, 1904, 25x34, Musée Sarian, Erevan
  • Amour, Conte, 1904, 24x17, Musée Sarian, Erevan
  • Les charmes du soleil, 1905, 19x32, Musée des Arts, Stavropol
  • Le poète au pied de l'Aragats, 1906, 46x66, Collection privée, Canada
  • Près du puits, journée chaude, 1908, 51x63, Musée Sarian, Erevan
  • Chaleur, chien courant, 1909, 56x68, Musée Sarian, Erevan
  • Rue. Midi. Constantinople, 1910, 66x39, Galerie Tretiakov, Moscou
  • Masques égyptiens, 1911, 70x82, Galerie nationale d'Arménie, Erevan
  • Dattier, 1911, 106x71, Galerie Tretiakov, Moscou
  • Paysage nocturne, 1911, 47x68, Collection particulière au Musée Sarian, Erevan
  • Fleurs de Kalaki, 1914, 88x79, Galerie nationale d'Arménie, Erevan
  • Portrait de H. Mantachev, 1915, 88x88, Galerie nationale d'Arménie, Erevan
  • Portrait du poète Yéghiché Tcharents, 1923, 44x59, Musée national de Littérature et d'Art, Erevan (œuvre très célèbre)
  • Arménie, 1923, 138x103, Galerie nationale d'Arménie, Erevan
  • Les Monts Guéghama, 1926, 70x70, Musée Sarian, Erevan

Notes et références

  1. a  et b Gérard Dédéyan (dir.), Histoire du peuple arménien, Privat, Toulouse, 2007 (ISBN 978-2-7089-6874-5), p. 788.
  2. (en) « Martiros Sarian », Galerie nationale d'Arménie. Consulté le 23 octobre 2008.
  3. a  et b « Sarian, Martiros (1880-1972) », ACAM. Consulté le 23 octobre 2008.
  4. (en) « Trips to the East (1910-1913) », Memorial Museum of Martiros Sarian. Consulté le 23 octobre 2008.
  5. (en) « New period of the creative work (1914 -1920) », Memorial Museum of Martiros Sarian. Consulté le 23 octobre 2008.
  6. (en) « Armenia (1921 -1925) », Memorial Museum of Martiros Sarian. Consulté le 23 octobre 2008.
  7. (en) « History », Galerie nationale d'Arménie. Consulté le 23 octobre 2008.
  8. (en) « In Paris (1926 -1928) », Memorial Museum of Martiros Sarian. Consulté le 23 octobre 2008.
  9. (en) « Back in Armenia (1929 -1945) », Memorial Museum of Martiros Sarian. Consulté le 23 octobre 2008.
  10. (en) « The last period of creative work (1946 -1972) », Memorial Museum of Martiros Sarian. Consulté le 23 octobre 2008.
  11. Sèda Mavian, Arménie, coll. « Guides Évasion », Hachette, Paris, 2006 (ISBN 978-2-01-240509-7), p. 90.
  12. (en) Chahen Khatchatourian, Peintres arméniens, XIXe et XXe siècles, National Gallery of Armenia, USA, 1993, chapitre 10.
  13. a  et b Gérard Dédéyan (dir.), op. cit., p. 799.
  14. Sèda Mavian, op. cit., p. 55.
  15. (en) « Memorial Museum of Martiros Sarian ». Consulté le 23 octobre 2008
  16. Chahen Khatchatourian, Peintres arméniens du XIXe et du XXe siècles, Gallery National of Armenie USA, New York, 1993 (ISBN 2-00-003701-1), épigraphe, p. 2.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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