Marie-Anne de Camargo

Marie-Anne de Camargo
Page d'aide sur l'homonymie Pour les articles homonymes, voir Camargo.
Marie-Anne de Camargo.
Portrait d'après Nicolas Lancret.

Marie-Anne de Cupis Camargo, dite la Camargo, est une danseuse née à Bruxelles le 15 avril 1710 et morte à Paris le 28 avril 1770[1].

Elle était la sœur du violoniste virtuose et compositeur Jean-Baptiste de Cupis de Camargo, également né à Bruxelles.

Sommaire

Biographie

Descendant d'une famille militaire sans doute d'origine liégeoise mais implantée depuis longtemps dans le Brabant (même si une légende soigneusement entretenue lui donnait des origines nobles espagnoles ou la prétendait issue d'une famille noble romaine originaire de Montefalco en Ombrie), Marie-Anne Camargo est la fille du musicien et maître à danser Ferdinand-Joseph de Cupis Camargo. Elle débute au Théâtre de la Monnaie vers l'âge de dix ans. Remarquée par la princesse de Ligne, elle est envoyée à Paris pour y parfaire sa formation auprès de la grande danseuse Françoise Prévôt. Le 5 mai 1726, elle débute à l'Opéra dans Les Caractères de la danse. Le Mercure de France écrit à cette occasion : « Les cabrioles et les entrechats ne lui coûtent rien, et quoiqu'elle ait encore bien des perfections à acquérir pour approcher de son inimitable maîtresse, le public la regarde comme une des plus brillantes danseuses qu'on sçauroit voir, surtout pour la justesse de l'oreille, la légèreté et la force. » Sa danse était pleine de noblesse et même de retenue.

Mlle Camargo peinte par Nicolas Lancret.

Après avoir dansé dans quantité de ballets et créé de nombreux rôles, « la Camargo » quitte la scène en 1734, cédant aux instances de son amant, le comte de Clermont, qui lui interdit de se produire sur scène et va même jusqu'à la séquestrer en son Château de Berny. Elle s'arrange, paraît-il, pour jeter dans ses bras une de ses consœurs, Mlle Leduc. Elle rejoint pourtant l'Opéra en 1741, « sans qu'il parût qu'elle eût discontinué la danse pendant six années entières », écrit son nécrologue. Elle prend sa retraite définitive en 1751, gratifiée d'une pension royale de 1 500 livres, et meurt à l'âge de soixante ans.

Noverre lui a consacré une longue notice dans ses Lettres sur la danse (édition de 1807), disant d'elle : « La nature lui avoit refusé tout ce qu'il faut pour en avoir, elle n'étoit ni jolie, ni grande, ni bien faite ; mais sa danse étoit vive, légère et pleine de gaîté et de brillant. Les jetés battus, la royale, l'entrechat coupé sans frottement, tous ces temps aujourd'hui rayés du catalogue de la danse, et qui avoient un éclat séduisant, la Dlle Camargo les exécutoit avec une extrême facilité, elle ne dansoit que des airs vifs, et ce n'est pas sur ces mouvemens rapides que l'on peut déployer de la grâce; mais l'aisance, la prestesse et la gaîté la remplaçoient ; et, dans un spectacle où tout étoit triste, traînant et langoureux, il étoit heureux de voir une danseuse aussi animée, et dont l'enjouement pût tirer le public de l'assoupissement où le plongeoit la monotonie. »

Voltaire lui a dédié ce madrigal :

Ah ! Camargo, que vous êtes brillante !
Mais que Sallé, grands dieux, est ravissante !
Que vos pas sont légers, et que les siens sont doux !
Elle est inimitable, et vous êtes nouvelle ;
Les Nymphes sautent comme vous,
Mais les Grâces dansent comme elle[2].

À sa mort, le commissaire au Châtelet Dorival fait apposer les scellés à son domicile de la rue Saint-Honoré, ensuite le notaire procède à l'inventaire après décès : la cave contient quantité de vins différents, dont 484 carafons de Bourgogne ; la bibliothèque, également bien fournie, sera mise en vente par les héritiers chez l'imprimeur Prault ; on trouve encore dans sa demeure près de 19 000 livres d'argent comptant et des titres pour une valeur considérable. Enfin, on découvre au grenier 14 paires de pigeons.

L'enterrement a lieu le lendemain à l'église Saint-Roch. La tenue en blanc est de circonstance, comme le veut la coutume adoptée pour les femmes non mariées.

La Camargo a fini ses jours en femme honnête et vertueuse, dit-on, entourée d'« une demi-douzaine de chiens, et un ami qui lui était resté de ses mille et un amants, et à qui elle a légué ses chiens », conclut Melchior Grimm dans sa Correspondance littéraire.

Notes et références

  1. Son acte de baptême, rédigé en latin à la paroisse Saint-Nicolas de Bruxelles : « Baptizata est Maria Anna filia Ferdinandi Josephi de Cupis alias Camargo et Annæ de Smet conjugum, quam susceperunt Judocus vander Schuren et Maria Joanna Douwé. » Son acte de décès, à la paroisse Saint-Roch de Paris : « Décès de Marie Anne Cupis de Camargo, pensionnaire du Roy, décédée hier rue St Honoré, âgée de 60 ans, présens : Charles Cupis, écuyer, rue St Denis, paroisse St Leu, et François Cupis, écuyer, rue St Denis, paroisse St Sauveur, tous deux frères de la défunte ».
  2. Voltaire, Le Temple du goût et poésies mêlées, Paris : Firmin-Didot, 1823, p. 66-67.

Voir aussi

Lien interne

Lien externe


Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Marie-Anne de Camargo de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Поможем сделать НИР

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Marie-Anne De Camargo — Pour les articles homonymes, voir Camargo. Mademoiselle Camargo peinte par Nicolas Lancret. Marie Anne de Cupi …   Wikipédia en Français

  • Marie-anne de camargo — Pour les articles homonymes, voir Camargo. Mademoiselle Camargo peinte par Nicolas Lancret. Marie Anne de Cupi …   Wikipédia en Français

  • Marie Anne de Cupis de Camargo — Marie Anne de Cupis de Camargo, by Eugène Gervais, after Nicolas Lancret Born Marie Anne de Cupis 15 April 1710 Brussels …   Wikipedia

  • Marie Anne de Cupis de Camargo — Marie Camargo auf einem Gemälde von Nicolas Lancret, ca. 1730 Marie Camargo (* 15. April 1710 in Brüssel; † 28. April 1770 in Paris; eigentlich Marie Anne Cupis de Camargo) war eine französische Tänzerin. Tochter von Ferdinand Joseph Cupis de… …   Deutsch Wikipedia

  • Marie Anne de Cupis de Camargo — Nacimiento 15 de abril de 1710 Bruselas Fallecimiento …   Wikipedia Español

  • Camargo, Marie Anne Cuppis de — Camargo, Marie Anne Cuppis de, franz. Tänzerin, geb. 15. April 1710 in Brüssel aus altadliger Familie, gest. 20. April 1770 in Paris, ward bereits 1726 an der Großen Oper zu Paris engagiert und bald allgemein bewundert. Sie besuchte 1743 auch… …   Meyers Großes Konversations-Lexikon

  • Marie Anne — For the Roman Catholic school in Haiti, see College Marie Anne. Marie Anne or Marie Anne is the name of: Aristocrats Princess Marie Anne of France (1664 1664?), daughter of King Louis XIV of France Infanta Marie Anne of Portugal (1861 1942),… …   Wikipedia

  • Camargo, Marie (-Anne de Cupis de) — born April 15, 1710, Brussels, Spanish Netherlands died April 20, 1770, Paris, Fr. French ballerina. She made her Paris Opéra debut in 1726 and went on to dance in 78 ballets and operas before her retirement in 1751. Admired for her speed and… …   Universalium

  • Camargo, Marie (-Anne de Cupis de) — (15 abr. 1710, Bruselas, Países Bajos españoles–20 abr. 1770, París, Francia). Bailarina francesa. Debutó en la Ópera de París en 1726 y llegó a bailar en 78 ballets y óperas antes de retirarse en 1751. Admirada por su rapidez y ligereza,… …   Enciclopedia Universal

  • Marie Camargo — auf einem Gemälde von Nicolas Lancret, ca. 1730 Marie Camargo (* 15. April 1710 in Brüssel; † 28. April 1770 in Paris; eigentlich Marie Anne Cupis de Camargo) war eine französische Tänzerin. Tochter von Ferdinand Joseph Cupis de Camargo, der als… …   Deutsch Wikipedia

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”