Léopard (félin)

Léopard (félin)
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Aide à la lecture d'une taxobox Léopard
 Léopard
Léopard
Classification
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Sous-embr. Vertebrata
Classe Mammalia
Sous-classe Theria
Infra-classe Eutheria
Ordre Carnivora
Sous-ordre Feliformia
Famille Felidae
Genre Panthera
Nom binominal
Panthera pardus
(Linnaeus, 1758)[1]
Répartition géographique
Cypron-Range Panthera pardus.svg
Statut de conservation UICN :

NT  : Quasi menacé
Schéma montrant le risque d'extinction sur le classement de l'UICN.

Statut CITES : Cites I.svg Annexe I ,
Révision du 01-07-1975

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Le léopard (Panthera pardus) est une espèce de félins qui vit actuellement en Asie et en Afrique.

Sommaire

Description

Biométrie

Portrait d'un léopard.

Le léopard a un corps long et musclé bien proportionné, avec des pattes larges. Les muscles pectoraux sont développés pour pouvoir grimper aux arbres. La queue est longue, recourbée vers le haut lorsqu'il marche et servant de balancier lorsqu'il se déplace dans les arbres[2]. Le léopard pèse en moyenne 58 kg pour le mâle et 37 kg pour la femelle[3]. Les animaux les plus gros peuvent atteindre 90 kg et se trouvent essentiellement en Asie centrale et en Iran[4]. Le dimorphisme sexuel est d'environ 40 %. La longueur du corps est de 1 à 1,6 mètres pour les mâles et 0,95 à 1,24 mètres pour les femelles, avec une queue de 52 à 90 cm. La hauteur au garrot est de 45 à 78 cm[3].

Pelage

Le pelage est marqué de taches sur fond jaune pâle à marron chamois. La gorge, la poitrine, le ventre, la face interne des pattes et de la queue sont blancs. Les oreilles arrondies ont le revers noir avec un point blanc à l'intérieur. Sur les flancs, le dos et la partie supérieure des pattes, les taches forment des rosettes dont le cœur est brun et comporte parfois un point noir, comme celles du jaguar. La tête, les membres et la queue comportent des taches pleines noires. Sur la queue, les taches peuvent former des anneaux[2]. La disposition et la forme des taches est très variable d'un individus à l'autre[2]. Dans les régions tropicales, le poil tend à être court et brillant de couleur sombre tandis que dans les régions froides, il est plus long, soyeux et clair. Le léopard de l'Amour est la sous-espèce aux rosettes les plus espacées et au pelage le plus clair. Le léopard d'Arabie a une robe claire et est caractérisé par sa petite taille[5].

Le léopard noir est connu sous le nom de « panthère noire[Note 1] ». Il ne s'agit pas d'une sous-espèce distincte mais d'une variation liée à une mutation génétique appelée mélanisme : la fourrure conserve ses taches, mais celles-ci ne sont visibles que sous un certain angle de lumière[2]. Cette mutation est plus fréquente dans les forêts humides et denses du Bengale et de Java[4], où la robe constitue un camouflage efficace[2].

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Confusion

Le léopard peut être confondu avec le Jaguar (Panthera onca), félin vivant en Amérique. Sa tête est cependant plus petite, la queue plus longue ; son allure générale est moins trapue que celle du Jaguar, et il est également de plus petite taille. Les léopards d'Asie centrale et d'Iran sont parfois confondus avec la Panthère des neiges (Panthera uncia), en raison de leur pelage plus clair[4].

Évolution de l'espèce et sous-espèces

Phylogénèse

La lignée des panthères, les Pantherinae, a divergé il y a 10,8 millions d'années de l'ancêtre commun des Felidae, puis il y a 6,4 millions d'années, la lignée des panthères nébuleuses Neofelis et celle des Panthera[6]. Le plus vieil ancêtre commun aux Panthera dont on possède des fossiles est Panthera palaeosinensis, qui vivait de la fin du Pliocène au début du Pléistocène.

Des formes fossilisées de léopard ont été découvertes en Europe méridionale, et une peinture rupestre de léopard a été découverte en 1993 et datée d'il y a 31 000 ans dans une grotte ardéchoise[7].

Arbre phylogénétique du genre Panthera[6],[8]

   Panthera   



 Panthera leo - Lion



 Panthera pardus - Léopard




 Panthera onca - Jaguar





 Panthera tigris - Tigre



 Panthera uncia - Panthère des neiges ou once




Sous-espèces

L’extrême variabilité du pelage a historiquement conduit à la création d'un nombre important de sous-espèces basé sur la forme ou la couleur des taches. La forme mélanique ne constitue pas une sous-espèce, puisque des portées de léopards noirs et tachetés naissent régulièrement[7]. Vingt-sept sous-espèces de léopard (Panthera pardus) étaient communément reconnues avant que la biologiste sri-lankaise Sriyanie Miththapala et ses collaborateurs ne révisent la classification des léopards par l'étude directe de l'ADN en 1995[9].

Il existe neuf sous-espèces de léopard selon l'Union internationale pour la conservation de la nature[1] :

Hybridation

Comportement

Territoire

La taille du territoire du léopard varie selon son habitat. Dans la savane, en zone où les proies sont abondantes, le territoire est de 30 à 78 km2 pour les mâles et 16 à 38 km2 pour les femelles. Dans les régions montagneuses, le territoire peut s'étendre à 400 km2[10]. En Thaïlande, les léopard ont un territoire de 27 à 37 km2, en Russie, il peut s'étendre à 300 km2[11]. Le territoire du mâle recouvre un ou plusieurs territoires de femelles. Le marquage du territoire est réalisé en griffant des arbres, ou en aspergeant les buissons et rochers d'urine[10].

Chasse et alimentation

En journée, l'occupation principale du léopard est de ne rien faire.
Léopard et sa proie qu'il a hissé dans un arbre en Afrique du Sud.

Le léopard est un prédateur généralement crépusculaire qui se repose à l'ombre en journée et chasse la nuit. Dans les forêts pluviales, il peut chasser le jour s'il n'y a aucune source de dérangement à proximité. La chasse est menée à la vue et à l'ouïe. Le léopard est un prédateur furtif qui s'approche au plus près de sa proie en rampant à couvert avant de lui sauter dessus et de la tuer d'une morsure à la nuque ou par strangulation. Il peut également surprendre sa proie en lui sautant dessus du haut d'un arbre. En cas de fuite de sa proie, et bien que sa vitesse de pointe atteigne 65 km/h[12],[13], le léopard abandonnera la course rapidement. Excellent grimpeur, le léopard a la particularité de hisser sa prise dans un arbre, à l'abri des autres prédateurs[10]. Il peut soulever ainsi des proies trois fois plus lourdes que lui[4] comme la carcasse d'un girafon, dont la masse peut atteindre 150 kg, à une hauteur de 6 m[14]. Un adulte mange de 1,5 à 2,5 kg de viande par jour[4]. Il se nourrit des grosses proies pendant plusieurs jours[10]. Pour les singes, le léopard a développé une technique de chasse particulière : il feint de grimper dans l'arbre, attends que le singe descende au sol et l'attrape[15].

Opportuniste, il s'attaquera à tout animal de taille moyenne qu'il peut attraper (singes, rongeurs, daman, poissons) ainsi qu'aux charognes[4], mais ses proies de prédilection en Afrique sont la Gazelle de Thomson, la Gazelle de Grant, l'Impala, le Cobe des roseaux, les céphalopodes et le jeunes gnous et topis[10]. En Israël, il se nourrit de Daman des rochers, d'Ibex et de porc-épic et ajoute des sangliers au menu en Iran. La proie principale est le Chital en Inde et au Népal, le Muntjac dans la péninsule indonésienne, le Cerf huppé en Chine[15]. Les singes constituent les proies les plus fréquentes dans les forêts ombrophiles[10]. Le poids des proies varient de 5 à 70 kg en moyenne, et de 30 à 175 kg en Inde[4].

Le léopard est un animal éclectique dans son menu, il se nourrit de proies de taille moyenne antilopes : (kobus, gazelles, koudous, nyalas, topis, impalas, sitatungas, guib harnachés, gnous et zèbres juvéniles, dik-diks, steenboks, phacochères, okapis, etc.)

Son alimentation comprend également des singes (babouins, vervets, chimpanzés, jeunes gorilles…), ainsi que toutes sortes de petits animaux (rongeurs, lapins, oiseaux, serpents, insectes et même du poisson). En Inde, son alimentation comprend des singes entelles, porcs sauvages, cerf axis, paons, jeunes des cerfs sambar et jeunes des nilgauts. En période de sécheresse, on a également déjà aperçu un léopard s'attaquer à un crocodile.

Vocalisations

La vocalisation la plus caractéristique est un cri évoquant le bruit d'une scie, composé en moyenne d'une série d'une douzaine d'appels rauques et grinçants, poussés tant à l'inspiration qu'à l'expiration. Cet appel peut être précédés d'un ou plusieurs rugissements[10].

Le léopard pousse également de brefs appels plaintifs et aigus ; il peut siffler, grogner et gronder lorsqu'il est en colère ou à peur. Il tousse lorsqu'il charge. Les jeunes léopards miaulent et gazouillent[16].

Cycle de vie

Le léopard est un animal exclusivement solitaire sauf durant les périodes d'accouplement. La saison de reproduction est au début du printemps (janvier-février) pour les régions subtropicales et toute l'année pour les milieux tropicaux. L’œstrus dure environ 7 jours. La femelle met bas tous les deux ans après 90 à 105 jours de gestation[3]. Sa tanière peut être une crevasse rocheuse, un arbre creux, ou encore des buissons denses ; elle en change ponctuellement en transportant un à un ses petits par la peau du cou dans sa gueule. La portée est en général composée de deux à trois petits, parfois quatre[16]. Ils ont une fourrure laineuse aux taches indistinctes et ne pèsent que de 430 à 600 g[3]. Ils ouvrent les yeux entre sept jours à dix jours et commencent à découvrir leur environnement à deux semaines[4]. La mère leur apprend à chasser à partir de trois mois[16] et restent avec leur mère jusqu'à la prochaine portée.

La maturité sexuelle est atteinte entre 24 à 36 mois pour les mâles, 30 à 36 mois pour les femelles[3], 33 mois en moyenne[4]. Les jeunes d'une même portée peuvent rester ensemble pendant quelques mois avant de se séparer. 41 % des jeunes meurent avant l'âge de un an[4]. La longévité est de 12 à 15 ans dans la nature et jusqu'à 23 ans en captivité[3].

Relations inter-spécifiques

Les léopards peuvent être tués par des lions, des tigres, des crocodiles, des lycaons, voire par une troupe de babouins ou des chimpanzés. Les jeunes peuvent être tués par d'autres léopards[17].

La compétition inter-spécifique est faible avec le lion, ce dernier s'attaquant à des proies plus grosses que le léopard[10]. La coexistence avec le tigre est plus difficile car ce dernier peut s'approprier les proies du léopard. Lorsque les tigres sont présents, le léopard est plus rare et trouve refuge dans les arbres. Des techniques d'évitement ont été observés dans le parc national de Chitwan, où la chasse du léopard est effectuée en décalage avec celle du tigre, à des lieux différents, et sur des proies différentes de celle du tigre[11].

La présence de l'homme ne perturbe pas ce félin, qui peut vivre dans les villes, à l'insu des habitants. Ainsi, dans les années 1970, un léopard s'est enfui d'un zoo à Nairobi, lors de la battue organisée pour le retrouver, cinq autres léopards ont été capturés. Dans les milieux urbains, le léopard s'attaque aux chiens et au bétail, parfois aux enfants[10]. Les animaux domestiques et d'élevage constituent 25 % de son alimentation en milieux urbanisés[4].

Écologie et répartition

Habitat

Le léopard est polyvalent en terme d'habitat. Hormis dans les déserts ouverts et les mangroves[15], le félin s'adapte aux forêts sempervirentes et décidues, à la savane, aux bois, au collines rocheuses, aux marécages, aux bords de mer comme à la montagne. Une carcasse de léopard a été trouvée à 5 700 mètres d'altitude sur le Kilimandjaro au Kenya[7].

Répartition

Le léopard est le félin à l'aire de répartition la plus répandue. A l'origine, il se trouvait dans toute l'Afrique. Il a disparu d'Afrique du Nord, hormis peut-être dans l'Atlas marocain et algérien. Sa présence est suspectée en Egypte et en Tunisie. Sa présence est menacée en Turquie, en Israël et au Sud de la péninsule arabique. Le léopard est encore commun en Afrique subsaharienne, bien qu'ils se raréfient en Afrique de l'Ouest[7]. En Asie, il se distribue du Moyen Orient à la Chine. Le léopard est présent sur les îles du Sri Lanka, de Java et de Kangean. Les populations de l'Amour sont très menacées ; il ne reste que quelques individus en Russie et peut-être en Corée du Nord[5]. Il a disparu du Liban et de la Syrie. Les populations du léopard de Sri Lanka aurait subi un déclin de 75 % entre le début et la fin du XXe siècle[11].

Densité de population

La densité de population est très variable selon les régions. Elle est estimée à 6 individus pour 100 km2 dans la forêt de Taï en Côtes d'Ivoire, 8 à 12 individus pour la forêt d'Ituri au Zaïre, de 3,5 individus pour le parc national Kruger en Afrique du Sud (mais 30 individus pour les zones avec des cours d'eau)[3]. Les parcs nationaux suivants possèdent de bonnes populations de léopards : parc de l'Amboseli, parc de Nairobi, parc du Serengeti, parc national de Hwange, parc national de South Luangwa, parc national Kruger[3].

Protection

Les principales menaces pesant sur l'espèce sont le braconnage pour sa peau et ses os, utilisé en pharmacopée traditionnelle asiatique ainsi que les conflits avec les propriétaires de bétail[18] et la raréfaction de ses proies[4].

Difficile à observer, le léopard vit caché, au point que personne ne peut avancer de statistiques fiables sur le niveau réel des populations. Dans les années 1990, on estimait sa population à environ 700 000 individus[14]. Les scientifiques s'accordent pour dire que ce carnivore nocturne, assez puissant pour hisser sur un arbre une carcasse d'antilope afin de la mettre à l'abri des autres prédateurs, n'est pas en danger. Sa chasse est interdite dans la plupart des pays d'Afrique (Angola, République démocratique du Congo, Rwanda, etc.) voire très réglementée (Afrique du Sud, Kenya, Namibie, Tanzanie). Dans ce dernier pays, le tarif d'un trophée est passé de 2 500 à 12 000 dollars depuis juillet 2007 sur décision gouvernementale[14].

Le léopard et l'Homme

Mosaïque romaine représentant un léopard dans le palais de Beiteddine (Liban).

Une peinture rupestre de léopard a été découverte en 1993 et datée d'il y a 31 000 ans dans une grotte ardéchoise[7]. Le léopard est présent sur des mosaïques romaines. Dans le temple de Liber Pater en Lybie, des léopards participent au triomphe de Bacchus et Ariane[19].

Au XVIIIe siècle, le peintre travaille sur une exactitude anatomique, notamment en s'exerçant à la représentation de sujets réels détenus dans les zoos[20]. Au XIXe siècle, les léopards figurèrent parmi les sujets favoris des peintres, tels le couple de léopards de Jacques-Laurent Agasse[19].

Le peintre japonais Kawanabe Kyosai dépeint le léopard au XIXe siècle, et titre « Tigre sauvage jusqu'à présent inconnu »[19].

Héraldique

Les armoiries de l'Angleterre se blasonnent ainsi : De gueules aux trois léopards d'or, armés, lampassés d'azur.

Le léopard est en héraldique un symbole de pouvoir et d'autorité[7]. Le léopard est un lion passant : le corps est de profil sur ses quatre pattes au visage de face, la queue est retournée sur le dos et le panache pointe l'extérieur du blason. Un léopard-lionné est un léopard rampant, c'est-à-dire dressé sur ses pattes arrières, le visage de face[Note 2]. Un autre meuble héraldique est la tête de léopard, qui est une tête de lion de face[21]. En France, le léopard est porté sur les armoiries des guerriers ayant remportés des victoires sur l'Angleterre, dont le léopard est le symbole[19].

La panthère héraldique est composée d’une tête de taureau ou de cheval, d'un corps de lion avec des pattes avant de l’aigle. Elle crache des flammes par sa gueule. Elle ne se trouve que dans les armoiries autrichiennes[22].

Le léopard dans les bestiaires

Une panthère (ici, de couleur bleue) attire tous les animaux et terrifie un dragon qui se cache dans un trou. Image tirée du bestiaire d'Aberdeen (XIIe siècle).

Dans les bestiaires antiques et médiévaux, trois animaux fabuleux, considérés comme « réels » peuvent être reliés au léopard réel : le pard, la panthère et le léopard[19].

La panthère, un animal divin

Le terme « panthère », du grec pan « tout » et thérion « animal sauvage » désigne l'ensemble des bêtes sauvages[4]. Dans les bestiaires, la panthère est une bête au pelage multicolore, tacheté de cercles blancs ou noirs ressemblants à des yeux. Après un festin, la panthère dort pendant trois jours dans sa caverne. A son réveil, elle pousse un lourd rugissement dont l'haleine parfumée attire tous les animaux, sauf le dragon terrifié qui se cache dans un trou dans le sol. La panthère a un visage terrifiant et que pour attraper ses proies, il lui suffit de se couvrir le visage et de laisser son haleine attirer les autres animaux. La panthère se trouve en Afrique et en Syrie ; la femelle ne peut mettre bas qu'une seule fois, car lors de son premier accouchement, son petit déchire son utérus de ses griffes[23].

Les descriptions de la panthère sont reprises de l'Antiquité jusqu'au début de la Renaissance par des auteurs comme Pline l'Ancien (Ier siècle), Isidore de Séville (VIIème siècle), Philippe de Thaon (XIIème siècle) ou Barthélémy l'Anglais (XIIIème siècle). Les illustrations des bestiaires médiévaux sont très similaires : la panthère est montrée entourée par de multiples animaux, sa bouche est le plus souvent ouverte. Un dragon est très souvent représenté sur la même enluminure, en train de se cacher dans le sol. Les dessinateurs ne savaient pas toujours à quoi ressemblait une panthère, et des cas de panthères en forme de singe ou de cheval sont relevés[23]

L'haleine fabuleuse est comparée à la parole divine par les Chrétiens[4], elle personnifie Jésus-Christ qui ôte son pouvoir au dragon[19] et attire l'humanité jusqu'à lui, trois jours après sa crucifixion[23]. Les nombreuses taches sur son pelage représentent les vertus de Dieu[19].

Le léopard et le pard

Selon les bestiaires, le pard est une bête tachetée, très rapide, qui tue ses proies en un seul bond. Isidore de Séville ajoute que le pard aime le sang[24].

Le léopard est le fruit du croisement adultère entre une lionne (leo en latin) et un pard. Selon Barthélemy l'Anglais, le léopard abandonne sa chasse s'il n'arrive pas à la capturer en moins de trois bonds, l'animal ne court jamais et se contente de bondir sur ses proies. La grotte du léopard à deux ouvertures, l'une pour entrer, l'autre pour sortir ; le centre de la grotte est très étroit. La forme de sa tanière lui permet de s'attaquer au plus noble des animaux, le lion : lorsque ce dernier poursuit un léopard, il peut entrer dans la tanière mais reste coincé au centre. Le léopard peut alors sortir par la deuxième ouverture et attaquer le lion par derrière[25].

Connaissances

Les descriptions de l'Antiquité ont servi de base à l'ensemble des travaux des biologistes pendant de siècles. Ainsi, au XVIe siècle, on pense que le léopard, cruel et vicieux, manifeste un ardent désir de tuer ses proies et de leur sucer le sang. Vivant en groupe, ils s'enivrent de vin et s’entre-dévorent. S'ils mangent des plantes venimeuses, ils utilisent des excréments humains comme antipoison. Des descriptions similaires sont réalisées par Conrad Gessner (XVIe siècle), qui s’appuie sur un ouvrage du IIIe siècle pour décrire la technique de chasse du léopard sur les singes : il fait le mort en stoppant sa respiration, attends que tous les singes descendent des arbres puis les tuent tous. De même, selon Gessner, le léopard met rarement bas, et toujours dans de grandes souffrances et un seul petit à la fois. Le léopard symbolise la femme rusée et méchante, proche de sa progéniture. Le léopard est dépeint comme détestant les hommes, les coqs et les serpents jusqu'à détruire leur effigie. Il sont terrorisé par les hyènes, Pline l'Ancien raconte même qu'une peau de léopard assemblée à celle d'une hyène perd ses poils[19].

Le fruit de l'accouplement du léopard et du loup est le théos[19].

Le léopard mangeur d'hommes

Dépouille du léopard de Panar, tué par Jim Corbett

Bien que la plupart des léopards tendent à éviter les hommes, ceux-ci peuvent exceptionnellement devenir mangeur d'hommes , man-eater en Anglais. Il s'agit en général de léopards blessés, malades ou affamés ; les léopards peuvent alors prendre l'habitude d'attaquer l'être humain. Dans les cas les plus extrêmes, en Inde, un léopard baptisé le léopard de Rudrapayag aurait tué plus de 125 personnes ; de même, une femelle léopard baptisée Panar Leopard aurait tué plus de 400 personnes : elle était incapable de chasser ses proies habituelles suite à une blessure par un braconnier. Ces deux léopards ont été tués par le célèbre chasseur Jim Corbett.

Les léopards mangeurs d'hommes sont généralement plus téméraires que les lions et les tigres ; en particulier, ils pénètrent souvent dans les lieux d'habitation des humains. Cependant, les léopards pouvant subsister à l'aide de petites proies, ils recourent plus rarement aux proies humaines que les lions et les tigres.

Sa réputation de mangeur d'hommes est plus forte en Asie qu'en Afrique[10], où deux mangeurs d'hommes célèbres ont sévi en Inde avant d'être abattus par Jim Corbett : un premier léopard ayant attaqué près de 400 personnes tué en 1910 et le « léopard de Rudraprayag », tué en 1926[11]. Entre 1982 et 1989, 170 personnes sont mortes en Inde suite à une attaque de léopard[4].

Culture africaine

Mobutu, « le léopard de Kinshasa ».

En Afrique, les chefs portent des coiffes ou des capes en fourrure de léopard, ou parent leur trône d'une peaux de léopard. En raison de sa discrétion, le léopard est une figure rusée dans les légendes africaines : il a la réputation d'effacer ses traces de pas avec sa queue lorsqu'il avance[7].

Dans certaines tribus bantoues et particulièrement au Congo-Kinshasa, le léopard était considéré comme un animal rusé, puissant et résistant. C'est la raison pour laquelle le président Mobutu Sese Seko portait la toque et certains attributs de léopard qui le rendaient puissant aux yeux de la population. Mobutu Sese Seko était d'ailleurs surnommé « Le Léopard de Kinshasa ». Le léopard fait maintenant partie des armoiries du pays.

Le léopard est préféré au lion comme le roi des animaux par les tribus africaines. Comme le lion, il est ridiculisé dans les légendes par des animaux plus faibles, comme la tortue, le lièvre ou la gazelle[19].

Dans le royaume de Dahomey, le souverain était nommé « le léopard » et portait des peaux de léopards. Le commerce de ces peaux était très actif. D'autres chefs de tribus gardaient des léopards captifs auprès d'eux et pouvaient en apprivoiser pour les garder auprès d'eux lors des séances publiques[19].

Le léopard est considéré comme le grand félin le plus sauvage par les tribus africaines et avaient la réputation d'être mangeurs d'hommes. La légende des hommes-léopards est similaire à celles des loups-garous : un homme prend l'apparence d'un léopard par magie pour tuer des hommes. La secte des hommes-léopards Aniota est une société secrète africaine dont les membres portaient des vêtements et des armes en léopard[19].

Divers

L'art martial du léopard symbolise : Agilité, caractère sauvage, puissance. La force s'y concentre en un seul point, et la combativité de l'adversaire est cassée par l'attaque déterminée.

La panthère rose est un personnage de dessin animé créé en 1963.

Notes et références

Notes

  1. La forme mélanique du Jaguar peut également porter ce nom.
  2. A l'inverse, un lion-léopardé est un lion rampant, c'est-à-dire campé sur ses quatre patte, la tête de profil.

Références

  1. a et b Référence UICN : espèce Panthera pardus (Linnaeus, 1758) (en)
  2. a, b, c, d et e Peter Jackson et Adrienne Farrell Jackson (trad. Danièle Devitre), Les félins : toutes les espèces du monde, Delachaux et Niestlé, coll. « La bibliothèque du naturaliste », octobre 1996, 272 p. (ISBN 2-603-01019-0)  , « Léopard, panthère », p. 31
  3. a, b, c, d, e, f, g et h Peter Jackson, op. cit., « Léopard, panthère », p. 38
  4. a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k, l, m, n et o Rémy Marion (dir.), Cécile Callou, Julie Delfour, Andy Jennings, Catherine Marion et Géraldine Véron, Larousse des félins, Paris, Larousse, septembre 2005, 224 p. (ISBN 2-03-560453-2 et 978-2035604538) (OCLC 179897108)  , « Léopard Panthera pardus », p. 62-65
  5. a et b Peter Jackson, op. cit., « Léopard, panthère », p. 111
  6. a et b (fr) Stephen O'Brien et Warren Johnson, « L'évolution des chats », dans Pour la science, no 366, Avril 2008 (ISSN 0 153-4092)  basée sur (en) W. Johnson et al., « The late Miocene radiation of modern felidae : a genetic assessment », dans Science, no 311, 2006  et (en) C. Driscoll et al., « The near eastern origin of cat domestication », dans Science, no 317, 2007 
  7. a, b, c, d, e, f et g Peter Jackson, op. cit., « Léopard, panthère », p. 32
  8. Référence UICN : espèce Panthera uncia (Schreber, 1775) (en)
  9. (en) Sriyanie Miththapala, John Seindensticker, Stephen J. O'Brien, Phylogeographic subspecies recognition in leopards (Panthera pardus): molecular genetic variation, vol. 10, 1996, chap. 4, p. 1115-1132 
  10. a, b, c, d, e, f, g, h, i et j Peter Jackson, op. cit., « Léopard, panthère », p. 33-34
  11. a, b, c et d Peter Jackson, op. cit., « Léopard, panthère », p. 113
  12. http://www.sandiegozoo.org/animalbytes/t-leopard.html
  13. http://www.larousse.fr/encyclopedie/vie-sauvage/panth%C3%A8re/178169
  14. a, b et c (fr) Gilles Martin, « L'arche photo : la panthère d'Afrique », dans Image & Nature, no 13, mars - mai 2008, p. 28-29 
  15. a, b et c Peter Jackson, op. cit., « Léopard, panthère », p. 112
  16. a, b et c Peter Jackson, op. cit., « Léopard, panthère », p. 35
  17. Peter Jackson, op. cit., « Léopard, panthère », p. 37
  18. a et b Peter Jackson, op. cit., « Léopard, panthère », p. 114
  19. a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k et l Christine et Michel Denis-Huot, Les princes de la savane : Léopards & Guépards, White Star, septembre 2006 , « L'ère des pards », p. 14-27
  20. (fr) Marcel Brion, Les animaux, un grand thème de l'Art, Paris, Horizons de France, 27 octobre 1955 
  21. (fr) Léopard sur www.blason-armoiries.org, Glossaire héraldique illustré, 2011. Consulté le 12 novembre 2011
  22. (fr) Dictionnaire du blason sur [http://www.genealogie.com www.genealogie.com, Généalogie.com. Consulté le 12 novembre 2011
  23. a, b et c (en) Pard sur www.bestiary.ca/, Medieval Bestiary. Consulté le 20 novembre 2011
  24. (en) Pard sur www.bestiary.ca/, Medieval Bestiary. Consulté le 20 novembre 2011
  25. (en) Leopard sur www.bestiary.ca/, Medieval Bestiary. Consulté le 20 novembre 2011

Annexes

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Bibliographie

Liens externes


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