André Campra

André Campra
André Campra
André Campra - Gravure d'après Bouys.
André Campra - Gravure d'après Bouys.

Naissance 3 décembre 1660
Aix-en-Provence,
Royaume de France Royaume de France
Décès 29 juin 1744
Versailles,
Royaume de France Royaume de France
Activité principale Compositeur
Style Musique baroque française
Œuvres principales

André Campra (Aix-en-Provence, 3 décembre 1660 - Versailles, 29 juin 1744), est un compositeur français. Chronologiquement situé entre Jean-Baptiste Lully et Jean-Philippe Rameau, il a participé au renouveau de l’opéra français.

Après des études à la cathédrale Saint-Sauveur à Aix-en-Provence, il devient maître de musique de Notre-Dame de Paris, après l'avoir été successivement à Toulon, à Arles (chapelle Saint-Trophime) et à Toulouse (cathédrale Saint-Étienne). Il est l'auteur de nombreuses œuvres profanes et religieuses dans le domaine de l'opéra-ballet ou de la musique religieuse.

Il meurt à Versailles le 29 juin 1744, à l'âge de 83 ans, dans la pauvreté et la maladie.

Sommaire

Biographie

Formation

Cathédrale Saint-Sauveur d'Aix-en-Provence.

Fils de Jean-François Campra, un chirurgien violoniste originaire de Graglia, dans le Piémont[1], et installé à Aix-en-Provence[2], qui lui apprend les bases de la musique[3], il reçoit, malgré son tempérament indépendant et colérique[2], sa formation musicale et religieuse de Guillaume Poitevin à la cathédrale Saint-Sauveur à Aix-en-Provence. La maîtrise d'Aix est à l'origine de la vocation de plusieurs musiciens, comme Laurent Belissen[4]. Le cardinal Grimaldi lui impose la tonsure cléricale en 1672[5]. Il devient prêtre le 4 mai 1678[3],[6]. On le considère comme très doué, alors que, selon la tradition, jusqu'à l'âge de 16 ans, il ne sait ni lire ni écrire. C'est à l'occasion de sa dix-septième année que, subitement, il apprend la lecture, l'écriture et la musique, à tel point que, à 17 ans, il compose son Deus noster refugium[7], qui lui donnera une certaine renommée. Son apprentissage tardif de la lecture et de l'écriture sont pourtant remis en cause par plusieurs auteurs, comme Louis Abel de Bonafous de Fontenay[8] (1776) et, plus récemment, de Maurice Barthélemy (1995), selon qui « on ne gardait pas les enfants peu doués dans les maîtrises et si Campra a reçu la tonsure à l'âge où il a mué, c'est qu'il a fait ses preuves[5]. »

En 1679, il fait un bref passage par Toulon et revient à la maîtrise Saint-Sauveur d'Aix. En 1681, il est surpris à enfreindre les règles qui sont imposées aux enfants de la maîtrise. Le règlement interdit en effet aux élèves « de faire ny d'adcister aux opérats qui se font dans la ville[9] ». La ville compte alors 3, voire 4 salles de jeu de paume qui peuvent à l'occasion se transformer en salles de théâtre. On ne sait si Campra a assisté simplement à des représentations théâtrales ou s'il y a pris part, comme musicien ou acteur ; toujours est-il qu'il risque le renvoi pur et simple. Ses maîtres se montrent toutefois bienveillants et le conservent avec eux. Le 27 mai 1681, il reçoit le bénéfice de la chapellenie du Saint-Esprit[10], où il ne demeure pas longtemps, partant pour Arles « jouir de maistre de musique ». Reçu au chapitre de Saint-Trophime le 22 août[10], il dirige les enfants de chœur la cathédrale[11].

De 1694 à 1700, il est maître de musique de Notre-Dame de Paris, après l'avoir été à Toulouse (cathédrale Saint-Étienne). Il s'exerce d'abord dans la musique sacrée et se fait une réputation par ses motets. Durant un mois et demi, fin 1685, il exerce la fonction de maître de musique des états du Languedoc, à Montpellier[3].

L'affaire de l'enrôlement

En 1690, alors que le vice-amiral de Tourville (1642-1701) arme une flotte, Campra est réquisitionné pour s'engager à bord d'un vaisseau du roi et y servir en qualité de mousquetaire. Celui-ci, ne désirant quitter sa profession à la cathédrale de Toulouse, refuse la demande, mais se voit contraint par un exempt de se rendre à Toulon pour y embarquer à bord du navire Le Sérieux. Ordre auquel Campra refuse à nouveau de se plier. Le recruteur du vice-amiral, le chevalier de Juliard, ordonne l'arrestation et la mise en détention du musicien. Celui-ci est écroué à Toulouse. Il ne doit sa libération qu'à une intervention de l'archevêque de Toulouse, Jean-Baptiste-Michel Colbert de Villacerf. Celui-ci réclame son musicien et l'élargissement de Campra est prononcé. Pourtant, quelques jours plus tard, le 23 février 1690, de Juliard ordonne sous trois jours le retour de Campra à Toulon. L'archevêque dépose alors une plainte auprès de Louis Phélypeaux de Pontchartrain, secrétaire d'État à la Marine. Un procès est organisé, au cours duquel de Juliard se défend en affirmant les raisons selon lesquelles Campra lui-même voulait se rendre à Toulon et en avait été empêché : « Campra, libertin, a rendu mère une jeune fille abusée ; il a déclaré à M. de Juliard qu'il lui fallait faire une campagne pour se soustraire au courroux des parents de sa victime, et a supplié cet officier de l'enrôler. Un homme, ami du chevalier, a entendu la confession de Campra et jure sur l'Évangile que l'enseigne dit vrai. » De Juliard avouera ultérieurement la fausseté de cette déclaration. Il mourra quelques mois plus tard, le 10 juillet 1690, à la bataille de Bevezier[12].

Départ de Toulouse et carrière parisienne

Le prince de Conti, chez qui Campra devient maître de musique.

Malgré sa dette vis-à-vis de l'archevêque, ses relations avec le chapitre de Saint-Étienne de Toulouse se détériorent en raison de son penchant pour la boisson et sa réputation d'homme dépravé. C'est ainsi qu'en 1691, une délibération de ce même chapitre l'oblige à lui soumettre ses créations avant de les interpréter[2]. Campra ne peut accepter l'affront et profite d'un congé de 4 mois, en 1694, pour être élu à l'unanimité maître de musique à Notre-Dame de Paris, exempté de l'épreuve d'admission[12], et publie, l'année suivante son premier livre de motets[3]. Il ne quittera, dès lors, plus Paris. Il commence en 1697 à se tourner vers le théâtre et se voit du coup obligé de renoncer à ses charges d'alors. Il démissionne de son poste à la cathédrale de Paris le 13 octobre 1700[2] et donne à l'Opéra son Hésione, qui obtiendra un vif succès[12].

Il est engagé par le prince de Conti en tant que maître de musique et atteint, en 1730, la fonction de directeur de l'Opéra, après être passé par le poste de maître de la Chapelle royale.

Avec L'Europe galante, il s'affirme comme le vrai créateur de l'opéra-ballet, genre musical créé à l'origine par Pascal Collasse (dans le Ballet des saisons). Il officie à l'Académie royale de musique et à la chapelle royale de Versailles après la mort de Louis XIV. À partir de 1720, il retourne à la musique religieuse pour lui consacrer l’essentiel de son œuvre.

Le 6 avril 1726, André Campra est « reçu pour frère servant d’armes » dans l’Ordre royal, militaire et hospitalier de Saint-Lazare de Jérusalem, dont le Grand Maître est, depuis 1720, le fils du régent, Louis d'Orléans. Le 21 décembre 1722 et le 24 mars 1724, les compositeurs Jean-Baptiste Morin, créateur de la « cantate françoise », puis Charles-Hubert Gervais, ami personnel du régent Philippe d'Orléans, étaient eux-mêmes devenus membres de cet Ordre[13],[14],[15].

André Campra meurt à Versailles le 29 juin 1744, à l'âge de 83 ans, dans la pauvreté et la maladie. Il lègue la plupart de ses biens à son domestique et à sa cuisinière[2].

Un collège situé à Aix-en-Provence porte son nom.

Principales œuvres

Œuvres profanes
Œuvres religieuses
  • Messe Ad Majorem Dei Gloriam, Ballard 1699
  • Trois livres de cantates, 1708, 1714 et 1728
  • Nisi Dominus, 1722
  • Requiem, postérieur à 1723
  • Motets pour la Chapelle royale, 1723-1741
Rééditions modernes

Discographie

Annexes

Notes et références

  1. Maurice Barthélémy, André Campra 1660-1744, Actes Sud, Arles, 1995, p. 16.
  2. a, b, c, d et e « André Campra, compositeur, maître de musique », notredamedeparis.fr.
  3. a, b, c et d Biographie d'André Campra, musicologie.org.
  4. Maurice Barthélémy, op. cit., p. 18.
  5. a et b Maurice Barthélémy, op. cit., p. 19.
  6. Maurice Barthélémy, op. cit., p. 20.
  7. Journal de musique, vol. 2, janv.-avr. 1771, année 1773, p. 68.
  8. Louis Abel de Bonafous de Fontenay, Dictionnaire des artistes ou Notice historique et raisonnée des architectes, peintres, graveurs, sculpteurs, musiciens, acteurs et danseurs, Paris, 1776.
  9. Maurice Barthélémy, op. cit., p. 21.
  10. a et b Maurice Barthélémy, op. cit., p. 23.
  11. « Les maîtrises et les orgues de la primatiale Saint-Trophime d'Arles » in Recherches sur la musique française classique, Félix Raugel, t. II, 1961-1962, p. 106.
  12. a, b et c Dictionnaire critique de biographie et d'histoire, Auguste Jal, éd. Henri Plon, Paris, 1867, p. 310, 311.
  13. Archives nationales. MM 204. Registre des réceptions et des promotions dans l’Ordre de Saint-Lazare (1721-1726).
  14. François Turellier, « Morin, Jean-Baptiste », in The New Grove Dictionary of Music and Musicians, 2th Edition, Londres, Macmillan and Co Ltd, 2000, 29 vol. (consulter de préférence la version online, 2009).
  15. Id., Le compositeur orléanais Jean-Baptiste Morin (1677-1745), ordinaire de la musique du régent, créateur de la cantate française, et surintendant de la musique à l’abbaye royale de Chelles, Bulletin de la Société Archéologique et Historique de l'Orléanais, nouvelle série, n° 115, juin 1997, Le XVIIIe siècle à Orléans, p. 3-16. Ces indications concernant la réception de ces trois musiciens dans l'Ordre de Saint-Lazare ne figurent pas dans l'ouvrage de Maurice Barthélémy consacré à André Campra

Bibliographie

Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article : Ouvrage utilisé comme source pour la rédaction de cet article

  • Maurice Barthélémy, André Campra 1660-1744, Actes Sud, Arles, 1995 (ISBN 2-742700021). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Auguste Jal, Dictionnaire critique de biographie et d'histoire, éd. Henri Plon, Paris, 1867, p. 310, 311. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Louis Abel de Bonafous de Fontenay, Dictionnaire des artistes ou Notice historique et raisonnée des architectes, peintres, graveurs, sculpteurs, musiciens, acteurs et danseurs, Paris, 1776. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

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