- Lignes de Torres Vedras
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Les Lignes de Torres Vedras étaient constituées de lignes de forts construits en secret afin de défendre Lisbonne pendant la Guerre d'Espagne et du Portugal sous le premier Empire. Les lignes dont le nom vient de la ville de Torres Vedras, furent construites, sur ordre du futur duc de Wellington, par des ouvriers portugais entre novembre 1809 et septembre 1810[1] et arrêtèrent l'offensive de Masséna en 1810.
Sommaire
Contexte préalable
Après une éprouvante expérience espagnole à la bataille de Talavera, Wellington décida de renforcer le Portugal. Il utilisa un rapport du colonel Vincent, établi sur ordre de Junot en 1807, qui décrivait l'excellent potentiel défensif de la région proche de Lisbonne. Certains auteurs considèrent que c'est l'étude faite par le Major Neves Costa qui influa sur la décision par Wellesley de construire les Lignes, mais en fait les plans de Vincent sont antérieurs à l'étude de Costa[2]. Il s'inspira aussi des Tours Martello construites le long de la côte anglaise sur la Manche. Wellington fit construire les Lignes de Torres Vedras comme un système de fortifications, de blockhaus, de redoutes, de demi-lunes[3], terrassements exploitant le relief naturel, etc. Les travaux commencèrent à l'automne 1809 et la première ligne fut achevée un an plus tard. Après la retraite de Masséna, les travaux ne furent pas interrompus et, en 1812, 34 000 hommes étaient encore au travail sur les Lignes.
Les travaux furent supervisés par le colonel Fletcher[4], assisté par le Major John Jones, 11 officiers britanniques, 2 KGL[5]officiers et 4 ingénieurs de l'armée portugaise. Le coût fut d'environ 100 000 livres sterling, l'un des investissements les moins considérables mais des plus productifs dans l'histoire de l'armée britannique.
Résultats
L'armée anglo-portugaise fut forcée de battre en retraite après la bataille de Buçaco. Les Français (sous les ordres de Masséna) découvrirent à leur arrivée devant les lignes de Torres Vedras, une terre dévastée (en conséquence de la politique de terre brûlée de Wellesley)[6] et l'ennemi retranché derrière des positions défensives impénétrables. Les forces de Masséna arrivèrent le 11 octobre 1810 et peu après donnèrent l'assaut à Sobral de Monte-Agraço mais furent repoussées dans leur tentative contre Fort Alqueidão, une deuxième redoute plus grande et mieux équipée.
Après avoir tenté une guerre d'usure avec l'ennemi, Masséna fut forcé de donner l'ordre de battre en retraite vers l'Espagne, retraite qui commença dans la nuit du 15 novembre 1810, afin de réapprovisionner et renforcer son armée. Le Maréchal Masséna avait commencé sa campagne avec une armée (l'Armée du Portugal) forte de 65 000 hommes. Quand il arriva à Torres Vedras, il avait 61 000 hommes (après en avoir perdu 4 000 à la bataille de Buçaco). Quand il atteignit l'Espagne, il avait perdu 25 000 hommes (y compris ceux perdus à Buçaco). L'un des hivers les plus froids que le Portugal ait connu frappa le pays et tua de nombreux Français. Les Français souffrirent aussi de maladies graves et d'épidémies qui tuèrent les soldats par milliers. Le coût pour la population fut également important, à cause des privations qu'elle eut à supporter. On estime qu'entre octobre 1810 et mars 1811 environ 50 000 Portugais moururent de faim et de maladie. Les Alliés reçurent des renforts de troupes britanniques en 1811 et renouvelèrent leur offensive. Ils quittèrent les Lignes de Torres Vedras pour ne plus y revenir pendant tout le reste de la Guerre d'Espagne.
Description des lignes
Les quatre lignes de Torres Vedras avaient des forts stratégiquement situés sur le sommet des collines, contrôlant les routes vers Lisbonne et utilisant les obstacles naturels. La première ligne, d'une longueur de 46 km, reliait Alhandra à l'estuaire du fleuve Sizandro. La deuxième ligne, à 13 km plus au sud, s'étendait sur 39 km et reliait Póvoa de Santa Iria à Ribamar. La troisième ligne consistait en un périmètre défensif de 3 km depuis Paço de Arcos jusqu'à la tour de Junqueira, protégeant la plage de ré-embarquement (St Julian) à environ 27 km au sud de la seconde ligne.
En sept mois, 108 forts et 151 redoutes furent construites, avec demi-lunes, batteries avancées, etc. Les trois lignes furent équipées de 1 067 pièces d'artillerie et gardées par 68 665 hommes, constituant l'un des systèmes les plus efficaces de blockhaus de campagne dans l'histoire militaire. Derrière eux se tenait l'armée de campagne de 50 000 soldats réguliers anglo-portugais, en mesure de manœuvrer contre les envahisseurs.
La quatrième ligne fut construite au sud du Tage dans les Altos d'Almada afin de contrecarrer une éventuelle invasion venant du sud, et s'étendait sur 7,3 km. Elle avait 17 redoutes et tranchées couvertes, 86 pièces d'artillerie et était défendue par des marines et troupes de Lisbonne totalisant 7 500 hommes.
Des portions importantes de ces lignes ont survécu jusqu'à aujourd'hui, bien qu'en très mauvais état.
Efficacité et cohésion du système
L'efficacité et la cohésion du système de défense étaient basés sur cinq points :
- Des redoutes d'artillerie avec des artilleurs portugais, commandés par le major-général José António Rosa et entraînés à tirer dans des zones pré-établies, où l'attaque ennemie était attendue. Les deux lignes avaient plus de 80 km de développement. La première ligne comprenait 534 pièces d'artillerie.
- Des routes à usage militaire couvrant l'arrière des lignes et permettant une extraordinaire mobilité des forces. En septembre 1810, l'armée de campagne avait un effectif de 66 598 soldats réguliers. Avec la Milice et l'Ordonança, elle totalisait 77 690 hommes.
- Un réseau de sémaphores mis en place par la British Navy et permettant d'envoyer un message d'un bout à l'autre en sept minutes, ou depuis le Quartier Général vers n'importe quel point en quatre minutes.
- Le secret. La construction des lignes prit seulement sept mois. Lisbonne devint un retranchement défendu par le plus efficace des systèmes de blockhaus. Tout fut maintenu secret, ce qui est aussi surprenant que la vitesse de construction des lignes[7]. On dit que quand Masséna fut confronté pour la première fois aux Lignes, il demanda à son état major pourquoi il n'en avait rien su à l'avance. "Wellington l'a fait faire" répondu quelqu'un. Masséna alors cria, "Allez au Diable! Est-ce que Wellington a fait les montagnes?"
- La politique de terre brûlée. Au nord des Lignes, tout ce qui pouvait servir à alimenter l'armée d'invasion avait été soit récolté, soit caché ou bien brûlé. Une large zone du pays fut désertée et peut-être 200 000 habitants des districts avoisinants les lignes furent déplacés à l'intérieur du réseau de lignes.
Sources
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Lines of Torres Vedras » (voir la liste des auteurs)
- (pt) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en portugais intitulé « Linhas de Torres Vedras » (voir la liste des auteurs)
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- Notes
- Les travaux de renforcement des lignes se poursuivirent jusqu'en 1812, mais c'est dans leur état en novembre 1809 qu'elles jouèrent un rôle essentiel dans l'échec de l'invasion française du Portugal par l'armée de Masséna.
- The Lines of Torres Vedras: The Cornerstone of Wellington's Strategy in the Peninsular War 1809-1812, John Grehan, Spellmount.
- En anglais ravelin, ouvrage ayant le même rôle que celui d'une demi-lune mais de forme triangulaire.
- [1] Voir biographie en anglais du colonel Fletcher. Lien externe :
- King German Legion, compte tenu des prétentions du roi d'Angleterre sur le Hanovre, il y avait dans l'armée britannique une Légion Allemande du Roi
- Cette politique de terre brûlée est l'un des éléments essentiels de la stratégie anglo-portugaise, exigeant le déplacement de populations importantes, des sacrifices énormes de la part des civils portugais et une guérilla portugaise extrêmement active qui rendait les communications françaises avec ses bases arrières d'approvisionnement quasi impossibles.
- Seulement quelques membres de l'état major de Wellington étaient dans le secret, et même le Secrétariat à la Guerre à Londres n'en savait rien.
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