Traité de Methuen

Traité de Methuen

Le Traité de Methuen fut signé à Lisbonne le 27 décembre 1703 entre l'Angleterre et le Portugal. Ce traité commercial prévoit que l'Angleterre peut exporter librement son textile vers le Portugal et ses colonies, le Portugal pouvant quant à lui exporter son vin vers l'Angleterre. Le nom du traité vient de l'homme politique anglais John Methuen, l'ambassadeur au Portugal qui négocia ce traité.

Ce traité était particulièrement intéressant pour l'Angleterre car il lui ouvrait un marché pour ses produits au début de la révolution industrielle et rendait le Portugal économiquement dépendant. Le vin portugais était ainsi un tiers moins cher que le vin français, ce qui entraîna un boom de production du vin de porto produit au nord du Portugal.

Ce traité est à la base de l'exemple de David Ricardo illustrant son concept des avantages comparatifs. Il est cité par Frédéric Bastiat dans son texte Midi à quatorze heures[1].

Sommaire

Conséquences géopolitique de ce traité

De ce traité découle une dépendance économique mutuelle entre ces deux pays, cette dépendance amena, en outres, la France à envahir le Portugal lors des guerres napoléoniennes afin de préserver le blocus continental.

Invasion espagnole du Portugal: la Guerre des Oranges (1801)

En effet, désireuse de fermer les ports portugais aux marchands britanniques, les Français signent une série de traités avec l'Espagne (Santo Ildefonso, Fontainebleau) vers la fin du XVIIIe siècle. Ainsi, la France obtint de l'Espagne que celle-ci envahisse son voisin. L'Espagne était alors désireuse de récupérer les territoires perdus lors de la fin de l'Union Ibérique en 1640. Donc, en juin 1801, la monarchie espagnole envoie un ultimatum à Lisbonne. Cet ultimatum demande au Portugal: de renoncer à son alliance traditionnelle avec l'Angleterre en fermant ses ports ; d'ouvrir ses ports à l'Espagne et à la France ; le paiement d'une indemnité de guerre à l'Espagne et à la France; une révision des frontières avec l'Espagne ; la remise d'un quart de métropolitains portugais comme garantie de la remise par les britanniques aux Espagnols des îles de Trinidad, Minorque et Malte.

En cas de refus, l'Espagne et 15 000 soldats français envahiront le Portugal. Logiquement, le Portugal refusa d'accepter l'ultimatum. Mais l'armée portugaise est mal préparée et ne compte que 2 000 cavaliers et 16 000 fantassins L'armée d'invasion compte en tout 30 000 hommes. Les troupes françaises devaient être dirigées par le général Leclerc mais la guerre fut tellement rapide que les troupes française ne participèrent pas aux combats.

Le 20 mai 1801, les Espagnols avancent dans l'Alentejo, région méridionale du Portugal. Ils occupent alors Olivenza, Terena, Arronches, Portalegre, Castelo de Vide et Barbacena sans résistance. Campo Maior résiste, elle, durant 18 jours. La cité d'Elvas eut à subir un siège durant toute la durée de la guerre mais ne tomba pas aux mains des Espagnols.

Le 6 juin 1801, défait et démoralisé le Portugal est contraint à la signature de la paix et du traité de Badajoz.

Les ports portugais furent tous fermés aux navires britanniques, cependant, le Portugal recouvra l'ensemble des villes conquises à l'exception de Olivenza ainsi que les territoires situés dans la marge orientale du Guadiana. La contrebande fut interdite dans cette zone et le Portugal fut forcé de payer des indemnités de guerre.

Le traité fut signé par le prince régent Jean le 14 et par le roi Charles IV d'Espagne le 21. Néanmoins, Napoléon trouva que le traité ne fut pas assez dur car le Portugal ne respectait pas suffisamment le blocus continental et il décida d'envahir le pays.

Invasion française du Portugal ( 20 novembre 1807- 11 mai 1811)

L'occupation française du Portugal dura jusqu'au 11 mai 1811, date du retrait total des troupes françaises. Cette occupation varia cependant beaucoup dans le temps et dans l'espace. Il y a eu au total durant cette période trois invasions françaises. Cela s'explique par des épisodes de libération sporadiques du Portugal grâce à l'aide de contingents anglais ainsi qu'au problème posé par la révolte espagnole à partir de 1809 qui mobilisa une grande partie de l'armée française dans la péninsule ibérique.

La première invasion (novembre 1807- août 1808)

Sous le commandement du général Jean-Andoche Junot, les troupes françaises entrent en Espagne le 18 octobre 1807, traversèrent la péninsule et le 20 novembre, les Français sont à la frontière portugaise. Sans rencontrer aucune résistance, les troupes françaises ont atteint le 24 novembre la ville de Abrantes, le 28 novembre la ville de Santarém et enfin Lisbonne le 30 novembre.

La veille, la famille royale et la cour ont fui vers le Brésil à bord de navires britanniques. La régence laissée sur place avait reçu l'ordre de ne pas résister.

L'année suivante, une force britannique sous le commandement d'Arthur Wellesley (le futur duc de Wellington) débarque au Portugal et se dirige vers Lisbonne. Une armée anglo-portugaise réussit à vaincre les Français lors de la bataille de Roliça le 17 août 1808 puis à Vimeiro le 20 août 1808.

Les Français sont alors contraints à la signature de la très généreuse convention de Sintra.

Les Français sont autorisés à quitter le Portugal avec le gain de leur conquête. Les troupes françaises sont ramenées aux frais des Anglais par bateau en France. En fin de compte, la convention satisfait les deux parties, cela faisait plusieurs mois que Junot n'avait plus de contact avec la France. Les Anglo-Portugais reprirent la ville de Lisbonne et le territoire portugais.

Cet armistice permit à la France de bénéficier d'un an pour préparer la deuxième invasion du Portugal.

La deuxième invasion (mars 1809-mai 1809)

La deuxième invasion fut dirigée par le maréchal Nicolas Jean-de-Dieu Soult. Manquant de moyen, Il fut peu à peu repoussés par les anglo-portugais. Elle est marquée par la révolte espagnole. Les Espagnols en effet se révoltèrent et trouvèrent un soutien parmi les Britanniques postés au Portugal voisin.

Sous le commandement de John Moore, les Anglais franchissent la frontière nord du Portugal mais sont défaits à La Corogne le 16 janvier 1809 par le maréchal français Soult et doivent se replier au Portugal. Les Français profitent de l'occasion pour occuper le nord du Portugal. Ils entrent au Portugal par la prise de la ville de Chaves. Ils rencontrent les portugais à la Bataille de Braga (aussi appelée bataille de Lahonso), bataille où ils infligent une cuisante défaite au portugais: 4000 morts et 400 prisonniers pour seulement 40 morts côté français.

Le 28 mars 1809, les troupes française et portugaises se font face devant la ville de Porto.

Le commandement portugais par manque d'expérience commet l'erreur d'établir ses troupes dans de longs retranchements. Les Portugais ne purent jamais profiter de leur supériorité numérique. Le maréchal Soult, de son côté, bien plus expérimenté s'aperçoit que les Portugais ont commis l'erreur de trop diviser leurs forces par une ligne de retranchement trop longue. Le maréchal Soult fit attaquer en un point déterminé de la ligne portugaise avec une masse de troupes françaises. Résultat : les soldats portugais furent forcés dans une partie de leurs retranchements. Dès lors, toute la ligne portugaise céda et se mit en retraite. Cet bataille porte le nom de bataille de Porto ou bataille du Douro.

Le maréchal Soult commanda alors l'assaut sur la ville de Porto. Lors de cet assaut, 8000 soldats portugais moururent ainsi que de nombreux civiles portugais qui tentèrent pour beaucoup de prendre la fuite.

Mais cette seconde invasion fut mis en échec par le débarquement de contingents anglais au Portugal et l'arrivée de Wellington, le 22 avril 1809.

La balance numérique se mit alors à pencher nettement en faveur des anglo-portugais. Soult songea dès lors à battre en retraite tout en se retranchant dans la ville de Porto.

Une nouvelle fois, ce fut donc le général Wellesley qui, avec l'aide de William Carr Beresford, 1er vicomte de Beresford et des Portugais, put expulser les Français du maréchal Soult du territoire portugais suite à la reprise de Porto le 12 mai 1809. La victoire fut assurée par une tentative osée des Anglais.

En effet, ils parvinrent à prendre un fort situé en position élevé, fort que ne parvinrent pas à reprendre les français. Les sentinelles françaises du fort, en effet, confondirent leurs uniformes avec des uniformes suisses (il y avait un contingent suisse dans l'armée française). Cela obligea les Français à dégarnir la rive du fleuve qu'ils défendaient afin de disposer de plus d'effectif pour reprendre le fort. Les Anglais, avec l'aide de la population locale qui mis à disposition "tout ce qui pouvait flotter", en profitèrent pour débarquer de l'autre côté du Douro (fleuve qui traverse la ville de Porto).

Craignant d'être surpassé en nombre (les Anglais étaient 20 000, les Français 10 000), Soult fut forcer de battre en retraite piteusement jusqu'à Orense en Espagne, manquant à plusieurs reprise de se faire piéger par les coalisés, retraite durant laquelle il perdit 4500 hommes. Durant la seconde bataille de Porto, 1800 soldats français blessés furent capturés et 300 furent tués.

La troisième invasion (juillet 1810-mai 1811)

La troisième invasion fut la dernière tentative française de mettre au pas le Portugal. C'est la plus importante en termes d'effectif puisqu'elle mobilise environs 65 000 hommes. En 1810, sous la conduite du général Masséna, les Français pénètrent au nord du Portugal et conquièrent Almeida en août.

De suite, Masséna prend la direction de Lisbonne et rencontre les Anglo-portugais lors de la bataille de Buçaco. Malgré sa défaite, le général Masséna réussit à coordonner parfaitement son repli et à regrouper ses forces pour continuer l'invasion. Bientôt, il est flanqué par les Anglo-portugais mais continue sa marche vers la capitale. Mais les coalisés, connaissant mieux le terrain, arrivent les premiers et se placent en position défensive sur la ligne de Torres Vedras.

Cette ligne a été construite précédemment par les Britanniques avec l'aide de la population locale. Les quatre lignes de Torres Vedras avaient des forts stratégiquement situés sur le sommet des collines, contrôlant les routes vers Lisbonne et utilisant les obstacles naturels.

Les contingents français arrivent devant la ligne le 11 octobre 1810 mais n'arrivent pas à percer les défenses adverses. Massena se tient devant les lignes de Torres Vedras durant quatre semaines. Il se retire ensuite vers Rio Maior et Santarém, lieu où il peut plus facilement obtenir des vivres. A l'inverse, Wellington (à la tête de l'armée anglo-portugaise) dispose du port de Lisbonne par lequel il reçoit des vivres et des renforts. Les coalisés disposent donc d'un soutien logistique bien plus important que les Français.

Les forces de Masséna donnèrent l'assaut à Sobral de Monte-Agraço mais furent repoussées dans leur tentative contre Fort Alqueidão, une deuxième redoute plus grande et mieux équipée.

Après avoir tenté une guerre d'usure avec l'ennemi, Masséna fut forcé de donner l'ordre de battre en retraite vers l'Espagne, retraite qui commença dans la nuit du 15 novembre 1810, afin de réapprovisionner et renforcer son armée. Le Maréchal Masséna avait commencé sa campagne avec une armée (l'Armée du Portugal) forte de 65 000 hommes. Quand il arriva à Torres Vedras, il avait 61 000 hommes (après en avoir perdu 4 000 à la bataille de Buçaco). Quand il atteignit l'Espagne, il avait perdu 25 000 hommes (y compris ceux perdus à Buçaco).

L'un des hivers les plus froids que le Portugal ait connu frappa le pays et tua de nombreux Français. Les Français souffrirent aussi de maladie graves et d'épidémies qui tuèrent les soldats par milliers.

Le coût pour la population fut également important, à cause des privations qu'elle eut à supporter. On estime qu'entre octobre 1810 et mars 1811 environ 50 000 Portugais moururent de faim et de maladie. Les Alliés reçurent des renforts de troupes britanniques en 1811 et renouvelèrent leur offensive. Ils quittèrent les Lignes de Torres Vedras pour ne plus y revenir pendant tout le reste de la Guerre d'Espagne.

L'armée française doit peu à peu se résoudre à battre en retraite vers l'Espagne. La retraite des Français surprend l'armée de Wellington. Ce n'est que le 11 mars que la garde avancée de la coalition, la Division Légère, arrive à rattraper l'arrière-garde française formée par les troupes du maréchal Ney, rattrapage qui provoquera des combats près de Pombal.

En battant les Anglo-portugais à la bataille de Redinha, le 12 mars 1811, les Français arrivent à conserver une légère marge de manœuvre pour effectuer leur replis en bon ordre.

Les escarmouches continuent les jours suivants. Massena cherche à atteindre le territoire au nord du Mondego afin d'y obtenir du ravitaillement. Dans cette région se trouvent les milices du Colonel anglais Nicholas Trant qui résistent sur tous les points de passage possible du Mondego. Le gros des troupes de Wellington se rapproche de Massena qui n'a d'autres choix que d'accélérer la retraite en se débarrassant de tout ce qui n'est pas essentiel. Le sursis gagné à la bataille de Redinha est perdu. Début avril, les Français n'occupent plus, au Portugal, que la forteresse d'Almeida et une bande étroite de terrain entre la frontière et le Côa. Les dernières forces françaises présentes, le IIe Corps d'Armée de Reynier, se retirent en Espagne auprès du reste de l'armée. Une portion de ce corps gardent encore la place d'Almeida avant de prendre la fuite dans la nuit du 10 au 11 mai 1811. Ils aideront alors l'armée française à réprimer l'insurrection espagnole.

Les Français se retirent avec de lourdes pertes (25 000 hommes en moins de septembre 1810 à avril 1811). 15 000 hommes sont victimes de maladies provoquées par la faim, la fatigue ou par les guérilléros lorsqu'ils se sont trop éloignés de leur unité à la recherche de vivre ou pour une quelconque autre raison les obligeant à agir seuls ou en petit groupe.

Seules 1500 pertes, 6% du total, sont dues à l'action de combat. Ces chiffres montrent bien les difficultés rencontrées par les Français pour se maintenir au Portugal, entre l'arrivée sur les lignes de Torres Vedras et la retraite vers l'Espagne.

Ce fut la troisième et dernière invasion française du Portugal. On peut notamment attribuer l'échec des Français à leur méconnaissance du terrain, à la Guerre d'Espagne qui mobilisa l'essentielle des forces d'occupation française dans la péninsule Ibérique, à l'hiver exceptionnel qui s'abattit sur le Portugal cette année, au manque d'informations et à une politique de la terre brûlée terriblement efficace, mais aussi et surtout au soutien anglais qui joua un rôle capitale dans les échec successifs de ces invasions.

Conséquences économiques de long terme du traité de Methuen

Ce traité sur le long terme met le Portugal en situation de dépendance vis-à-vis des produits manufacturés anglais. Il empêche le développement d'une industrie moderne au Portugal. L'indépendance du Brésil en 1822 accentue cette condition. Le Brésil cesse d'être un débouché pour les produits portugais: 80% des exportations portugaises s'effectuent vers 1850 avec et seulement avec la Grande Bretagne.

Vers la fin du XIXe siècle, l'exportation du vin de porto se heurte à la concurrence des vins français.

Le Portugal a alors une balance commerciale déficitaire. A la veille de la Première Guerre mondiale, le Portugal a un niveau de vie bas et une industrialisation calamiteuse[non neutre].

Références


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Traité de Methuen de Wikipédia en français (auteurs)

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