Lea Roback

Lea Roback

Léa Roback

Léa Roback (1903 - 28 août 2000), syndicaliste, militante communiste et féministe canadienne (québécoise). Elle est considérée comme une pionnière du féminisme au Québec.

Sommaire

Biographie

Née à Montréal en 1903, cette fille dimmigrants juifs polonais a grandi à Beauport dans la région de Québec pour ensuite revenir à Montréal lorsquelle était encore adolescente. Elle parle le yiddish à la maison, le français avec ses camarades de Beauport et l'anglais à l'école. Son modèle de jeunesse est sa grand-mère maternelle qui était une femme indépendante.

Cest tout dabord en travaillant à la British American Dyeworks quelle prend conscience des différences entre les diverses couches de la société montréalaise : « On nous avait appris quil y avait des riches et des pauvres, que cest la volonté du bon Dieu et quon aurait notre récompense au ciel. Moi jai pour mon dire que cest ici la vie! [1]». Léa Roback y travaille un certain temps pour ensuite se trouver un emploi de caissière au théâtre Her Majestys sur la rue Guy. Grande lectrice et férue de littérature française, cest en y travaillant quelle économise la somme nécessaire afin daller étudier cette discipline à lUniversité de Grenoble en France.

Léa Roback voyage beaucoup au cours de sa jeunesse. Dès son retour de Grenoble, elle rejoint sa sœur à New York. Puis, cest au tour de son frère Henri, installé à Berlin, de recevoir la visite de Léa après avoir séjourné quelque temps à Barcelone. Nous sommes alors en 1929, Hitler amorce son ascension sur la scène politique allemande et les groupes nazis prolifèrent, Léa devient membre du Parti Communiste du Québec (qu'elle quittera en 1958). Roback explique qu'elle est séduite par les socialistes, mais qu'elle croit qu'il ne mettent pas leurs paroles en action, d' son appui au marxisme-léninisme. Dans son entretien avec Nicole Lacelle (1988), elle déclare que cest au cours de cette période quest née chez elle une véritable conscience politique.

Les années 1930

En 1932, la situation senvenime, Léa, qui est étrangère, et juive de surcroît, se voit contrainte de revenir à Montréal. La dirigeante de sa cellule étudiante communiste à l'Université de Berlin lui avait recommandé de partir. Elle fait tout de même, en 1934, un séjour de quelque mois en Union Soviétique elle passe bien près de se marier, mais son désir de liberté et dindépendance len empêche. Installée pour de bon dans la ville qui la vu naître, Léa Roback ne chôme pas longtemps et amorce une longue carrière consacrée à lutter contre de nombreuses inégalités sociales. Peu après son retour, elle participe à lorganisation de laction en faveur des sans travail dirigé par Norman Béthune. Léa Roback travaille aussi au Young Womens Hebrew Association (YWHA, Association des jeunes femmes juives) elle met notamment en contact avec des médecins compétents des jeunes femmes désirant avoir recours à lavortement.

En 1935, elle tient la première librairie marxiste de Montréalle Modern Bookshops sur la rue de Bleuryce qui lui vaut de se faire connaître des autorités policières. Ses activités politiques inquiètent sa mère, mais sont acceptées par son père. En 1936, elle travaille au service de léducation de lUnion Internationale des ouvrières du vêtement pour dames, mieux connu sous le nom dUnion de la robe. Les femmes travaillant alors plus de 60 heures par semaine à un petit salaire, elle mène une grève de 5 000 femmes en 1937. Roback organise le syndicat de RCA Victor en 1941, elle demeurera jusqu'en 1951. Elle y obtient le premier contrat syndical pour femmes en 1943. Elle ne cherche pas à grimper dans la hiérarchie du pouvoir syndical. La même année (1943), elle devient organisatrice politique de Fred Rose, premier candidat communiste à être élu aux Communes.

Léa Roback a aussi livré un combat pour permettre laccès aux résidents de St-Henri à des logements décents, et ce, dès lépoque de ladministration du maire Camilien Houde au tournant des années 1930. Léducation était également une cause qui lui était chère. Lors de son passage à lUnion de la Robe, lorsquelle tenait la librairie marxiste, en distribuant des tracts dans la rue, activité quelle adore et accomplit jusquà la fin de sa longue vie, Léa Roback a toujours eu à cœur la nécessité de diffuser linformation permettant de mettre en lumière quelconque injustice : « Penser que le citoyen moyen est un idiot relève du mythe. Lorsque je distribue des tracts, les uns se disent intéressés, dautres sont prêts à écouter, et de retour à la maison, ils en parlent à leur entourage. Ça fait boule de neige. De des résultats concrets [2] ».

1960 à 1996

Léa Roback ne cessera jamais de militer contre « linhumanité de lhomme envers son prochain  ». Dans les années 1960, elle devient membre du collectif La Voix des femmes au côté de Madeleine Parent, Thérèse Casgrain et de Simonne Monet-Chartrand. Par la suite, son attention se porte sur la guerre du Viêt Nam, sur le régime dapartheid en Afrique du Sud, pour laccès libre à une éducation de qualité.

Féministe, elle sest battue pour lobtention du droit de vote, pour le droit à lavortement, pour laccès à la contraception. À 83 ans, elle participe, sous une pluie battante, à la marche des femmes pour léquité salariale. Contre le racisme et lintolérance, elle est à la fois aux côtés des Canadiens Français, des Juifs, des Noirs sud-africains ou de toutes autres minorités lorsque leurs droits sont bafoués. Quant à la classe ouvrière, elle en fait certainement partie, et y organise la résistance par son travail dans le milieu syndical. Contre le bellicisme de la classe dirigeante, elle soppose en se joignant aux pacifistes dénonçant la guerre du Viêt Nam. Plus tard, à lépoque du président Reagan, elle milite contre la prolifération des armes nucléaires. En 1985, elle devient spécialement membre de l'Institut canadien de recherche sur les femmes.

À une époque lhomosexualité nétait pas encore un mot qui se prononçait, Léa Roback fait fi des tabous et cultive des amitiés sincères avec quelques homosexuels bien connus, ce qui lui attire les foudres de ses employeurs. De cette trop courte liste qui ne recense que des éléments connus de laction de cette pionnière, il en ressort un esprit libre, indépendant et rempli dune grande humanité. Celle dont la mère lui avait appris que la mort est la seule justice au monde na visiblement jamais accepté cet état de fait.

Comme le souligne l'hommage qui lui est consacré sur le site web de la Fondation Léa Roback, elle ne cessera de lutter que lorsquelle sera « happée en plein combat » à l'âge de 96 ans [3]. Léa Roback est décèdée accidentellement à Côte-des-Neiges le 28 août 2000.

Sa mémoire est aujourdhui perpétuée par le travail de La Fondation Léa-Roback qui a été créée à l'occasion de son 90e anniversaire en 1993. Le centre Léa-Roback de Montréal pour la recherche sur les inégalités sociales de santé est également nommé en son honneur, tout comme la Maison Parent-Roback dans le Vieux-Montréal. Sophie Bissonnette a réalisé un documentaire sur sa vie en 1991.

Distinctions

Une rue a été nommée en son honneur dans les années 2000. La rue Léa-Roback se trouve à Montréal, dans le quartier Saint-Henri et jouxte le Canal-de-Lachine.

Citations

  • «L'ouvrier d'aujourd'hui n'est pas l'ouvrier ou l'ouvrière qu'on avait dans les années 1930. Ils savent se protéger, ils ont leur syndicat.» (24 octobre 1993)
  • «On ne peut pas vivre pour soi-même, ça je l'ai appris à la maison

Notes et références

  1. Pedneault, H. Mars 1983. « Entrevue avec Léa Roback : Propos dune batailleuse », La vie en rose, No. 10, p. 50.
  2. Anonsen, F. Automne 1986. « Léa Roback, plus de cinquante ans de militantisme », Canadian woman studies : Les cahiers de la femme, Vol. 7, no. 3, p. 105.
  3. Fondation Léa Roback

Bibliographie

  • Anonsen, F. Automne 1986. « Léa Roback, plus de cinquante ans de militantisme », Canadian woman studies : Les cahiers de la femme, Vol. 7,no. 3, p. 105.
  • Bissonnette, Sophie. 1992. Des lumières dans la grande noirceur [video] . Productions Contre-Jour, Montréal, 90 min.
  • Lacelle, N. 1988. Madeleine Parent, Léa Roback : Entretiens avec Nicole Lacelle, Les éditions du remue-ménage, 181 p.
  • Leboeuf, Lucie. Octobre 1978. « Léa Roback ou comment l'organisation syndicale est indissociable de la vie de quartier », Dossiers "Vie ouvrière", Vol. 28, no. 128, p. 461-470.
  • Pedneault, H. Mars 1983. « Entrevue avec Léa Roback : Propos dune batailleuse », La vie en rose, No. 10, p. 50-52.
  • Weisbord, Merrily. Le rêve d'une génération : les communistes canadiens, les procès d'espionnage et la guerre froide, VLB, Montréal, 398 p.

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