- Le Roi Et L'Oiseau
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Le Roi et l'Oiseau
Le Roi et l'Oiseau est un dessin animé français créé par Paul Grimault, avec des textes de Jacques Prévert d'après La Bergère et le Ramoneur de Hans Christian Andersen, et sorti au cinéma le 19 mars 1980. Des extraits du film furent également publiés aux éditions Gallimard quelques mois plus tard. Ce film eut une grande influence sur le monde du dessin animé et en particulier sur les fondateurs du Studio Ghibli, Hayao Miyazaki et Isao Takahata
Ce film a connu une première vie sous le titre : La Bergère et le Ramoneur sorti en 1953, avec un montage différent, imposé par la production et désavoué par les deux auteurs. En 1966, Paul Grimault récupère les droits et les négatifs du film qui durait 62 minutes, puis redessine les scènes existantes, tourne de nouvelles séquences et le remonte entièrement pour donner Le Roi et l'Oiseau (87 minutes).
Les voix de La Bergère et le Ramoneur ainsi que la musique de Joseph Kosma n'ont pas été utilisées pour Le Roi et l'Oiseau, seuls quelques extraits musicaux de Kosma ont été repris.
Sommaire
Synopsis
Le roi Charles V + III = VIII + VIII = XVI (Charles Cinq et Trois font Huit et Huit font Seize) est un tyran qui gouverne le royaume de Takicardie. Ce roi est amoureux d'une charmante bergère, mais le cœur de la jeune fille est pris par un petit ramoneur « de rien du tout » (ces deux personnages sont sortis de tableaux présents dans la chambre royale, ainsi que le roi qui règne après que la police a pris en chasse le ramoneur et la bergère). Grâce à l'aide d'un oiseau, qui a l'habitude de narguer le roi, ceux-ci arrivent à s'enfuir du palais royal, poursuivis par la police. Le film évoque cette poursuite avec poésie et douceur.
Les personnages
- Le Roi Charles V + III = VIII + VIII = XVI de Takicardie (Charles Cinq-et-trois-font-huit-et-huit-font-seize) est un tyran mégalomane et solitaire épris de la bergère. Un peintre réalise un portrait de lui. Ce portrait prend vie et remplace l'ancien roi. Le roi est un grand mégalomane qui fait fabriquer à la chaine des statues et portraits de lui-même. Il impose un véritable "culte de la personnalité"
- L'Oiseau habitué à narguer et à ridiculiser le roi dont il est le pire ennemi (peut-être depuis que celui-ci a tué sa femme lors d'une partie de chasse).
- La bergère, sortie d'un tableau placé dans la chambre du roi, elle est amoureuse du ramoneur qui se trouve dans le tableau situé juste à côté du sien.
- Le chef de la Police est un fonctionnaire retors et vulgaire, dévoué corps et âme au Roi.
- L'aveugle est un joueur d'orgue de Barbarie qui espère un monde meilleur.
- Les oisillons : ce sont les quatre enfants de l'oiseau. Trois sont entièrement semblables et le dernier est l'opposé de ses frères (notamment grâce à l'inversion des couleurs) : il est aventureux, et se fait souvent prendre dans les pièges du Roi.
- Le chien du Roi : c'est un petit chien qui s'attachera aux quatre oisillons et qui adore jouer des tours au Chef de la Police.
- L'Automate est une machine gigantesque construite par le Roi. On découvrira qu'elle est peut-être dotée d'une âme propre.
C'est cependant Prévert qui définit le mieux ces personnages : C’est l’histoire d’un roi très mauvais qui a des ennuis avec un oiseau très malin et plein d’expérience ; il y aussi des animaux qui sont très gentils, deux amoureux et beaucoup de gens épouvantables.
Commentaire
Ce film est aussi un hymne contre le totalitarisme et si on le regarde attentivement, on peut y relever des allusions au nazisme et au stalinisme (culte de la personnalité). Il reprend des thèmes chers à Jacques Prévert, tels que la liberté et l'amour.
On retrouve également la dénonciation du racisme, lorsque la statue du chevalier dit aux deux amoureux qu'ils ne peuvent pas se marier car ils ne sont pas de la même couleur.
Le roi est un personnage méprisable, colérique et terriblement égocentrique: il a le droit de vie ou de mort sur ses sujets, tous ses proches collaborateurs lui obéissent aveuglément et il est entouré d'incompétents et d'imbéciles. Et pourtant, Grimault fait apparaître le personnage dans sa complexité, sa solitude, sa détresse, parfois touchantes.
Le film dépeint une monarchie absolue ou une tyrannie.
Ce film fait aussi largement référence au thème de l'art au service de la propagande. Les nombreuses «œuvres d'art» (sculptures, peintures, monuments gigantesques) à l'effigie du roi sont si nombreuses et grotesques que tous ces objets ne possèdent plus en quelque sorte l'attribut d'être de l'art, n'étant seulement que de la pure propagande. Il y a une scène particulière où le roi, regardant au travers d'une fenêtre, voit une représentation de lui armé d'une lance et tuant un gigantesque rhinocéros. L'objet véhicule un mensonge, à savoir qu'il représente le souverain comme un puissant guerrier et chasseur. Ce genre de représentation existait dans le Proche-orient ancien, en Mésopotamie, sous certaines dynasties.
On peut apercevoir dans ce film une référence à la dictature hitlerienne lorsque le roi annonce à la bergère que "le travail, c'est la liberté !" (peut-etre une référence à l'écriteau "Arbeit Macht Frei" disposé sur le fronton de camps de concentration).
La cité de Takicardie est un mélange harmonieux de monuments de divers époques et de villes différentes comme le Pont des Soupirs de Venise. Il y a par ailleurs une partie entière de la ville de Takicardie dont les seules voies de circulations sont des canaux.
Les objets d'art prennent vie dans le film, ce qui contribue à enrichir son propos et sa poésie.
Fiche technique
- Réalisation : Paul Grimault ; assistant : Émile Bourget
- Scénario : Jacques Prévert et Paul Grimault d'après La bergère et le ramoneur de Hans Christian Andersen ; dialogues de Jacques Prévert
- Production : Les Films Paul Grimault, les Films Gibé, Antenne 2
- Musique : Wojciech Kilar, interprétée par le Grand Orchestre Symphonique de la Télévision Polonaise de Katowice sous la direction de Stanislaw Wislocki
- Les chansons extraites du film La Bergère et le Ramoneur paroles de Jacques Prévert ont été composées par Joseph Kosma chantées par Jacques Jansen, Eric Amado, Jean Martin éditions Enoch et Cie
- Décors : Paul Grimault, avec la collaboration artistique de Lionel Charpy et Roger Duclent
- et pour les extraits de La bergère et le ramoneur : Louis Danet, R. Duclent, B. Fiévé, M. Saufnai, E. Zilahy pour les décors et G. Helbig pour le traçage et le gouachage
- Animation : Gabriel Allignet, Pierre Brasseur, Marcel Colbrant, Alain Costa, Guy Faisien, Henri Lacam, Philippe Landrot, Philippe Leclerc, Franco Milia, Bernard Roso, Alberto Ruiz, Jean Vimenet, Pierre Watrin ; assistante : Coraline Yordamlis
- et pour les extraits de La bergère et le ramoneur : Henri Lacam, G. Allignet, J. Aurance, Gilbert Dubrisay, R. Dumotier, L. Dupont, R. Genestre, P. Granger, G. Juillet, P. Landrot, J. Leroux, L. Logé, Robert Moreau, J. Mutschler, P. Ovtcharoff, J. Rannaud, R. Richez, R. Rosé, A. Ruiz, R. Ségui, J. Vausseur, P. Watrin
- Traçage : Gigi Bonnin, Simone Bruyères, Lidia Cardet, Françoise Gillot, Colette Jacquemot, Charlotte Roger
- Gouachage : Madeleine Camolli-Beauchesne, Frédérique Doyère et Pierre Grimault
- Choix des voix et collaboration artistique de Pierre Prévert
- Prises de vues Gérard Soirant
- Enregistrement des voix : Claude Panier, Bob Chaubaroux
- Effets sonores : Henri Gruel
- Prise de son : René Hanotel
- Montage son : Aline Asséo et René Chaussy
- Mixage : Jean Neny
- Durée : 87 minutes (1 h 27)
Distribution
Le Roi et l'Oiseau (1980)
- Jean Martin : l'oiseau
- Pascal Mazzotti : le roi Charles V + III = VIII + VIII = XVI (Charles Cinq et Trois font Huit et Huit font Seize)
- Raymond Bussières : le chef de la police
- Agnès Viala : la bergère
- Renaud Marx : le ramoneur
- Hubert Deschamps : le sentencieux
- Roger Blin : l'aveugle
- Philippe Derrez : le liftier et le haut-parleur
- Albert Medina : le belluaire et le haut-hurleur
- Claude Piéplu : le maire du palais
et Lionel Charpy, Jacques Colombat, Jean Herbert, Robert Lombard, Jean Mermet, Vincent Montrobert, Pierre Risch, Bruno Sermone, Jean Vimenet, Jeanne Witta.
La Bergère et le Ramoneur (1953)
- Pierre Brasseur : l’oiseau
- Fernand Ledoux : le roi
- Anouk Aimée : la bergère
- Serge Reggiani : le ramoneur
Autour du film
- Ce film fourmille de références :
- la « ville basse » ressemble à celle de Metropolis de Fritz Lang
- le travail à la chaîne fait penser aux Temps modernes de Charles Chaplin
- certains décors évoquent les peintures de Giorgio de Chirico
- les jeux de trappes rappellent la trappe d'Ubu d'Alfred Jarry
- Le film est le symbole d'une profonde amitié, celle de Grimault et de Jacques Prévert, qui meurt en 1977, avant la sortie du film. Lors de la première projection, Paul Grimault avait réservé une place à côté de lui, pour Jacques Prévert.
- Le film est une aventure humaine ; le fruit d'une collaboration étroite de nombreux techniciens du monde de l'animation, formés en même temps que le film progressait. Cette équipe était techniquement exceptionnelle ; ce qui lui a permis de s'affranchir du modèle d'Outre-Atlantique, en particulier de se distinguer des studios Disney.
- On oppose là la beauté plastique de l'oiseau : son plumage multicolore où le noir de ses ailes met en valeur le rouge de son bec, le vert de son ventre, le jaune de son visage, ses plumes bleues à la beauté plastique du robot. Celui-ci provoque un sentiment d'horreur par sa couleur froide, gris-bleu et son volume.
- Les oiseaux, symboles de liberté, et les enfants qui s'aiment vaincront le totalitarisme et la terrifiante technologie que représente le robot.
- La scène finale où le Robot libère le petit oiseau et écrase sa cage est la dernière sur laquelle ont travaillé Prévert et Grimault. À cette époque, Prévert était déjà hospitalisé.
- Il a réuni 1,7 million de spectateurs au cinéma en 1980.
Récompenses
- 1952 : La Bergère et le Ramoneur a été primé à Venise en septembre 1952.
- 1979 : Prix Louis-Delluc 1979, décerné en décembre alors qu'il n'était pas encore sorti en salles.
- 2004 : Prix spécial du Jury DVD au Festival de Cannes 2004.
Restauration
Il a été restauré par StudioCanal, puis présenté en projection numérique haute définition au Festival de Cannes 2003.
Un double DVD de cette version remasterisée est sorti pour Noël 2003 contenant entre autres :
- Le Roi et l'Oiseau,
- La Table tournante,
- un documentaire sur Le Roi et l'Oiseau,
- une interview de Paul Grimault.
Voir aussi
- Liste des longs métrages d'animation
- Le Château dans le ciel de Hayao Miyazaki qui s'est inspiré de cette œuvre pour son film d'animation
Liens externes
(fr+en) Le Roi et l'oiseau sur l’Internet Movie Database
- (fr) Bande-annonce sur YouTube
- (fr) Dossier extrêmement complet sur objectif-cinema.com
- (fr) Dossier pédagogique
- (fr) Site personnel où l'on trouve entre autres le script du film
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