Le Cuirassé Potemkine

Le Cuirassé Potemkine

Le Cuirassé « Potemkine »

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Affiche originale du film

Titre original Броненосец Потёмкин
Réalisation Sergueï Eisenstein et de Grigori Aleksandrov
Scénario Nina Agadzhanova, Nikolai Aseyev et Sergueï Eisenstein
Acteurs principaux Alexandre Antonov
Vladimir Barsky
Mikhaïl Gomarov
Pays d’origine Drapeau : URSS Union soviétique
Genre Drame historique
Sortie 1925
Durée 70 min.

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Le Cuirassé « Potemkine »[1] (en russe : Броненосец Потёмкин) est un film soviétique muet réalisé par Sergueï Eisenstein et Grigori Aleksandrov, sorti en 1925. Il traite de la mutinerie du cuirassé Potemkine dans le port d’Odessa en 1905, de l’insurrection et de la répression qui s’ensuivirent dans la ville. Il est considéré comme un plus grand film de propagande de tous les temps. Il est choisi, en 1958, comme le meilleur film de tous les temps par un échantillon de 117 critiques internationaux lors de l’exposition universelle de Bruxelles[2]. Le film est tombé dans le domaine public dans la plupart des pays du monde.

Sommaire

Synopsis

Le film se décompose en cinq parties :

  • "Les hommes et les asticots" (Люди и черви) : les marins protestent contre le fait de manger de la viande pourrie.
  • "Drame sur le pont" (Драма на тендре) : les marins et leur chef Vakulinchuk se révoltent. Ce dernier meurt assassiné.
  • "Un homme mort en appelle à la justice" (Мёртвый взывает) : le corps de Vakulinchuk est porté par la foule du peuple d'Odessa venue acclamer les marins comme des héros.
  • "L'escalier d'Odessa" (Одесская лестница) : les soldats de la garde tsariste massacrent la population d'Odessa. Dans un escalier qui semble interminable.
  • "Rendez-vous avec l'escadron" (Встреча с эскадрой) : l'escadron qui a pour tâche de stopper la révolte du Potemkine refuse les ordres et rejoint les insurgés.

L’événement, qui a lieu pendant la Révolution russe de 1905, en janvier, est ici vu comme précurseur de la révolution d'Octobre (1917) et est présenté du point de vue des insurgés. Le 14 juin de la même année s'ensuit la révolte du cuirassée Potemkine. Le cuirassé reproduit, dans le microcosme de son équipage, les clivages de la société russe et ses inégalités. L’une des causes de la mutinerie est la question de la nourriture. Les officiers présentés comme cyniques et cruels contraignent l’équipage à consommer de la viande pourrie, alors qu’eux-mêmes maintiennent un train de vie privilégié parmi l’équipage (scène de la vaisselle « Dieu, donne-moi mon pain quotidien »).

La scène des escaliers

Un landau dans la célèbre scène de l’escalier monumental d’Odessa
L’escalier d’Odessa, entre 1890 et 1900.
Le même escalier en 2005.

La scène la plus célèbre du film est le massacre de civils sur les marches de l’escalier monumental d’Odessa (aussi connu comme le Primorsky ou l'escalier Potemkin). Dans cette scène, les soldats tsaristes dans leurs tuniques d'été blanches semblent descendre l'escalier sans fin avec un pas rythmé comme des machines et tirant sur la foule. Un détachement de Cosaques à cheval charge la foule en bas des escaliers. Les victimes qui apparaissent à l'écran sont une vieille femme avec un pince-nez, un jeune garçon avec sa mère, un étudiant en uniforme et une écolière adolescente. Cette scène dure six minutes. Le plan d'une mère, qui meurt sur le sol, poussant un landau qui dévale les marches utilise un travelling avant en plongée, façon de filmer révolutionnaire pour l’époque.

Dans la réalité, cette scène n'a jamais eu lieu. Eisenstein l'utilisa pour donner un effet dramatique au film, diaboliser la garde tsariste et le pouvoir politique en place. En 1991 la scène de l'escalier a été reprise par le photographe russe Alexey Titarenko pour dramatiser la souffrance humaine lors de l’effondrement de l’Union soviétique en 1991[3]. Cependant, cette scène s'appuie sur le fait qu'il y eut beaucoup de manifestations à Odessa même et non pas sur l'escalier, suite à l'arrivée du Potemkine dans son port. Le Times de Londres et le consul britannique rapportèrent que les troupes firent feu sur la foule, ce qui provoqua un nombre important de pertes en vies humaines (le nombre exact de victimes n'est pas connu).

Impact de la scène du landau sur la culture

Le thème du landau dévalant l'escalier et échappant à la mère de famille sera repris par Brian De Palma dans Les Incorruptibles, à la différence que la scène est tournée au ralenti et dans une gare. Terry Gilliam dans Brazil a repris la scène, mais cette fois le landau descend les marches après que la mère de l'enfant ait été tuée lors de l'assaut consécutif à la libération de Sam Lowry[4].

Il fut également utilisé de manière parodique par Woody Allen dans Guerre et Amour, ainsi que dans Bananas, par les frères Zucker et Jim Abrahams dans Y a-t-il un flic pour sauver la reine ?, par Ettore Scola dans Nous nous sommes tant aimés et par Les Nuls dans La Cité de la peur.

Fiche technique

Distribution

  • Alexandre Antonov — Grigory Vakulinchuk : Marin bolchévique
  • Vladimir Barsky — Commandant Golikov
  • Grigori Aleksandrov — Chef officier Giliarovsky
  • Ivan Bobrov — Jeune marin frappé durant son sommeil (I. Bobrov)
  • Beatrice Vitoldi - Femme avec le landau
  • Mikhail Gomorov — Marin militant
  • Alexandre Levshin — Officier mesquin
  • N. Poltavseva — Femme avec un Pince-nez
  • Julia Eisenstein - Citoyenne d'Odessa
  • Sergueï Eisenstein - Citoyen d'Odessa
  • Andrei Fajt - une recrue
  • Konstantin Feldman — Étudiant agitateur
  • A.Glauberman - Aba
  • Vladimir Uralsky - Acteur
  • Zerenin - Étudiant
  • Repnikova - Femme sur les marches
  • Korobei - Vétéran unijambiste
  • Protopopov - Vieil homme
  • Marusov - Officier
  • Prokopenko - Mère portant un blessé

Genèse du film

Le Cuirassé « Potemkine » est un film de commande. En effet, la Commission d'État commande un film à Serguei Mikhailovich Eisenstein pour commémorer le vingtième anniversaire de la Révolution de 1905. C'est donc une œuvre didactique mais le réalisateur a gardé une grande liberté de création artistique pour évoquer le sujet. L'État soviétique décida de se servir du cinéma comme instrument de propagande mais les cinéastes, durant la période de la Nouvelle politique économique (période d'assouplissement économique et politique engagée par Lénine), purent produire des films qui ne suivaient pas à la lettre la ligne du Parti communiste. Eisenstein, qui avait réalisé l'année précédente un long métrage très remarqué, La Grève, eut quatre mois pour tourner et monter le film. Il réduisit donc son scénario de départ, copieuse « monographie d'une époque » écrite en collaboration avec Nina Agadjanova, en centrant l'action sur un épisode et un seul : la mutinerie des matelots d'un navire de guerre en mer Noire, près du port d'Odessa, le 27 juin 1905[2].

Analyse

Visage de la nurse abattue par la garde tsariste

Après La Grève, sorti l’année précédente, Eisenstein continue d’expérimenter ses théories sur le montage. À l’origine, démarche de propagande, comme tous les films soviétiques de la période, le film a rencontré un énorme succès en Union soviétique et a marqué l’histoire du cinéma par ses inventions et qualités techniques ainsi que par le souffle épique insufflé par Eisenstein.

Plusieurs versions sonores ont été superposées aux images muettes d’Eisenstein. Elles sont le fait de Dmitri Chostakovitch, Nikolaï Krioukov dans la version soviétique restaurée de 1976, et Edmund Meisel. C’est cette dernière qui fut originellement utilisée. Eisenstein arrêta cependant sa participation avec Meisel du jour où une représentation à Londres – avec un rythme plus vif prodigué par Meisel – fit, à un moment donné, rire la salle entière. C’est alors que l’on se rend compte de l’importance de la concordance – ou non-concordance – entre image et son.

Une « nouvelle version » a été montrée au Festival du film de Berlin. Elle y inclut notamment des intertitres reprenant des discours de Trotsky, retirés déjà à l’époque, celui-ci ne faisant pas partie du panthéon officiel du communisme voulu par Staline.

Le génie du montage est aussi son défaut. Eisenstein, qui s’était « fait la main » en remontant des films occidentaux, assimile la puissance du montage à celle du discours. Aujourd’hui, on voit ce montage de façon fragmentaire : il a été retouché de nombreuses fois, à des fins de propagande par le régime soviétique.

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Notes et références

  1. Afin d'éviter qu'une partie du titre soit en italique et l'autre en romain, comme pour tous les noms de baptême de navires, l'utilisation des guillemets est préconisée en typographie soignée.
  2. a et b http://www.monde-diplomatique.fr/2005/12/RICHARD/13013
  3. Protzman, Ferdinand. "Landscape. Photographs of Time and Place." National Geographic, 2003, ISBN 0792261666
  4. http://www.allocine.fr/film/anecdote_gen_cfilm=89979.html

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