- Lampe à huile
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Une lampe à huile est une lampe dont le combustible est de la graisse animale, de l'huile végétale, de l'huile de baleine ou encore de l'huile minérale.
Sommaire
De la préhistoire au XVIIIe siècle
Article connexe : Chronologie des techniques d'éclairage.Premières lampes à graisse
L'homme du Néolithique nous a laissé d'assez nombreux témoignages de ses moyens d'éclairage : la torche enflammée par de la résine, et la lampe à graisse (Lascaux), composée d'une simple pierre en forme de cuvette dans laquelle trempait une tresse ou une torsade végétale et recueillant un morceau de lard enflammé.
Lampes de l'Antiquité et du Moyen Âge
Depuis l'Âge du bronze ont été fabriquées des lampes en pierre, en terre cuite, ou en métal, récipients ouverts ou fermés comportant un ou plusieurs becs destinés à accueillir une mèche, et pour les lampes fermées, un ou plusieurs trous de remplissage, le plus souvent au centre d'une cuvette formant entonnoir. Elles ont servi à l'éclairage depuis les périodes protohistoriques (lampes à huile d'Akrotiri, au musée de Santorin, par exemple), jusqu'au Moyen Âge où l'on utilisait des lampes à pied ou suspendues, à l’imitation des Romains.
Dès l'Antiquité, cependant, l'éclairage à l'huile minérale (naphte) est cité comme pratique courante en Mésopotamie[1]. Cette huile est d'abord épurée par des moyens physico-chimiques, puis distillée, comme le mentionne Al-Razi (Rhazès) au IXe siècle dans son Kitab al-Asrar (Livre des Secrets)[2]. Au Moyen Âge en France, on utilisait l'huile de navette dans le Nord et l’huile de noix dans le Midi.
La seule alternative à la lampe à huile était alors la torche, adaptée à l'usage extérieur, puis la chandelle, pour l'éclairage domestique.
Les mèches, cependant, se spécialisent et progressent au cours de millénaires, dans leur nature et leur texture[3].
Cependant, à la campagne, la seule source de lumière ordinaire demeure le feu de la cheminée, jusqu'à un passé récent, et encore aujourd'hui dans de nombreuses contrées.
Les progrès de la lampe à huile à partir de 1780
La lampe à huile a toujours connu deux difficultés : les huiles, toujours trop visqueuses, peinent à monter dans la mèche par capillarité ; la mèche tend à charbonner et à s'éteindre.
Les progrès vont être déterminants à la fois dans la mécanique et dans l'amélioration des mèches et brûleurs.
- Le chimiste français Joseph Louis Proust invente vers 1780 la lampe à huile à réservoir latéral : l'huile, située en hauteur par rapport au bec, est poussée vers le bec par son propre poids.
- Le physicien et chimiste suisse Ami Argand invente, en 1782, la mèche cylindrique et la cheminée de tôle, puis de verre. Associé à Lange (ou L'Ange), un autre inventeur, il produit une lampe connue sous le nom de « lampe d'Argand ».
- Le pharmacien Antoine Quinquet, en 1784, rassemble ces trois innovations dans la lampe qui porte son nom, montée sur une tige. Cette lampe est bien au point et restera d'usage courant jusqu'à l'avènement du pétrole.
- La lampe Carcel, à partir de 1800, est plus compliquée et coûteuse : elle comporte un mouvement d'horlogerie et une pompe pour faire monter l'huile. Le réservoir n'est plus latéral : il est maintenant sous le brûleur.
- Isaac-Ami Bordier-Marcet, successeur d'Argand, crée en 1809 la lampe « astrale » à réservoir plat disposé autour du brûleur.
- Enfin, la lampe à modérateur, en 1837, reprend le principe de la mécanique à piston, mais se voit adjoindre une aiguille mobile régulatrice[4],[5].
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Bec d'Argand (détail), avec mèche cylindrique et cheminée de verre
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Première page de la lettre de Benjamin Franklin au Journal de Paris, mentionnant pour la première fois la possibilité de décaler les horaires d'hiver et d'été, et s'interrogeant sur l'économie d'huile réalisée par la lampe de Quinquet et L'Ange (1784)
Risque sanitaire
En 1849, « dans les lampes, on brûle, en France, de l'huile de colza, purifiée à l'aide d'acide sulfurique qui, s'il en restait quelques parties, se réduirait, par la combustion, en gaz sulfureux, agent excessivement irritant du système pulmonaire, qui déterminerait des suffocations et ferait tousser ; on y brûle encore de l'huile d'œillette, de l'huile de chènevis et de l'huile de noix. Depuis le perfectionnement apporté par Argani dans la fabrication des lampes, qui sont maintenant à double courant d'air, leur influence sur la santé est moindre, mais elles produisent des effets analogues (...)Toutefois on a cru remarquer que l'usage de l'huile de noix était plus pernicieux et occasionnait particulièrement une espèce d'engourdissement[6]. ».
L'avènement de la lampe à pétrole à partir de 1853
Le pétrole lampant, huile enfin fluide, permettant une excellente montée du carburant vers la mèche par capillarité, provoque l'extinction de facto de la lampe à huile.
Article détaillé : lampe à pétrole.Notes et références
- Pline l'Ancien, Histoire naturelle, livre II, 108-109 en ligne, Itinera Electronica
- (en) Zayn Bilkadi, « The Oil Weapons », dans Saudi Aramco World, janvier 1995 [texte intégral (page consultée le octobre 2009)]
- Les mèches de l'Antiquité à l'époque moderne Laurent Chrzanovski et Ara Kebapcioglu,
- Louis Figuier, Les Merveilles de la science, p. 14 et suiv.
- Louis Figuier, L'Art de l'éclairage
- Livre numérique Google) Désiré Magnier Nouveau manuel complet de l'éclairage au gaz, ou Traité élémentaire et pratique à l'usage des ingénieurs, directeurs, etc. LIBRAIRIE ENCYCLOPÉDIQUE DE FORET 1849 (
Voir aussi
Bibliographie
- Louis Figuier, Les Merveilles de la science, Paris, 1867, BNF Gallica
- Louis Figuier, L'Art de l'éclairage, 2e édition, Paris, 1882, BNF Gallica
- (de) Heinrich Hess, Die Entwicklung der Beleuchtungstechnik, 1902
- Bernard Mahot, Les Lampes à huile, Massin, 2005, 233 pages, ISBN 2707205044
Liens externes
- Histoire de l'éclairage
- Les becs des lampes à huile Musée des éclairages anciens
- Les Lampes du Quaternaire moyen et leur bibliographie
Catégories :- Lampe à combustible
- Archéologie industrielle
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