- La Traversée de Paris
-
La Traversée de Paris
Données clés Réalisation Claude Autant-Lara Scénario Jean Aurenche
Pierre Bost
d'après une nouvelle de Marcel AyméActeurs principaux Jean Gabin
Bourvil
Louis de FunèsPays d’origine France
ItalieGenre Comédie dramatique Sortie 1956 Durée 80 minutes Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
La Traversée de Paris est un film franco-italien, réalisé par Claude Autant-Lara, sorti en 1956. Il est inspiré de la nouvelle de Marcel Aymé, Traversée de Paris, parue en 1947 dans le recueil Le Vin de Paris.
Sommaire
Résumé
Paris, 1943. Chauffeur de taxi au chômage, Marcel Martin gagne sa vie en livrant des colis au marché noir. Un jour, il doit transporter à pied, à l’autre bout de la capitale, quatre valises contenant un cochon découpé. Il se rend dans la cave d’un nommé Jambier et y joue de l’accordéon pendant qu’on égorge l’animal.
Il se dirige ensuite avec sa femme Mariette vers le restaurant où il doit retrouver son complice. Il y apprend que celui-ci vient d’être arrêté par la police. Un inconnu entre alors dans le restaurant et, sur un malentendu, craignant qu’il ait glissé un rendez-vous à sa femme, Martin l’invite à partager son repas et à travailler avec lui.
Ce choix s’avère vite calamiteux, car ce nouveau personnage, un certain Grandgil, est loin d’être docile. Il s’octroie tout d’abord une substantielle augmentation de salaire en terrorisant le malheureux Jambier. Puis, il détruit les bouteilles d’un bistro, où les deux complices se dissimulent de la police, et traite les clients de « salauds de pauvres ». Il va même jusqu'à assommer un policier dans le quartier où habite Martin. Et lorsque, fuyant une patrouille allemande, ils finissent par se réfugier dans l’appartement de Grandgil, c’est avec stupéfaction que Martin découvre qu’il s’agit d’un peintre d’une certaine renommée qui ne l’a suivi que pour se distraire.
Poursuivant néanmoins leur chemin, ils arrivent enfin à l’adresse de la livraison mais trouvent la porte close. Ils font alors un tel tintamarre qu'une patrouille allemande intervient. Dans la Kommandantur[1] où ils sont emmenés, un officier allemand reconnaît le peintre Grandgil. Il s’apprête à les faire relâcher lorsqu’on annonce l’assassinat d’un colonel. L’officier allemand ne parvient à sauver in extremis que Grandgil tandis que Martin, lui, part en déportation en Allemagne au S.T.O.
Les années ont passé. Paris est libéré, et nous retrouvons Grandgil sur un quai de la gare de Lyon suivi par un porteur de valises. Du haut de la fenêtre du wagon, Grandgil reconnaît soudain Martin, portant comme toujours les valises des autres.
Un parcours initiatique
La traversée de Paris est sans aucun doute un parcours initiatique. Grandgil, peintre, dont la création est temporairement suspendue à cause de la guerre, se distrait et forme par la provocation Marcel Martin, un chauffeur de taxi au chômage introverti.
Cette longue marche de nuit à travers les quartiers de Paris va permettre à Grandgil d’exposer à Martin par des exemples concrets les limites de la race humaine. La scène du café où Grandgil se lâche en compagnie d’un Martin temporairement libéré de ses préjugés est un exemple parfait de ce débordement verbal et physique.
Martin est bousculé par les extravagances outrancières de Grandgil. Il se prend au jeu de la puissance que représente ce peintre désabusé qui s’amuse à déstabiliser ses contemporains, qu'il juge faibles et sans envergure, par des remarques acerbes.
Ce cheminement dans Paris, surtout dans sa conclusion, va cependant replacer Grandgil dans un rôle responsable où il devra faire preuve de sagesse et de réflexion pour sauver la vie de son camarade.
Fiche technique
- Titre : La Traversée de Paris
- Réalisation : Claude Autant-Lara
- Scénario : Jean Aurenche et Pierre Bost, adapté de la nouvelle éponyme de Marcel Aymé parue dans le recueil le Vin de Paris.
- Dialogues: Jean Aurenche et Pierre Bost
- Assistant réalisateur: Ghislaine Autant-Lara
- Producteur délégué : Henri Deutschmeister
- Production : Franco-London Film (Paris), Continentale Produzione (Rome)
- Directeur de production: Yves Laplanche
- Distribution: S.N.A Gaumont
- Musique : René Cloërec
- Directeur de la photographie : Jacques Natteau
- Opérateur: Gilbert Chain
- Montage : Madeleine Gug
- Son : René-Christian Forget
- Décors : Max Douy
- Maquillage: Yvonne Fortuna
- Fourrures: André Brun
- Photographe de plateau: Jean-Louis Castelli, Emmanuel Lowenthal
- Script-girl: Geneviève Cortier
- Régisseur général : André Hoss
- Affichiste : Clément Hurel (non crédité)
- Pellicule: 35mm – noir et blanc – format de projection 1.37:1
- Tirage: Laboratoire Franay L.T.C Saint-Cloud, sur pellicule couleur
- Tournage dans les studios « Franstudio » et à Paris du 7 avril au 9 juin 1956
- Date de sortie : 26 octobre 1956
- Pays d'origine : France, Italie
- Langues : français, allemand
- Genre : Comédie dramatique
- Durée : 80 minutes
- Tous publics
Distribution
- Jean Gabin : Grandgil, l'artiste peintre
- Bourvil : Marcel Martin, chauffeur de taxi au chômage
- Louis de Funès : Jambier, l'épicier
- Jeannette Batti : Mariette Martin, la femme de Marcel
- Jacques Marin : le patron du restaurant
- Robert Arnoux : Marchandot, le boucher charcutier
- Georgette Anys : Lucienne Couronne, la cafetière
- Jean Dunot : Alfred Couronne, le cafetier
- Monette Dinay : Mme Jambier, l'épicière
- René Hell : le père Jambier
- Myno Burney : Angèle Marchandot, la bouchère, charcutière
- Harald Wolff : le commandant allemand (non crédité au générique)
- Bernard Lajarrige : Un agent de police
- Anouk Ferjac : la jeune fille lors de l'alerte (non créditée au générique)
- Hubert Noël : le gigolo arrêté (non crédité au générique)
- Béatrice Arnac : la prostituée (non créditée au générique)
- Jean/Hans Verner : le motard allemand
- Laurence Badie : la serveuse du restaurant
- Claude Vernier : le secrétaire allemand de la Kommandantur
- Hugues Wanner : le père de Dédé.
- Paul Barge : le paysan avec sa vache
- Marcel Bernier : Le militaire sur le quai de la gare
- Georges Bever : un consommateur
- Germaine Delbat : une femme au restaurant
- Clément Harari : l'otage aux lunettes
- Hubert de Lapparent : l'otage nerveux
- Franck Maurice : le vendeur de journaux, à l'entrée du métro
- Albert Michel : le concierge de l'immeuble
- Michèle Nadal : la jeune fille à la sortie du métro
- Maryse Paillet : une femme au restaurant
- Jean Vinci : le client mécontent au restaurant
- Louis Viret : le cycliste
- Louisette Rousseau : La cuisinière du restaurant St-Martin
- Yvonne Claudie : la vieille prostituée
- Lita Recio : voix doublant Yvonne Claudie
- Martine Alexis : ? standardiste allemande
- Yvette Cuvelier : ? servante juive chez les Couronne
- Anne Carrère : à confirmer
- Emile Genevois : à confirmer
- René Brun
- Henri Lambert : à confirmer
Autour du film
- Une légende tenace veut que le film eut un succès public mitigé ; c'est faux puisqu'avec 4 893 174 entrées, le film se place 4e au box-office de 1956.
- Le choix de Bourvil pour le rôle de Martin fit l’objet d’une opposition si violente de la part de Marcel Aymé qu’il finit par inquiéter la production. Claude Autant-Lara, qui tenait à son choix, dut diminuer son budget de plus de 50 %, renonçant ainsi à la couleur, pour obtenir toute liberté quant à la distribution. Marcel Aymé reconnut par la suite son erreur concernant Bourvil, ajoutant de plus : « C'est vraiment la toute première fois qu'on ait fait au cinéma quelque chose tiré d'un de mes livres qui soit non seulement bien, mais d'une très grande qualité. Et dans ce cas particulier, ce n'était pas facile ».
- Avant ce film, Bourvil n’avait jamais travaillé avec Jean Gabin. Leur première scène fut justement celle de la première rencontre entre Martin et Grandgil. Lorsque Gabin rentre (de dos) dans le bistrot et lance un « Bonsoir » inquiétant : l’acteur Bourvil était terrifié.
- L’équipe technique est visible à deux reprises dans le film. Lorsque Jeannette Batti tend un savon à Jean Gabin au début du film : on peut parfaitement voir, l’espace d’une seconde, l’ombre portée de la caméra sur l’actrice. Lorsque Bourvil aperçoit Jeannette Batti qui s’apprêtait à le quitter, Gabin sort de l’immeuble seul. Lorsque Gabin quitte le couloir : on voit très clairement qu’un assistant referme la porte derrière lui.
- Le budget serré du film encouragea Max Douy (célèbre chef décorateur) à réaliser des quartiers entiers de Paris en studio. Les influences expressionnistes de l’artiste (déjà visibles dans d’autres films) explosent dans certaines séquences de La Traversée de Paris. De plus, le film est certainement l’une des visions les plus justes et les plus saisissantes de la période de l’occupation au cinéma. La force du traitement réside évidemment dans la présence d’un noir et blanc très contrasté et inquiétant.
- Claude Autant-Lara aurait attendu cinq ans avant de tourner les retrouvailles finales gare de Lyon, minutées par le départ du train de Grandgil (il avait acquis les droits en 1950). Cette issue désabusée se démarque complètement de la nouvelle de Marcel Aymé dans laquelle Grandgil est tué par Martin qui incarne l'honneur du prolétariat contre le cynisme d'une bourgeoisie oisive.
- Au crépuscule de sa carrière, Claude Autant-Lara réalisa un remake inavoué de La Traversée de Paris. Il s’agit du film Les Patates, d'après le roman de Jacques Vaucherot, réalisé en 1969 avec Pierre Perret et Henri Virlojeux.
- Pour beaucoup, ce film est considéré comme le chef-d'œuvre de Claude Autant-Lara.
- Les Studios de Joinville furent transformés en porcherie pour le confort des cochons figurant dans le film.
- la Libération de Paris est illustrée par le défilé du 11 novembre 1944.
- Le processus de l'adaptation de la nouvelle par le tandem Jean Aurenche et Pierre Bost est évoqué dans le documentaire Jean Aurenche, écrivain de cinéma de Alexandre Hilaire et Yacine Badday.
- Un chapitre du livre "Liquidez Paris", de l'écrivain danois Sven Hassel est consacré au transport d'un cochon par des soldats allemands dans le cadre du marché noir.
Récompenses
- Coupe Volpi pour la meilleure interprétation masculine pour Bourvil.
- Prix du meilleur film par le syndicat français de la critique du cinéma 1956.
- Prix Méliès 1957.
- Nomination pour le Lion d'or de la Mostra de Venise 1956.
- Nomination pour Jean Gabin au BAFTA 1957 dans la catégorie « meilleur acteur étranger ».
Citations
- Grandgil (Jean Gabin) / Jambier (De Funès) :
- « Monsieur Jambier, 45 rue Poliveau, pour moi, ce sera 1000 F...Monsieur Jambier, 45 rue Poliveau, maintenant c'est 2000 F...Je voulais dire 3000.
- — C'est sérieux ?
- — Comment si c'est sérieux !...JAMBIER JAMBIER JAAAAMMBIER ! »
- Grandgil (Jean Gabin) : « Salauds de pauvres ! »
- Alors qu'ils se cachent dans un bistrot, Grandgil prend à partie les patrons, qui veulent les donner à la police : « Non mais regarde-moi le mignon là, avec sa face d’alcoolique et sa viande grise… Avec du mou partout ; du mou, du mou, l’a que du mou ! Mais tu vas pas changer de gueule un jour toi, non ? Et l’autre là, la rombière, la gueule en gélatine et saindoux, trois mentons, les nichons qui dévalent sur la brioche… Cinquante ans chacun, cent ans pour le lot, cent ans de connerie ! Mais qu’est ce que vous êtes venus foutre sur Terre, nom de Dieu ? Vous n’avez pas honte d’exister ? »
Voir aussi
Lien externe
Bibliographie
- Pierre Berruer, Bourvil, Presse de la Cité, 1975
- L'Avant-Scène n° 66, 1967 (scénario et dialogues)
Notes et références
- musée Jacquemart-André Les scènes de la Kommandantur ont été filmées dans le
Catégories :- Film français
- Comédie dramatique
- Film réalisé par Claude Autant-Lara
- Adaptation d'une nouvelle au cinéma
- Film tiré d'une œuvre de Marcel Aymé
- Film se déroulant à Paris
- Film tourné aux studios de Saint-Maurice
- Film tourné dans le 3e arrondissement de Paris
- Film tourné dans le 4e arrondissement de Paris
- Film tourné dans le 5e arrondissement de Paris
- Film tourné dans le 6e arrondissement de Paris
- Film tourné dans le 8e arrondissement de Paris
- Film tourné dans le 9e arrondissement de Paris
- Film tourné dans le 12e arrondissement de Paris
- Film tourné dans le 13e arrondissement de Paris
- Film tourné dans le 18e arrondissement de Paris
- Film en noir et blanc
- Film sur l'Occupation allemande en France
- Film sur la Seconde Guerre mondiale
- Cuisine et cinéma
- Buddy movie
- Film sorti en 1956
Wikimedia Foundation. 2010.