La traversée de Paris

La traversée de Paris

La Traversée de Paris

La Traversée de Paris
Réalisation Claude Autant-Lara
Acteurs principaux Jean Gabin
Bourvil
Louis de Funès
Scénario Jean Aurenche
Pierre Bost
d'après une nouvelle de Marcel Aymé
Dialogues Jean Aurenche
Pierre Bost
Musique René Cloërec
Décors Max Douy
Montage Madeleine Gug
Production Henri Deutschmeister
Format Mono
Noir et blanc
Genre Comédie dramatique
Durée Indication de la durée 80 minutes
Sortie 26 octobre 1956 (France)
Langue(s) originale(s) français
Pays d’origine France France
Italie Italie

La Traversée de Paris est un film franco-italien, réalisé par Claude Autant-Lara, sorti sur les écrans en 1956.

Sommaire

Résumé

Paris, 1943. Chauffeur de taxi au chômage, Marcel Martin gagne sa vie en livrant des colis au marché noir. Un jour, il doit transporter à pied quatre valises contenant un cochon découpé à l’autre bout de la capitale. Il se rend dans la cave d’un nommé Jambier et y joue de l’accordéon pendant qu’on égorge l’animal. Ceci fait, il se dirige avec sa femme Mariette vers le restaurant où il doit retrouver son complice. Il y apprend que celui-ci vient d’être arrêté par la police. Un inconnu entre alors dans le restaurant et, sur un malentendu, craignant qu’il ait glissé un rendez-vous à sa femme, Martin l’invite à partager son repas et travailler avec lui. Ce choix s’avère vite calamiteux, car ce nouveau personnage, un certain Grandgil, est loin d’être docile. Il s’octroie tout d’abord une substantielle augmentation de salaire en terrorisant le malheureux Jambier. Puis, il détruit les bouteilles d’un bistro où les deux complices se sont réfugiés de la police et traite les clients de « salauds de pauvres ». Il va même jusqu'à assommer un policier dans le quartier où habite Martin. Et lorsque, fuyant une patrouille allemande, ils finissent par se réfugier dans l’appartement de Grandgil, c’est avec stupéfaction que Martin découvre qu’il s’agit d’un peintre d’une certaine renommée qui ne l’a suivi que pour se distraire. Poursuivant néanmoins leur chemin, ils arrivent enfin à l’adresse de la livraison mais trouvent la porte close. Ils produisent alors un tel tintamarre que la police intervient. Dans la Kommandantur[1] où ils sont emmenés, un officier allemand reconnaît le peintre Grandgil. Il s’apprête à les faire relâcher lorsqu’on annonce l’assassinat d’un colonel. L’officier allemand ne parvient à sauver in extremis que Grandgil tandis que Martin, lui, part en déportation... Les années ont passé. Paris est libéré, et nous retrouvons Grandgil sur un quai de la gare de Lyon suivi par un porteur de valises. Du haut de la fenêtre du wagon, Grandgil reconnaît soudain Martin, portant comme toujours les valises des autres.

Un parcours initiatique

La traversée de Paris est sans aucun doute un parcours initiatique. Grandgil, peintre dont le talent est temporairement suspendu à cause de la guerre, se distrait et forme par la provocation Marcel Martin, un chauffeur de taxi au chômage introverti qui, par manque d’assurance, se laisse manipuler par son environnement.

Cette longue marche de nuit à travers les quartiers de Paris qui succède à la scène anthologique du marchandage du transport des valises va permettre à Grandgil d’exposer à Martin par des exemples concrets les limites de la race humaine. La scène du café où Grandgil se lâche en compagnie d’un Martin temporairement libéré de ses préjugés est un exemple parfait de ce débordement verbal et physique que l’on peut condamner.

Martin est bousculé par les extravagances outrancières de Grandgil. Il se prend au jeu de la puissance que représente ce peintre désabusé qui s’amuse à déstabiliser ses contemporains qu'il juge faibles et sans envergures par des remarques acerbes.

Ce cheminement dans Paris surtout dans sa conclusion va cependant positionner Grangil dans un rôle responsable où il devra faire preuve de sagesse et de réflexion pour sauver la vie de son camarade.

Fiche technique

  • Titre : La Traversée de Paris
  • Réalisation : Claude Autant-Lara
  • Scénario : Jean Aurenche et Pierre Bost, adapté de la nouvelle éponyme de Marcel Aymé parue dans le recueil le Vin de Paris.
  • Dialogue: Jean Aurenche et Pierre Bost
  • Assistant réalisateur: Ghislaine Autant-Lara
  • Production : Henri Deutschmeister
  • Production : Franco-London Film (Paris), Continentale Produzione (Rome)
  • Directeur de production: Yves Laplanche
  • Distribution: S.N.A Gaumont
  • Musique : René Cloërec
  • Directeur de la photographie : Jacques Natteau
  • Opérateur: Gilbert Chain
  • Montage : Madeleine Gug
  • Son : René-Christian Forget
  • Décors : Max Douy
  • Maquillage: Yvonne Fortuna
  • Fourrures: André Brun
  • Photographe de plateau: Jean-Louis Castelli, Emmanuel Lowenthal
  • Script-girl: Geneviève Cortier
  • Régisseur: André Hoss
  • Affichiste : Clément Hurel
  • Pellicule: 35mm - noir et blanc
  • Tirage: Laboratoire Franay L.T.C Saint-Cloud, sur pellicule couleur
  • Tournage dans les studios « Franstudio » et à Paris du 7 avril au 9 juin 1956
  • Date de sortie : 26 octobre 1956
  • Pays d'origine : france-italie
  • Genre : comédie dramatique
  • Durée Indication de la durée : 80 minutes
  • Tous publics

Distribution

  • Jean Gabin : Grandgil, l'artiste peintre
  • Bourvil : Marcel Martin, chauffeur de taxi au chomage
  • Louis de Funès : Jambier, l'épicier
  • Jeannette Batti : Mariette Martin, la femme de Marcel
  • Jean Dunot : Alfred Couronne, le cafetier
  • Harald Wolf : le commandant allemand (non crédité au générique)
  • Robert Arnoux : Marchandot, le boucher charcutier
  • Georgette Anys : Lucienne Couronne, la cafetière
  • Monette Dinay : Mme Jambier, l'épicière
  • Myno Burney : Angèle Marchandot, la bouchère, charcutière
  • Jacques Marin : le patron du restaurant
  • Bernard Lajarrige : Un agent de police
  • Anouk Ferjac : la jeune fille lors de l'alerte (non créditée au générique)
  • Hubert Noël : le gigolo arrêté (non crédité au générique)
  • Béatrice Arnac : la prostituée (non créditée au générique)
  • Jean/Hans Verner : le motard allemand
  • Laurence Badie : la serveuse du restaurant
  • Claude Vernier : le secrétaire allemand de la Kommandantur
  • Hugues Wanner : le père de Dédé.
  • Paul Barge : le paysan avec sa vache
  • Marcel Bernier : Le militaire sur le quai de la gare
  • Georges Bever : un consommateur
  • Germaine Delbat : une femme au restaurant
  • Clément Harari : l'otage aux lunettes
  • René Hell : le père Jambier
  • Hubert de Lapparent : l'otage nerveux
  • Franck Maurice : le vendeur de journaux, à l'entrée du métro
  • Albert Michel : le concierge de l'immeuble
  • Michèle Nadal : la jeune fille à la sortie du métro
  • Maryse Paillet : une femme au restaurant
  • Jean Vinci : le client mécontent au restaurant
  • Louis Viret : le cycliste
  • Louisette Rousseau : La cuisinière du restaurant St-Martin
  • Yvonne Claudie  : la vieille prostituée
  • Lita Recio  : voix doublant Yvonne Claudie
  • Martine Alexis : ? standardiste allemande
  • Yvette Cuvelier  : ? servante juive chez les Couronne
  • Anne Carrère : à confirmer
  • Emile Genevois  : à confirmer
  • René Brun
  • Henri Lambert : à confirmer

Autour du film

  • Le choix de Bourvil pour le rôle de Martin fit l’objet d’une opposition si violente de la part de Marcel Aymé qu’il finit par inquiéter la production. Claude Autant-Lara, qui tenait à son choix, dut diminuer son budget de plus de 50 %, renonçant ainsi à la couleur, pour obtenir toute liberté quant au casting. Marcel Aymé reconnut par la suite son erreur concernant Bourvil, ajoutant de plus : « C'est vraiment la toute première fois qu'on ait fait au cinéma quelque chose tiré d'un de mes livres qui soit non seulement bien, mais d'une très grande qualité. Et dans ce cas particulier, ce n'était pas facile ».
  • Avant ce film, André Bourvil n’avait jamais travaillé avec Jean Gabin. Leur première scène fut justement celle de la première rencontre entre Martin et Grandgil. Lorsque Gabin rentre (de dos) dans le bistrot et lance un « Bonsoir » inquiétant : l’acteur Bourvil était terrifié…
  • L’équipe technique est visible à deux reprises dans le film. Lorsque Jeannette Batti tend un savon à Jean Gabin au début du film : on peut parfaitement voir, l’espace d’une seconde, l’ombre portée de la caméra sur l’actrice. Lorsque André Bourvil aperçoit Jeannette Batti qui s’apprêtait à le quitter, Gabin sort de l’immeuble seul. Lorsque Gabin quitte le couloir : on voit très clairement qu’un assistant referme la porte derrière lui…
  • Le budget serré du film encouragea Max Douy (célèbre chef décorateur) à réaliser des quartiers entiers de Paris en studio. Les influences expressionnistes de l’artiste (déjà visibles dans d’autres films) explosent dans certaines séquences de La Traversée de Paris. De plus, le film est certainement l’une des visions les plus justes et les plus saisissantes de la période de l’occupation au cinéma. La force du traitement réside évidemment dans la présence d’un noir et blanc très contrasté et inquiétant…
  • Claude Autant-Lara aurait attendu cinq ans avant de tourner les retrouvailles finales gare de Lyon, minutées par le départ du train de Grandjil (il avait acquis les droits en 1950). Cette issue désabusée se démarque complètement de la nouvelle de Marcel Aymé dans laquelle Grandjil est tué par Martin qui incarne l'honneur du prolétariat contre le cynisme d'une bourgeoisie oisive.
  • Au crépuscule de sa carrière, Claude Autant-Lara réalisa un remake inavoué de La Traversée de Paris. Il s’agit du film Les Patates réalisé en 1969 avec Pierre Perret et Henri Virlojeux.
  • Pour beaucoup, ce film est considéré comme le chef-d'oeuvre de Claude Autant-Lara.

Distinctions

Citations

  • Grandgil (Jean Gabin) / Jambier (De Funès) :
« Monsieur Jambier, 45 Rue Poliveau, pour moi, ce sera 1000 F...Monsieur Jambier, 45 rue Poliveau, maintenant c'est 2000 F...Je voulais dire 3000.
— C'est sérieux ?
— Comment si c'est sérieux !...JAMBIER JAMBIER JAAAAMMBIER ! »
  • Grandgil (Jean Gabin)  : « Salauds de pauvres ! »
  • Alors qu'ils se cachent dans un bistrot, Grandgil prend à parti les patrons, qui veulent les donner à la police : « Non mais regarde-moi le mignon là, avec sa face d’alcoolique et sa viande grise… Avec du mou partout ; du mou, du mou, l’a que du mou ! Mais tu vas pas changer de gueule un jour toi, non ? Et l’autre là, la rombière, la gueule en gélatine et saindoux, trois mentons, les nichons qui dévalent sur la brioche… Cinquante ans chacun, cent ans pour le lot, cent ans de connerie ! Mais qu’est ce que vous êtes venus foutre sur Terre, nom de Dieu ? Vous n’avez pas honte d’exister ? »

Voir aussi

Lien externe

(fr+en) La Traversée de Paris sur l’Internet Movie Database

Bibliographie

  • Pierre Berruer, Bourvil, Presse de la Cité, 1975
  • L'Avant-Scène n° 66, 1967 (scénario et dialogues)

Notes et références

  1. Les scènes de la Kommandantur ont été filmées dans le musée Jacquemart-André
  2. « J'ai eu le prix à Venise, bon, j'en suis pas mal fier, mais je ne confonds pas vitesse et précipitation, Bourvil et Sarah Bernhardt. Le rire dans la qualité c'est ce que je voudrais pouvoir faire. L'imbécile heureux, voilà mon emploi. Que je m'évade de temps en temps je ne dis pas non mais ce sera toujours pour y revenir. » Bourvil cité dans Maurice Bessy, André Bourvil, Denoel, 1972
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