- Khieu Samphân
-
Khieu Samphân Khieu Samphân, chef de l'État du Kampuchéa démocratique, en 1978.Mandats Président du Présidium d'État du Kampuchéa Démocratique 11 avril 1976 – 7 janvier 1979
( 2 ans, 8 mois et 26 jours)Premier ministre Pol Pot Prédécesseur Norodom Sihanouk Successeur Heng Samrin Premier Ministre du Kampuchéa Démocratique 4 avril 1976 – 14 avril 1976 Prédécesseur Penn Nouth Successeur Pol Pot Secrétaire d'État au Commerce 1962 – 1967 Biographie Date de naissance 27 juillet 1931 Lieu de naissance Protectorat du Cambodge, Indochine Française Parti politique Parti communiste du Kampuchéa Profession enseignant modifier Khieu Samphân (né le 27 juillet 1931) est un homme politique cambodgien, chef de l'État du Kampuchéa démocratique de 1976 à 1979.
Il était un des dirigeants les plus importants du gouvernement des Khmers rouges, bien que Pol Pot ait été le véritable leader du mouvement. Avec Hu Nim, Hou Yuon, Pol Pot et Ieng Sary, il est l'un des théoriciens et des dirigeants du Parti communiste du Kampuchéa (alias l'Angkar), l'organisation suprême, responsable entre 1975 et 1979 de la mort d'environ 1,7 million de Cambodgiens[1].
Sommaire
Action politique
En 1955, étudiant à l'Université de Montpellier, il publie une thèse sur la paysannerie et la politique cambodgienne dans laquelle on peut déjà trouver toute la trame de l'utopie meurtrière qui va frapper le Cambodge : il met en cause le développement des villes et les compare à un fardeau pour les campagnes[2]. De retour au Cambodge, il fonde un journal d'opposition, pour lequel le prince Norodom Sihanouk le fait passer à tabac en plein rue par des hommes de main, ce qui n'empêchera pas le prince de le nommer plus tard Secrétaire d'État au Commerce, poste qu'il occupe jusqu'en 1967, date à laquelle il rejoint les maquis Khmers rouges.
Après leur prise du pouvoir, il est Vice-premier ministre et Ministre de la Défense jusqu'en 1975, époque où il devient le véritable chef de l'État du Kampuchea. De par sa fonction, il porte une responsabilité importante dans la déportation des habitants des villes vers les campagnes et les massacres des militaires vaincus que le procès qui s'est ouvert tente de déterminer[3]. Cette déportation s'est accompagnée du « génocide cambodgien », qui, selon les sources, a entrainé la mort de 800 000 à 3 millions de Cambodgiens[1].
Après la chute des Khmers rouges en 1979, Khieu Samphan dirige un gouvernement rebelle qui conserve une reconnaissance internationale jusqu’en 1982.
En 1987, il organise la mise à la retraite de Pol Pot et lui succéde officiellement comme chef des Khmers rouges, titre qu'il gardera jusqu’à sa reddition au gouvernement cambodgien en 1998. En 1987, il confie le commandement des forces armées à Ta Mok. Khieu Samphân confirme aussi à son poste Lok Wan accusé par les organisations humanitaires d'innombrables crimes contre l'humanité. À l'automne 1988, il oblige des milliers de prisonniers à ravitailler les troupes des Khmers rouges sous le feu de l'artillerie vietnamienne, plus d'un demi-millier d'entre eux seront massacrés.
En juillet et août 1989, il représente le Kampuchea, lors de la Conférence internationale sur le Cambodge, organisée à Paris.
Il signe les Accords de Paris sur le Cambodge de 1991, mais son mouvement ne les respecteront pas.
Il a accompagné Pol Pot jusqu'à sa mort en 1998. Il vit réfugié dans la campagne cambodgienne jusqu'en décembre 1998 lorsqu'il se rend avec Nuon Chea au forces gouvernementales. Le dernier chef khmer rouge Ta Mok est capturé quelques semaines plus tard en mars 1999.
En 2007 il est arrêté en vue de son procès.
Son point de vue
Khieu Samphân ne nie pas les morts et les éxécutions mais il minimise ses responsabilités, affirmant qu'il n'était pas au courant. Il reporte la responsabilité sur Pol Pot. Il continue de glorifier l'action des Khmers rouges qui ont lutté contre l'invasion vietnamienne.
Jugement
Khieu Samphan résidait à Pailin, l'un des anciens bastions des Khmers rouges dans le nord-ouest du Cambodge.
Il a été arrêté le lundi 19 novembre 2007 et mis en examen pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre par les Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, chargé de juger les crimes du régime Khmer rouge[4].
Il est défendu, entre autres, par l'avocat français Jacques Vergès. Ce dernier fut son ami dans les années 1950 lorsque tous deux étaient étudiants à Paris.
Le 27 juin 2011 son procès s'ouvre à Phnom Penh, avec 3 autres dirigeants khmers rouges: Nuon Chea, Ieng Sary et Ieng Thirith.
Ouvrages
- Khieu Samphan: L'économie cambodgienne et les problèmes de son industrialisation ; thèse de doctorat, 1959
- Khieu Samphan: L'histoire récente du Cambodge et mes prises de position, Editions L'Harmattan (2004) ISBN 978-2747559478
Filmographie
- Cambodge : face au génocide, film documentaire de David Aronowitsch et Staffan Lindberg, Suède/Norvège, 2010, 60' (entretiens avec Khieu Samphân filmés en 2006-2007)
Liens externes
Précédé par Président du Kampuchea démocratique Suivi par Norodom Sihanouk Khieu Samphan 1976-1979 Heng Samrin
(Président de la République Populaire du Kampuchéa)Notes et références
- Programme d'étude des génocides de l'université Yale
- Laure de Vulpian, « Cambodge, le pays des tigres disparus », in Sur les Docs, émission radiodiffusée sur France Culture le 12 mai 2008. Le reportage se structure autour d'une interview de Khieu Samphân. Sa thèse a été imprimée en Anglais et n'est plus disponible en Français. Au sujet de son futur procès, il déclare : « Je veux montrer à mes compatriotes et surtout à mes jeunes compatriotes, la vraie histoire du Cambodge, la vraie je vous dis et non pas l'histoire qu'on est en train de diffuser. [...] Je suis resté fidèle à Pol Pot jusqu'à sa mort en 1998. Fidèle en ce sens que je le considère comme un patriote qui a fait tout pour maintenir l'indépendance du Cambodge vis-vis des Américains aussi bien que des Vietnamiens. Pol Pot était acculé dans une situation où quel que soit qu'il fasse (sic), il ne pouvait éviter des morts. » (57ème minute du reportage).
- article de l'Express : mercredi 23 avril 2008, mis à jour à 10:13, « Khmers rouges : le procès de Khieu Sampan s'est ouvert », in LEXPRESS.fr. Citation : « Arrêté en novembre et mis en examen pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité, Khieu Samphan, 76 ans, est resté impassible au moment où le juge Prak Kimsan a lu des éléments de son dossier. »
- « Jacques Vergès assurera la défense de Khieu Samphan », Le Nouvel Observateur, 27 juillet 2007.
Catégories :- Personnalité politique cambodgienne
- Naissance en 1931
- Membre du mouvement Khmer rouge
- Premier ministre du Cambodge
- Dirigeant d'un État communiste
Wikimedia Foundation. 2010.