- Josef Hoëné-Wronski
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Josef Hoëné-Wronski
Józef Maria Hoene-Wroński par Laurent-Charles Maréchal (1801-1887). Pastel, 1850, Musées de Metz.Naissance 23 août 1776
Wolsztyn (Pologne)Décès 9 août 1853 (à 76 ans)
Neuilly-sur-Seine (France)Nationalité Polonais
FrançaisChamps mathématiques, philosophie Renommé pour Wronskien modifier Josef Hoëné-Wroński, né à Wolsztyn (province de Poznan) le 23 août 1776 et mort à Neuilly-sur-Seine le 9 août 1853, est un philosophe et scientifique polonais de langue polonaise et française.
Sommaire
Biographie
Jeunesse
Né Josef Hoëné à Wolsztyn en Pologne, Wronski est le fils du dernier architecte du roi de Pologne. Il participe à la guerre pour l'indépendance de son pays entre 1791 et 1794 et se distingue notamment lors du siège de Varsovie face aux Prussiens. Il est cependant fait prisonnier à la bataille de Maciejowice et emprisonné 4 années. Lorsqu'il est libéré, il rejoint l'Allemagne où il commence des études de droit, de philosophie et de mathématiques. Il vient ensuite en France où il travaille à l'observatoire de Marseille. Il se fait naturaliser français sous le Directoire. En 1810 il s'installe à Paris, se marie, et adopte le nom de Wronski. Il parlait un grand nombre de langues comme le polonais, le français, le latin, le grec, l'hébreu, l'arabe, l'araméen, mais pas l'anglais.
Œuvre intellectuelle
Son but était une « Réforme du savoir humain » comprenant aussi bien la théorie du mouvement spontané que l'art de gouverner. Comme il le dit dans Prolégomènes du Messianisme :
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- « L'objet de cet ouvrage est de fonder péremptoirement la vérité sur la terre, de réaliser ainsi la philosophie absolue, d'accomplir la religion, de réformer les sciences, d'expliquer l'histoire, de découvrir le but suprême des États, de fixer les fins absolues de l'homme et de dévoiler les destinées des Nations. »
Son premier mémoire sur les bases des mathématiques est édité à Paris en 1810 mais il lui vaut les comptes-rendus assez réservés de Lacroix, Lagrange et Laplace ; ces deux derniers jugeant "incompréhensible" la philosophie des mathématiques de Wronski[1].
Du coup, Wronski interrompt ses relations avec l'Institut de Paris et fait de l'Académie des sciences de Paris un « ennemi né de la vérité » pour finalement s'en prendre à l'illustre Lagrange dans sa Réfutation de la Théorie des fonctions analytiques de Lagrange (1812).Œuvre industrielle
Il a dessiné, entre autres, des véhicules tout terrain pour concurrencer les chemins de fer mais ceux-ci n'ont jamais été fabriqués.
Wronski passe les années 1819 à 1822 à Londres. Il vient en Angleterre pour essayer d'obtenir une récompense du Bureau des longitudes mais ses instruments sont retenus par les Douanes à son entrée dans le pays. Il se retrouve dans une situation financière difficile mais, après que ses instruments lui sont rendus, il contacte le Bureau des Longitudes. Son travail sur les longitudes ne contient en fait que des généralités et n'impressionne guère.
N'ayant réussi ni à vendre ses spéculations industrielles ni à faire accepter ses idées à l'Académie des sciences, il est contraint à emprunter de l'argent pour publier ses idées philosophiques. Mais une faillite brusque de son banquier met un terme à l'impression de son travail pendant plus de 30 ans, excepté son Canon des logarithmes.
Œuvre scientifique
Concernant son travail scientifique, il essaye principalement d'appliquer la philosophie aux mathématiques, la philosophie venant selon lui avant les preuves mathématiques rigoureuses. Il critique l'utilisation des séries infinies par Lagrange et introduit sa propre idée du développement en série d'une fonction. Les coefficients de cette série sont des déterminants maintenant connus sous le nom de wronskiens (appellation due à Muir, 1882). Il travailla beaucoup sur les déterminants et met au point une méthode permettant, pour tout polynôme, d'extraire le polynôme dont toutes les racines sont à l'intérieur du disque unité, méthode connue sous le nom de méthode de Wronski et basée sur les fonctions de Schur.
En 1812, il publie un travail prétendant prouver que toute équation algébrique a une solution par radicaux, résultat contredisant les travaux de Paolo Ruffini déjà publiés. Le travail de Wronski, bien que naturellement faux, a néanmoins eu d'importantes applications.
Son livre Introduction à un cours de mathématiques a été publié à Londres en 1821.
Wronski meurt en 1853 à Neuilly, près de Paris.
Discussion
Mathématicien, technicien, philosophe, mystique, etc., ses travaux touchant aussi bien la politique, la religion et la philosophie que les sciences et l'industrie peuvent paraître effectivement confus.
Contrairement, par exemple, à ses contemporains Lagrange ou Laplace, Wronski n'avait visiblement pas de ligne directrice prédéterminée. Génie, plus proche du Romantisme voire de l'Illuminisme que de l'Académisme, il suivait visiblement l'inspiration du moment (mais peut-être aussi, les modes du moment...). Aujourd'hui, il pourrait être qualifié de: "touche à tout" et même de "marginal".
Pendant des années, les travaux de Wronski ont été considérés comme inutiles. Toutefois, un examen récent plus approfondi de son travail prouve que si une partie est fausse et s'il avait une très haute opinion de lui-même et de ses idées, il a tout de même fait preuve d'une grande perspicacité mathématique, et même d'un certain génie.
Divers[2]
- En août 1803 (le 15?), il a la révélation de l’« Absolu », et dès lors il ne cesse de travailler à une théorie générale du « Messianisme », ou du « Paraclétisme », fondée sur cette révélation. Tout au long de sa vie, il n’aura de cesse d’exposer ces idées dans de nombreux ouvrages philosophiques et politiques.
La date exacte de la révélation n’a jamais été précisée dans les écrits de Wronski. Mais il semble qu'il ait promis à l'un de ses disciples (le banquier Pierre-Georges Arson) de : «faire connaître l’objet de tous [ses] vœux et de toutes [ses] recherches ; et il avait fixé le 15 août [1814?] comme étant l’anniversaire de cette grande découverte »[3].
- Certains de ses ouvrages appelaient à la formation d’une école, ou plutôt d’une « Union Antinomienne » qui servirait à la connaissance et l’application de l’Absolu dans la vie. Le maître eut des disciples plus ou moins fidèles, et ses écrits suscitèrent de l’intérêt chez les penseurs utopistes de l’époque. C’est d'ailleurs au titre d'"auteur utopiste" qu’il fut mentionné par Sainte-Beuve[4] et Balzac[5].
Ouvrages
Liste des ouvrages de Wronski[6]- Le Bombardier polonais, 1800 (ouvrage perdu)
- Philosophie critique, fondée sur le premier principe du savoir humain, 1803
- Introduction à la philosophie des mathématiques et technie de l’algorithmie, 1811
- Résolution générale des équations de tous les degrés, 1812
- Réfutation de la Théorie des fonctions analytiques de Lagrange, 1812
- Philosophie de l’infini, 1814
- Philosophie de la Technie algorithmique, section 1, 1815
- Philosophie de la Technie algorithmique, section 2, 1816
- Introduction au Sphinx, 1818
- Le Sphinx ou la Nomothétique séhélienne 1, 1818
- Le Sphinx ou la Nomothétique séhélienne 2, 1819
- Critique de la Théorie des fonctions génératrices de Laplace, 1819
- Introduction à un cours de mathématiques (en anglais) 1821
- Canon des Logarithmes, où est donnée la solution de l’équation du cinquième degré, 1827
- Problème fondamental de la politique moderne : Machines à vapeur, 1829
- Prospectus du Messianisme, 1831
- Prodrome du Messianisme; Révélation des destinées de l’humanité, 1831
- Réflexions philosophiques sur un miroir parabolique, 1832
- Loi téléologique du Hasard, comme base de la Réforme du Calcul des Probabilités, 1833
- Nouveau système des machines à vapeur, contenant les nouvelles lois de la Physique, 1834-1835
- Rails mobiles ou chemins de fer mouvants, 1837
- Pétition aux deux Chambres législatives de France sur la barbarie des Chemins de fer et sur la réforme de la locomotion, 1838
- Supplique au Roi des Français, 1838
- Avis aux ingénieurs, et résultats des expériences, 1838
- Métapolitique messianique ou philosophie absolue de la politique, 1840
- Tableau de la Philosophie de l’Histoire, 1840
- Tableau de la Philosophie de la politique, 1840
- Secret politique de Napoléon, comme base de l’avenir moral du monde, 1840
- Le faux Napoléonisme comme interprétation funeste des idées napoléoniennes, 1840
- Prospectus historique sur la réforme scientifique de la locomotion, 1840
- Théorie axiomatique des groupes de TD en Alsace-Lorraine, 1841
- La véritable localisation d'Alesia, et autres informations sur la Pologne, 1841
- Introduction à un mémoire sur la solution scientifique de la locomotion, 1842
- Application nautique de la nouvelle théorie des marées, 1842
- Caméralistique. Économie politique et finances, 1842
- Le destin de la France, de l’Allemagne et de la Russie comme Prolégomènes du Messianisme, 1842-1843
- Urgente réforme des Chemins de fer et de toute la locomotion terrestre, 1844
- Adresse aux nations slaves, 1847
- Messianisme ou Réforme absolue du savoir humain I (Mathématiques), 1847
- Performations phénoménologiques et criticisme ontologique, 1847
- Réforme du savoir humain II (Philosophie), 1848
- Réforme du savoir humain III (Résolution générale et définitive des équations de tous les degrés), 1848
- Adresse aux nations civilisées sur leur sinistre désordre révolutionnaire, comme suite de la Réforme du savoir humain, 1848
- Épître à S.A. le prince Czaroryski, sur les destinées de la Pologne et généralement sur la destinée des nations slaves, 1848
- Supplément à cette Épître, pour servir d’avis aux deux classes scientifiques de l’Institut de France, 1848
- Les Cent pages décisives, pour S.M. l’Empereur de Russie, avec leur Supplément séparé pour la dynastie de Napoléon, 1850
- Épître à S.M. l’Empereur de Russie, offrant l’explication définitive de l’Univers, physique et moral
- Épître secrète à S.A. le prince Louis-Napoléon, président de la République, 1851
- Accomplissement de la Réforme de la Mécanique céleste, donnant les lois de la construction générale de l’Univers entier, 1851
- Supplément à cette Epître, contenant la nouvelle science nautique des marées, 1851
- Document historique (secret) sur la révélation des destinées du monde, 1851
- Philosophie absolue de l’Histoire ou Genèse de l’humanité, 1852
- Historiographie, 2 vol., 1852
- Réforme scientifique de la Locomotion terrestre, 1852
- Document scientifique, 1852
- Véritable science nautique des marées, 1853
- Publications posthumes
- Propédeutique messianique, en deux parties, 1855, 1875
- Développement progressif et but final de l’humanité, 1861
- Apodictique messianique ou traité du Savoir-suprême, 1876
- Développement de la Philosophie absolue, 1878
- Sept manuscrits inédits, écrits de 1803 à 1806, 1879
- Nomothétique messianique, ou Lois suprêmes du Monde, 1881
Notes et références
- Alphonse Rebière, Mathématiques et Mathématiciens, Paris, 1998, p. 452.
- Serge Zenkine, Une herméneutique du sacré : le cas Wronski (op. cit.).
- Pierre-Georges Arson, Document pour l’histoire des grands fourbes qui ont figuré sur la terre ou Mémoire d’Arson de l’Isle de Vaucluse contre Hoëné Wronski, auteur de divers ouvrages sur les mathématiques, Paris, Didot, 1817-1818, p. 27.
- Sainte-Beuve, article sur Ballanche dans Revue des deux Mondes, 15 septembre 1834, t. 3, p. 686-715.
- Honoré de Balzac, La Recherche de l'absolu, La Comédie humaine, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, tome X, p. 834-835. «Et il lut à Marguerite un article où il était parlé d’un procès relatif à la vente qu’un célèbre mathématicien polonais avait faite de l’Absolu».
- Francis Warrain, L'Œuvre de Hoëné Wronski, éditions Véga, 3 volumes parus (sur 6 prévus) en 1933, 1936 et 1938.
Articles connexes
- Adam Mickiewicz
- Andrzej Towiański
- August Cieszkowski
- Éliphas Lévi
Liens externes
- (fr) http://kingsgarden.org/French/Organisations.F/OM.F/Wronski/Wronski.html notice biographique et base de données bibliographiques
- (fr) http://www.textesrares.com/philo19/interrogation.php4?nom_aut=Wronski base de données bibliographique
- (fr) Zenkine, Serge "Une herméneutique du sacré : le cas Wronski", Séminaire "Signe, déchiffrement, et interprétation", URL: http://www.fabula.org/colloques/document946.php
- (fr) La pensée messianique en France : de Wronski à Esquiros
- (en) Mac Tutor History
- Ouvrages de Hoëné-Wronski numérisés par le SICD des universités de Strasbourg
- (en) R . Murawski, The Philosophy of Hoene-Wronski in: Organon 35, 2006, pp. 143-150 [1]
Catégories :- Insurgés de Kościuszko (1794)
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