Joris Van Severen

Joris Van Severen

Joris Van Severen (Wakken, 19 juillet 1894 - Abbeville, 20 mai 1940) était un homme politique belge, nationaliste flamand et dirigeant du Verdinaso. Il a été fusillé en France en mai 1940.

Sommaire

La jeunesse

Joris Van Severen est le fils d’Edmond Van Severen et d’Irma van de Maele ; son véritable prénom est Georges, qu’il transformera plus tard en Joris pour lui donner un caractère flamand. Son père est un notable local, notaire et bourgmestre de Wakken, et comme chez de nombreux membres de la bourgeoisie flamande, on s’exprime chez lui en français. Cela n’empêchera pas Joris Van Severen de devenir flamingant, sous l’influence du curé de la localité, Hugo Verriest.

Van Severen poursuit ses études secondaires au collège Sainte-Barbe à Gand, qu’il termine en 1912. Il est membre de l’Algemeen Katholiek Vlaams Studentenverbond (Association générale des étudiants catholiques flamands). Il s’inscrit ensuite à l’université de Gand, où il s’affilie aux Rodenbach's vrienden.

Pendant la Première Guerre mondiale, il est appelé sous les drapeaux. Sa conscience flamande s’y radicalise en raison des conditions qu’il connaît sur le front. Il devient membre du mouvement radical flamand Frontbeweging et est sanctionné en raison de ses activités politiques.

La politique

Van Severen entre en politique après la fin du conflit et se présente aux élections pour le Frontpartij. Il est élu député en 1921 et écrit un essai étendu sur le nationalisme flamand dont il devient l’un des idéologues.

Il évolue d’un flamingantisme de gauche et démocratique vers des idées de droite et antidémocratiques. Après l’instauration du suffrage universel (pour les hommes), les attentes du mouvement flamand sont importantes. Le peu de résultats obtenu via la démocratie parlementaire amènent certains, dont Van Severen, à remettre en cause la particratie.

D’une nature taciturne, Van Severen cause cependant, le 29 novembre 1928, un vif incident au parlement où il prononce un discours incendiaire et radicalement anti-belge. Si certains affirment qu’il l’aurait terminé par « La Belgique: qu'elle crève ! », il n’est pas prouvé qu’il ait utilisé ces termes.

Le Verdinaso

Le drapeau du Verdinaso

Le 6 octobre 1931, Van Severen fonde le Verdinaso, qui n’est pas un parti politique au sens propre du terme, mais un mouvement basé sur la national-solidarisme et le nationalisme thiois. Le Verdinaso présente toutes les caractéristiques d’un mouvement fasciste : une milice, le Dinaso Militante Orde, le port d’uniformes, l’organisation de défilés, un programme anti-démocratique et un vocabulaire antisémite.

Joris Van Severen dessine lui-même l’uniforme des membres du DMO, dont la casquette typique fait le bonheur des caricaturistes.

Contrairement au fascisme italien, Van Severen et le Verdinaso prônent une large décentralisation. Le mouvement s’implante également aux Pays-Bas, où il n’atteint pas la même importance qu’en Flandre. Mais cette existence est considérée comme un fait d’armes par le Verdinaso, qui soutient l’union des Pays-Bas et de la Flandre.

Une nouvelle orientation

L’État belge combat le mouvement militant de Van Severen. Suite à la répression (perquisitions, interdiction du syndicat Dinaso…), et vraisemblablement suite à une radicalisation idéologique. Il abandonne son anti-belgicisme et passe d’une volonté d’union entre les Pays-Bas et la Flandre à celle du regroupement, au sein d’un nouvel état, des Pays-Bas, de la totalité de la Belgique, du Luxembourg et de la Flandre française, sous la direction du roi Léopold III.

Si ce nouveau projet lui attire des soutiens d’hommes politiques attachés à l’unité de la Belgique, comme Pierre Nothomb, il lui attire l’hostilité d’autres mouvements flamands. Le VNV lui reproche d’échanger le nationalisme du peuple (Volksnationalisme) contre un nationalisme d'État et de s’intégrer à l’establishment belge.

L’exécution sommaire

Malgré l’abandon du discours anti-belge, les milieux traditionnels restent méfiants à l’égard de Van Severen, qui reste profondément anti-sémite. Juste avant l’invasion par les troupes allemandes, Van Severen est arrêté et emprisonné à Bruges puis compte au nombre des groupes de prisonniers transférés en France devant la progression allemande : un groupe de 78 prisonniers - parmi lesquels Van Severen, son secrétaire, Léon Degrelle, des espions nazis, quelques innocents et bon nombre de collaborateurs - est transférés de Bruges à Abbeville où ils sont enfermés dans la cave du kiosque à musique. Dans un climat de panique, et suite au bombardement meurtrier et violent des Allemands, des militaires français extraient des groupes de deux à quatre prisonniers de leur lieu de détention, pour les abattre sans jugement. Van Severen, qui est un inconnu pour les militaires français, fait partie des 21 victimes exécutées avant qu'un officier arrête ces exécutons sommaire. Les officiers responsables de la tuerie sont traduits par les autorités allemandes en cour martiale à Paris, condamnés à mort et fusillés au mont Valérien en avril 1942[1].

Quarante ans après la tuerie, après des manigences de groupe de soutien d'extrême-droite, le ministre de la justice Belge présente ses excuses et reconnaîtrait une responsabilité en affirmant, que les prisonniers n’auraient jamais dus être livrés aux soldats français. Après l'analyse correcte de la portée de ces excuses et gêné par le soutien fait par l'Etat Belge aux deux collaborateurs notoires, le geste ne sera plus répété[2].

La postérité de Van Severen

La mort de Van Severen fera éclater le Verdinaso en plusieurs tendances qui se positionneront de manière différentes vis-à-vis de l'occupant allemand, allant de la collaboration et de l'engagement dans la VNV ou la SS Vlanderen à la résistance belge[3].

Van Severen est resté un homme qui frappe l’imagination, le plus souvent dans un sens négatif. Il a fait l’objet à plusieurs reprises de romans, de poèmes et de pièces de théâtre.

Notes et références

  1. (nl)Carlos Vlaemynck, Dossier Abbeville, Leuven, éd. Davidsfonds, 1977, présentation en ligne
  2. Marcel Sel, Stefaan de Clerck : une gerbe belge qui donne la gerbe., mai 2011 [1]
  3. Francis Balace et alii, De l'avant à l'après-guerre, l'extrême droite en Belgique francophone, Bruxelles, éd. De Boeck Supérieur, 1994, p. 12, extrait en ligne

Bibliographie

  • (nl) Maurits Cailliau (éd.), Gedenkboek Joris Van Severen, Nationaal Documentatiecentrum Joris van Severen, Aartselaar, 1994
  • (nl) Lode Wils, Joris Van Severen : een aristocraat verdwaald in de politiek, Davidsfonds, Louvain, 1994

Voir aussi

Liens externes



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