- Jean-Louis Crémieux-Brilhac
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Jean-Louis Crémieux, dit Crémieux-Brilhac, né le 22 janvier 1917 à Colombes, haut fonctionnaire, ancien résistant et historien français de la Seconde Guerre mondiale, correspondant de l'Institut (Académie des Sciences morales et politiques).
Sommaire
Éléments biographiques
De la captivité à la France libre
Parisien, originaire d’une famille juive implantée depuis cinq siècles à Carpentras, puis Nîmes et Narbonne, il est précocement politisé. Grâce à son oncle, le critique littéraire Benjamin Crémieux (1888-1944), il rencontre, alors qu'il n'est encore que lycéen, André Malraux ou Stefan Zweig. Il fait des études de Lettres et d'Histoire à la Sorbonne. Depuis 1931, il passe une partie de ses vacances en Allemagne où il assiste à la montée du nazisme. Il est de 1935 à 1938 le plus jeune adhérent au Comité de vigilance des intellectuels antifascistes. Mobilisé en septembre 1939, il suit une formation à Saint-Cyr et est promu aspirant. Il est affecté à l'extrémité ouest de la ligne Maginot et le 11 juin, est fait prisonnier dans la Marne et envoyé en Allemagne. Il parvient à s’évader du stalag II B en Poméranie le 4 janvier 1941, et gagne l’Union soviétique. Il y est emprisonné comme plusieurs dizaines d’autres Français qui cherchent à rejoindre le général de Gaulle, et finalement interné. L’invasion allemande engagée le 22 juin 1941 change la donne : la France libre devient alliée de l’URSS, et avec 185 autres évadés Français, il peut rallier la Grande-Bretagne, où il s’engage dans les Forces françaises libres en septembre 1941 sous le pseudonyme de Brilhac.
Affecté en 1942 au commissariat national à l'Intérieur à Londres, il devient secrétaire du Comité exécutif de propagande et chef du service de diffusion clandestine de la France libre (printemps 1942-août 1944). A ce titre, il est amené à parler plusieurs fois au micro de Radio Londres, dont il aide à préparer les émissions à destination de l'Europe occupée.
Vie publique d'après-guerre
Il est, à la Libération, le cofondateur de la Documentation française, et en devient le directeur-adjoint, puis le directeur. Il est fait conseiller d’État (1982-1986). Dans les années 1950, sans renier son attachement à l'homme du 18 Juin, il soutient l'expérience gouvernementale et le combat politique de Pierre Mendès France. Organisateur des colloques de Caen de 1956 et 1966 sur l'enseignement supérieur et la recherche, il est l’animateur avec Jacques Monod et le mathématicien André Lichnerowicz du Mouvement pour l’expansion de la recherche scientifique (1956-1972).
L'historien-témoin
À sa retraite, Jean-Louis Crémieux-Brilhac se fait historien des épisodes de la guerre qu'il a vécus et dont il possède une connaissance intime. On lui doit principalement deux sommes, fruits d'années de recherches, et qui font aujourd'hui autorité dans la communauté des historiens.
Dans Les Français de l'an Quarante, il nuance l'idée d'une France partie à la guerre démoralisée, mal préparée et vaincue d'avance : il analyse l'évolution du moral des différentes composantes de la population française pendant la Drôle de guerre, met en évidence la réalité du « complot de la paix » et montre que l'énorme effort de guerre consenti par la France commençait à porter ses fruits juste avant l'invasion, survenue trop tôt. Son exposé des combats de mai-juin 1940, fondé notamment sur les Journaux de marche, éclaire les contrastes de comportement entre les unités d'active, les divisions motorisées et l'aviation d'une part, combatives et efficaces, et les divisions dites de série B, d'autre part, plus âgées et peu aptes à contenir l'offensive adverse. Il met en lumière le sursaut national auquel ont donné lieu, du 26 mai au 9 juin 1940, les batailles de la Somme et de l'Aisne.
Dans La France libre, première et à ce jour seule grande synthèse scientifique consacrée à l'épopée gaullienne, il s'appuie sur nombre d'archives inédites, qu'elles proviennent du BCRA, des États-Unis ou du gouvernement britannique, pour reconstituer l'histoire des « hommes partis de rien » (René Cassin). Si l'ouvrage laisse paraître la sympathie et l'admiration intactes pour de Gaulle, les volontaires de la France libre et leur combat, il n'hésite pas à rectifier la légende lorsqu'il le faut, en démontrant par exemple que le début de l'appel du 18 juin a été censuré par le Foreign Office et que l'appel dit du 19 juin n'a jamais été diffusé, ou que la crainte, en 1944, que les Américains placent la France sous administration militaire (AMGOT) était exagérée. Il souligne l'importance de l'œuvre de reconstruction de l'État et de rétablissement de la légalité républicaine accomplie par le Comité de la libération nationale et remet en lumière l'originalité et l'œuvre de personnalités parfois négligées, ainsi le général Catroux.
Il avait édité en 1975 une sélection fortement documentée des chroniques en français prononcées à la Radio de Londres pendant la guerre, et a publié en 2004 Prisonniers de la Liberté, l'histoire du périple vécu par 218 Français échappés des camps allemands, emprisonnés en URSS jusqu'à l'opération Barbarossa et dont 186 rallièrent les Forces Françaises Libres, parmi lesquels lui-même et les futurs généraux Billotte et Alain de Boissieu, qui devint le gendre de Charles de Gaulle.
Décorations
- Grand officier de la Légion d'honneur
- Croix de guerre 1939-1945
- Médaille de la Résistance
- Officier des Arts et Lettres
- Médaille de la France libre
- Commander of the Order of the British Empire
Bibliographie
- Retour par l'URSS, Calmann-Lévy, 1945
- Ici Londres. Les Voix de la liberté, La Documentation française, 1975-1977 (5 volumes)
- Les Français de l’an 40, Editions Gallimard, 1990 (2 volumes)
- La France Libre. De l'appel du 18 juin à la Libération, Editions Gallimard, 1996
- Prisonniers de la liberté : l’odyssée des 218 évadés par l’URSS, Editions Gallimard, 2004
- Des Anglais dans la résistance : le service secret SOE en France, collaboration à l'ouvrage de Michael D. Foot, Tallandier, 2008
- Georges Boris, trente ans d'influence, Gallimard, 2010
- L'appel du 18 juin, Armand Colin, 2010, Calmann-Lévy, 1963, 1970
Traductions
- Richard Wagner (Beethoven, Gallimard, 1970)
- J.K. Galbraith (L'ère des libéraux , Le nouvel Etat industriel, Gallimard)
- J.Gay (Le Siècle des Lumières, Editions Time-Life,)
Notes et références
Liens externes
- Jean-Louis Crémieux Brilhac, « Le « groupe Billotte » ou l'odyssée des évadés par la Russie août 1940 - septembre 1941 », dans Revue de la France Libre, no 163, juillet-août 1966 [texte intégral]
- Les Français libres, rencontre, 10 décembre 2003
- Rencontre avec Jean-Louis Crémieux-Brilhac, à l'occasion de la parution de Prisonniers de la liberté
- Jean-Louis Crémieux-Brilhac, témoigne dans "La Fabrique de l'histoire", une émission de France Culture, sur l'important colloque qui s’est tenu à Caen en 1956, et de son engagement auprès de Mendès-France pour les questions de la politique scientifique
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