Jean-Jacques de Boissieu

Jean-Jacques de Boissieu
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Jean Jacques de Boissieu, né le 29 novembre 1736 à Lyon et mort à Lyon le 1er mars 1810, est un artiste français, essentiellement dessinateur et graveur, mais aussi peintre français.

Jouissant de son vivant d'un grand renom en France comme en Europe (Goethe, par exemple, collectionnait ses œuvres), il fut surnommé par certains le « Rembrandt français » (d'après le dictionnaire de référence Bénézit). Il est considéré comme un fondateur de l'école lyonnaise de peinture.

Il réalisa quelques planches pour l’Encyclopédie de Diderot. Il se spécialisa dans les portraits et les paysages et scènes de la vie quotidienne de la région lyonnaise. Son style se rattache, par son souci du réalisme, à l'école hollandaise.

J.J. de Boissieu, La Fileuse, Paris, coll. part.

Sommaire

Biographie

Jean-Jacques de Boissieu naît à Lyon en 1736, fils de Jacques de Boissieu, médecin à Lyon, et d'Antoinette Vialis. Sa famille est originaire du Forez ; son ancêtre Jean de Boissieu fut secrétaire des Commandements de la Reine Marguerite de Valois.

Passionné par l'art dès l'enfance,

"il avait publié, en 1758, six feuilles de croquis à l'eau-forte sous le titre « Livre de griffonnements inventés et gravés par de Boissieu" à Paris chez Pariset. Il avait ensuite gravé six "Paysages dessinés et gravés par J.J.D.B. à Lyon en 1759". En 1760 il était en relations de correspondance avec le graveur J. G. Wille (...) il visita Gênes, Naples, séjourna à Rome (1764-1765) dessina dans les musées et surtout d'après nature (...) il produisit des eaux-fortes, des dessins aux crayons et des lavis. Avec de portrais expressifs, il a dessiné des paysages, soit au crayon, (mine de plomb, sanguine, pierre noire), soit au lavis. Son œuvre se compose de 140 planches et de quelques pièces connues par des exemplaires uniques de la collection de l'Institut Stadel à Francfort-sur-le-Mein" [1].

Boissieu va parfaire son éducation artistique par un séjour à Paris en 1761-1764, où il fréquente les artistes Claude Joseph Vernet, Claude-Henri Watelet - qui acquit en 1767 un lot d'eaux-fortes de Rembrandt qu'il admirait, et s'en inspira pour graver ses propres estampes, réunies avec celles du Maitre dans un album - et Jean-Baptiste Greuze, puis en 1765-1766 par le traditionnel « Grand Tour » en Italie des esthètes et aristocrates européens, notamment anglais, en compagnie du duc de La Rochefoucauld Louis Alexandre.

Sur le passage, il visite notamment Voltaire à Ferney.

Revenu à Lyon, il poursuit son œuvre artistique avec grand succès : Goethe collectionne ses œuvres, le frère du roi de Prusse vient visiter son atelier, il est reçu à l'Académie de Lyon (1780). Il réalise également quelques planches pour l’Encyclopédie de Diderot.

Il devient conseiller du Roi, en 1771 trésorier de France au bureau des Finances, et en 1773 épouse Anne Roch de Valous, d'une famille consulaire lyonnaise.

Pendant la Révolution, il est protégé par le peintre Louis David et ses cuivres sont placés « sous la sauvegarde de la loi ». En 1802, il est nommé membre de la commission administrative du Conservatoire des Arts. Il séjourna alors dans son château de Cruzol.

Jean-Jacques de Boissieu est maire de Lentilly de 1806 à 1810, année de sa mort.

Il a été le maître de son neveu Claude Victor de Boissieu.


Postérité de son œuvre

" Plusieurs amateurs ont gravé à l'eau-forte d'après les dessins de de Boissieu et même copié ses gravures; tels sont M.M. de Claussin, de Saint-Thomas, Georges Primaldi, Schreweyer, etc. Mais nous n'avons pas à insister sur ces gravures, qu'un connaisseur ne saurait confondre avec celles de notre maître".

(Alphonse de Boissieu, "Catalogue raisonné de (son) œuvre", Paris-Lyon, 1878, cité par Marie-Félicie Perez, ds "L'œuvre gravé de de Boissieu - Catalogue des estampes exécutées sur des dessins de D.B." - 1994).


Au début du XIXe siècle, l'amateur parisien Ignace-Joseph de Claussin (1766-1844) collectionna ses dessins et eaux-fortes et les copia :

"(...) pendant 40 ans en rapports avec les amateurs les plus difficiles, qui venaient chez lui fournir leurs portefeuilles de pièces rares. Il avait fait une étude spéciale sur Rembrandt et des autres graveurs de l'école hollandaise, et en 1824 avait publié un "catalogue raisonné des estampes qui forment l'œuvre de Rembrandt"; il avait recherché également les dessins et estampes de De Boissieu, puis s'était mis à graver, et ses gravures où il imite De Boissieu (dont "étude de 19 figures", 1815 - certaines épreuves sont datées de 1817) et Rembrandt et ne manquent pas d'une certaine valeur...etc"[2].

M.F Perez cite un album publié (en 1817 ?) par de Claussin sous le titre "Onze études de têtes gravées à l'eau-forte par et d'après De Boissieu" chez Osterwald et Rittner à Paris et à Londres, et indique que la suite est conservée complète sauf une planche au Metropolitan Museum de New-York et cassée, incomplète, à la B.N. à Paris.


Elle suppose que de Claussin grava ces "pêles-mêles d'interprétations" en contrepartie d'après des dessins de de Boissieu en sa possession; en effet, le catalogue de sa vente après décès à Paris le 2/12/1844, mentionne "de très beaux dessins originaux des grands maîtres de l'école hollandaise, une série de dessins très capitaux de Jean-Jacques de Boissieu, quelques estampes de Rembrandt". Lors de cette vacation furent vendus "trois grands dessins de Rembrandt, un de Van de Velde (depuis au musée du Louvre) un de Berghem, deux de De Boissieu (...) une quittance de 900 francs payée à M. De Boissieu pour un de ses dessins, "Le Foyer', qui faisait partie du lot. Les chaudronniers se partagèrent les cuivres des gravures"[3].

Son style

Le style de Jean-Jacques de Boissieu a été rapproché de celui de l'école hollandaise par son souci du réalisme notamment.

Ce Lyonnais a commencé par dessiner des soieries avant de prendre la nature et la figure humaine pour objets de son travail. Après quelques mois d'étude à Paris, suivis du classique voyage d'Italie, il se fixe définitivement à Lyon. Peintre médiocre, (il) se fait vite un renom de dessinateur et surtout de graveur. Ses eaux-fortes (140 planches) sont recherchées. Paysagiste, il travaille d'après nature dans les environs de Lyon, ou reproduit des paysages de maîtres hollandais, avec, dans les dernières années, des effets de clair-obscur annonçant la vogues des eaux-fortes sombres dans le style de Rembrandt. En ce qui concerne les figures, il s'attache aux types populaires - l'écrivain public, la fileuse, le maître d'école - dans l'esprit du XVIIIe siècle sensible et « vériste »[4].

Œuvres[5].

Allergique à l'huile qu'il abandonne en 1780, De Boissieu a réalisé peu de tableaux mais beaucoup de dessins et d'estampes (eaux- fortes). Il s'est spécialisé dans les portraits et les paysages (région lyonnaise, ruines romaines).

Ventes publiques

  • "Autoportrait du peintre dans son atelier", panneau monogrammé, daté 1789;
  • un autre autoportrait, dessin aux trois crayons (39 x 30), où il s'est représenté chapeauté d'un bonnet de fourrure, a été vendu 200 000 francs à l'Hôtel Drouot à Paris le 26/05/1986;
  • "Mendiant assis" ou "Le Vieux Girard, paysan de Chasseloup", dessin à la sanguine (27 x 20), vendu lors de la même vacation 75 000 francs;
  • "Maison et lavoir sur une rivière", lavis d'encre de Chine (même vacation), vendu 13 000 francs,
  • "Eglise au bord d'une rivière traversée par un bac", lavis d'encre de Chine (même vacation), vendu 13 000 francs;
  • "Paysage", lavis d'encre de Chine, daté 1780 (même vacation), vendu 12 000 francs;
  • "Portrait de jeune homme", dessin (26,5 x 19), porte l'inscription "Amicus amincum delineavit", monogrammé, daté 1769, vendu 16.500 francs;
  • "Le Vieux Girard, paysan de Chasselay (ou Chasseloup ?) ", dessin à la plume, encre noire, lavis brun et rehauts blancs (25,5 x 16) - à rapprocher de la gravure conservée à la B.N.F.;
  • "Portrait d'homme", dessin à la sanguine sur esquisse au crayon noir (18,5 x 17) portant le cachet de la collection du peintre Thomas Lawrence, vendu 39 000 francs à Brive-La-Gaillarde;
  • "Tête d'homme (de profil) ", dessin à la pierre noire (23,5 x 20,5).
  • "Paysage", dessin (14,5 x 23), vendu 11 800 francs;
  • "Foire et danse paysanne" dessin à la plume et lavis gris (19 x 28,5), vendu à La Rochelle le 27/03/2004;
  • "Famille de paysans gardant son troupeau", dessin à la plume et lavis gris ( 14,5 x 22,5), même vente, signé De Boissieu et daté 1784;
  • "Groupe de paysans dans un paysage", idem.

Ventes publiques en ligne

  • "Buste d'homme âgé", eau-forte ? (25,5 x 35,5), vendu sur Internet le 13/03/2008.

Musées

Ses œuvres figurent dans les collections publiques françaises (musées de Lyon, Nantes, Nice, Sens, Louvre, Petit Palais) et les musées étrangers :

  • "La Danse des Enfants", huile sur bois (0,30 x 0,385), provenant du legs Auguste Dutuit de 1902 à la ville de Paris (musée du Petit Palais), Paris - n°72 du catalogue des Peintures de 1981 : "portraits présumés de son épouse et de son frère Jean-Baptiste de Boissieu";
  • un Paysage monogrammé D.B., provenant du legs Clarke de Feltre (1852) figure au catalogue du musée des Beaux-Arts de Nantes de 1903 (p. 4);
  • une "Scène d'intérieur" tableau "rare et inédit" acquis par le Musée du Louvre en 2005, met en scène des membres de sa famille dans un salon orné d'œuvres d'art - on distingue une estampe de Rembrandt - examinant des dessins.
  • un paysage intitulé "Mount Cario accross the Melfa river", dessin (16,1 x 23,9), daté vers 1765-1766, provenant du Alicia Mellon Bruce fund, est conservé à la National Gallery of Art de Washington D.C. (États-Unis).

Dessins ou estampes

alternative textuelle
Châteauneuf (près de Rive-de-Gier) en 1789
  • Autoportrait, où chapeauté il montre un dessin; sur une table devant lui un porte-mine et un buste "à l'Antique" - illustre l'article de "C.A." de mai 1985 précité;
  • "Ruine d'un vieux château à Saint-Chamond" (1759);
  • "Vestiges d'aqueduc" (1763);
  • "Vieilles tours sur le bord d'une rivière" (1763);
  • "Vue d'une cascade tombant d'une maison élevée" (1764);
  • "La fontaine de Choulans" (1764);
  • "Vue de montagne" (1764);
  • Portrait d'après Van Dyck (1770);
  • Portrait d'après Téniers (1803);
  • "Pie VII bénissant les enfants" (1805);
  • "Le champ de blé" (1772), eau-forte légendée : "peint par Jacques Ruysdael et gravé par J.J.D.B.";
  • "Saint-Jérôme", eau- forte signée des initiales et datée 1797 ;
  • "Paysage", eau-forte (35 x 23) montrant un homme lisant et un autre dessinant, eau-forte signée des initiales et datée 1769 (?);
  • "Paysage", dessin au lavis d'encre de Chine (19,5 x 14,5);
  • "Le grand pont de pierre", 1769 (35 x 45);
  • "Le repos des travailleurs - paysans du Charolais", 1803 (20 x 25);

Expositions

  • Musée de Brou à Bourg-en-Bresse en 1967, où figurait l'autoportrait vendu 200 000 francs à l'Hôtel Drouot le 26/05/1986, cité plus haut;


Notes

  1. E. Bénézit, "Dictionnaire des peintres,...etc", Gründ, 1948, tome 1, p.739
  2. L. Roger-Milès, "Le Cousin Pons", n°11 - 1/07/1916, p.83
  3. op. cit.
  4. "Un graveur fécond" au sujet de l'exposition du musée de Brou à Bourg-en- Bresse, mai-juin 1985 dans "Connaissance des Arts", n° 339 - mai 1985
  5. En particulier : Marie-Félicie Perez, "L'Oeuvre gravé de J.J. De Boissieu" (Cabinet des Estampes de Genève - qui possède un fonds très complet de l'œuvre, 1994).

Sources

  • Cet article comprend des extraits du Dictionnaire Bouillet. Il est possible de supprimer cette indication, si le texte reflète le savoir actuel sur ce thème, si les sources sont citées, s'il satisfait aux exigences linguistiques actuelles et s'il ne contient pas de propos qui vont à l'encontre des règles de neutralité de Wikipédia.
  • Dictionnaire Bénézit.
  • Marie-Félicie Perez, "L'Oeuvre gravé de J.J. De Boissieu", Cabinet des Estampes de Genève (qui possède un fonds très complet de l'œuvre), 1994.
  • "Les plus belles eaux-fortes de Rembrandt", catalogue de l'exposition au musée du Louvre, 29/10/1969 - 5/01/1970, qui évoque Ignace-Jacques de Claussin, "graveur et collectionneur enthousiaste d'estampes de Rembrandt".

Voir aussi

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Œuvres sur Internet

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