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Le Poireau agile (Paris 10e)

Le jardin partagé (appelé "jardin communautaire" dans le nord de la France et au Québec) est une forme de gestion en commun d’un terrain par un groupe d’habitants. Cette pratique est née en Amérique du Nord et se développe en France. Le premier jardin communautaire a été créé à Lille en 1997. A Paris, il existe près de cinquante jardins partagés.

Sommaire

Histoire

Les jardins collectifs urbains sont nés à New York au début des années 1970, sous le nom de community gardens.

Liz Christy, une artiste qui vivait dans le Lower East Side à Manhattan, se désolait du nombre de terrains vagues dans son quartier. Avec quelques amis, elle tenta d’y remédier en lançant des « bombes de graines » (seed bombs) par-dessus les grilles de terrains laissés à l’abandon, pour les transformer en jardins. Les Green Guerillas (Guerilleros verts) étaient nés. Il existe aujourd’hui plus de 600 community gardens à New York, et des milliers de jardins communautaires à travers l’Amérique du Nord.

Les jardins partagés sont aussi les héritiers des jardins ouvriers (officiellement appelés jardins familiaux en France depuis la loi du 26 juillet 1952).

Ils s'inscrivent également dans un phénomène historique d'appropriation de friches pour leur transformation en jardins potagers pendant les périodes de crises économiques (ex. Potato Patches) ou les guerres (liberty gardens pendant la première guerre mondiale et victory gardens pendant la seconde). On peut encore trouver une référence historique au phénomène des jardins partagés dans le mouvement des diggers ou bêcheux qui pour protester notamment contre l'enclosure act ont développé un processus d'auto-appropriation des terres pour une gestion agraire en commun.

Ces jardins ont germé à travers l’Europe au tournant du vingtième siècle. Appelés allotment gardens dans les pays anglophones, Kleingärten dans les pays germanophones, les jardins ouvriers permettent encore aujourd’hui à des familles, parfois aux revenus modestes, de se procurer légumes et fruits frais en les cultivant eux-mêmes.

On peut aussi rapprocher les jardins partagés des terrains d’aventure créés sur des friches dans les années 70. Il s’agissait d’espaces de liberté et d’expérimentation pour les enfants et les adolescents. Peu de terrains d’aventure subsistent aujourd’hui en milieu urbain en France, contrairement à l’Amérique du Nord, à l’Allemagne et la Scandinavie.

Les jardins partagés fleurissent à travers la France depuis une dizaine d’années. Le réseau national « Le Jardin dans tous ses États » a joué un rôle important dans cette éclosion en permettant des échanges entre jardiniers, élus et techniciens de collectivités locales. Le réseau a organisé un premier forum national à Lille en 1997, à Nantes deux ans plus tard, puis à Paris en 2005[1].

À travers le monde francophone

En Suisse, la ville de Lausanne a été pionnière en permettant dès 1995 la création de jardins en pied d'immeubles, appelés plantages.

En Pologne les jardins sont situées le plus souvent dans des zones de bas fonds près des villes et les utilisateurs sont des résidents d'appartement à proximité.

Au Québec, les « jardins communautaires » sont divisés en lots individuels cultivés par une personne ou une famille. Ce type de jardinage est très populaire dans les grandes villes depuis 30 ans [Quand ?]. On nomme « jardins collectifs » les jardins indivisibles où « sont décidées en commun et exploitées en commun » les différentes cultures. Cette tendance est plus récente. La ville de Montréal a créé un programme municipal de « jardins communautaires » et plus récemment elle a décidé de soutenir la végétalisation de l'espace public en soutenant les initiatives de « ruelles vertes ».

Quelques exemples d’objectifs des jardins

  • la rencontre de gens de tout âge, de toute condition et classe sociale et ethnies différentes,
  • l’exercice et la détente en plein air
  • la mise en pratique des connaissances et des goûts,
  • le partage du savoir et l’entraide,
  • le développement de la fierté des jardiniers,
  • la récolte de fruits et légumes plus frais et meilleurs au goût,
  • la possibilité donnée à la tradition agricole de perdurer à travers les générations,
  • la contemplation de la beauté du site et de la nature.

Le jardinage collectif d’un terrain, parfois laissé à l’abandon, améliore le cadre de vie et permet des échanges entre personnes d’origine géographique, de milieux sociaux et d'âges différents. Les jardins partagés, souvent créés en ville, existent aussi en milieu rural.

Le respect de l’environnement est une valeur forte des jardins partagés : les jardiniers choisissent des végétaux adaptés au sol et au climat et évitent les produits phytotoxiques (engrais chimiques, pesticides de synthèse). Le compostage, la récupération de l’eau de pluie et la technique des cultures associées y sont très souvent pratiqués. Ce sont également des lieux d’éducation à l’environnement pour enfants et adultes, qui y apprennent la botanique, ou qui y observent la faune urbaine. Nombreux sont les jardins partagés qui attribuent des parcelles aux écoles du voisinage, qui y mènent des projets pédagogiques.

Certains jardins partagés ont une vocation d’insertion. Ils accueillent des personnes en situation de handicap, des bénéficiaires du revenu minimum d’insertion (RMI) ou des personnes victimes d’exclusion sociale.

Les jardins partagés sont des lieux d'initiative citoyenne. Certains d'entre eux (comme le Jardin solidaire, dans le 20e arrondissement de Paris, qui a été fermé à l'automne 2005 pour laisser la place à un gymnase et des logements sociaux) sont créés par des habitants qui n'attendent pas d'avoir une autorisation pour y proposer des activités. Parfois, les habitants souhaitent ouvrir un jardin pendant quelques mois ou quelques années, en attendant qu'une autre affectation soit décidée. C'est le cas du jardin EcoBOX, dans le 18e arrondissement de Paris, qui a déjà existé sur deux emplacements[2].

Les associations qui ouvrent et cultivent un jardin y proposent des débats et des événements culturels qui sortent des sentiers battus. Il est fréquent d'y assister à des projections de films qui ne sont pas programmés à la télévision, d'y débattre de sujets peu traités par les médias, comme la biodiversité, la relocalisation de l'économie ou le droit au logement. La gratuité, ou des prix très modérés, permettent d'ouvrir le jardin à tous.

En utilisant les travaux d'Henri Lefebvre on peut aussi percevoir les jardins partagés comme un lieux pour conquerir son droit à la ville, c'est à dire un droit à une qualité de vie urbaine, à ne pas être exclu de la centralité qu'offre la ville.

On peut rapprocher les jardins partagés d'autres lieux autogérés comme les squats, les crèches parentales ou les bars et restaurants associatifs.

Bibliographie

  • Jardins partagés – utopie, écologie, conseils pratiques, éditions Terre Vivante, mai 2008
  • Article Partager la terre, JP Géné (Le Monde 2, 22 septembre 2007)

Proposition de loi relative aux jardins familiaux, d’insertion et partagés, adoptée à l’unanimité au Sénat, mais qui n'a pas été inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale[3].

Notes et références

Voir aussi

  • Portail de l’architecture et de l’urbanisme Portail de l’architecture et de l’urbanisme
  • Portail du jardinage et de l'horticulture Portail du jardinage et de l'horticulture
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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Jardin partagé de Wikipédia en français (auteurs)

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