James Wilson Morrice

James Wilson Morrice

James Wilson Morrice, à Montréal (Canada) en 1865 et mort à Tunis (Tunisie) en 1924, était un peintre canadien. Passant la majorité de sa carrière à l'étranger, surtout à Paris (France), Morrice est considéré par certains comme « le premier peintre canadien à se rattacher à une tradition vivante »[1] en peinture au Canada. En effet, ses voyages le mettront en contact avec des peintres tels que James Abbott McNeill Whistler et Henri Matisse, chef de file du fauvisme, qui influenceront son travail. Ayant apporté l'influence de la peinture moderne européenne au Canada, son travail aura un impact sur celui de plus jeunes artistes comme Clarence Gagnon, John Lyman et même chez Paul-Émile Borduas[2].

Sommaire

Biographie

Enfance et formation

James Wilson Morrice grandit dans une famille bourgeoise dont lintérêt pour lart le mit en contact avec la peinture. Morrice commence sa pratique artistique par laquarelle, loisir auquel il sadonne lors de ses vacances au Maine (États-Unis) en 1882.

À la même époque, il effectue des études dans la faculté des arts de lUniversité de Toronto suivi par des études en droit au Osgoode Hall de Toronto. Désintéressé par le droit, mais passionné pour la peinture, il participe à l'exposition de la Royal Canadian Academy en 1888 et au Spring Exhibition (Salon du Printemps) de la Montreal Art Association (ancêtre du Musée des beaux-arts de Montréal). Son talent étant remarqué par lhomme daffaires et collectionneur William Van Horne, son père se laissera convaincre de lenvoyer étudier à Paris.

Il y fréquente pendant une courte période lAcadémie Julian, mais, incompatible au milieu académique, il poursuit son éducation avec le peintre de lÉcole de Barbizon Henri Harpignies.

Morrice et le voyage

Le voyage offre aussi à Morrice un aspect pédagogique. En effet, il part avec de jeunes peintres effectuer croquis et études en province et plus tard à Venise.

Un voyage sera particulièrement important pour Morrice, soit celui des hivers 1912 et 1913 à Tanger avec Henri Matisse, qui aura une importante influence sur son style[3].

Bref, parcourant différents pays et revenant sporadiquement au Québec, « pour lui, les frontières nexistent pas. Toute sa vie il parcourt le monde, et ses œuvres en font autant »[4].

La manière de travailler de Morrice reflète bien cet état de perpétuel mouvement, en effet, il possède un studio à Paris, mais son travail se fait en partie à lextérieur il effectue esquisses et pochades quil transposera ensuite sur toile dans son atelier. Ces pochades semblent très importantes pour Morrice puisqu'au Salon d'Automne de Paris de 1905 il naurait exposé que des études[5].

Carrière et implication sociale

En plus dexposer au Salon dAutomne de Paris, au cours de sa vie, Morrice participe à plus de 140 expositions dans sept pays[6]. En 1901, James McNeill Whistler placera Morrice aux côtés de Degas, Fantin-Latour, Harpignies et Monet lors de lexposition de la Société Internationale des Sculpteurs, Peintres et Graveurs de Londres[7].

En 1904, il obtient une reconnaissance officielle du gouvernement français lors de lachat de lœuvre le Quai des Grands-Augustins pour la collection dart moderne étranger présentée dans la Galerie nationale du Jeu de Paume. De plus, au cours de sa vie, ses œuvres sont achetées par plusieurs lieux dimportance, notons le Pennsylvania Museum, la ville de Lyon, The museum of Modern Western Art de Russie, la Galerie du Luxembourg et la Tate Gallery de Londres, il sera le premier Canadien à exposer[8]. De plus, après sa mort, une exposition rétrospective lui sera accordée à Paris, un honneur rarement réservé à un étranger[9].

De plus, malgré le peu dintérêt des acheteurs et du public canadien, qui n'a d'intérêt que pour la peinture de paysage et de genre hollandais du XIXe siècle, il participe aux expositions de lArt Association et du Canadian Art Club. « Cest sûrement la fortune personnelle de Morrice qui lui a permis de participer à tant dexpositions, au Canada ou à létranger. »[10]

Très à laise financièrement, Morrice ne sera pas dépendant du système de commande et il ne lui sera pas nécessaire denseigner ou de pratiquer un métier autre que celui de peintre. La seule commande documentée date de la Première Guerre mondiale, il est envoyé au front avec la requête de peindre une murale pour le Canadian War Records, murale que lon peut observer au Musée canadien de la guerre.

James Wilson Morrice participe aussi à la culture des cafés parisiens, comme le Chat Blanc ou le Café Versailles.

De plus, il sera membre d'un grand nombre de sociétés artistiques importantes de Paris (vice-président de La Société Nationale des Beaux Arts, Société Nouvelle, vice-président du Salon dAutomne et membre de lInternational Society of Painters de Londres) et du Canada (le Royal Canadian Academy et le Canadian Art Club). En plus de la peinture, Morrice cultive un intérêt pour la musique, la littérature et la poésie. En contact avec le milieu littéraire, il aurait inspiré des personnages des œuvres littéraires des auteurs Arnold Bennett et William Somerset Maugham.

Production artistique

Le portrait

La production de Morrice comprend quelques portraits qui représentent rarement des personnes précises et ne se révèlent pas comme des études de caractère. En effet, lhumain y est plutôt traité comme un motif, ou simple sujet de composition[11]. Cette caractéristique se retrouve aussi dans les portraits du peintre américain James McNeill Whistler, un artiste qui aura une grande influence sur Morrice et pour qui « les personnages et autres objets que représente une surface peinte ne sont quun prétexte pour des arrangements harmoniques de tons »[12]. On note aussi chez les deux peintres linfluence de la peinture chinoise par la « simplicité de composition, les larges tons rapprochés [et] les dégradés subtils »[13]. Bref, laspect plastique y est plus important que le sujet représenté[14].

Le paysage

Les paysages représentent 80% de sa production. On note des affinités dans leur traitement avec ceux du peintre européen Paul Cézanne, en effet, on sent chez Morrice la « même simplification des formes, la même élimination des contingences, notamment des personnages, ainsi quune certaine similitude de composition avec les nombreuses Montagnes Sainte-Victoire »[11]. De plus, comme chez ses contemporains canadiens ayant étudié à Paris et pratiquant le paysage, cest-à-dire Maurice Cullen et Marc-Aurèle de Foy Suzor-Coté, ont sent linfluence impressionniste dans leurs paysages locaux, qui sexprime chez Morrice par lusage de la touche divisée[15].

Les thèmes traités

Ne se confinant pas à un genre, Morrice ne se confinera pas non plus à un lieu ou un thème[16]. En effet, comme les artistes du groupe des Sept ou Tom Thomson, il illustre lhiver canadien, mais ne sy limite pas. Il traite aussi bien du paysage urbain québécois que celui de Tanger ou encore celui de Paris. De plus, dans ses scènes de genre, majoritairement insérées dans un espace rural ou urbain, on retrouve des thèmes traités par dautres artistes, entre autres, celui du cirque quavaient déjà exploité Degas et Henri de Toulouse-Lautrec.

De plus, c'est en contact avec les avant-gardes européennes, qui traitent de la figure humaine nue pour elle-même, que Morrice produira du nu qui, dans la peinture canadienne d'avant le XIXe siècle, nétait utilisé que lors des études préparatoires à la réalisation dun tableau et qui sera ensuite habillé[17]. Ainsi, cest suite au contact avec des peintres comme Morrice que des artistes comme Louis Muhlstock, Alfred Pellan et Jori Smith purent traiter le « nu féminin soit comme thème principal de leur œuvre, soit comme élément secondaire de la composition »[18]. Bref, ils permirent, grâce à leur représentation de nu empreint des mouvements davant-garde européens, « quun nu puisse être un nu en tant que tel »[18].

L'influence de Matisse

Suite à leur voyage à Tanger l'influence de Matisse se dénote par la palette plus vive et lespace plus décomposé dans le travail de Morrice[19]. Par contre, contrairement à Matisse qui abandonne la perspective en faveur de la planéité et de lautosuffisance de la toile par rapport aux couleurs, Morrice affiche une certaine planéité, mais ne refuse pas entièrement la perspective[20].

Notes et références

  1. John Lyman, Morrice, Montréal, Art Global, 1983, coll. Art Vivant, p. 10-11.
  2. Guy Viau, Québec, Ministère des affaires culturelles, La peinture moderne au Canada français, Publication du Québec, 1964, p. 19.
  3. Musée des beaux-arts de Montréal et Galerie nationale du Canada, J. W. Morrice, Montréal, Musée des beaux-arts de Montréal, 1965, p.11.
  4. Nicole Cloutier, « Morrice: 1912 », Journal of Canadian Art History, vol. 10, no° 2, 1987, p. 153.
  5. Charles C.Hill, « Morrice at Montréal », RACAR, vol. 13, no° 1, 1986, p. 54.
  6. Nicole Cloutier, « Morrice, peintre canadien et international », James Wilson Morrice : 1865-1924, Montréal, Musée des beaux-arts de Montréal, 1985, p.49 et 61.
  7. Musée des beaux-arts de Montréal et Galerie nationale du Canada, op. cit., p. 10.
  8. Kathleen Daly Pepper, op. cit., p. 69.
  9. John Lyman, op. cit., p. 12.
  10. Ibid., p. 154.
  11. a et b Musée des beaux-arts de Montréal et Galerie nationale du Canada, op. cit., p. 12.
  12. John Lyman, op. cit., p. 22.
  13. Lucie Dorais, « Morrice et la figure humaine », James Wilson Morrice : 1865-1924, Montréal, Musée des beaux-arts de Montréal, 1985, p. 65.
  14. Kathleen Daly Pepper, James Wilson Morrice, Toronto, Clarke, Irving & Company Limited, p. 22-23.
  15. John Lyman, op. cit., p. 28.
  16. Kathleen Daly Pepper, op. cit., p. 73.
  17. Jacques Roussan, Le nu dans lart au Québec, Québec, M. Broquet, 1982, p. 9.
  18. a et b Ibid., p. 15.
  19. Kathleen Daly Pepper, op. cit., p. 67
  20. J. Ethier-Blais, « James Wilson Morrice », Vie des arts, vol. 18, n° 73, 1973, p. 43-44.

Voir aussi

Bibliographie

  • Buchanan, Donald W. James Wilson Morrice: A Biography, Toronto, Ryerson, 1936, 187 p.
  • Clermont, Ghislain. « James Wilson Morrice peintre du plaisir », in Vie des arts, no 121, 1985, p. 18-20.
  • Cloutier, Nicole et al. James Wilson Morris : 1862-1924, Montréal, Musée des beaux-arts de Montréal, 1985, 261 p.
  • Cloutier, Nicole. « Morrice: 1912 », in Journal of Canadian Art History, vol. 10, no°2, 1987, p. 153-160.
  • De Roussan, Jacques. Le Nu dans lart au Québec, La Prairie, Éditions Marcel Broquet, 1982, 223 p.
  • Dorais, Lucie. J.W. Morrice' ', Ottawa, Musée des Beaux-arts du Canada, 1985, 88 p.
  • Ethier-Blais, J. « James Wilson Morrice », in Vie des arts, vol. 18, no 73, 1973, p. 41-44.
  • Greening, W.E. « Nineteenth-century painting in French Canada », in Connoiseur, vol. 156, août 1964, p. 289-91.
  • Hill, Charles C. Morrice un don à la patrie, Ottawa, Musée des beaux-arts du Canada, 1992, p. 186.
  • Lyman, John. Morrice, Montréal, Art Global, 1983, 38 p.
  • Musée des beaux-arts de Montréal et Galerie nationale du Canada. J. W. Morrice, Montréal, Musée des beaux-arts de Montréal, 1965, 83 p.
  • Pepper, Kathleen Daly. James Wilson Morrice, Toronto, Clarke, Irving & Company Limited, 1966, 101 p.

Liens externes


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