- Insurrection de novembre 1830
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Insurrection de novembre
La bataille d'Ostroleka 1831. Peinture de Juliusz Kossak.Informations générales Date novembre 1830 à octobre 1831 Lieu Pologne Casus belli Annonce de la répression des révolutions française et belge Issue Russification de la Pologne Belligérants Insurgés polonais Empire russe Commandants Józef Chłopicki Nicolas Ier de Russie Batailles Stoczek — Dobra — Kałuszyn — Wawer — Nowa Wieś — Białołęka — Grochow — Kurow — Wawer — Debe Wielkie — Domanice — Iganie — Bataille de Kazimierz Dolny — Ostrołęka — Wola — modifier L’Insurrection de novembre, la guerre polono-russe 1830-1831[1] est un soulèvement national polonais contre la Russie, qui a débuté le 29 novembre 1830 et qui s’est terminé en octobre 1831.
À l'annonce, fausse, que l'armée polonaise est requise par la Russie pour réprimer les révolutions française et belge de 1830, la population de Varsovie se soulève. L'armée polonaise se joint aussitôt à l'insurrection. Mais la réaction russe à cette révolution polonaise, engageant des forces bien supérieures à la bataille d'Ostrołęka, aboutit à la prise de Varsovie, en 1831. Il s'ensuit une répression sévère ainsi qu'une russification systématique chassant de Pologne de nombreux patriotes qui trouvent bien souvent refuge en France, renforçant l'amitié franco-polonaise.
Sommaire
La conspiration
En 1828, le sous-lieutenant Piotr Wysocki devient instructeur à l’école des aspirants d'infanterie de Varsovie où il recrée la Société patriotique. Il anime un groupe clandestin qui complote contre le commandant en chef de l’armée du royaume de Pologne (ou royaume du Congrès), le grand-duc Constantin, qui est aussi le frère du tsar Nicolas Ier. Constantin était unanimement détesté, surtout pour la discipline prussienne qu’il essayait d’imposer à l’armée polonaise.
La nuit du 29 novembre 1830, Piotr Wysocki, avec 24 de ses hommes, s’empare du palais du Belvédère, le palais où résidait le grand-duc Constantin, avec l’intention d’assassiner celui-ci. L’élément déclencheur de cette attaque est la rumeur affirmant l’intention des Russes d’utiliser l’armée polonaise pour mater la Révolution de Juillet en France et la révolution belge. Le grand-duc échappe miraculeusement aux assaillants. Le groupe de Piotr Wysocki s’empare alors de l’Arsenal et le jour suivant, prend le contrôle de toute la ville avec l’aide de groupes civils armés. La conspiration militaire s’est transformée en insurrection. Le grand-duc Constantin renonce à l’affrontement et fuit Varsovie, accompagné des troupes russes et de quelques Polonais fidèles.
L’insurrection
Les loyalistes, avec les autorités civiles locales (le Conseil administratif dirigé par le prince Adam Jerzy Czartoryski), essaient sans succès de désarmer les insurgés et de trouver une issue pacifique au conflit. Sous la pression des insurgés, un gouvernement provisoire est mis en place, composé des membres du Conseil administratif auxquels s’ajoutent des éléments plus radicaux comme Joachim Lelewel. Le 5 décembre 1830, le général Józef Chłopicki, qui considère l’insurrection comme une folie et qui condamne les conspirateurs, se proclame dictateur sans cacher qu’il tenterait de rétablir l’ordre et, éventuellement, de négocier une autonomie du royaume et, peut-être, sa réunion avec les provinces lituano-ruthènes. La première démarche de Józef Chłopicki est d’envoyer un émissaire à Saint-Pétersbourg. Il espérait que le tsar relèverait le grand-duc Constantin de ses fonctions et que les autorités russes s’engageraient à respecter la constitution du royaume, ce qui désamorcerait le conflit. Józef Chłopicki perd très vite le contrôle des évènements. Le 18 décembre 1830, la diète reconnait l’insurrection comme étant nationale. Le 7 janvier 1831, l’émissaire revient de Saint-Pétersbourg avec les exigences du tsar. Celui-ci veut une soumission complète et la reconnaissance du pouvoir du grand-duc Constantin.
L’échec de la mission de paix pousse Józef Chłopicki à démissionner, le prince Michał Radziwiłł lui succède. Le pouvoir est laissé aux radicaux de la Société patriotique dirigée par Joachim Lelewel. Le 25 janvier 1831, la diète vote la déposition de Nicolas Ier, roi de Pologne, ce qui équivaut à une déclaration de guerre. Très vite, une armée russe de 115 000 hommes, commandée par Hans Karl von Diebitsch, entre en Pologne. Le 29 janvier 1831, un gouvernement national (présidé par le prince Adam Czartoryski) est mis en place.
La guerre
Les hostilités débutent en février. L’armée polonaise, complètement désorganisée et inexpérimentée, doit faire face à une puissante armée russe, plus nombreuse et mieux équipée. Bien que très motivés et dirigés par des officiers très expérimentés qui avaient participé aux guerres napoléoniennes, et malgré quelques batailles victorieuses, les Polonais sont contraints à la retraite. Le 25 février 1831 a lieu la sanglante bataille de Grochow ; le général Michał Radziwiłł, chef suprême mais incompétent, laisse l’initiative au général Józef Chłopicki. Les Polonais (40 000 hommes) repoussent les Russes (60 000 hommes), les dissuadant d’attaquer directement Varsovie. 7 000 Polonais sont tués, le général Józef Chłopicki est gravement blessé. Le 26 février 1831, le prince Michał Radziwiłł démissionne et le général Jan Skrzynecki est appelé par la diète à prendre la tête de la révolution.
Le 26 mai 1831, les Polonais, commandés par Jan Skrzynecki, sont défaits à Ostrołęka face aux Russes.
La fin d’un rêve
Le 11 août 1831, le chef suprême Jan Skrzynecki, qui n’a pu empêcher le regroupement des forces ennemies, est destitué, mais son remplaçant, Henryk Dembiński, ne contrôle plus rien. Henryk Dembiński, lié politiquement au camp conservateur, met en place une politique anti-jacobine. Il devient un ennemi des leaders radicaux du soulèvement réunis au sein de la Société patriotique. La nuit du 15 août 1831, à Varsovie, des scènes de révolution éclatent : on voulait pendre les responsables politiques de l’insurrection, Jan Skrzynecki, les espions. Le gouvernement démissionne et le prince Adam Jerzy Czartoryski doit fuir la capitale. Le 6 septembre 1831, les Russes, commandés par Paskevich, attaquent les faubourgs de Varsovie. Le 8 septembre 1831, la ville est investie par les troupes d’Ivan Paskevich. Les dirigeants politiques de l’Insurrection de Novembre et des milliers de combattants fuient la Pologne pour échapper aux représailles russes. Le comte Ivan Paskevich, qui devient le « Prince de Varsovie », est nommé gouverneur du royaume du Congrès.
Ministre des Affaires Etrangères de la France Horace Sébastiani, le 16 septembre 1831, rendant compte devant la Chambre de l'invasion de la Pologne – à qui le gouvernement refusait de prêter assistance malgré les objurgations de l'opposition – par les troupes russes, il déclara qu'« au moment où l'on écrivait, la tranquillité règnait à Varsovie », phrase que la gauche résuma par : « l'ordre règne à Varsovie » et qui, sous cette forme célèbre, est restée attachée au nom de Sébastiani[2].
Frédéric Chopin apprend avec douleur la prise de Varsovie par les Russes (8e septembre 1831), agitié de ces evénements il écrit à sa famille restée en Pologne: Dieu, Dieu. Motion de la terre, dévorent les gens de cet âge. Soit le plus dur châtiment tourmenté les Français, que nous navons pas venu pour aider.[3] Il a composé son Étude Révolutionnaire (Étude sur le bombardement de Varsovie[4]) opus 10, No. 12 et prélude op. 28 No. 2 et 24.
Les grandes batailles
- bataille de Stoczek (14 février 1831), les Polonais infligent une défaite à une brigade de cavalerie russe
- bataille de Dobra, (17 février)
- première bataille de Wawer (19 février), bataille non décisive entre Russes et Polonais
- bataille de Białołęka (24 février), victoire polonaise
- bataille de Grochów (25 février), victoire polonaise
- bataille de Kurów (3 mars), victoire polonaise
- seconde bataille de Wawer (31 mars), victoire polonaise
- bataille de Debe Wielkie (31 mars), victoire polonaise
- bataille de Domanice (9 avril)
- bataille d’Iganie (10 avril), victoire polonaise
- bataille d'Ostrołęka (26 mai 1831), défaite polonaise
- bataille de Wola (6 septembre), défaite polonaise
Voir aussi
Bibliographie
- Norman Davies, God's Playground, a History of Poland, New York, Columbia University Press, 1982, vol. 2, 725 p.
- Histoire de Pologne. Ouvrage collectif publié sous la direction de Stefan Kieniewicz. Textes de : A. Gieysztor, S. Kieniewicz, E. Rostworowski, J. Tazbir, H. Wereszycki. Varsovie, Éditions Scientifiques de Pologne P. W. N., 1972, (Index, 840 p.).
- POLOGNE - L'Insurrection de 1830-1831. Sa réception en Europe. Actes du colloque organisé les 14 et 15 mai 1981 par le Centre d'Étude de la Culture Polonaise de l'Université de Lille III. La réception européenne de l'insurrection polonaise de 1830-1831 et des débuts de la Grande Émigration. Textes réunis par Daniel Beauvois. Université de Lille III, [1982]. Travaux et recherches. Publications communes Lille-Wrocław. Diffusion Presses Universitaires de Lille.
Notes et références
- Warszawa 1993, passim. Wacław Tokarz, Wojna polsko-rosyjska 1830 i 1831,
- Voici l'intervention de Sébastiani telle qu'elle est retranscrite au Moniteur (1831, p. 1691) : « Le gouvernement a communiqué tous les renseignements qui lui étaient parvenus sur les évènements de la Pologne. Il a appris qu'une capitulation avait mis au pouvoir des Russes la ville et la place de Varsovie ; que l'armée polonaise s'était retirée dans les environs de Modlin ; que 36.000 hommes se trouvaient en Bolaquie, et qu'enfin au moment où l'on écrivait, la tranquillité règnait à Varsovie. »
- Adam Czartkowski, Zofia Jeżewska, Fryderyk Chopin, Warszawa 1975, p. 163.
- Sophie de Korwin-Piotrowska, Balzac et le monde slave: Balzac en Pologne p. 336
Liens internes
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