- Imagisme
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L'imagisme est un mouvement poétique anglo-américain du début du XXe siècle qui souhaite s'affranchir de la tradition poétique romantique et victorienne en choisissant un langage imagé, une expression précise et directe. Les « imagistes » rejetaient l'artifice typique de beaucoup de poètes romantiques de la période victorienne. Ils se situent en opposition aux poètes géorgiens beaucoup plus respectueux de la tradition. Les premières publications où apparait le nom d'« imagistes » sont publiées entre 1914 et 1917 par une grande partie des figures les plus importantes de la poésie moderniste en anglais, ainsi qu'un certain nombre d'autres figures du modernisme dans d'autres domaines différents de la poésie.
Originaire de Londres, le mouvement imagiste débute au Royaume-Uni, en Irlande et aux États-Unis. Certains des plus grands imagistes sont des femmes, ce qui était assez peu courant à l'époque. L'imagisme est le premier mouvement organisé de la littérature anglaise moderne. Selon T.S. Eliot : « Le point de repère[Note 1] habituellement considéré comme le point de départ de la poésie moderne est le groupe dénommé imagistes à Londres en 1910 »[Brooker 1].
Au moment de l'émergence de l'imagisme, Henry Longfellow et Alfred Tennyson sont considérés comme les parangons de la poésie, et le public apprécie le ton parfois moralisateur de leurs écrits. En revanche, l'imagisme est appelé à un retour à ce qui est considéré comme des valeurs plus classiques, telles que la franchise, la présentation et l'économie de langage, ainsi que la volonté d'expérimenter de nouvelles formes de poésie. L'accent mis sur la « chose » comme « chose » (tentative d'isoler une seule image pour révéler son essence) reflète aussi l'évolution contemporaine de l'art avant-gardiste, en particulier du cubisme. Bien que l'imagisme isole les objets grâce à l'utilisation de ce que Ezra Pound appelle les « détails lumineux », la méthode idéogrammatique de Pound qui juxtapose des exemples concrets pour exprimer une abstraction est similaire à la manière du cubisme de synthétiser les perspectives multiples en une seule image[Davidson 1].
Sommaire
Pré-imagisme
Les poètes britanniques de l'époque édouardienne des années 1890, comme Alfred Austin, Stephen Phillips ou William Watson, ont beaucoup travaillé dans l'ombre du poète lauréat Alfred Tennyson, produisant de pâles imitations de la poésie de l'époque victorienne. Ils ont continué à travailler de cette manière dans les premières années du XXe siècle[Grant 1]. À la mort de Tennyson, Austin était encore le poète lauréat britannique, un poste qu'il a occupé jusqu'en 1913. Dans les années 1900, la poésie avait encore un large public ; à cette époque sont publiés des recueils de poésie tels que The Dynasts de Thomas Hardy, les Poetical Works posthumes de Christina Rossetti, Poems de Ernest Dowson, Last Poems de George Meredith, Ballads of a Cheechako de Robert Service et Ballads and Poems de John Masefield. Le futur prix Nobel William Butler Yeats, très impliqué dans l'Abbey Theatre et dans l'écriture de pièces de théâtre, ne produisait que peu de poésie lyrique au cours de cette période. En 1907, le prix Nobel de littérature a été décerné à Rudyard Kipling.
Les origines de l'imagisme se trouvent dans deux poèmes, Autumn et A City Sunset de T. E. Hulme[Brooker 2]. Ils ont été publiés en janvier 1909 par le Poets' Club de Londres dans un brochure intitulée For Christmas MDCCCCVIII. Hulme était étudiant en mathématiques et en philosophie ; il a participé à la mise en place du club en 1908 et en a été le premier secrétaire. Vers la fin de l'année 1908, il a présenté son document A Lecture on Modern Poetry à une des réunions du club[McGuinness 1]. Dans le magazine The New Age d'Alfred Richard Orage, le poète et critique F. S. Flint (un spécialiste du vers libre et de la poésie française moderne) a été très critique envers le club et ses publications. Grâce au débat qui a suivi, Hulme et Flint sont devenus des amis proches. En 1909, Hulme quitte le Poets' Club et se réunit avec Flint et d'autres poètes dans un nouveau groupe qu'il nomme le Secession Club. Ils se réunissent dans le restaurant de la Tour Eiffel dans le London's Soho[Williams 1] pour discuter d'une réforme de la poésie contemporaine grâce au vers libre, au tanka, au haïku et à la suppression de tout le verbiage propre aux poèmes, jugé inutile. L'intérêt pour les formes de poésie japonaise est à placer dans un contexte de renaissance tardive de l'intérêt de l'époque victorienne et édouardienne pour les chinoiserie et le japonisme comme en témoigne la mode des années 1890 pour les estampes japonaises de William Anderson, offertes au British Museum, les spectacles de Noh à Londres, et le succès de l'opérette de Gilbert et Sullivan, The Mikado (1885). Il y a également des modèles littéraires directs tels que Hyak nin is’shiu, or, Stanzas by a Century of Poets, Being Japanese Lyrical Odes de F. V. Dickins en 1866, la première version en anglais de Hyakunin isshu, une anthologie de cent tankas du XIIIe siècle, des écrits et poèmes de Sadakichi Hartmann du début du XXe siècle, et des traductions de textes contemporains français.
Le poète américain Ezra Pound intègre le groupe en avril 1909 car il constate que leurs idées sont proches des siennes. Les études de Pound sur la littérature romantique ont particulièrement provoqué l'admiration, expression directe qu'il a détectée dans les écrits de Daniel Arnaut, Dante Alighieri et Guido Cavalcanti, entre autres. Par exemple, dans sa série d'essais datant de 1911 et 1912, I gather the limbs of Osiris, Pound écrit de la ligne de Daniel « pensar de lieis m'es repaus »[Note 2] (de la canzone En breu brizara'l temps braus) : « Vous ne pouvez pas obtenir de déclaration plus simple que cela, ou plus claires, ou moins rhétorique. »[Pound 1]. La franchise, le clarté et l'absence de rhétorique sont des critères définissant la poésie imagiste. Grâce à son amitié avec Laurence Binyon, Pound avait déjà développé un intérêt pour l'art japonais en examinant les estampes de Nishiki-e au British Museum, et il devint rapidement absorbé dans l'étude des formes de poésie japonaises[Arrowsmith 1].
Dans une lettre datant de 1928 au traducteur et critique Français René Taupin, Pound mentionne une autre influence de l'imagisme, soulignant que Hulme a été, à bien des égards, redevable à la tradition symboliste, à William Butler Yeats et Arthur Symons, en passant par la génération des poètes britanniques du Rhymers' Club et Mallarmé[Holaday 1]. En 1915, Pound publie la poésie d'un autre poète des années 1890, Lionel Johnson pour l'éditeur Elkin Mathews. Dans l'introduction, il écrit :
« No one has written purer imagism than [Johnson] has, in the line
Clear lie the fields, and fade into blue air,
It has a beauty like the Chinese[Note 3],[Ming Xie 1]. »L'imagisme
Premières publications et déclarations d'intention
Des Imagistes
Déterminé à promouvoir le travail des imagistes, et en particulier celui de Aldington et H.D., Pound publie une anthologie nommée Des Imagistes. Elle est d'abord publiée dans un petit magazine d'Alfred Kreymborg, The Glebe, puis par Alfred et Charles Boni à New York en 1914, et enfin par Harold Monro à la Poetry Bookshop à Londres en 1918. Il devient l'un des plus influent et important recueil de poésie moderniste[1]. Parmi les trente-sept poèmes contenus dans l'anthologie, dix sont d'Aldington, sept de H.D., et six de Pound. Le livre inclut également des travaux de F.S. Flint, Skipwith Cannell, Amy Lowell, William Carlos Williams, James Joyce, Ford Madox Ford, Allen Upward et John Cournos.
Les choix éditoriaux de Pound se font plus en fonction de la sympathie que les écrivains ont pour les préceptes imagistes que sur la participation en sein d'un groupe en tant que tel. Williams, qui habite aux États-Unis, n'a jamais participé à aucune discussion du groupe de la tour Eiffel. Cependant, lui et Pound corresponde depuis longtemps sur la question d'un renouvellement de la poésie, tout en gardant les mêmes lignes. Ford, lui, est inclut au moins en partie parce qu'il a une forte influence sur Pound, qui est le poète faisant sa transition depuis un style influencé par le préraphaélisme vers un style d'écriture plus fort, plus moderne. L'inclusion d'un poème de Joyce, I Hear an Army, envoyé à Pound par W.B. Yeats[2], a pris une importance plus grande dans l'histoire du modernisme littéraire, as the subsequent correspondence between the two led to the serial publication, at Pound's behest, of Portrait de l'artiste en jeune homme in The Egoist. Joyce's poem is not written in free verse, but in rhyming quatrains. However, it strongly reflects Pound's interest in poems written to be sung to music, such as those by the troubadours and Guido Cavalcanti. The book met with little popular or critical success, at least partly because it had no introduction or commentary to explain what the poets were attempting to do, and a number of copies were returned to the publisher.
Quelques poètes imagistes
Les imagistes après l'imagisme
Héritage
Annexes
Notes
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Imagism » (voir la liste des auteurs)
- En français dans le texte.
- En français : « ça me repose de penser à elle ».
« Nul n'a écrit plus pur imagisme que Johnson, à la ligne
La clarté est dans les champs, et se fond dans l'air bleu
C'est beau comme le chinois. »
En français :
Références
- (en) Jewel Spears Brooker, Mastery and Escape: T. S. Eliot and the Dialectic of Modernism, University of Massachusetts Press, 1994, 274 p. (ISBN 1-55849-040-X)
- p. 46.
- p. 48.
- (en) Michael Davidson, Ghostlier demarcations: modern poetry and the material word, University of California Press, 1997, 273 p. (ISBN 0520207394) [lire en ligne]
- p. 11 à 13.
- p. 28.
- (en) Thomas Ernest Hulme, Patrick McGuinness, Selected Writings, Fyfield Books, Carcanet Press, 1998, 232 p.
- p. XII.
- (en) Louise Blakeney Williams, Modernism and the Ideology of History: Literature, Politics, and the Past, Cambridge University Press, 2002, 265 p. (ISBN 0-5218-1499-5)
- p. 16.
- Réimprimé dans (en) Ezea Pound, William Cookson, Selected Prose: 1909–1965, New Directions Publishing., 1975, 475 p.
- p. 43.
- (en) Rupert Richard Arrowsmith, Modernism and the Museum: Asian, African, and Pacific Art and the London Avant-Garde, Oxford University Press., 2010 (ISBN 9780199593699)
- p. 103 à 128.
- (en) Ming Hsieh Ming Xie, Ezra Pound and the Appropriation of Chinese Poetry: Cathay, Translation, and Imagism, Routledge, 1999, 279 p. (ISBN 0815326238)
- pp. 80.
- (en) Woon-Ping Chin Holaday, « From Ezra Pound to Maxine Hong Kingston: Expressions of Chinese Thought in American Literature », dans MELUS, vol. 5, no 2, 1978
- p. 15 à 24.
Ouvrages complémentaires
- (en) William Pratt, The Imagist Poem, Modern Poetry in Miniature, Story Line Press, 1963, édition augmentée en 2001, 138 p. (ISBN 1-58654-009-2)
- (en) Julian Symons, Makers of the New: The Revolution in Literature, 1912–1939, Andre Deutsch, 1987, 295 p. (ISBN 0-233-98007-5)
- (en) Ezra Pound, ABC of Reading, New Directions Publishing Corporation, 1934 (ISBN 0-8112-0151-1)
Liens internes
- Mouvement littéraire
- Poésie des États-Unis
- Époque victorienne
- Époque édouardienne
- Objectivisme (littérature)
- National Poetry Foundation
- H.D.
Liens externes
- (en) Imagists.org
- (en) The 1915 issue of Some Imagist Poets
- (en) The Objectivist Timeline Project
- (en) Bibliography of Japan in English-Language Verse
- (en) J.T. Barbarese et al: "In a Station of the Metro" at Modern American Poetry
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