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Henri Germain (banquier)
Henri Germain (né le 19 février 1824 à Lyon et mort le 2 février 1905 à Cannes) est un banquier et homme politique français.
Sommaire
Biographie
Il est le père de l'écrivain André Germain (1881-1971), brièvement marié à Edmée Daudet, fille d'Alphonse Daudet. Banquier et financier de premier plan, homme politique discret mais influent, la vie d'Henri Germain se confond en grande partie avec le Crédit lyonnais (aujourd'hui LCL, filiale de CASA - Crédit Agricole S.A.), banque dont il a été l'un des fondateurs et le principal animateur de 1863 à sa mort, en 1905. Il est également l'auteur de la "doctrine Germain", doctrine d'emploi des fonds des banques selon les caractéristiques de ces fonds.
Carrière bancaire
- 1863 : Président-fondateur du Crédit lyonnais (devenu aujourd'hui LCL), sous l'impulsion de François Barthélemy Arlès-Dufour,
- 1865 : Président-fondateur de la Société foncière lyonnaise.
Carrière politique
À Cannes
- 1892 : Ouvre le boulevard de Cimiez (actuel boulevard Carnot) et est ainsi à l’origine de la fortune du quartier.
Divers
- Membre de l’Académie des sciences morales et politiques
La "doctrine Germain"
Henri Germain adopte en 1882 puis formule en 1904 "la "doctrine Germain". Il s'agit de règles de gestion adaptées aux banques de dépôts et qui supposent la distinction au sein du secteur bancaire entre banques de dépôts et banques d'affaires : il a donc joué un grand rôle dans le mouvement de spécialisation du secteur bancaire intervenu entre les années 1880 et 1914 - donc avant les lois imposant cette spécialisation adoptées en 1941 et 1945. Il remet ainsi en cause le projet de "banques universelles" qui avait été caressé lors de la fondation de la Caisse Laffitte (1837) mais surtout appliqué avec la fondation du Crédit mobilier (1852, frères Pereire), du Crédit lyonnais (1863) et de la Société générale (1864). En effet, il doit constater l'impuissance de ces banques, en dehors d'un système de soutien public, à supporter un risque de liquidité, c'est-à-dire un écart trop important entre l'échéance de leurs dettes (principalement les dépôts à vue des particuliers) et l'échéance de leurs avoirs lorsque ces derniers sont immobilisés en prêts industriels. Loin de s'opposer au placement de l'épargne dans des projets industriels et des prêts obligataires à long terme, la doctrine Germain préconise de faire des banques de dépôts de simples intermédiaires entre les industriels et les épargnants, chargés du placement des actions et des obligations émises. A ce titre, le Crédit lyonnais et les autres grandes banques de dépôts deviennent, dès 1872, des rouages indispensables des grandes opérations de placement de rentes du Trésor, d'obligations des chemins de fer ou d'Etats étrangers, d'actions d'entreprises industrielles ou commerciales (voir Jean Bouvier, Un siècle de banque française, Paris, 1973). Cette spécialisation a eu des effets ambivalents sur la croissance économique. Certains y ont lu - controverse entre Lysis et Testis, 1906-1907 - un facteur de rationnement du crédit à destination des entreprises, pesant sur la croissance. Il est difficile de mesurer cet effet, la France de l'époque ayant semble-t-il enregistré un considérable excédent d'épargne, manifesté par les achats continus d'emprunts étrangers et le gonflement des avoirs en métaux précieux. Dans ces conditions, il faudrait donc plutôt incriminer le faible dynamisme de la consommation intérieure, dans un contexte de forte propension à épargner, qui a vraisemblablement pesé sur les salaires et en particulier sur les salaires des plus modestes. En revanche, aspect très positif, cette "doctrine Germain" a contribué à stabiliser le système bancaire français, en réduisant les variations de taux et en limitant les crises et paniques bancaires générales, après le choc de 1882 (faillite de l'Union générale et krach de la place de Lyon). A contrario, la Société générale qui parmi les grandes banques de dépôts s'est pliée en dernier aux règles de prudence de la "doctrine Germain" a failli être emportée par une crise de liquidité au printemps 1914, donc avant le déclenchement des hostilités, et doit en partie sa survie, après le soutien apporté par la Banque de France, au moratoire général mis en place dès le mois d'août 1914. Ce mouvement de spécialisation bancaire entraînant les banques de dépôts vers des placements liquides se retrouve d'ailleurs en Angleterre à la même époque, avec l'émergence des "Big Five" et des effets tout aussi positifs sur la stabilité du système bancaire en général. Toutefois, la controverse entamée vers 1900 sur le rôle supposé négatif de cette prudence dans le placement des dépôts à court terme a légitimé l'intervention de l'Etat, d'abord sous la forme d'une commission parlementaire - la Commission Caillaux, 1911 - puis par des interventions directes visant à faciliter les prêts à long terme : loi de 1917 sur le Crédit populaire et les Sociétés de caution mutuelle ; création du Crédit national en 1919, etc. Pendant et après la deuxième guerre mondiale, l'Etat a imaginé au contraire de faire financer les crédits à long terme par les dépôts, en permettant le "découpage" de ces crédits en séries (on parle de "chaînes") d'effets à court terme, donc susceptibles d'entrer parmi les placements des banques de dépôts. Les conséquences inflationnistes de ce mode de financement aboutiront à partir de 1963, puis surtout des réformes Debré-Haberer de 1966-1967, à demander aux banques de dépôts de "nourrir", c'est-à-dire de financer à long terme une part croissante de ces crédits. Le résultat de cette injonction a été de rapprocher, très modérément, ces banques de dépôts du modèle de la banque universelle, ou d'atténuer la spécialisation imposée par les lois de 1941 et 1945 entre banques de dépôts et banques d'affaires. Depuis, la "doctrine Germain" s'est peu à peu effacée de la pratique des banques, en particulier avec la disparition du réescompte de la Banque de France comme instrument central de la régulation du système bancaire et monétaire, à compter de 1971, au profit d'une politique dite d'open market. Elle demeure aujourd'hui comme un rappel de ce qu'une banque, aussi puissante soit-elle, ne peut faire n'importe quoi de ses fonds, ce qu'ont peut-être oublié certains des promoteurs de la "banque à tout faire" dont on a vu la faillite retentissante en 2008 : rappelons que les grandes faillites alors intervenues concernent des établissements qui finançaient à court terme sur les marchés leurs investissements à moyen et long terme.
Publications
- La Situation financière de la France en 1886
- L’État politique de la France en 1886
Liens internes
Liens externes
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