Henri Curiel

Henri Curiel

Henri Curiel, né le 13 septembre 1914 au Caire (Égypte) - mort assassiné à Paris le 4 mai 1978, inhumé au cimetière du Père-Lachaise (division 1), était un militant communiste et anti-colonialiste. Il est le père du journaliste Alain Gresh.

Sommaire

Jeunesse

Henri Curiel est un fils de banquier et issu d'une famille juive francophone de nationalité italienne bénéficiant du régime des capitulations, installée dans le pays depuis la campagne d'Égypte du général Napoléon Bonaparte. Il prit la nationalité égyptienne lors de l'abolition des capitulations, malgré le fait qu'il ne parlait pas la langue arabe, et qu'il ne l'a d'ailleurs jamais parlée couramment.

Action politique en Égypte

En 1939, il fonde l'Union démocratique et participe à la fondation des Amitiés françaises.

En 1943 Mouvement égyptien de libération nationale, des organisations communistes qui, comme leurs rivales Iskra (Hillel Schwartz) et Libération du peuple (Marcel Israël), étaient principalement dirigées par des militants issus des minorités, en particulier des Juifs, à l'instar des autres organisations communistes dans le Machrek, le PC syrien (longtemps dirigé par le Kurde Khalid Bagdache) ou le PC irakien (à forte coloration minoritaire chiite et chrétienne).

Il fut expulsé comme communiste et privé de sa nationalité égyptienne par le régime du roi Farouk en 1950 et vécut ensuite en France jusqu'à sa mort.

Soutien aux mouvements révolutionnaires et de libération nationale

Henri Curiel se veut un communiste orthodoxe. À son arrivée en France, il prend contact avec le Parti communiste français, notamment grâce à André Marty. Mais les relations avec un parti qui ne tolère pas de déviance par rapport à ses prises de position vont rapidement se dégrader. Marty tombe rapidement en disgrâce, tandis que Curiel est peu à peu écarté jusqu'à devenir un ennemi officiel du parti. La rupture définitive intervient en 1952. Le lieutenant-colonel Gamal Abdel Nasser a pris la tête du Mouvement des officiers libres, un groupe de jeunes militaires qui renversent le roi Farouk, le 23 juillet 1952, et proclament la république un an plus tard, mettant ainsi fin au Royaume d'Égypte. Curiel qui connaît personnellement plusieurs de ces officiers et qui les a probablement aidé pour préparer l'action, approuve tout de suite le coup d'État, tandis que le parti communiste, s'alignant sur les positions soviétiques, dénonce « un coup d'État fasciste ».

En 1957, alors que le PCF vote les plein pouvoirs à Guy Mollet, Henri Curiel prend fait et cause pour les tenants d'une Algérie indépendante.

Réseaux de « porteurs de valises » pendant la guerre d'Algérie

Il rejoint alors le réseau Jeanson des porteurs de valises. Son courage et son sens de l'organisation en font un membre très efficace. Après l'arrestation de Francis Jeanson au premier trimestre 1960, il devient le principal animateur du réseau. À la même époque, il fonde le Mouvement anticolonialiste français.

Il est arrêté en 1960 et passe dix-huit mois en prison à Fresnes où il continue à former les militants du mouvement qui sont détenus au même étage que lui. Malgré l'arrêté d'expulsion pris à son encontre, la décision ne sera jamais appliquée.

Fondateur de Solidarité

Il met ensuite en place Solidarité, une organisation à la fois de formation pratique, pour tous les militants des mouvements de lutte de libération nationale de l'époque, et de soutien aux mouvements d'opposition démocratique du Tiers-Monde, tels le Congrès national africain (ou ANC) sud-africain, mais aussi de soutien aux mouvements de lutte contre les dictatures européennes (Espagne franquiste, Portugal salazariste, Grèce des colonels) et d'ailleurs (Chili de Pinochet).

Ce réseau est notamment financé par l'Algérie jusqu'à la chute de Ben Bella. Les organisations envoyant leurs militants en formation prendront ensuite le relai.

Soucieux de rembourser sa dette à l'état algérien, il cède au régime Boumédienne sa propriété familiale cairote située dans le faubourg de Zamalek dont la valeur est estimée à un milliard de francs, une somme considérable pour l'époque. Cette résidence est devenue l'ambassade d'Algérie en Êgypte[1].

Tentatives de médiation dans le conflit israélo-palestinien

Henri Curiel possède de nombreuses relations, tant en France qu'à l'étranger. Son statut d'ancien gaulliste, de juif égyptien et son action politique lui permettent de jouer un rôle d'intermédiaire. Il permet ainsi la encontre entre Abraham Serfaty (Maroc) et Ilan Halévy (membre du gouvernement de l'Autorité palestinienne).

Il obtient également le rendez-vous entre Ben Barka et de Gaulle.

Dans le conflit israélo-palestinien, il joue un rôle de médiateur entre ceux qui veulent la paix dans les deux camps. C'est ainsi qu'il permettra de nombreuses réunions discrètes entre responsables, parfois haut placés dans la hiérarchie.

Assassinat aux circonstances troubles

Henri Curiel irrite donc de nombreux responsables politiques.

Au cours de l'année 1976, le journaliste Georges Suffert avec le magazine Le Point est à l'origine d'une campagne de presse lancée contre lui[2]. L'article l'accuse d'être le chef d'un réseau de soutien au terrorisme international piloté par le KGB.

La DST assigne Curiel à résidence, mais il est rapidement relâché faute de preuves.

Le 4 mai 1978, un commando de deux hommes s'introduit dans la cour de l'immeuble dans lequel il réside rue Rollin à Paris. Henri Curiel est abattu au pied de son ascenseur.

Les commandos Delta de l'OAS d'un côté, le Groupe Charles-Martel de l'autre, revendiquent l'attentat. Mais leur responsabilité réelle est fortement remise en question par les enquêtes ultérieures. L'ancien commissaire Lucien Aimé-Blanc appuie cependant cette thèse en affirmant dans son ouvrage L'Indic et le Commissaire que Curiel aurait été la victime d'un commando associant Jean-Pierre Maïone-Libaude.

Liens externes

Bibliographie

  • Gilles Perrault, Un homme à part, Bernard Barrault, 1984 (rééd 1998)[3]
  • Michel Briganti, Affaire Curiel : vers un classement sans suite ?, J'Accuse (issn 1145-1939), n°3 (mai 1990), p. 17
  • Jacques Hassoun, La vie passionnée d'Henri Curiel, Revue d'études palestiniennes, 1998
  • Recherches Internationales, Crise et avenir de la solidarité internationale. Hommage à Henri Curiel, n° 52-53, 1998
  • Alain Gresh (fils d'Henri Curiel) et Tariq Ramadan, L'islam en question - Débat animé et présenté par Françoise Germain-Robin, Actes Sud, 2000[4]
  • Lucien Aimé-Blanc et Jean-Michel Caradec'h, L'Indic et le Commissaire, Plon, 2006, 246 pages
  • René Gallissot, Henri Curiel : le mythe mesuré à l'histoire, Riveneuve, 2009

Filmographie

  • Henri Curiel, itinéraire d'un combattant de la paix et de la liberté, réalisation : Mehdi Lallaoui.
  • Henri Curiel, un crime politique, film de Jean-Charles Deniau et Khaled Melhaa - Canal + 2008

Articles de presse

Références

  1. Catherine Simon, Algérie, les années pieds-rouges, La Découverte, 2009, 286 p. (ISBN 9782707169730), p. 192 
  2. Libération: Curiel, Giazzi, et la carte de presse
  3. Cette enquête fouillée retrace la vie d'Henri Curiel, fait le point sur les circonstances de son assassinat et cherche à cerner le personnage et ses motivations
  4. Dans ce dialogue, Alain Gresh revient notamment sur sa formation intellectuelle et sur la place qu'y a prise Henri Curiel, "l'un de ses deux pères" (p. 9)

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Henri Curiel de Wikipédia en français (auteurs)

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