La Belle et la bête (film, 1946)

La Belle et la bête (film, 1946)

La Belle et la Bête (film, 1946)

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La Belle et la Bête est un film fantastique, réalisé par Jean Cocteau, sorti sur les écrans en 1946. Jusqu'à un certain point il a été une source d'inspiration pour le dessin animé des studios Disney (1991).

Sommaire

Synopsis

À la campagne vit un marchand au bord de la faillite avec ses quatre enfants : un fils, Ludovic (Michel Auclair), et trois filles, Félicie (Mila Parély), Adélaïde (Nane Germon) et Belle (Josette Day). Deux de ces filles sont ignobles, égoïstes et ont un mauvais caractère ; elles traitent leur sœur, Belle, comme une domestique. Cocteau tire parfois le récit vers la farce, par exemple quand il fait adresser aux canards en train de caqueter un commentaire destiné aux sœurs de Belle. À ce moment là le conte de fées évoque Cendrillon.

Un jour, le père part en voyage d'affaires ; avant de s'en aller, il promet à ses filles de leur rapporter des cadeaux. Pour Félicie et Adélaïde de belles robes et pour Belle une jolie rose. En route, il s'égare dans une forêt où il trouve un château étrange ; il y remarque une rose qu'il décide de prendre pour Belle. C'est au moment où il la cueille qu'apparaît le propriétaire du château (Jean Marais), un monstre doté de pouvoirs magiques, à l'aspect mi-humain mi-animal. Le châtelain condamne le marchand à mort, à moins que ce dernier ne lui donne une de ses filles. Belle accepte de se sacrifier et s'en va vers le château. Son voyage est filmé dans un mouvement lent qui lui donne un caractère onirique. Quand elle voit la Bête elle commence par s'évanouir, mais peu à peu elle en vient à l'aimer, quand elle se rend compte que la Bête est autre chose que ce qu'un premier coup d'œil ferait croire. On se rend compte qu'elle devine l'âme pure qui se cache derrière la laideur de la Bête et la véritable bête est désormais un Prince qui veut se marier avec elle. Ce dernier possède étrangement les traits d'Avenant tandis que celui-ci, tué à cause de sa cupidité, a pris ceux de la Bête.

Dans ce film il y a deux mondes différents, d'une part la maison bourgeoise et ordinaire du marchand, et d'autre part le château enchanté de la Bête où tout est possible. C'est la forêt mystérieuse qui relie entre eux ces deux mondes. À l'intérieur du château et autour de lui, les chandeliers, les jardins et les cariatides sont vivants. Pendant le film, la bête dévoile cinq fils conducteurs qui sont des objets magiques dont certains ont été empruntés au conte de fées de Madame Leprince le Beaumont : la rose, une clé en or, un gant, une bague et le miroir. Vient enfin le cheval blanc, « le Magnifique », et à la fin ces deux mondes finissent par se réunir. La chambre de Belle se trouve dans la chambre de son père - mais aussi dans sa chambre au château. La belle est sauvée lorsque Avenant meurt sous la forme de la bête, et que les deux personae se fondent en une seule.

Cocteau a modifié la fin du conte de fées où une fée bienfaisante intervenait dans le rêve de Belle, pour récompenser les bons et punir les méchants. Il a omis la fée et terminé le film sur ces répliques :

« Vous ressemblez à quelqu'un que j'ai connu autrefois…
« Cela vous gêne-t-il ? »
« Oui….(puis avec un visage radieux) Non ! »

L'élaboration du film

Juste après la deuxième guerre mondiale, Jean Marais a proposé à Cocteau de faire un film qui se baserait sur une œuvre du XVIIIe siècle, un conte de fées de Madame Le Prince de Beaumont. Cocteau a trouvé l'idée excellente : non seulement elle coïncidait avec les rêves qu'il avait eus dans son enfance mais elle lui offrait une nouvelle possibilité cinématographique : mettre en scène des contes de fées. À première vue ce film est différent du précédent pour lequel Cocteau avait écrit le script et qu'il avait dirigé, mais les tous deux travaillent sur des mythes et créent une ambiance d'une beauté qui dérange. Dans son esprit le film reste fidèle au conte de fées, mais la mise en image est de Cocteau et de personne d'autre. Il a ouvert une voie qu'emprunteront après lui des metteurs en scène, comme Ingmar Bergman, François Truffaut et Vincente Minnelli. L'œuvre d'Alexandre Arnoux, La belle et la bête, pièce de théâtre publiée en 1913 en Belgique, aurait aussi inspiré ce film[1]. L'intrigue du film ressemble en tout cas beaucoup plus à cette pièce qu'au conte original (mise en situation de l'intrigue, l'absence de la fée, etc).

Beaucoup de règles se sont vues brisées au cours de la réalisation de ce film, la musique d'Auric rompait les effets visuels plutôt qu'elle ne les soulignait. La cinématographie d'Alekan n'est pas conventionnelle, mais précise et claire - presque comme dans un documentaire. Le film a été tourné dans la campagne française, dans un environnement qui rend crédible non seulement la maison de la Belle et de sa famille mais aussi le château de la Bête.

Dans son travail Cocteau a laissé jouer à la morale un rôle, un rôle soumis à la magie, au symbolisme, au surréalisme et à la psychanalyse. Le rôle de la Bête il l'a donné à un acteur qui était considéré alors comme l'homme plus beau du monde, Jean Marais. Celui-ci interprète un rôle triple : la Bête, le soupirant de la Belle (Avenant) et le prince. En outre, il y a aussi dans le mur des bras d'homme qui en sortent et portent des chandeliers, ainsi que des cariatides dont les yeux bougent et une fumée qui s'exhale. Cocteau a placé aussi dans le film des talismans et des jardins enchantés.

Le générique lance un clin d’œil vers l'enfance puisqu'ici le générique avec les comédiens et les autres collaborateurs s'écrit sous nos yeux à la craie sur un tableau noir.

Fiche technique

  • Titre : La Belle et la Bête
  • Réalisation : Jean Cocteau
  • Premier assistant réalisateur : René Clément (et, non crédité au générique, réalisateur de seconde équipe)
  • Tournage en 1945 près de Senlis et en Touraine
  • Scénario, Adaptation et Dialogue : Jean Cocteau
  • Adapté de la version du conte publiée en 1757 par Jeanne-Marie Leprince de Beaumont
  • Musique : Georges Auric, orchestre dirigé par Roger Desormière
  • Directeur de la photographie : Henri Alekan
  • Opérateur : Henri Tiquet, Raymond letouzey, Robert Foucard
  • Montage : Claude Ibéria ou Héria
  • Décors : Christian Bérard, Lucien Carré et René Moulaert
  • Costumes : Christian Bérard, Antonio Castillo, Marcel Escoffier, exécutés par la maison Paquin
  • Maquillage : Hagop Arakélian
  • Son : Jacques Carrère et Jacques Lebreton, assistés de H. Girbal et P. Gaboriau
  • Effets sonores : Raizenat
  • Régisseur général : Roger Rogelys
  • Photographe de plateau : Aldo Graziati
  • Script-girl : Lucille Costa
  • Producteur exécutif : André Paulvé
  • Directeur de production : Emile Darbon
  • Distribution : Distina (Société Parisienne de Distribution Cinématographique)
  • Tournage dans les studios de Saint-Maurice
  • Tirage : Laboratoires G.M Films
  • Durée : 96 minutes
  • Genre : fantastique
  • Date de sortie : 29 octobre 1946
  • Tous publics

Distribution

Autour du film

Connu pour ses caractéristiques surréalistes le film cherche à faire naître un sentiment de magie et d'ensorcellement. La technique cinématographique et les décors se réfèrent aux illustrations et aux gravures de Gustave Doré et, dans les scènes de ferme, aux tableaux de Johannes Vermeer[2]. L'utilisation des images par Cocteau a fait s'affronter les experts pour savoir si les significations cachées s'expliquaient par Jung ou par le surréalisme.

Le film dure environ 96 minutes, et il est le premier que Jean Cocteau a écrit et mis en scène depuis Le Sang d'un Poète . Cocteau montre ici combien il est difficile de séparer le rêve de la réalité.

Dans les rôles principaux, Josette Day est la Belle, Michel Auclair son frère, Ludovic, et Jean Marais interprète trois personnages dont celui de la Bête et celui du Prince. Georges Auric était le responsable de la musique, et Henri Alekan directeur de la photographie. Christian Bérard et Lucien Carré assuraient la direction artistique.

En 1995, Philip Glass a composé un opéra à partir de ce film. La version originale a été jouée sur la scène par des musiciens et des chanteurs, pendant qu'une version restaurée et sous-titrée du film était montrée derrière eux sur un écran. La Belle était la Mezzo-soprano Janice Felty.

L'apparence de la bête semble très fortement inspirée par les peintures représentant Petrus Gonsalvus, personnage du Moyen-âge souffrant d'une hyper-pilosité. Au départ, Jean Marais avait pensé à une tête de cerf, à cause de la beauté des bois ; mais Jean Cocteau pensait que les spectateurs trouveraient cela ridicule. Le chien de Jean Marais servit de modèle pour le visage de la bête.

Il fallait environ trois heures pour fixer le masque de la bête, et une heure pour chaque griffe. Les dents du monstre étaient accrochées à celles de l'acteur par de petits crochets, ce qui n'était pas très pratique pour manger. La "bête carnivore" se nourrissait donc essentiellement de nourriture en bouillie (on peut lire ces témoignages de Jean Marais dans l'autobiographie qu'il a rédigée).

Autour du tournage

Les scènes extérieures ont notamment été tournées au Château de Raray dans l'Oise et à l'Abbaye de Royaumont. La maison de la Belle est en fait le manoir de Rochecorbon, qui se situe en Touraine.

Commentaires

Des bras tiennent des torches et servent à dîner, les yeux des visages de pierre suivent des déplacements angoissés dans d’immenses pièces sombres à l’image des toiles des maîtres flamands et hollandais tels que Vermeer.

La Belle se déplace immobile dans une longue galerie où flottent des rideaux à qui le vent a donné la vie. La Bête est omniprésente et lutte contre un instinct sauvage qu’il faut maîtriser.

Le déplacement des personnages est lent et flottant. Le temps semble arrêté.

Analyse de l'œuvre

Après avoir délaissé le cinéma pendant quelques années au profit du théâtre et de la poésie, Jean Cocteau reprend la réalisation en 1943 avec L'Éternel Retour dont il a écrit « le récit et les paroles ». Il reprend dans La Belle et la Bête, en 1946, son interprète favori, Jean Marais, en une adaptation qui ne perd rien de sa mythologie personnelle. Il fait lui-même la mise en scène. Et contre toute attente, à l'heure du succès du réalisme, le film fait un triomphe. [3]

sources

  1. http://www.netprovence.com/tourisme/departement/04/digne/circuit3.htm
  2. "Nouer ensemble le style de Ver Meer et celui des illustrations de Gustave Doré dans le grand livre à couverture rouge et or des Contes de Perrault" COCTEAU Jean, La Belle et la Bête, journal d'un film, Editions du Rocher, 1958
  3. Les Films-clés du cinéma de Claude Beylie, éditions Borda (ISBN 2-04-016356-5)

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean Cocteau La Belle et la Bête, journal d'un film édition du Rocher 1958
  • Gérard Lenne, Le Cinéma fantastique et ses mythologies édition du Cerf 1970
  • L'avant-Scène cinéma, numéro spécial 188-189 La Belle et la Bête Avant Scène juillet 1973
  • Robert Hammond et Henri Alekan (photographies et commentaires d'), La belle et la bête de Jean Cocteau édition du Collectionneur 1992 (ISBN 2-909450-09-0)
    préface de Jean Marais, postface de Mila Parely
  • Dominique Marny, La Belle et la Bête, Les coulisses du tournage édition Le Pré aux Clercs 2005 (ISBN 2842282248)

Lien interne

Liens externes

Récompenses

Sources

  • (nl) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en néerlandais intitulé « La Belle et la Bête ».
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