La Belle et la Bête (film, 1946)

La Belle et la Bête (film, 1946)
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La Belle et la Bête

Réalisation Jean Cocteau
Scénario Jean Cocteau
Acteurs principaux Josette Day
Jean Marais
Sociétés de production DisCina
Pays d’origine Drapeau de France France
Genre fantastique
Sortie 1946
Durée 96 min (1 h 36)

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

La Belle et la Bête est un film fantastique, réalisé par Jean Cocteau, sorti sur les écrans en 1946.

Sommaire

Synopsis

À la campagne vit un marchand au bord de la faillite avec ses quatre enfants : un fils, Ludovic (Michel Auclair), et trois filles, Félicie (Mila Parély), Adélaïde (Nane Germon) et Belle (Josette Day). Deux de ces filles sont ignobles, égoïstes et ont un mauvais caractère ; elles traitent leur sœur, Belle, comme une domestique. Cocteau tire parfois le récit vers la farce, par exemple quand il fait adresser aux canards en train de caqueter un commentaire destiné aux sœurs de Belle. À ce moment-là le conte de fées évoque Cendrillon.

Un jour, le père part en voyage d'affaires ; avant de s'en aller, il promet à ses filles de leur rapporter des cadeaux. Pour Félicie et Adélaïde un perroquet et un singe et pour Belle une jolie rose. En route, il s'égare dans une forêt où il trouve un château étrange ; il y remarque une rose qu'il décide de prendre pour Belle. C'est au moment où il la cueille qu'apparaît le propriétaire du château (Jean Marais), un monstre doté de pouvoirs magiques, à l'aspect mi-humain mi-animal. Le châtelain condamne le marchand à mort, à moins que ce dernier ne lui donne une de ses filles. Belle accepte de se sacrifier et s'en va vers le château. Son voyage est filmé dans un mouvement lent qui lui donne un caractère onirique. Quand elle voit la Bête, elle commence par s'évanouir, mais peu à peu elle en vient à l'aimer, quand elle se rend compte que la Bête est autre chose que ce qu'un premier coup d'œil ferait croire. On se rend compte qu'elle devine l'âme pure qui se cache derrière la laideur de la Bête et la véritable bête est désormais un Prince qui veut se marier avec elle. Ce dernier possède étrangement les traits d'Avenant tandis que celui-ci, tué à cause de sa cupidité, a pris ceux de la Bête.

Dans ce film il y a deux mondes différents, d'une part la maison bourgeoise et ordinaire du marchand, et d'autre part le château enchanté de la Bête où tout est possible. C'est la forêt mystérieuse qui relie entre eux ces deux mondes. À l'intérieur du château et autour de lui, les chandeliers, les jardins et les cariatides sont vivants. Pendant le film, la bête dévoile cinq fils conducteurs qui sont des objets magiques dont certains ont été empruntés au conte de fées de Madame Leprince de Beaumont : la rose, une clé en or, un gant, le miroir et vient enfin le cheval blanc, « le Magnifique ». À la fin ces deux mondes finissent par se réunir. La chambre de Belle se trouve dans la chambre de son père - mais aussi dans sa chambre au château. La belle est sauvée lorsqu’Avenant meurt sous la forme de la bête, et que les deux personae se fondent en une seule.

Cocteau a modifié la fin du conte de fées où une fée bienfaisante intervenait dans le rêve de Belle, pour récompenser les bons et punir les méchants. Il a omis la fée et terminé le film sur ces répliques :

« Vous ressemblez à quelqu'un que j'ai connu autrefois…
« Cela vous gêne-t-il ? »
« Oui….(puis avec un visage radieux) Non ! »

Fiche technique

Distribution

Production

L'élaboration du film

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Juste après la Deuxième Guerre mondiale, Jean Marais a proposé à Jean Cocteau de faire un film qui se baserait sur deux œuvres du XVIIe siècle et XVIIIe siècle. L'une, dont le titre et la majeure partie du contenu narratif, est le conte de fées de Madame Le Prince de Beaumont, publié pour la première fois dans l'anthologie Le Magasin des Enfants, ou Dialogues entre une sage gouvernante et ses élèves, London 1757. La seconde source narrative du film est aussi un conte de fées : La Chatte Blanche de Madame Marie-Cathérine d'Aulnoy, publié quelque 60 ans auparavant, dans une des premières anthologies du genre des "Kunstmärchen" (contes littéraires) imprimées en France : Les Contes des Fées, Paris 1697-1698. De ce conte, un seul motif évocateur se trouve dans le film : les domestiques, ayant été transformés par magie, en sont réduits à leur seuls bras et mains, encore prêts à servir.

Cocteau a trouvé l'idée excellente : non seulement elle coïncidait avec les rêves qu'il avait eus dans son enfance, mais elle lui offrait une nouvelle possibilité cinématographique : mettre en scène des contes de fées. À première vue ce film est différent du précédent pour lequel Cocteau avait écrit le script et qu'il avait dirigé, mais tous les deux travaillent sur des mythes et créent une ambiance d'une beauté qui dérange. Dans son esprit le film reste fidèle à ces deux contes de fées mentionnées, mais la mise en image est de Cocteau et de personne d'autre. Il a ouvert une voie qu'emprunteront après lui des metteurs en scène, comme Ingmar Bergman, François Truffaut et Vincente Minnelli. L'œuvre d'Alexandre Arnoux, La belle et la bête, pièce de théâtre publiée en 1913 en Belgique, aurait aussi inspiré ce film[1]. L'intrigue du film étant plus proche de cette pièce que du conte original, notamment dans la mise en situation de l'intrigue, l'absence de la fée, etc.

Distribution des rôles

Dans les rôles principaux, Josette Day est la Belle, Michel Auclair son frère, Ludovic, et Jean Marais interprète trois personnages dont Avenant, la Bête et le Prince.

Le maquillage de la bête

Au départ, Jean Marais avait pensé à une tête de cerf. Il semble qu'en faisant cette proposition, il se souvenait d'un détail dans "La Chatte blanche", où le heurtoir à la porte du château magique de la Chatte Blanche/la princesse est en forme d'un pied de biche ou chevrette. Cette proposition suivait les lignes narratives de ce conte de fées, et aurait eu évoqué aussi de loin le mythe du Cernunnos, dieux celtiques des bois aux têtes de cerf ; mais Jean Cocteau pensait que les spectateurs trouveraient une telle tête ridicule pour une bête féroce et dangereuse. Moulouk, le chien de Jean Marais servit de modèle pour le visage de la bête.

Il fallait environ trois heures pour fixer le masque de la bête, et une heure pour chaque griffe. Les dents du monstre étaient accrochées à celles de l'acteur par de petits crochets, ce qui n'était pas très pratique pour manger. La "bête carnivore" se nourrissait donc essentiellement de nourriture en bouillie (on peut lire ces témoignages de Jean Marais dans l'autobiographie qu'il a rédigée).

Équipe technique

Georges Auric était le responsable de la musique, et Henri Alekan directeur de la photographie. Le décorateur Christian Bérard et Lucien Carré assuraient la direction artistique.

Lieux de tournage

Les scènes extérieures ont notamment été tournées :

Les scènes en studios ont été tournés :

La réalisation

Beaucoup de règles se sont vues brisées au cours de la réalisation de ce film, la musique d'Auric rompait les effets visuels plutôt qu'elle ne les soulignait. La cinématographie d'Alekan n'est pas conventionnelle, mais précise et claire - presque comme dans un documentaire. Le film a été tourné dans la campagne française, dans un environnement qui rend crédible non seulement la maison de la Belle et de sa famille, mais aussi le château de la Bête.

Dans son travail Cocteau a laissé jouer à la morale un rôle, un rôle soumis à la magie, au symbolisme, au surréalisme et à la psychanalyse. Le rôle de la Bête il l'a donné à un acteur qui était considéré alors comme l'homme le plus beau du monde, Jean Marais. Celui-ci interprète un rôle triple : la Bête, le soupirant de la Belle (Avenant) et le prince. En outre, il y a aussi dans le mur des bras d'homme qui en sortent et portent des chandeliers, ainsi que des cariatides dont les yeux bougent et une fumée qui s'exhale. Cocteau a placé aussi dans le film des talismans et des jardins enchantés.

Le film cherche à faire naître un sentiment de magie et d'ensorcellement. La technique cinématographique et les décors se réfèrent aux illustrations et aux gravures de Gustave Doré et, dans les scènes de ferme, aux tableaux de Johannes Vermeer[2]. L'utilisation des images par Cocteau a fait s'affronter les experts pour savoir si les significations cachées s'expliquaient par Jung ou par le surréalisme.

Le film dure environ 96 minutes, et il est le premier que Jean Cocteau a écrit et mis en scène depuis Le Sang d'un poète. Cocteau montre ici combien il est difficile de séparer le rêve de la réalité.

Le générique lance un clin d’œil vers l'enfance puisqu'ici le générique avec les comédiens et les autres collaborateurs s'écrit sous nos yeux à la craie sur un tableau noir.

Réception

Après avoir délaissé le cinéma pendant quelques années au profit du théâtre et de la poésie, Jean Cocteau reprend la réalisation en 1943 avec L'Éternel Retour dont il a écrit « le récit et les paroles ». Il reprend dans La Belle et la Bête, en 1946, son interprète favori, Jean Marais, en une adaptation qui ne perd rien de sa mythologie personnelle. Il fait lui-même la mise en scène. Et contre toute attente, à l'heure du succès du réalisme, le film fait un triomphe[3].

Récompenses

Influences et inspirations

Jusqu'à un certain point, il a été une source d'inspiration pour le dessin animé des studios Disney (1991)[réf. nécessaire].

En 1995, Philip Glass a composé un opéra à partir de ce film. La version originale a été jouée sur la scène par des musiciens et des chanteurs, pendant qu'une version restaurée et sous-titrée du film était montrée derrière eux sur un écran. La Belle était la Mezzo-soprano Janice Felty.

Notes et références

  1. http://www.netprovence.com/tourisme/departement/04/digne/circuit3.htm
  2. "Nouer ensemble le style de Ver Meer et celui des illustrations de Gustave Doré dans le grand livre à couverture rouge et or des Contes de Perrault" COCTEAU Jean, La Belle et la Bête, journal d'un film, Éditions du Rocher, 1958
  3. Les Films-clés du cinéma de Claude Beylie, éditions Borda (ISBN 2-04-016356-5)

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean Cocteau La Belle et la Bête, journal d'un film édition du Rocher 1958
  • Gérard Lenne, Le Cinéma fantastique et ses mythologies édition du Cerf 1970
  • L'avant-Scène cinéma, numéro spécial 188-189 La Belle et la Bête Avant Scène juillet 1973
  • Robert Hammond et Henri Alekan (photographies et commentaires d'), La belle et la bête de Jean Cocteau édition du Collectionneur 1992 (ISBN 2-909450-09-0)
    préface de Jean Marais, postface de Mila Parely
  • Dominique Marny, La Belle et la Bête, Les coulisses du tournage édition Le Pré aux Clercs 2005 (ISBN 2842282248)
  • Marie-Cathérine d'Aulnoy, La Chatte blanche, dans : Les Contes des Fées, Paris 1697-1698, publiée en Allemand dans : Französische Märchen, Auswahl und Einleitung von Jack Zipes, Frankfurt/Main, Verlag Zweitausendeins, Lizenausgabe des Insel-Verlages, Mainz/Leipzig 1991, S. 123-156.
  • Jeanne-Marie Le Prince de Beaumont, La Belle et la bête, dans : Le Magasin des Enfants, ou Dialogues entre une sage gouvernante et ses élèves, London 1757, publiée en Allemand dans : Französische Märchen, Auswahl und Einleitung von Jack Zipes, Frankfurt/Main, Verlag Zweitausendeins, Lizenausgabe des Insel-Verlages, Mainz/Leipzig 1991, S. 321-336.

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