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Transsexualisme

Militante transsexuelle lors de l'Existrans du 1er octobre 2005 à Paris

Le transsexualisme ou la transidentité (mots formés à partir du préfixe latin trans-, dénotant le passage) est le fait pour une personne de se sentir comme faisant parti du genre sexuel opposé. C'est un état constitutif inné/acquis qui concerne fondamentalement l'identité. Le terme « transsexualisme » est parfois préféré à celui de « transsexualité » pour cause d'une trop forte ressemblance avec des termes tels que « hétérosexualité » ou « homosexualité ». Or, le transsexualisme n'a aucune incidence sur l'orientation sexuelle d'un être humain. Toutefois, le terme transsexualisme est associé à une pathologie d'après le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (en anglais : Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders ou DSM), quatrième édition, (DSM-IV), et est donc rejeté par une certaine frange du militantisme trans'. Le terme transidentités tend alors à prévaloir.

On parle parfois aussi plus globalement de transgenre pour désigner la situation d'un individu dont l'identité sexuelle est en conflit avec celle traditionnellement attribuée aux personnes de même sexe. Mais cette utilisation du mot « transgenre » est trompeuse, car il est aussi utilisé pour désigner des personnes qui sont dans une dynamique très différente de celles des personnes transsexuelles, à savoir celle de personnes qui n'entreprennent pas (et ne veulent surtout pas entreprendre) d'opération de réattribution de sexe (personnes pouvant se qualifier de shemales).

La notion de « sexe anatomique » ne correspond pas nécessairement à la notion de sexe chromosomique. L'identité sexuelle est définie par la présence de chromosomes XX ou XY. D'éventuelles malformations peuvent apparaître indépendamment de cela au niveau des organes génitaux comme au niveau des autres organes, membres, etc.

Indépendamment de cela le sentiment d'appartenance à l'un ou l'autre sexe peut relever d'un trouble de l'identité dans sa conception psychologique ou psychiatrique. Cette notion est parfois confondue avec d'autres : hermaphrodisme, homosexualité, travestisme...

Pour être acceptée sous son genre et pour s'accepter soi-même, une personne transsexuelle peut avoir besoin de porter des vêtements du sexe auquel elle s'identifie, être opérée, que ce soit pour des modifications esthétiques (insertion de prothèses mammaires, par exemple) ou pour conduire à la reconstruction d'un nouvel appareil génital. La plupart des personnes ont également recours à des traitements hormonaux (qui sont souvent une des premières étapes de leur transformation physique). Dans tous les cas, le but premier reste le besoin impératif d'être en cohérence physique avec son identité de genre.

Les personnes dites « transsexuelles » — pour qui le fait de « restaurer » leur corps (de le mettre en conformité avec le genre auquel elles s'identifient) ne sont pas des personnes « transgenres » qui ne ressentent pas ce besoin et dont l'identité de genre est souvent beaucoup plus complexe que celle des personnes transsexuelles. Il arrive que des personnes transsexuelles commencent leur parcours d'exploration et d'acceptation d'elles-mêmes en se travestissant, mais elles n'en restent pas là. De leur côté, les personnes dites « travesties » (cross-dresser en anglais) ne sont, pour la plupart pas transsexuelles, et ont des relations souvent difficiles avec ces dernières.

L'appellation habituelle pour désigner une personne transsexuelle est celle qui respecte son identité de genre. Donc, le terme « femme transsexuelle » désigne une personne désignée masculine à la naissance et qui se sent du genre féminin ; de même un homme transsexuel se sent un homme bien qu'ayant été désigné féminin à la naissance.

Cependant, après l'opération, une immense proportion de personnes s'identifient simplement comme des hommes ou des femmes, sans plus; elles considèrent que la transsexualité fait partie de leur passé et vivent dans l'anonymat. Toutefois, certain(e)s transsexuels et transsexuelles revendiquent leur identité trans (transidentité) comme partie intégrante d'eux-mêmes.

Sommaire

Approche sociomédicale

Existrans, 1er octobre 2005

L'interprétation traditionnelle du transsexualisme ramène à une définition sociale, elle-même inspirée par une vision médicale. Les définitions depuis le début du XXe siècle n'ont cessé d'évoluer. D'une maladie mentale, nous sommes passés à une définition d'un trouble de l'identité sexuelle (mais de plus en plus de personnes récusent cette définition[1]).

Aujourd'hui les transsexuels ne sont plus définis comme des hommes ou des femmes possédant en réalité une âme féminine ou masculine, mais bien d'hommes ou de femmes existant dans un corps de femme ou d'homme[2]. Les transsexuels n'essaient pas de changer de genre, mais seulement de sexe[3].

Selon cette approche, le transsexualisme peut donc être défini comme une discordance entre l'identité de genre et l'identité de sexe ressentie d'un individu.

La catégorisation de la transsexualité comme une maladie mentale est aussi le fait des sociétés patriarcales, qui font des hommes et des femmes deux « classes » totalement séparées, dans un binarisme implacable. Ce sont ces mêmes sociétés qui font tout pour nier et faire disparaître les personnes intersexuées. Les personnes qui ont le plus ardemment défendu cette catégorisation se sont justement appuyées sur des théories fondamentalement patriarcales, comme une certaine lecture des premiers courants de la psychanalyse ou les travaux béhavioristes de John Money, dont il est d'ailleurs maintenant prouvé qu'ils sont des faux[4][5][6].

Dans l'Histoire, toutes les sociétés n'ont pas réagi de la même manière. Un certain nombre de groupes, dont les Indiens d'Amérique du Nord, ont des sociétés avec trois ou même quatre genres qui leur permettent, entre autres, d'intégrer les personnes homosexuelles, transgenres et transsexuelles. D'autre part, des formes primitives d'opération de réattribution de sexe ont été pratiquées depuis l'Antiquité. Des groupes comme les Hijra du sous-continent Indien continuent à les pratiquer.

Identité de genre

Militantes transgenres à la Gay Pride de Paris, juin 2005
Transgenre à la Gay Pride de Tokyo, août 2006

Conviction intime d'un être humain d'être de tel ou tel genre.

Selon les personnes, cette identité peut être simple (à savoir « homme » ou « femme ») ou beaucoup plus complexe (par exemple « homme et femme », « ni l'un ni l'autre », « beaucoup de l'un moins de l'autre », etc.).

Cette conviction est vécue comme une évidence. Elle n'est pas la résultante de l'éducation [réf. nécessaire] et, contrairement à ce que John Money a prétendu, elle ne peut en aucune manière être influencée par elle. Quels qu'en soient les mécanismes, il semble de plus en plus clair que cette conviction est innée et inamovible [réf. nécessaire].

Dans la quasi-totalité des cas, l'identité de genre d'une personne est en conformité avec le sexe indiqué par ses organes génitaux internes et externes. Dans 1 cas sur 2500, selon des estimations, l'identité de genre d'une personne et son sexe biologique sont en opposition si radicale que la personne a entrepris une opération de réattribution de sexe. Il semble que les personnes non prises en charge soient environ 10 fois plus nombreuses, soit environ une personne sur 250. Pour finir, les personnes transgenres semblent 10 fois plus nombreuses que les personnes transsexuelles non prises en charge, soit environ une personne sur 25[7].

Ces chiffres sont considérablement plus importants que ceux autrefois produits par l'hôpital Johns Hopkins, qui parlait d'une personne transsexuelle pour 30 000. Mais ils sont cohérents au vu des chiffres de plusieurs pays occidentaux. De plus, ils correspondent à la proportion des Hijras dans le sous-continent Indien.

Ils sont aussi à comparer avec la proportion de personnes homosexuelles (10-15% de la population) et de personnes intersexuées (environ 1.7% de la population selon Anne Fausto-Sterling[8].

Il ne faut pas non plus confondre l'identité de genre d'une personne avec le savant mélange de potentialités dites « féminines » et de potentialités dites « masculines » que l'on trouve chez chaque être humain. Ce mélange est totalement indépendant de l'identité de genre de la personne. Il existe des femmes très masculines qui ne mettront jamais en cause leur identité de femme et des hommes qui ont une très forte dimension féminine et qui, pour autant, se sentent clairement des hommes.

Identité de sexe

Mlle KAMIKAWA Aya, transgenre et conseillère municipale de Setagaya-ku à Tokyo, mars 2007

L'identité de sexe est un ensemble de caractéristiques anatomiques, physiologiques et génétiques qui font dire que telle personne est soit mâle, soit femelle, soit hermaphrodite, soit intersexuée plutôt masculine, soit intersexuée plutôt féminine (herms, merms et ferms selon la terminologie d'Anne Fausto-Sterling Cf[9].

L'existence des personnes intersexuées et des personnes transsexuelles tend à prouver qu'il existe plus de deux sexes selon la thèse de Judith Butler [réf. nécessaire] dans l'humanité et que la division de l'humanité en deux groupes totalement distincts (les hommes et les femmes) peut être remise en cause.

De leur côté, les personnes intersexuées insistent d'ailleurs de plus en plus fortement sur leur identité sexuelle propre, et c'est un des principaux chevaux de bataille de l'Organisation Internationale des Intersexués (OII)[10].

Les travaux de la biologiste et théoricienne du féminisme Anne Fausto-Sterling sont essentiels et ont grandement aidé les personnes intersexuées à sortir de l'effacement dont elles font l'objet depuis si longtemps[9][11]

Article détaillé : Troubles de l'identité sexuelle.

Redéfinition du transsexualisme

La vision patriarcale du monde imposée dans la plupart des sociétés nie l'existence des personnes intersexuées et transsexuelles. De ce fait, leur venue au monde n'est pas comprise et les familles sont complètement démunies quand ces enfants se révèlent à elles. Il est alors bien plus facile de tout nier et d'enfermer de force l'enfant dans un rôle stéréotypé, plutôt que de l'accueillir tel qu'il/elle est, de le/la rassurer sur sa valeur, sur le fait qu'il/elle n'est pas seul(e) au monde dans sa condition et de lui faire part de tous les moyens qu'il/elle aura pour s'assumer et, si besoin est, pour « restaurer » son corps.

Il est indéniable que le fait de naître avec une identité de genre en opposition radicale avec le sexe indiqué par son corps est un handicap grave, et que, trop souvent encore, ce handicap mène au suicide. Mais il est aussi indéniable que, depuis l'Antiquité, nombre de sociétés l'ont compris et ont mis en œuvre des moyens qui permettent, au moins de manière approximative, de « restaurer » le corps des personnes qui ressentent impérativement ce besoin. Ces solutions ont été découvertes tant par des sociétés qui ont un système de genre binaire, comme la société indienne, que des sociétés qui ont des systèmes de genre ternaires ou quaternaires comme les sociétés amérindiennes[12].

Rôle social et sexe biologique

Dans les sociétés bipolaires, le sexe biologique définit automatiquement l’identité de genre et donc le genre lui-même : femme-féminité, homme-masculinité. Elles ne définissent que deux sexes-genres sociaux inamovibles et complètement distincts, et homme et femme sont affirmés comme étant des entités naturelles, homogènes et mutuellement exclusives.

Tant les personnes intersexuées que les personnes transgenres et les personnes transsexuelles, qui démontrent par leur simple existence le caractère artificiel et idéologique de ce modèle, sont violemment rejetées, en particulier par les hommes qui dominent ces sociétés.

Les personnes transsexuelles, qui s'identifient clairement en tant qu'hommes ou en tant que femmes et qui ont un besoin impératif de « restaurer » leurs corps ont un peu moins de difficulté d'insertion que les personnes transgenres (qui ne veulent pas d'opération), mais cette plus grande tolérance est des plus relatives. Pour s'en convaincre, il suffit de voir les décennies qui sont nécessaires pour mettre en œuvre une prise en charge adaptée et respectueuse, et de voir aussi les difficultés que rencontrent les transsexuelles lesbiennes ou les transsexuels gays.

Tout comme les personnes intersexuées, les personnes transgenres luttent actuellement pour faire en sorte que leur propre parcours soit reconnu avec ses spécificités. Cela signifie en particulier faire reconnaître officiellement leur genre alors même qu'elles n'ont pas (et ne veulent surtout pas) bénéficier d'opération de réattribution de sexe.

Sur le plan médical, elles doivent également faire avec le fait que mélanger à long terme des bloqueurs d'hormones (que produisent leur corps) avec d'autres (associées à l'autre genre) engendre des problèmes de santé.

Les sociétés ternaires

Contrairement aux préconceptions de nombreuses personnes, le transsexualisme n'est ni récent ni un phénomène exclusif au monde occidental.

Ainsi, des identités sexuelles intermédiaires sont apparues dans de nombreuses cultures depuis la nuit des temps: Mahus à Hawaii, Acaults au Myanmar, les Faikakekines aux îles Tonga, shemale chez les anglophones, new half au Japon, Hijras en Inde, muché chez les Zapotec du Tehuantepec Juchitan, rae rae en Polynésie, fa'afafine aux Samoa, woobie en Côte d'Ivoire, femminielli en Italie, etc.

Il existe également à Oman des hommes très parfumés et maquillés nommés Xaniths qui ont le droit de partager la vie sociale des femmes, à l'instar des Hijras en Inde qui ont subi une émasculation complète, s'habillent et vivent en femmes, et sont des parts essentielles de certains rites de base de la société indienne traditionnelle.

Maintes sociétés ont ainsi inclus un sexe tiers permettant d'intégrer les personnes homosexuelles et, souvent, aussi les personnes transsexuelles, transgenres, intersexuées, androgynes, etc. Selon les groupes, la position sociale de ces genres est très variable. Nombre de sociétés amérindiennes recrutent leurs chamans dans ces groupes.

Certains chefs de guerre indiens fameux (et craints des envahisseurs blancs) étaient des personnes que nous définirions aujourd'hui comme des « FtM » (Female to Male, transsexuels de type « femme vers homme »). D'un autre côté, la caste des Hijras, bien qu'intégrée dans la société indienne, y joue un rôle mineur et correspond à un statut de personnes marginales.

Dans cette socialité ternaire, le sexe physique ne définit pas automatiquement le genre ni le rôle que prendra la personne devenue adulte. Par contre, cela n'empêche pas qu'il existe au sein de ces groupes des personnes qui ressentent un conflit irréconciliable entre leur identité de genre et leur corps, et pour qui le fait de « restaurer » leur corps est une question de vie ou de mort. De fait, depuis l'Antiquité, des sociétés ont utilisé des opérations primitives de réattribution de sexe, correspondant en gros à une émasculation complète et à rendre aussi féminine que possible la zone uro-génitale. Bien qu'elles étaient pratiquées sans asepsie, avec au mieux des produits naturels pour soulager la douleur et avec des risques post-opératoires non négligeables, ces opérations ont été pratiquées depuis l'Antiquité et elles le sont toujours de nos jours, par exemple au sein de la caste des Hijras.

La grande différence aujourd'hui, est que ces groupes ne comprennent que des traitements modernes, comme les traitements hormonaux, leurs permettent de « restaurer » encore mieux leurs corps et ils font tout pour se les approprier.

Dans tous les cas, le but premier est « la volonté d’être en cohérence physique avec son identité de genre » et ce, quel que soit le mode (binaire, ternaire ou plus).

Développement et sexualité

Il est très probable que l'identité de genre d'une personne soit un caractère inné. C'est en tout cas ce que nous indiquent les personnes intersexuées qui sont trop souvent opérées alors qu'elles viennent de naître et qui résistent farouchement à l'attribution arbitraire d'un genre qu'elles n'ont pas choisi ([3], [4]). D'autres travaux de neuroanatomie, qui demandent certes à être encore développés, nous donnent aussi des signes très forts qu'il en va de même avec les personnes transsexuelles[13][14].

Ceci signifie que, contrairement à la vision stigmatisante et pathologisante de la transsexualité que s'acharnent à donner de nombreux psychanalystes et behavioristes, une transsexuelle est bien une femme avec un problème physique et un transsexuel un homme avec un problème physique. Et cela confirme ce que tout un chacun peut observer en voyant une personne réussir sa transition et trouver sa place dans la société, à savoir qu'une personne transsexuelle qui s'assume est simplement fidèle à elle-même et que le fait qu'elle cesse de porter un masque pour satisfaire les autres lui permet de mener une vie féconde et souvent de trouver le bonheur.

Le développement affectif et social d’une identité ne peut être stoppé net sans une grave atteinte à l’intégrité psychique de l’enfant. Dès l'enfance, mais encore plus au cours de l’adolescence, un refoulement massif a lieu et une dépression relationnelle est installée depuis le début de la puberté ; cette dépression s’aggrave avec le temps.

La levée du refoulement intervient au cours de la vie adulte en général. Toutefois, avec l’information, la levée intervient plus tôt dans la vie et les stigmates sont moindres. Le trajet de transformation, s’il a lieu, est moins ardu.

On recense aujourd'hui un nombre croissant de cas de personnes qui peuvent réaliser avec succès leur transition durant leur adolescence et qui, de ce fait, abordent la vie adulte avec tout ce qu'elle implique en même temps que les autres[15]. Il reste à espérer que ce qui relève aujourd'hui de l'exception devienne banal demain.

L’identité de genre est indépendante de l’orientation sexuelle. Le groupe social des trans regroupe toutes les sexualités. Dans la mesure où la sexualité a une profonde implication dans l'architecture de l'identité sexuée, pour un(e) transsexuelle post-opération, le fait d'être une femme hétérosexuelle et d'être pénétrée par son vagin change sa sexualité car l'épanouissement est au rendez-vous. Idem d'un homme transsexuel hétéro et plus largement des transsexuels homosexuels et bisexuels. Le facteur le plus important est l'équilibre individuel et relationnel, la capacité d'entrer en relation avec l'autre, d'être aimé comme la femme ou l'homme qu'on est vraiment et pas selon le masque qu'on a été forcé(e) de porter pendant des décennies.

Le transsexualisme relève aussi de la sexualité et l’épanouissement sexuel des personnes transsexuelles opérées et des personnes transgenres est réel. Il dépend de la capacité de la personne à s'assumer, à trouver (ou créer) sa place dans la société, de sa capacité à trouver le ou la partenaire avec qui il sera possible de nouer une relation amoureuse, intime, profonde, durable. La qualité du résultat de l'opération joue, bien sûr, un rôle dans sa capacité à ressentir des orgasmes.

Lieux communs et préjugés courants

Les personnes transsexuelles sont victimes de nombreux préjugés tels que :

Les personnes transsexuelles sont des homosexuel(le)s qui refusent leur orientation sexuelle.

Ce préjugé, encore assez courant, est le fait de personnes[Qui ?] qui n'arrivent pas à distinguer genre et sexe. Elles[Qui ?] n'arrivent pas à comprendre que, par exemple, deux hommes gays attirés l'un par l'autre s'identifient bien comme des hommes et sont attirés par l'autre en particulier parce que l'autre est un homme. Et les deux vont interagir en homme dans la relation. Pour de telles personnes, une intervention de réattribution de sexe a toutes les chances de se révéler catastrophique et les personnes homosexuelles, bien au clair sur leur identité, n'en voudront jamais.

Il en va tout autrement avec des personnes transsexuelles. Une femme transsexuelle se situe en femme et a besoin d'entrer en relation en tant que femme, de pouvoir s'investir affectivement en tant que femme et de pouvoir vivre une relation sexuelle en tant que femme (quelle que soit son orientation sexuelle, d'ailleurs). Il en va de même pour un homme transsexuel. Les deux conditions sont donc bien distinctes.

Là où il arrive qu'elles interagissent, c'est en début ou en fin de parcours. Au début, il arrive que des personnes ne puissent pas mettre tout de suite le mot « transsexualité » sur ce qu'elles vivent et qu'elles commencent par vivre en tant que personnes homosexuelles, pour se rendre compte que ça n'est pas vraiment cela qu'elles vivent et pour alors comprendre que, contrairement aux personnes homosexuelles, il est question d'abord de leur identité sexuelle, de qui elles sont, et pas de qui elles aiment. En fin de parcours, il arrive aussi que des personnes transsexuelles se découvrent en plus homosexuelles (et se définissent alors comme des femmes lesbiennes ou comme hommes gays).

Les personnes transsexuelles sont condamnées à vivre une vie marginale et à vivre de la prostitution.

Ce genre de propos est encore opposé bien trop souvent à toute personne qui envisage une transition et à ses proches. Mais, avec l'arrivée d'Internet, certaines ont pris le risque de publier leur témoignage sur le web. C'est ainsi que, parmi d'autres, le site de Lynn Conway contient des pages de témoignages de femmes ayant réussi leur transition[16] ainsi que d'autres consacrées aux hommes (FtM)[17].

Ces témoignages de personnes de nombreux pays et de nombreuses origines sociales peuvent rassurer les personnes qui envisagent leur transition ainsi que leurs proches et leur permettre de comprendre que, même si une transition est une entreprise très délicate, il est tout à fait possible de la réussir et de vivre pleinement sa vie.

Les personnes transsexuelles renoncent à toute forme de plaisir sexuel.

Ce préjugé est répandu, y compris parmi les psychiatres et autres intervenants censés prendre en charge, aider et accompagner les personnes transsexuelles. Dès la création des premières vaginoplasties modernes par le Dr. Georges Burou au milieu des années 1950, il a eu le souci de préserver la capacité de plaisir sexuel et même d'orgasme des personnes. Il a de ce fait créé un protocole qui conserve les nerfs et une partie du tissu érectile qui sont placés dans le corps, entre autres pour reconstituer un clitoris.

Cela fait maintenant 50 ans que ce protocole a été perfectionné, et le moins que l'on puisse dire est que, tant qu'il est pratiqué par un des chirurgiens de premier plan, la personne a toutes les chances de pouvoir vivre une vie sexuelle pleine et épanouie après son opération. Il lui faudra certes prendre le temps de redécouvrir son corps, mais elle pourra alors vraiment en jouir, faisant naître un net tournant par rapport à ce qu'elle aura vécu avant sa transition. Les phalloplasties sont moins perfectionnées sur ce point, mais elles sont en progrès rapide et elles devraient bientôt devenir aussi raffinées que les vaginoplasties[réf. nécessaire].

Culture et législation

Culture

Un certain nombre de personnalités furent transsexuelles, comme par exemple la chanteuse Dana International qui se fit connaître grâce à sa chanson Diva et remporta le prix de l'Eurovision le 9 mai 1998 en représentant Israël. Renée Richards, homme à la naissance et célèbre joueuse de tennis, fut l'héroïne d'un film autobiographique intitulé Le choix. L'anecdote la plus spectaculaire fut le cas du jazzman Billy Tipton: on découvrit à sa mort que c'était une femme à sa naissance ; sa famille refuse qu'on le considère comme autre chose qu'un homme.

Une autre personne vaut particulièrement la peine d'être nommée : il s'agit de Lynn Conway[18]]. C'est une des dernières patientes du Dr Harry Benjamin. Elle a réalisé sa transition dans les années 60, à une époque où cela lui a valu de perdre sa place dans le centre de recherche où elle travaillait. Cela ne l'a cependant pas empêchée de recommencer une carrière à zéro et de révolutionner son domaine professionnel une seconde fois. Rattrapée par les historiens, elle a construit un des sites les plus importants au monde sur le sujet de la transsexualité.

Le premier ouvrage clinique traitant des personnes transsexuelles fut The transsexual Phenomenon, paru en 1966. Son auteur fut Harry Benjamin, influencé par le sexologue allemand Magnus Hirschfeld qui est considéré comme le pionnier en matière de transsexualisme. Cet ouvrage, maintenant disponible online ([5]) a été publié trois ans avant les émeutes de Stonewall, autrement dit à une époque où les personnes transsexuelles étaient non seulement stigmatisées et exclues de la société mais où elles étaient rejetées avec une violence extrême. On trouve une description des publications scientifiques de cette époque (au sujet de la transsexualité) dans Gender Loving Care de Randi Ettner. Elle donne une petite idée de l'hostilité à laquelle les personnes transsexuelles faisaient face.

Cet ouvrage décrivait l'expérience du Dr Benjamin dans l'accompagnement de personnes transsexuelles, activité qu'il avait commencé en 1948. The Transsexual phenomenon était d'abord un ouvrage clinique destiné à ses collègues mais vu l'absence de toute littérature dans le domaine, il a eu un impact indéniable dans le grand public et en particulier auprès des personnes transsexuelles elles-mêmes. Il faut aussi remarquer qu'il a été publié 30 ans avant la prochaine vague de publication (Mildred Brown, Randi Ettner & Gianna E. Israel). C'est dire à quel point Harry Benjamin fit œuvre de pionnier.

Parmi les ouvrages les plus intéressants sur le sujet, on trouve :

  • Karine Espineira, La transidentité, De l'espace médiatique à l'espace public, collection Champs visuels, ISBN : 978-2-296-06097-5 • septembre 2008 • 196 pages. (lien Amazon)
  • Maxime Fœrster, Histoire des transsexuels en France H&O, (octobre 2006).
  • Alexandra Augst-Merelle et Stéphanie Nicot, Changer de sexe, identités transsexuelles Éditions Le Cavalier Bleu, ISBN : 2846701423 (septembre 2006) (lien Amazon)
  • Mildred L. Brown & Chloe Ann Rounsley, True Selves : Understanding Transsexualism--For Families, Friends, Coworkers, and Helping Professionals, Jossey-Bass (publié de nouveau en 2003)
  • Randi Ettner, Confessions of a gender defender: A Psychologist's Reflections on Life Among the Transgendered, Chicago Spectrum Press (1996).
  • Randi Ettner, Gender loving care: A Guide to Counseling Gender-Variant Clients, W. W. Norton & Company (1999).
  • Gianna E. Israel et al., Transgender Care: Recommended Guidelines, Practical Information, and Personal Accounts, Temple University Press (1er janvier 1998), ISBN : 1566398525
  • Arlene Istar Lev, Transgender Emergence: Therapeutic Guidelines for Working With Gender-Variant People and Their Families, Haworth Press (avril 2004) ISBN : 078902117X
  • Patrick Verret, "Changer de sexe pour vivre enfin!" Éditions Vivre Enfin inc. (2005)

En 2006, près de 50 ans après les premières interventions du Dr. Georges Burou, les seuls ouvrages valables en langue française sont des témoignages comme celui d'Andrea Colliaux. Il n'existe rien d'équivalent aux ouvrages de Mildred Brown et de Randi Ettner. Quelques auteurs ont étalé leurs préjugés, leur haine, leur incompréhension sur des centaines de pages. Il faudra probablement attendre que des personnes transsexuelles actives dans la relation d'aide publient d'autres ouvrages pour que nous ayons enfin des textes psychologiques de qualité sur ce sujet.

Un marché exploitant le transsexualisme existe par ailleurs dans le secteur de la pornographie.

Argot

Les termes trans et surtout travelo - ce dernier confondant travestis et transsexuelles; en les stigmatisant, le plus souvent par ignorance et par bêtise ; au regard des connaissances actuelles en génétique moléculaire - sont des expressions argotiques parfois utilisées pour désigner les personnes transsexuelles.

Le terme Shemale -contraction de she (elle) et male (homme) et dérivation du terme female (femme) - est parfois employé en langue anglaise, essentiellement pour désigner une personne de sexe masculin ayant suivi un traitement hormonal entraînant une transformation de certains caractères sexuels secondaires comme le développement des seins et la perte sensible de la pilosité, mais n'ayant pas subi d'opération chirurgicale visant à transformer son appareil génital. L'expression, popularisée dans l'argot anglo-saxon et importée dans le français québécois, est cependant peu usitée au sein du milieu transgenre anglophone, et se voit surtout employée dans le jargon du porno hard.

Législation

Le transsexualisme a toujours existé mais les solutions chirurgicales et hormonales n'existaient pas jusqu'au vingtième siècle où la question de la légalité de ces solutions médicales s'est posée.

  • Belgique : Un texte de loi a été validé sur le sujet, facilitant le changement de sexe sur la carte d'identité. Cependant il est contesté[19] en de nombreux points notamment en ce qui concerne la procréation où il est dit que « l’intéressé n’est plus en mesure de concevoir des enfants conformément à son sexe précédent » (Chapitre 2 Art. 62bis § 2 point 3). (Contenu sur Le Sénat de Belgique)

En France

Il n'existe pas de lois, en France, concernant les transsexuel(le)s par crainte d'un effet inflationniste des demandes de changements de sexe. Tout le pouvoir est donc octroyé au corps médical. Ainsi, le sénateur Henri Caillavet avait présenté deux projets de loi en 1981 et 1982 qui furent tous deux rejetés. Il fut préféré un article particulier concernant la question transsexuelle dans le Code de Déontologie de l'Ordre des Médecins (l'article 41).

Les transsexuel(le)s eux(elles)-mêmes ne sont pas d'accord entre eux sur la pertinence de l'élaboration d'une loi, certains craignant en effet la mise en place d'une loi restrictive et abusive. Par suite, le changement d'état civil est actuellement en France une procédure uniquement basée sur la jurisprudence, laquelle est constante depuis le fameux cas de Coccinelle dans les années 60.

Pour aboutir à cela, le/la transsexuel(le) doit nécessairement avoir subi une ablation de ses attributs sexuels natifs et la création d'organes artificiels. Il/Elle doit ensuite passer devant un tribunal pour demander la modification de la mention du sexe sur son état civil, modification admise en droit français depuis un arrêt du Conseil d'État de 1992. Le changement de prénom est directement lié au changement de sexe juridique. Le droit français ne pose aucune incompatibilité quant au mariage des transsexuels si leur sexe, après la modification, est différent de celui du conjoint.

Cependant, une vie totalement normale ne sera pas si facile à obtenir pour eux, bien qu'il/elles soient protégé(e)s dans une certaine mesure, par exemple par la résolution du Parlement Européen votée en 1989 « sur les discriminations dont sont victimes les transsexuels ».

Les transsexuel(le)s sont des personnes en permanente lutte. Malheureusement, ils/elles sont confrontés sans cesse à des inégalités de tous les jours qui peuvent aboutir à les marginaliser.

Situation en Suisse

La situation en Suisse est réglée par la jurisprudence, dont deux jugements du Tribunal Fédéral (la Cour Suprême suisse) qui règlent les modalités de remboursement de l'opération.

Le premier de ces jugements date du 26 juin 1975[20], et l'autre jugement date du début des années 80. Peggy Guex (Diana Santiago) est la première transsexuelle de nationalité suisse à obtenir gain de cause en 1974 pour son changement d’état civil qu’elle obtint à 29 ans après une procédure de trois ans[21].

Concernant la Suisse, les opérations de réattribution de sexe sont remboursées au titre de l'assurance maladie de base pour autant que les conditions suivantes soient remplies :

  • L'opération est autorisée par un médecin psychiatre ;
  • Elle est effectuée en hôpital public ;
  • La personne a 25 ans révolus ;
  • Elle a été suivie pendant au moins deux ans avant l'opération.

Les assurances maladies refusent de plus en plus tout remboursement d'opérations en dehors des hôpitaux public. Une équipe dirigée par le Prof. Giovanolli exerce à Zürich à l'UniversitätsSpital et un autre chirurgien, le Dr. Daverio, n'exerce qu'en clinique privée à Lausanne. L'Hôpital Cantonal de Genève va créer une cellule de traitement. Et diverses cliniques privées, comme la clinique Vert-Pré à Conches près de Genève sont prêtes à accepter de nouveaux patients.

Les personnes qui ont la chance d'avoir le soutien de leur parents et qui peuvent faire une transition précoce sont condamnées à devoir payer tous les frais elles-mêmes vu l'âge minimal imposé.

Comme il est de plus en plus difficile de trouver un psychiatre prêt à accompagner une personne transsexuelle, le système tourne en rond. De ce fait, un nombre croissant de personnes recourent aux chirurgiens thaïlandais (dont certains sont de tout premier plan).

La prise en charge d'une transition « rapide » est des plus problématiques vu ce système.

Les traitements « annexes » (épilation électrique, traitement hormonal, logothérapie, etc.) sont pris en charge par l'assurance maladie de base.

Le changement d'identité intervient nécessairement après l'opération et il nécessite impérativement les documents du chirurgien. C'est une requête en rectification d'État Civil sans partie adverse. Elle est examinée par le Ministère Public qui peut choisir de la soutenir ou de s'y opposer. Dans certains cantons elle implique également une publication de cette demande dans la feuille des avis officiels. Le jugement est également publié. Quand tout se passe bien, le greffe entérine et notifie le jugement en une à deux semaines. Mais si le tribunal est chargé, le jugement peut être attendu six mois.

D'autre part, certains tribunaux sont plus restrictifs que d'autres et demandent des éléments qui soulignent que la personne est bien intégrée (ce que cela veut dire est laissé à la libre appréciation de la Cour). D'autres se contentent des documents médicaux.

Mais cela signifie que les personnes transgenres ne peuvent pas faire mettre à jour leurs documents.

Un autre problème concerne les personnes mariées. L'office fédéral de l'État Civil interdit aux offices cantonaux et communaux d'enregistrer le jugement de changement d'identité pour une personne qui est mariée. Ce conflit se terminera certainement à la Cour Européenne des Droits Humains.

Filmographies

Transsexuel(le)s, hermaphrodites et transgenres célèbres

(Liste déplacée dans l'article Transgenre)

Voir aussi

Liens

Liens internes

Références

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  2. Jane Hervé, Jeanne Lagier ; Les transsexuel(le)s, 1992
  3. Stoller, L'Identification, 1978.
  4. LynnConway
  5. Surgical Treatment of Infants with Ambiguous Genitalia:
  6. Script error</head>
  7. Estimating the Prevalence of Transsexualism
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  9. a  et b afspdftest
  10. [1])
  11. afsarticle2
  12. Vaginoplasty: Male to Female Sex Reassignment Surgery (SRS) Link
  13. Symposion Publishing Verlag - Titelseite
  14. Male-to-Female Transsexuals Have Female Neuron Numbers in a Limbic Nucleus - Kruijver et al. 85 (5): 2034 - Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism
  15. Maman, j'ai besoin d'être une fille - INTRODUCTION
  16. Témoignage de femmes transsexuelles ayant réussi leur transition: Liens et Photos; Par Lynn Conway
  17. Successful TransMen - Photos and links to webpages of transsexual (FtM) men
  18. ([2]
  19. Site de l'association Trans-Action
  20. Un vaudois change de sexe, article publié dans le journal La Tribune-Le Matin par Jean-Louis Bernier 1974 journaliste dans les quotidiens du groupe Edipresse
  21. Extrait du jugement

Liens externes

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