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Guillaume de Champeaux
Guillaume de Champeaux (En latin : Guillelmus de Campellis ou Campellensis) né à Champeaux vers 1070 et mort le 18 janvier 1121 à Châlons-en-Champagne[1], fut professeur à Paris, puis comte-évêque de Châlons (en Champagne) de 1113 à 1121.
Il était un philosophe et un théologien français qui prit parti pour le réalisme dans la Querelle des universaux. Il a été le maître de Pierre Abélard, contre qui il s'opposa jusqu'à lui interdire d'enseigner à Paris.
Sommaire
Biographie
Guillaume naquit à Champeaux près de Melun. Après avoir étudié avec Anselme de Laon, Manegold et Roscellinus, il enseigna la rhétorique, la dialectique et la théologie à l'école de la cathédrale Notre-Dame de Paris dès 1098 et dont il fut fait chanoine à partir de 1103. Parmi ses élèves figurait Pierre Abélard, auquel il s'opposa par la suite ; Abélard contestant le réalisme professé par Guillaume.
En 1107, il participa au Concile de Troyes, présidé par Pascal II
En 1108 Guillaume se retirât de l'enseignement universitaire avec Gilduin, Godefroi, Robert, Gontier, Thomas et plusieurs autres disciples dans une cella ancienne et abandonnée, située près d'une chapelle dédiée à saint Victor, qui deviendra l'Abbaye Saint-Victor de Paris. Mais il reprit bientôt ses conférences, poussés par ses anciens étudiants et l'évèque Hildebert du Mans.
Il fut sacré évêque de Châlons-en-Champagne entre le 22 juin et le 13 juillet 1113, lors du séjour de Louis VI, son protecteur, dans cette ville[2], confiant à son plus cher disciple, Gilduin, l'administration de l'abbaye.
En 1115, Étienne Harding, abbé de Citeaux, avait envoyé Bernard de Fontaine à la tête d'un groupe de moines pour fonder une nouvelle maison cistercienne dans une clairière isolée à une quinzaine de kilomètres de Bar-sur-Aube, le Val d'Absinthe[3], sur une terre donnée par le comte Hugues de Champagne. La fondation fut appelée « claire vallée » (clara vallis), qui devient ensuite « Clairvaux ». Bernard est élu abbé de cette nouvelle abbaye, et confirmé par l'évêque de Châlons Guillaume de Champeaux. Le 15 août 1115, il ordonna prêtre le futur saint Bernard, ce dernier restant trois mois à Châlons en Champagne auprès de lui. Il montra d'abord de la sympathie pour les cisterciens, mais il considéra bientôt comme un excès de zèle et d'austérité les pratiques de Bernard, lui préférant ensuite les clunisiens.
Comme évêque de Châlons, Guillaume de Champeaux passe à la postérité comme rédacteur de la grande charte champenoise : par cette charte, il confirma les possessions agricoles et vinicoles de l'abbaye Saint-Pierre-aux-Monts, à Châlons. Cette abbaye eut désormais les mains libres pour planter et cultiver la vigne dans différents lieux de la Champagne. C'est ainsi que le vignoble champenois se développa et prospéra. Cette « grande charte champenoise » est considérée comme l'acte fondateur du vignoble de Champagne.
Il prit part à la dispute concernant les investitures comme partisan du Pape Calixte II (1119-1124), qu'il représenta plusieurs fois, par exemple en tant que légat à la conférence de Mouzon (Ardennes), où il joua un rôle important comme intermédiaire entre la papauté et Henri V (1119).
Il est inhumé dans sa cathédrale de Châlons.
Sa pensée
Ses seuls travaux imprimés qui ont été conservés sont un fragment sur l'Eucharistie (inséré par Mabillon dans son édition des travaux de saint Bernard) ainsi que Moralia a brevi ala et De Origine Animae[4]. Dans ces derniers, il soutient que les enfants qui meurent non baptisés sont obligatoirement damnés, l'âme pure étant souillée par la grossièreté du corps et il affirme que la volonté de Dieu ne doit pas être mise en question. Il soutient la théorie du créationnisme (selon laquelle une âme est spécialement créée pour chaque être humain).
Ravaisson-Mollien a découvert un certain nombre de fragments de lui, parmi lequel le plus important est De Essentia Dei et de Substantia Dei; un Liber Sententiarum, composé de discussions sur l'éthique et sur l'interprétation de la Bible lui a aussi été attribué.
On le considère comme le fondateur du réalisme radical, une philosophie qui soutenait que les Universaux existent indépendamment aussi bien de l'esprit humain que des objets particuliers (une philosophie qui découlait du réalisme platonicien). Contre Abélard, il concluait que les hommes ont tous la même essence, mais elle subit des modifications accidentelles.
Il fut l'un des acteurs majeurs de la fameuse querelle des universaux qui vit l'opposition entre entre ceux qui comme Roscelin affirmait que les universaux sont avant tout des abstractions, qui n'ont d'existence que dans l'esprit de celui qui les forme et au moyen des noms dont on les désigne. De son côté, Abélard cherchait une position médiane, plus nuancée : le conceptualisme, résultant de l'impossibilité d'attribuer un statut réel à l'universel pensé. Selon Abélard, le réalisme aboutit à des contradictions : comment une essence humaine peut-elle se trouver tout entière chez Paul ou chez Pierre ? Chaque être est singulier et irréductible. Seul l'individu existe réellement et substantiellement.
Œuvres
Il ne subsiste que quelques fragments très insuffisant pour connaître la doctrine de son auteur, mais des découvertes récentes améliorent le détail de son enseignement.
- De origine animaæ
- De eucharistia
- De natura et origine placita
- Sententiæ Une synthèse systématique de la doctrine sur la base des affirmation des Pères de l'Église.
- Sur l'essence de Dieu
- Ouvrages présumés
- Résumé sur les Moralia in Job de Grégoire le Grand (Ms. Troyes) [5]
- Commentaires sur De Inventione et Ad Herennium de Cicéron [6]
annexes
Bibliographie & sources
- (en) « Guillaume de Champeaux », dans Encyclopædia Britannica, 1911 [détail de l’édition] [lire en ligne]
- Jean Jolivet, Données sur Guillaume de Champeaux dialecticien et théologien, in L'abbaye parisienne de Saint-Victor au Moyen Âge, Paris-Tunrhout, Brépols, 1991, p. 235-251.
- O. Lottin, L'école d'Anselme de Laon et Guillaume de Champeaux, in Psychologie et morale au XIIe siècle, t. 5, Louvain, 1959.
- Lefèvre, Les variations de Guillaume de Champeaux, etc., Lille, 1898
- Abbé Eugène Michaud, G. de Champeaux et les ecoles de Paris au XIIe Siecle, ed. Didier et cie, Paris, 1867
Articles connexes
Liens externes
Notes et références
- ↑ Il est inhumé dans la cathédrale, Des Châlonnais célèbres, illustres et mémorables par Jean-Paul Barbier, 2000
- ↑ Jean-Pierre Ravaux, "Les évêques de Châlons-sur-Marne des origines à 1789", dans Mémoires de la SACSAM, tome XCVIII, 1983, p. 81-82.
- ↑ Jean Waquet, Jean-Marc Roger, Laurent Veyssière Recueil des chartes de l'abbaye de Clairvaux au XII siècle, 2003, p. 17
- ↑ E. Martnes Thesaurus novus Anecdotorum, 1717, vol. 5
- ↑ R. Wassellynk, L'influence des Moralia de Grégoire le Grand, Lille, 1959.
- ↑ K.M. Fredeborg, The commentaries on Cicero's De inventione and Rethorica ad Herennium by William of Champeaux, in Cahiers de l'Institut du Moyen Âge grec et latin, Copenhague, XVII, 1976, p. 1-39.
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