Gratte-ciel (Villeurbanne)

Gratte-ciel (Villeurbanne)
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Les Gratte-ciel
Tour Ouest
Tour Ouest
Administration
Pays France
Région Rhône-Alpes
Département Rhône
Ville Villeurbanne
Sociologie
Fonctions urbaines Centre-ville
Transport
Métro Ligne A
Géographie
Coordonnées 45° 46′ 05″ N 4° 52′ 46″ E / 45.7679271, 4.879474645° 46′ 05″ Nord
       4° 52′ 46″ Est
/ 45.7679271, 4.8794746
  

Géolocalisation sur la carte : Grand Lyon

(Voir situation sur carte : Grand Lyon)
Gratte-ciel (Villeurbanne)

Les gratte-ciel de Villeurbanne sont un ensemble architectural situé dans la commune de Villeurbanne (limitrophe de Lyon), construit de 1927 à 1931. Il représente un cas d’espèce en tant que gratte-ciel à usage d’habitat social et de cité ouvrière constitutive d’un nouveau centre-ville. Les gratte-ciel à gradins, modernistes, sont inspirés par diverses influences, européennes et nord-américaine[1],[2].

Lyon tcl logo-metro.svg
Ce site est desservi par la station de métro : Gratte-Ciel.
Le Répit de l’agriculteur, œuvre de Jules Pendariès.
L’hôtel de Ville de Villeurbanne fait partie de l’ensemble des gratte-ciel
Le Répit et la perspective des Gratte-ciel.

Sommaire

Histoire

L’histoire de Lyon, ville fondée dans l’Antiquité sur une berge du Rhône, est liée à son statut de ville frontière. Elle bénéficie à cause de cela des échanges de marchandises. Son importance politique mais aussi démographique est fluctuante, autant au plan national que régional. Ville voisine côté Dauphiné, la commune de Villeurbanne voit sa population fortement augmenter en début du XXe siècle, car la croissance démographique provient de la délocalisation depuis Lyon d’activités économiques. Elle correspond davantage à l’évolution de population d’une ville nouvelle de banlieue qu’à celle d’un faubourg (la ville de Villeurbanne pour finir sera intégrée à la structure urbaine lyonnaise au milieu du XXe siècle mais pas administrativement transformée en arrondissement[3].) :

  • 1901 : 30 000 habitants
  • 1926 : 60 000 habitants
  • 1931 : 82 000 habitants.

C'est l'époque du projet de centre-ville nouveau.

Dans ce contexte, Villeurbanne manifeste une volonté d’affirmer une identité propre et fédérative, s’appuyant sur ses activités économiques et sa population d'origine nationale et étrangère. La cité se présente au début de siècle sous la forme de regroupement d’habitats constitués en majeure partie d'une manière sauvage autour d’usines modernes relocalisées sur des terrains agricoles. Cet ensemble d’îlots est relié par des chemins et non des rues.

  • 1925 : 6 km de voies pavées
  • 1933 : 66 km de voies goudronnées (au moment du projet d'urbanisme).

Ses besoins urbains sont clairement établis dans le deuxième quart du XXe siècle.

La commune de Lyon ayant annexé plusieurs des communes avoisinantes au moment de la constitution des arrondissements, structure qui déporte une partie importante des pouvoirs du maire d'arrondissement au maire d'agglomération, Villeurbanne trouve une opportunité de s’affranchir de ce risque d'annexion par la construction de ce nouveau centre-ville. Car après la redéfinition en 1852 des limites départementales du Rhône et de l’Isère, la ville de Lyon avait maintenu ses prérogatives (notamment par l'annexion du terrain du parc de la Tête d’or situé sur le territoire communal de Villeurbanne).

L’histoire du projet du centre gratte-ciel : des communes différentes dans une grande agglomération

La construction du quartier des gratte-ciel à Villeurbanne est demandée par le maire Lazare Goujon, un médecin qui succède à Jules Grandclément autre médecin. Le maire souhaite construire un vrai centre symbolique de Villeurbanne pour sa population, un centre moderne et hygiénique. Aussi il convient de montrer que Villeurbanne n’est pas Lyon, qu’elle est une commune à part entière. Le maire avait participé à la fondation d’une maison du Peuple, rue Magenta.

Pour résoudre de façon associative les problèmes de logement de la population qui augmentent très rapidement dans la ville, son groupe du Parti socialiste aide les habitations à bon marché, et le « Cottage social ». Le quartier le plus important de la ville de Villeurbanne à l'époque de la décision est situé autour de la place Grandclément aménagée en 1835, et il est excentré au sud de la commune. Le bâtiment de mairie est alors un imposant immeuble bourgeois. En 1925 un an après son élection, Lazare Goujon, obtient le don d’environ 20 000 m2 de terrains (dans le même esprit que ce qui est fait pour les Hospices civils de Lyon), puis en acquiert 30 000 autres, dans des conditions avantageuses. Ceci permet l’aménagement d’un nouveau centre. Le financement de l’opération de construction de 1 700 logements est prévu grâce à la création de la Société villeurbannaise d’urbanisme avec un capital partagé essentiellement entre la municipalité et des entrepreneurs de bâtiment de Villeurbanne et de Lyon.

La construction remarquable de bâtiments de cette hauteur pour cette époque, réalisée en pleine crise économique démontre que la gestion municipale est une opération d’implication sociale pragmatique dans les affaires courantes de la vie des habitants d’une ville.

En se construisant un centre autonome avec un palais du Travail (« établissement qui représente le mérite du travail comme l’église représente la foi religieuse »[réf. nécessaire]) et un hôtel de ville modernes et monumentaux entourés par la nouvelle cité ouvrière pour les familles, la municipalité de Villeurbanne se démarque de Lyon et met un terme à ses tentatives de rattachement géopolitique.

La publicité de l’opération enthousiasmante

L’opération de construction est rendue publique avec sa souscription de capital, elle est particulièrement suivie par les journaux. Des cartes postales sont éditées. Une loterie est faite dont le plus étonnant est que le plus important des prix à gagner soit une « villa individuelle ». Il reste quelques films retraçant l’opération de construction.

L’architecte choisi qui définit le nouveau centre est Môrice Leroux, il est autodidacte et son architecture est d’avant-garde. Il s’inspire des expériences d’urbanisme avancé présentes dans d’autres villes[4] et fait une œuvre originale. L’architecte Tony Garnier qui représente l’École lyonnaise d’architecture (mouvement d’avant-garde plutôt théorique) fait partie du jury. Pour des raisons d’image de marque, la municipalité choisit l’architecte Robert Giroud, prix de Rome 1922, un disciple de Tony Garnier, après le concours portant sur l’hôtel de ville qui est bâti entre 1930 et 1934.

L’inauguration, le 17 juin 1934[réf. nécessaire], du centre-ville de Villeurbanne se fait en présence du maire de Lyon Édouard Herriot, un radical-socialiste[5].

L'opération urbaine : un trouble succédant au dynamisme initial puis la réussite finale

Le montage de la Société villeurbannaise d’urbanisme est celui d’une des premières sociétés d'économie mixte définies par la loi récente. Son action vis-à-vis de la municipalité est de servir comme garantie et d’apporter des fonds par emprunts (ce qui diffère d’un financement opéré par un promoteur immobilier qui est alors la norme). Le changement de municipalité à Villeurbanne en 1935 et sa radicalisation idéologique comportant l'absence d'approbation du modèle urbain et social qui venait d'être mis en place apportera déboires et procès à Môrice Leroux et à la Société villeurbannaise d’urbanisme. La SVU est menacée de dépôt de bilan[6] après avoir transféré des fonds pour démarrer le Stadium, un équipement sportif de grande envergure hors de son objet de société. (La superstructure démarrée en 1933 ne fut jamais achevée et fut détruite en 1962). En conséquence la disponibilité des habitations avait pris du retard.

La cité connut des difficultés pour être achevée puis pour être occupée par les habitants, avant la Seconde Guerre mondiale : la construction qui donne le vertige par la hauteur en dissuade beaucoup, l'expression « cage à lapins » est déjà utilisée par les détracteurs, bien que le zonage ici, le rapport entre équipements, commerces, et habitat ne soit pas celui des théories des CIAM qui prônent le concept de séparation fonctionnelle dans l'espace.

La cité-centre est cependant dynamisée dans la deuxième moitié du XX siècle dans son quartier parce que Villeurbanne perd son caractère de ville de deuxième zone. (Entre autres lorsqu'elle évacue dans les années 1970 les taudis et le bidonville du Tonkin occupés par les nécessiteux et les immigrés qui sont relogés en banlieue - Villeurbanne ne fait plus donc partie de la banlieue, elle se situe à l'intérieur de la ceinture du périphérique. Cet espace du Tonkin proche du centre est rasé pour constituer une zone d'habitation moderne recevant des activités administratives décentralisées de Paris et est aménagé conjointement à La Doua devenue une zone d'enseignement supérieur sur les anciens territoires militaires et l'hippodrome. Le métro est construit avec sa première ligne qui relie le centre de Villeurbanne au centre de Lyon et ses gares.)

La place fermée en arrière de l'hôtel de ville a été initialement nommée place du Nouvel Hôtel de Ville. Elle a été nommée ensuite en 1932 place Albert Thomas. Puis place maréchal Pétain en 1941. Ensuite place de la Libération en 1945. Elle est devenue place du docteur Lazare Goujon en 1966. Cette place rassemblait la population pour les tirs de feux d'artifice du 14 juillet tirés depuis l'hôtel de ville. Et sur l'avenue Henri-Barbusse se déroulent les défilés des arts de la rue.

De la gestion politique des habitants et leurs besoins à la politique de gestion de l'habitat

Les petits pavillons de faubourg au pied des immeubles nouveaux

Ce projet est typique du « socialisme municipal » avec une mise en application des principes de solidarité en société par un urbanisme opérationnel de cité ouvrière : le chauffage est collectif, les terrasses communiquent ensemble, les appartements sont aménagés avec le confort le plus moderne de l’époque (ascenseurs, eau chaude, cuisine électrique, gaine ménagère…). La construction est faite par des coopératives ouvrières (L’Avenir pour le gros-œuvre et L’Union pour le second-œuvre). Les locaux commerciaux restent intégrés aux immeubles, et les abords constituent une zone de promenade et de chalandise plantée d’arbres.

Dans ce secteur mité d’usines, de terrains vagues, de petites propriétés, le périmètre de l’opération est obtenu sans expropriations. Les parcelles qui ont été construites récemment sont maintenues. Les immeubles d’une dizaine d’étages sont donc édifiés à côté de petits pavillons. On remarque qu'il n'y a pas d'église directement insérée dans ce schéma.

Le choix a été posé d’une structure constructive de gratte-ciel. Cette structure a été inventée aux États-Unis avec une symbolique de modernité appropriée aux régions industrielles du Nord-Est, elle forme une architecture particulière où l'arrangement des formes en verticalité remplace l'arrangement des formes à l'horizontale. Les échanges avec cette région des États-Unis et l'agglomération Lyonnaise avaient abouti dès la fin du XIXe siècle à une relation économique et productive particulière par l'échange de techniques et de marchandises sur les domaines de construction automobile et de fabrication chimique[7]. L'architecture suit cette affinité. La construction des édifices du nouveau centre-ville de Villeurbanne doit abriter une cité ouvrière d’environ 1 500 logements, nouveau centre de la ville, nouvel urbanisme, urbanisme social. La commune de Villeurbanne ne connaît pas de problème de densité urbaine, contrairement à Lyon (pour certains de ses quartiers), toutefois Lyon refuse l’implantation d’édifices de grande hauteur sur ce modèle de façon connue[8]. Les États-Unis, la cité de Tony Garnier , construite exactement à la même époque, occupe un volume similaire au nouveau centre de Villeurbanne. Elle est destinée aux mêmes classes sociales dans le même contexte de terrain vague - terrain agricole en dehors du centre-ville, sur un arrondissement éloigné et peu industrialisé. Les édifices conçu par Tony Garnier à Lyon n’y dépassent pas cinq étages, avec un zonage sélectif initial des circulations piétons et véhicules automobiles, comme il en est question dans toute l’Europe urbaine durant la période d’entre-deux guerres. Au contraire de ce qu'évoque son nom, cette cité des États-Unis de Lyon ne s'apparente pas véritablement au modèle effectif des « blocs » des constructions à étages du Nord-Est des États-Unis , (ni à l'urbanisme pavillonnaire en "patern" de là-bas).

L'opération permet à Villeurbanne de faire un choix qui la distingue en intégrant plusieurs fonctions, tandis que des cités H.B.M. sont aussi construites sur Lyon dans la logique de l'hygiène associée à la charité. Première réalisation en Europe de bâtiments à usage d’habitation d’une telle hauteur, elle est le point de mire de tous les spécialistes de l’époque notamment parce qu’elle elle est construite en pleine crise économique alors même que les chantiers sont très rares. Le centre ville avec le palais du Travail, l’hôtel de Ville, la nouvelle cité ouvrière pour familles donne la marque de la ville de Villeurbanne par rapport à Lyon : une cité industrielle, essentiellement peuplée d’ouvriers, une cité sociale laïque.

La construction

La construction débute en 1927, pour s'achever en 1934.

La zone à construire comporte déjà un immeuble abri de la technique très moderne et reflet du progrès : le central de téléphone de 1926 qui délimite le futur boulevard Henri-Barbusse face au futur hôtel de Ville. Une cité HBM (de J.-M. Pin architecte disciple de Tony Garnier) borde rue Michel-Servet au nord-ouest en 1926 aussi.

C'est l'architecte Môrice Leroux architecte autodidacte parisien qui est chargé de l'aménagement de la zone de 5 hectares dite des gratte-ciel autour de ce qui deviendra l'avenue Henri-Barbusse de 300 mètres de long et 28 mètres de large. L'ensemble est composé des immeubles d'habitation en quatre groupes (initialement) d'immeubles à terrasses, de l'hôtel de ville qui ferme en définitive l'avenue, du palais du Travail (hygiène et culture pour le peuple), d'un central téléphonique, d'une centrale de chauffage urbain et industriel. La perspective de l'avenue donne finalement sur l'hôtel de ville et son perron. L'espace donné aux piétons équilibre celui donné à la circulation automobile sur l'avenue.

Le palais qui reprend l'esprit véhiculé par la maison du Peuple est le tout premier sujet de concours qui fait apparaître Môrice Leroux. Le palais comporte un dispensaire, des douches, une piscine, des salles de réunion, un théâtre. La première pierre avait été posée en 1928 par Albert Thomas. Il est terminé en 1930. Le palais se substitue aux bains-douches initialement prévus. Le dispensaire est la première partie construite de tout l'ensemble bâtiments publics et habitations, elle est utilisée avant le reste. C'est un corps indépendant formant une aile du bâtiment qui au départ est une construction associative. La loterie et la vente de timbres a permis de trouver une partie des fonds nécessaires. La structure pour le corps principal du Palais abritant le théâtre et la piscine qui est dessous est en béton armé.

L'ensemble des immeubles d'habitation est à structure constructive métallique et remplissage en briques alvéolaires (ce n'est en fait pas le premier système de ce type dans la grande agglomération). Les gradins permettent de respecter le règlement municipal concernant les hauteurs d'immeubles. Seulement trois des groupes sont réalisés en définitive :

  • sur l’avenue Henri-Barbusse, côté ouest qui se termine sur le central téléphonique,
  • avenue Henri-Barbusse, sur le côté est,
  • sur la place au côté ouest.

Les habitations comprennent les deux tours de 19 étages dernieres construites et trois groupes d'immeubles d'habitation, des barres de 9 à 11 étages découpées en redans (gradins) leur donnant des formes de tours accolées. Les immeubles ne sont pas formulés comme des ilots, mais fournissent une façade continue. Les circulations intérieures sont très soignées et monumentales, les corps des escaliers sont mis en valeur par des verrières selon la tendance moderne affirmée à l'époque. Les cheminées, contrairement aux autres édifices de l'époque ne sont plus indispensables et leur élimination permet d'utiliser pleinement la structure (facilité identique au chauffage électrique dans les immeubles ultérieurs).

La centrale de chauffage rue Verlaine est une des premières de France à brûler des ordures, celles des habitations, elle est mise en service en 1932. Elle dispose de circuits distincts chauffage urbain et chauffage industriel. Elle produit du mâchefer qui est utilisé dans la construction.

La place Lazare Goujon

L'hôtel de Ville prévu sur le plan général de Môrice Leroux est conçu par Robert Giroud lauréat du concours. À l’origine, le projet devait réaliser la transition entre la place et l’avenue Barbusse par un portique, mais celui-ci est modifié par la municipalité et remplacé par un escalier. L’édifice arbore un beffroi surmontant la façade nord de ses 65 mètres de hauteur. Ce signal ne manquera pas d’être critiqué par certains[Qui ?] qui y voient une allusion ostensible au style monumental qui est prôné en Union soviétique à cette même période[9]. Les deux façades longitudinales affirment la structure porteuse externe constituée de piliers cannelés. Robert Giroud semble faire siennes les vues architecturales de Môrice Leroux à travers cette colonnade monumentale qui rappelle la façade prévue pour le Stadium où les deux architectes étaient associés).

La façade arrière de l'hôtel de ville donne sur une place dont le Palais du Travail est le pendant. Les deux autres côtés de la place prolongent les avenues bordées d’immeubles d’habitation. Elle comporte deux vastes bassins dont l’un a initialement servi de piscine découverte ainsi qu’une pergola en béton dans le style qu’affectionnait Tony Garnier.

La zone est découpée par la rue Anatole-France, qui n'est pas perpendiculaire à l’axe de développement qu’est l’avenue Henri-Barbusse ; aussi les immeubles de configuration très semblable ne sont-ils pas strictement identiques, mais suivent une continuité homogène.

L’entrée nord de ce quartier est ornée d’une sculpture de Pendariès, le Répit de l’agriculteur connue sous le raccourci deRépit. Le maire Lazare Goujon avait remarqué une œuvre de cet artiste à Paris dont il souhaita installé une copie pour sa ville[10]. La pièce, plus grande que l’originale, est installée en 1932, avant l’achèvement des travaux.

La construction a été particulièrement médiatisée.

Le quartier, aujourd’hui

L’ancien palais du Travail aujourd’hui occupé par le TNP

Les petits pavillons qui le bordaient ont disparu pour constituer, à partir de la période 1970, une zone urbanisée sur le côté ouest très dense et aussi haute que les gratte-ciel.

L’hôtel de Ville est inscrit à l’Inventaire supplémentaire des monuments Historiques en 1991. En 1993, une zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager (ZPPAUP) vise à protéger l’ensemble du quartier des Gratte-ciel. Elle préconise une valorisation des espaces de circulation par la création de cheminements piétonniers et l’harmonisation des devantures commerciales.

L’espace actuellement[Quand ?] attribué aux piétons sur l’avenue Barbusse, plus large, permet un équilibre avec celui réservé à la circulation automobile.

La place du Docteur-Lazare-Goujon a été rénovée en 2006. La surface des bassins a été réduite et ils sont agrémentées de fontaines très basses. Équipée de sièges comme les jardins publics, la place n’est pas particulièrement destinée aux rassemblements de foule.

Les appartements des gratte-ciel restent la propriété de la Société villeurbannaise d’urbanisme fondée par Lazare Gougon devenue une société d’HLM. Ils sont très majoritairement des T1 et T2, mais ils sont pour quelques-uns repris parce qu'hors-normes et fusionnés en appartements plus grands, le système de construction le permettant facilement par ses cloisons non porteuses. Le chauffage central provient depuis 1978 du Service de chauffage urbain situé à Lyon Part-Dieu.

La centrale thermique a été démantelée.

Le palais du Travail qui héberge le TNP, jadis « théâtre de la Cité » en 1957 de Roger Planchon, est en cours de rénovation complète en 2009 (mise aux normes, accessibilité pour les handicapés).

Une synagogue a été construite dans la rue Malherbe en 1963-1964, adossée à un des immeubles. Elle est l’œuvre d’un groupe de jeunes allemands de la RDA sous la direction de l’architecte R. Carpe au titre des réparations morales et matérielles des crimes nazis. Elle accueille la population juive qui s’est installée dans le quartier dans le dernier quart du XXe siècle.

Dans le prolongement de l’avenue Henri-Barbusse se situe la cheminée du parc du Centre. Dans la conception urbaine de la mairie actuelle, le développement du centre-ville est pensé suivant le même axe que le centre nouveau de 1930, par le prolongement de l’avenue et une extension urbaine avec des édifices moins hauts que le centre désormais protégé.

Une prospective 1930 qui intéresse les décideurs de l’an 2000

Après avoir accueilli des migrants européens, Villeurbanne accueille des migrants immédiatement après les guerres d'indépendance d'Afrique du Nord et sur la durée sur le troisième tiers du XXe siècle, avec leur trois religions majeures. L'aspect mixité bien vécue des populations (selon leur religion, leur race, leur pays d'origine) est déclaré facteur des plus attrayants actuels de ce quartier.

L'intérêt de cette urbanisation particulière à ce quartier seul centre-ville constitué d'une cité se fait jour après l'urbanisme « tour-barre sur zone séparée » des années soixante qui l'avait étouffée. La réponse qu'avait apportée au même moment que les gratte-ciel de Villeurbanne la cité tour-barre de la Muette à Drancy (de Marcel Lods) a fait (apparemment) faillite. (La Muette a été détruite pour d'autres raisons que cet échec social, mais à cause de son symbole après la Seconde Guerre mondiale). Cette formulation des tours-barres existe à côté des centre-ville de Villeurbanne et de Lyon. Les bâtisseurs de symboles hauts concrétisés par des tours se sentent bridés[11]depuis des décennies en France par rapport au reste du monde. On retourne donc ausculter les prémices de cette forme de construction que ce soit les tenants des gratte-ciel modestes ou immenses, que ce soit les réticents de l'îlotage, en voyant là une architecture verticale réussie au moment où le logement est une exigence qui se traduit politiquement (tous les quartiers ne peuvent être un centre-ville).

Le quartier Gratte-ciel constitue le véritable centre-ville de Villeurbanne. De nombreux commerces se pressent sur l'axe central, constitué par l'avenue Henri Barbusse, et sur son extrémité Nord par le cours Emile Zola. Cette zone est recherchée actuellement et draine ses badauds acheteurs sur un grand périmètre d'immeubles collectifs alors que dans sa première période les pas de porte dans la cité des Gratte-Ciel ont peu été recherchés : L'hypermarché Carrefour situé à proximité a été un des premiers de cette génération de magasins à s'installer dans cette situation (et déclaré le plus rentable de France pour cette société période 1990, source L.S.A). Place Ch. Boursier à proximité un marché est disponible. Le commerce correspond à « l'achat d'impulsion » ordinaire dans des zones piétonnes. (Il faut citer, outre certaines marques nationales, la présence d'un des établissements du brasseur lyonnais, le Ninkasi).

« Est-ce là à proprement parler un effet de l'architecture, est-ce celui de l'urbanisme? » est la question que se posent semble-t-il les décideurs, au vu des nombreux travaux d'étude du quartier.

Bibliographie

Grégoire Allix, « Villeurbanne fête ses gratte-ciel, rêve d'architecture et d'élévation sociale », dans Le Monde, 18 octobre 2004 
Joëlle Bourgin, Charles Delfante, Villeurbanne: une histoire de Gratte-ciel, Editions lyonnaises d'art et d'histoire, 1993 
Anne-Sophie Clémençon, avec Edith Traverso et Alain Lagier, Les gratte-ciel de Villeurbanne, éditions de l'imprimeur, 2004 
Bernard Jadot, Des nouvelles des Gratte-ciel, Editing éditeur, 1994 
Marc Riboud, Images de Villeurbanne-Images des Gratte-ciel, Fondation nationale de la photographie éditeur, 1985 
Les Gratte-ciel ont cinquante ans: Villeurbanne est en fête, SEDIP éditeur, 1984 
Philippe Videlier, Gratte-ciel, Editions la passe du vent, 2004, 222 p. (ISBN 2-84562-073-X) 

Notes et références

  1. Emmanuelle Gallo, « La réception et le quartier des gratte-ciel, centre de Villeurbanne, ou pourquoi des gratte-ciel à Villeurbanne en 1932 ? », p. 3-4. Image, usage, héritage : la réception de l’architecture du Mouvement moderne, Docomomo, Unesco.
    « Rien dans le passé de Môrice Leroux ne laissait supposer un intérêt pour ce type architectural. Il y a pourtant des origines à cette production originale. La volumétrie rappelle certains projets d’immeubles à gradins d’Henri Sauvage. De même, ce projet se situe dans le prolongement de l’intérêt croissant pour les productions architecturales, urbaines et techniques américaines. »
    « Le centre ville de Villeurbanne est une utopie sociale réalisée et non une utopie spatiale. C’est l’image réelle des gratte-ciel construits qui sert de modèle et non les utopies de Le Corbusier (le plan Voisin, 1922), des Russes (Yakov Chernikhov, gratte-ciel géants, 1930), de Mies van der Rohe (projet pour la Friedrich Straße, 1921), de Ludwig Hilberseimer (Villes verticales, 1924) ou même des futuristes italiens (1914) ou encore des gratte-ciel selon Charles Imbert et Auguste Perret (L'Illustration, 1925). (fr) »
  2. Fiche descriptive Patrimoine du XXe siècle, ministère de la Culture. L’urbanisation de ce quartier comprend six gratte-ciel à usage d’habitation, érigés de 1927 à 1931. (fr)
  3. L’hypothèse de la fusion de Villeurbanne dans Lyon n’a aujourd’hui toujours pas disparu de certains esprits (politique de la droite locale, Villeurbanne étant "historiquement" "à gauche").(Voir Villeurbanne)
  4. Il s'inspire du Karl Marx Hof à Vienne, selon Charles Delfante dans L’Atlas historique du Grand-Lyon. Il est difficile de ne pas y voir aussi une référence plastique explicite aux gratte-ciel new-yorkais.
  5. Édouard Herriot montre par son commentaire « Les arbres qui ne portent pas de fruits ne reçoivent pas de pierres » (cité par Anne-Sophie Clémençon dans Les Gratte-ciel de Villeurbanne) que les hostilités des Lyonnais n’étaient pas toutes partagées.
  6. Cf. « Réponse du Guichet du Savoir ». (Lazare Goujon sera toutefois réélu en 1947)
  7. Voir: « Les dynasties lyonnaises », Bernadette Angleraud et Catherine Pellisier, édition Perrin 2003.
  8. Proposition d’aménager le quartier de La Part-Dieu avec des édifices d’environ 40 étages par F. Chollat en 1926
  9. La façade du bâtiment a été utilisée dans des films[Lesquels ?] pour figurer le décor de scènes censées se passer en URSS.
  10. L’autre Répit est le Répit du Travailleur, sculpté en 1907 par Pendariès pour la ville de Paris. Elle se trouve sur le square Jean-Pierre Timbaud site web de la marie du 11e arrondissement de Paris.
  11. Leurs contradicteurs se demandent si ces constructeurs veulent laisser des traces de leur passage sur terre visibles depuis la mer ou depuis la lune...


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