Grands Lacs (Amérique du Nord)

Grands Lacs (Amérique du Nord)

46° 15′ N 84° 30′ W / 46.25, -84.5

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Falaise bordant le lac Supérieur
Image satellite des Grands Lacs

Les Grands Lacs d'Amérique du Nord forment un groupe de cinq vastes lacs situés sur ou près de la frontière entre les États-Unis et le Canada. Ils constituent le groupe de lacs d'eau douce le plus étendu au monde avec une superficie de 244 100 km2 et un volume de 23 000 km3. Associé au fleuve Saint-Laurent, le complexe constitue le plus important des systèmes d'eau douce de surface du monde avec approximativement 18% des réserves mondiales[1].

Sommaire

Description

Quatre des Grands Lacs chevauchent la frontière canado-américaine. Seul le lac Michigan se situe entièrement sur le territoire des États-Unis. Un sixième lac, le petit lac Sainte-Claire, se trouvant entre le lac Huron et le lac Érié, fait également partie du système mais n'est pas compté officiellement parmi les Grands Lacs. En fait, on peut observer des milliers de petits lacs dans cette région.

Les Grands Lacs se jettent dans le fleuve Saint-Laurent. Ils contiennent environ 18 % de l'eau douce de la surface de la Terre : 23 000 km3. Cela représente assez d'eau pour couvrir les 48 états contigus des États-Unis à une profondeur uniforme de 2,9 mètres. Bien que les lacs contiennent un grand pourcentage de l'eau douce du globe, les Grands Lacs constituent seulement une petite partie de l'eau potable américaine (environ 4,2 %).

La surface cumulée des lacs est de 244 100 km², environ la même taille que le Royaume-Uni. Les côtes des Grands Lacs mesurent approximativement 16 900 km[2]. Toutefois, la longueur des berges est impossible à mesurer exactement et ne constitue pas une mesure bien définie.

Les Grands Lacs constituent depuis le début de la présence humaine une importante voie de communication fluviale. À partir du XIXe siècle, de grands ouvrages, (canaux, déversoirs, écluses, ports) ont permis à ce mode de transport de s'accélérer considérablement. Ces ouvrages ont été refaits et augmentés durant les années 1950 et constituent maintenant la voie maritime du Saint-Laurent créée en 1959. Celle-ci relie, sur plus de 1 000 km, l'océan Atlantique aux importants ports situés sur les différents lacs et le continent à l'ouest du Lac Supérieur. Elle est donc un débouché économique pour les Grandes Plaines américaines et les Prairies canadiennes grâce au trafic combiné par navire cargo et transport ferroviaire au Canada ou transport ferroviaire aux États-Unis .

Caractéristiques

Profil en long du réseau hydrographique des Grands Lacs
Caractéristiques
Lac Superficie (km²) Altitude (m) Profondeur
maximale (m)
Profondeur
moyenne (m)
Volume (km³) Durée de
rétention (an)
Lac Supérieur 83 000 183 406 149 12 100 191
Lac Huron 59 600 177 230 59 3 538 22
Lac Michigan 57 800 177 281 85 4 918 99
Lac Érié 25 900 175 65 19 483 2,6
Lac Ontario 18 760 75 244 86 1 639 6

Formation et géomorphologie

Les Grands Lacs ont une origine glaciaire.

Les Grands Lacs se sont formés à la fin de la dernière ère glaciaire (glaciation du Wisconsin), il y a environ 10 000 ans, quand l'inlandsis Laurentidien recula en laissant de grandes quantités d'eau de fonte.

Article connexe : Lac Agassiz.

La région des Grands Lacs fait partie de la grande dépression centrale d'Amérique du Nord s'étendant vers le sud en direction de la plaine du Mississippi.


Climat

Diagrammes climatologiques de la région

Le bassin des Grands Lacs est influencé par trois facteurs météorologiques principaux : les masses d'air provenant d'autres régions, la situation à l'intérieur du continent et l'influence modératrice de la masse d'eau qu'ils représentent[3]. La circulation des systèmes métérologiques est en général est-ouest mais les vents en surface varient selon la position de ces systèmes et font alterner des apports de chaleurs et d'humidité venant du golfe du Mexique et de l'air sec et froid de l'Arctique ce qui donne une grande variabilité quotidienne et mensuelle.

En été, les dépressions ont tendance à passer au nord de la région ce qui permet à l'air chaud et humide du golfe du Mexique de dominer. Cette situation est propice à la formation de smog et les vents généralement du sud-ouest peuvent également en apporter du bassin industriel du Midwest[3]. Le passage de fronts froids qui amènent de l'air plus froid en altitude rend la masse d'air instable et déclenche des orages parfois violents[3]. L'ensoleillement réchauffe également la couche d'eau superficielle des lacs et une thermocline se forme entre la surface et les couches inférieures[3]. Les eaux moins profondes du lac Érié sont particulièrement affectées par ce phénomène.

En hiver, la région est caractérisée par le passage de plus en plus au sud des dépressions provenant de l'ouest ou du sud-ouest. Ceci donne des tempêtes de neige qui peuvent se changer en pluie verglaçante ou même en pluie sur les secteurs sud[3]. Dans les anticyclones qui dominent les mois les plus froids, l'air arctique passant au-dessus des lacs non gelés va donner des bourrasques de neige dans les zones côtières sous le vent dominant appelées « Snow Belt » par les anglophones[3]. Les averses associées à ces bourrasques peuvent laisser de très grandes quantités de neige le long d'une bande étroite de la côte comme dans le cas de la tempête de neige Aphid du 12-13 octobre 2006.

La libération de la chaleur emmagasinée par les lacs tempère cependant le climat près du rivage et des parties du sud de l'Ontario, du Michigan et de l'ouest de l'État de New-York ont des hivers plus cléments que des régions continentales situées plus loin des rives[3]. Malgré tout la température de surface des lacs diminue graduellement et un couvert de glace se forme généralement sur le lac Érié au cours de l'hiver, situation amplifiée dû à sa plus faible profondeur. Les autres lacs gardent le plus souvent certaines zones sans glace. Les bourrasques diminuent donc d'intensité plus tard en saison à mesure que la glace recouvrent les lacs.

Le printemps et l'automne sont caractérisés par un temps variable lorsque les dépressions passent rapidement sur la région. Le ciel est plutôt nuageux, les orages occasionnels et les vents violents fréquents[3]. La tempête de 1913 sur les Grands Lacs est un tel exemple de très forte tempête automnale.

Au début du printemps, l'air plus chaud et l'ensoleillement qui augmente commencent à faire fondre la neige et la glace lacustre. Comme l'eau prend plus de temps à se réchauffer que l'air, la température des lacs augmente plus lentement que les terres. Les brises des lacs rafraîchissent donc le climat durant cette période. L'effet inverse se produit à l'automme. Ce phénomène retarde le bourgeonnement des feuilles et la floraison des plantes au printemps mais protège du gel les arbres fruitiers à l'automne. Ceci permet une zone végétative près des rives ouest des lacs de même que plus au sud, favorisant en particulier l'exploitation de vignobles[3].

Géographie humaine

Environ 30 millions de personnes[4] habitent dans le bassin des Grands Lacs. Plusieurs métropoles se situent sur les rives de ces lacs : les plus peuplées sont Chicago, Toronto et Détroit rassemblées dans un espace transfrontalier appelé Main Street America. La région des Grands Lacs est également un bassin industriel important.

Écologie

Malgré leur taille, les Grands Lacs ont connu une pollution de l'eau croissante et localement alarmante par les métaux lourds et divers produits chimiques (à partir de Toronto et Hamilton notamment). La non-tarification de l'eau et les bas coûts de l'énergie et du bois, ainsi que les facilités de transport par voie d'eau ont attiré autour des Grands Lacs des usines métallurgiques, des papeteries, des usines chimiques, de production d'automobiles et de nombreux autres produits manufacturés qui ont massivement pollué ces lacs durant plus d'un siècle pour certaines. Des produits rémanents métalliques et des POP liposolubles se retrouvent dans toute la chaîne alimentaire, jusque chez les bélugas et baleines de l'estuaire du Saint-Laurent.

Les lacs reçoivent des sels de déglaçage résultant du déneigement des routes. Ils subissent une eutrophisation d'origine agricole et urbaine (eaux usées) qu'ils ne peuvent dégrader. À ceci s'ajoutent des problèmes écologiques graves et nouveaux liés aux concentrations croissantes de produit affectant la fertilité ou se comportant comme des leurres hormonaux, ou liés à l’introduction d'espèces invasives (Moule zébrée par exemple). En 1980, la Commission mixte internationale Canada États-unis avait identifié 42 sites prioritaires jugés « préoccupants » en raison de la gravité de la pollution de leurs eaux[4]. Il faut aussi lutter contre la pollution de l'air : les pluies qui lessivent les panaches de pollution deviennent acides et contiennent du mercure, des pesticides, des nutriments et de nombreux polluants émis par les usines, les véhicules et les villes : de 90 à 95 % des produits chimiques qui contaminent le lac Supérieur auraient une origine atmosphérique.

Depuis les années 2000, un problème nouveau semble aussi se poser avec l'accumulation dans les sédiments du fleuve Saint-Laurent de la toxine Bt produite par nombre de plantes transgéniques (OGM) abondamment cultivées dans ces régions, alerte un écotoxicologue français, ainsi que le Centre Saint-Laurent d’Environnement Canada et l’Institut de recherche en biotechnologie de Montréal qui ont découvert des concentrations anormales et préoccupantes de toxine Bt s’accumulant dans les sédiments du fleuve Saint-Laurent, à l’embouchure des rivières Châteauguay, Richelieu et Yamaska[5].

Depuis les accords signés à partir de 1978 entre les États-Unis et le Canada, divers programmes de réhabilitation et de suivi sont en cours pour dépolluer les lacs et décontaminer le fleuve Saint-Laurent, avec les gouvernements, collectivités, écoles et ONG, avec des résultats plus ou moins significatifs selon les polluants. Les émissions acides industrielles ont été fortement réduites, mais d'autres polluants continuent à poser problème.

Notes et références

  1. (fr)EPA et Environnement Canada, « Caractéristiques physiques du réseau hydrographique », Great lakes, Agence de protection de l'environnement des États-Unis, 24 juillet 2008. Consulté le 2009-08-12
  2. (en) Wayne Grady, The Great Lakes, Vancouver, Greystone Books et Fondation David Suzuki, 2007 (ISBN 978-1-55365-197-0), p. 42-43 
  3. a, b, c, d, e, f, g, h et i (fr)EPA et Environnement Canada, « Le climat des Grands Lacs », Great lakes, Agence de protection de l'environnement des États-Unis, 24 juillet 2008. Consulté le 2009-08-12
  4. a et b (en) Statistique
  5. (fr) Pesticides et OGM

Voir aussi

Bibliographie

  • « Les Grands Lacs américains à sec ? », dans National Geographic France, no 36, septembre 2002

Articles connexes

Liens externes

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