- Gertrude Stein
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Gertrude Stein, née le 3 février 1874 à Allegheny en Pennsylvanie et morte le 27 juillet 1946 à Neuilly-sur-Seine près de Paris, est une poétesse, écrivain, dramaturge et féministe américaine. Elle passa la majeure partie de sa vie en France et fut un catalyseur dans le développement de la littérature moderne et de l'art moderne. Par sa collection personnelle et par ses livres, elle contribua à la diffusion du cubisme et plus particulièrement de l'œuvre de Picasso, de Matisse et de Cézanne.
Sommaire
Biographie
Les années de formation
Elle naît en Pennsylvanie, dans une famille juive aisée, et passe sa petite enfance à Vienne et à Paris. À l'âge de quatre ans, elle retourne avec ses parents aux États-Unis et vit en Californie. Elle entre au Radcliffe College, puis étudie la médecine à l'université Johns Hopkins. Pendant ses études, qui resteront inachevées, elle s'intéresse à l'hystérie féminine et se penche sur les cas d'écriture pathologique. C'est à cette époque qu'elle fait la rencontre du psychologue William James, le frère du romancier Henry James.
La vie parisienne
Gertrude Stein arrive à Paris en 1902, en compagnie de son frère Leo (en). Ils sont attirés par l'effervescence artistique du quartier du Montparnasse du début du XXe siècle.
Les deux sont collectionneurs : Gertrude défend l'art moderne, notamment les cubistes et Picasso (qui fera d'elle un célèbre portrait en 1906), alors que son frère reste plus traditionaliste. Elle devient l'un des grands collectionneurs de la jeune génération de l'École de Paris. Elle côtoie notamment Henri-Pierre Roché, marchand d'art, et Francis Picabia. Elle ne fréquente pas particulièrement les dadaïstes, mais considère Tristan Tzara comme un cousin.
En 1907, elle rencontre Alice B. Toklas, avec qui elle partagera sa vie de 1909 jusqu'à sa mort. Son appartement du 27 rue de Fleurus devient un lieu de rencontre pour l'avant-garde du monde entier. Les deux femmes y reçoivent tous les samedis dans la tradition des salons du XVIIIe siècle.
Les années difficiles
Entre 1906 et 1908, elle écrit les mille pages de The Making of the Americans, qu'elle considère comme son grand œuvre, mais qui est l'objet d'un différend avec son frère Leo, qui n'approuve pas cette écriture.
Lorsque éclate la Première Guerre mondiale, Stein et Toklas, par fidélité à la France, leur patrie d'adoption, participent à l'approvisionnement des hôpitaux de campagne et au transport des blessés avec leur propre voiture. Elles seront récompensées par le gouvernement pour cet engagement.
Après la guerre, le salon de la rue de Fleurus a moins de succès, mais elle a le plaisir de voir paraître The Making of Americans en 1925 aux éditions Contact.
Les premiers succès
Le succès ne vient qu'avec The Autobiography of Alice B. Toklas (en), son œuvre la plus connue et la plus facile d'accès, qui lui vaudra une tournée de conférences aux États-Unis. Le public découvrait une Gertrude Stein que ses œuvres antérieures avaient cantonnée dans le champ plus étroit de l'avant-garde.
En 1938, Alice et Gertrude s'installent rue Christine.
La Seconde Guerre mondiale
Stein et Toklas quittent Paris pour échapper aux persécutions. Elles bénéficient de la protection de leur ami Bernard Faÿ, directeur de la Bibliothèque nationale de Vichy, qui demande au maire de Belley dans l'Ain de veiller sur elles. Elles s'installent ainsi à Billignin dans une gentilhommière, louée à la famille Putz. Pendant la guerre, elles se lient à Béon avec la famille d'Aiguy-Pierlot. L'ouvrage La Terre est ronde est dédié à la petite Rose d'Aiguy, petite-fille de la baronne Pierlot, amie de Gertrude Stein. Gertrude Stein s'oppose vivement à une paix de compromis entre Américains et Allemands, comme la chose fut envisagée un moment, et demande à la petite Rose d'écrire à Eleanor Roosevelt en ce sens. Elle rencontre Paul Claudel chez son amie la baronne Pierlot, qui évoque Gertrude Stein dans son journal.
La préface au catalogue de l'exposition de Francisco Riba Rovira à Paris, écrite en 1945, compte parmi les derniers textes de Gertrude Stein sur sa vision de la peinture. Elle y exprime des jugements sur Picasso, Cézanne, Matisse, Juan Gris et principalement sur Riba Rovira, artiste familier de son salon dont elle a aussi possédé certaines œuvres[1].
Gertrude Stein meurt en 1946, à Neuilly-sur-Seine, d'un cancer de l'estomac.
Anecdotes
- C'est elle qui qualifie les auteurs James Joyce, Ernest Hemingway et Francis Scott Fitzgerald de Lost Generation (« La Génération perdue »).
- Gertrude Stein a écrit des livrets d'opéra pour le compositeur Virgil Thomson. Marc Dachy a interviewé Virgil Thomson au Chelsea Hotel à ce sujet et a publié l'entretien dans le magazine Luna-Park (nouvelle série, n° 2) qui comprend aussi un inédit de Gertrude Stein et deux témoignages du compositeur au sujet de l'écrivain.
Gertrude Stein dans la culture
- 1905-1906 : Son portrait par Picasso[2] se fit avec beaucoup de difficultés. Près d'une centaine de séances de poses furent nécessaires à Picasso pour saisir la personnalité de Stein. Il trouva la solution en utilisant cette espèce de masque inexpressif, issu de ses travaux proches de l'art ibérique ancien, qui préfigure à la même époque un autre travail majeur, fondateur du futur cubisme : Les Demoiselles d'Avignon (1907). Personne n'aimait ce portrait à l'époque, sauf le peintre et son modèle. À ceux qui s'inquiétaient de la fidélité au modèle de son portrait de Gertrude Stein, Picasso répondait : « Vous verrez, elle finira par lui ressembler ».
- Le photographe Cecil Beaton en fait plusieurs fois le portrait, dont certain avec Alice B. Toklas, son amante[3].
- Son portrait a également été peint par Félix Valloton en 1907[4], Francis Picabia en 1933[5] et en 1937[6], Pierre Tal-Coat en 1934-1935, Francis Rose en 1949[7]. En 1980, elle fait partie de l'un des 10 portraits de juifs du XXe siècle par Andy Warhol[8].
- Le sculpteur américain Jo Davidson en a fait une statue en 1922[9].
- 1983. Rose is a rose is a rose is a rose (en) a inspiré le titre de l'une des pièces chorégraphiques fondatrices de la danse contemporaine, Rosas danst Rosas d'Anne Teresa De Keersmaeker, et le nom même de sa compagnie, Rosas[10]. Ce vers, du poème Sacred Emily (1913), a été cité, transformé, parodié de nombreuses fois. Il est devenu le symbole de la répétition dans l'avant-garde. Il a été parodié entre autres par Ernest Hemingway et Jeanette Winterson. Il est cité dans des chansons de Mecano et de Jeanne Balibar (Rose de l'album Paramour).
- 1994. A Lyrical Opera Made By Two a été mis en musique par le compositeur français Pascal Dusapin, sous le titre To Be Sung.
- 2011. Gertrude Stein est l'une des étoiles qui attirent à Paris le héros, américain, de Minuit à Paris de Woody Allen.
Notes et références
- ISBN 0313250782). Bruce Kellner (éd.), A Gertrude Stein Companion : Content with the Example, New York, Westport, Connecticut, Londres, Greenwood Press, 1988, p. 242 (
- Gertrude Stein, Pablo Picasso, notice de l'oeuvre au Metropolitan Museum of Art, New York
- Portrait de Gertrude Stein par Cecil Beateon au National Portrait Gallery, Londres
- Portrait de Gertrude Stein par Félix Vallotton, Baltimore Museum of Art; The Cone Collection, Baltimore, Maryland, BMA 1950.300
- Francis Picabia, Gertrude Stein, 1933, Yale Collection of American Literature
- http://arttattler.com/archivesteinscollect.html Francis Picabia, Gertrude Stein], collection privée (
- Francis Rose, Hommage à Gertrude Stein
- Andy Warhol, Ten Portraits of Jews of the Twentieth Century, 1980, 101.6 x 101.6 cm, 2008 Andy Warhol Foundation for the Visual Arts/ARS, New York/ Courtesy Ronald Feldman Fine Arts, New York
- Jo Davidson, Gertrude Stein, notice de l'oeuvre au Metropolitan Museum of Art, New-York
- Anne Teresa De Keersmaeker - Rosas danst Rosas sur le site officiel du Festival Montpellier Danse.
Bibliographie
- Parutions originales
- Three Lives, New York, Grafton Press, 1909.
- Tender Buttons, New York, Claire Marie, 1914.
- Geography and Plays, Boston, Four Seas, 1922.
- The Making of Americans, Paris, Contact Editions, 1925. Réédité par Something Else Press.
- Composition as Explanation, Londres, Hogarth Press, 1926. Traduit dans la revue Luna-Park en 1978.
- Lucy Church Amiably, Paris, Plain Edition, 1931.
- Before the Flowers of Friendship Faded Friendship Faded, Paris, Plain Edition, 1931.
- How to Write, Plain Edition, 1931.
- Operas and Plays, Plain Edition, 1932.
- The Autobiography of Alice B. Toklas, New York, Harcourt Brace, 1933.
- Matisse Picasso and Gertrude Stein with Two Shorter Pieces, Paris, Plain Edition, 1933.
- Four Saints in Three Acts, an Opera to Be Sung, New York, Random House, 1934.
- Portraits and Prayers, Random House, 1934.
- Lectures in America, Random House, 1935.
- Narration, University of Chicago Press, 1935.
- The Geographical History of America, York, Random House, 1936.
- Everybody’s Autobiography, York, Random House, 1937.
- Paris France, Londres, Batsford, 1940.
- What Are Masterpieces, Los Angeles, Conference, 1940.
- Ida, New York, Random House, 1941.
- Brewsie and Willie, Random House, 1945.
- Wars I Have Seen, Random House, 1945; Batsford, 1945.
- Blood on the Dining Room Floor, Pawlet, Banyan Press, 1948.
- Things as They Are, Pawlet, Banyan Press, 1948.
- Two: Gertrude Stein and Her Brother and Other Early Portraits (1908-1912), New Haven, Yale University Press, 1951.
- Bee Time Vine and Other Pieces, 1913-1927, New Haven, Yale University Press, 1953.
- Painted Lace and Other Pieces (1914-1937), New Haven, Yale University Press, 1956.
- Stanzas in meditation and Other Poems (1929-1933), New Haven, Yale University Press, 1956
- Fernhurst, Q.E.D., and Other Early Writings, New York, Liveright, 1971; Londres, Owen, 1971.
- Traductions en français
- Dix Portraits, (trad. Georges Hugnet et Virgil Thomson, éditions de la Montagne, 1930 ; Deux Temps Tierce, 1991.
- Américains d’Amérique, Paris, Stock, 1933 (trad. Bernard Faÿ); 1972.
- Picasso, (ouvrage écrit en français), Paris, Floury, 1938 ; Christian Bourgois, 1978 ; 2006.
- Paris France, Charlot, 1941.
- Petits poèmes, pour un livre de lecture, Charlot, 1944.
- Autobiographies, Lyon, Confluences, 1945.
- Brewsie and Willie, Morihien, 1947 ; Rivages, 1990.
- Les Guerres que j’ai vues, Charlot, 1947.
- Trois vies, Gallimard, 1954 ; « L’imaginaire », 1981.
- Gertrude Stein, numéro spécial Luna-Park n° 4 / [Cahiers du Grif], [Transédition], 1978.
- Autobiographie d’Alice Toklas, (trad. Bernard Faÿ), Mazenod, 1965 ; Gallimard, 1973 ; « L’imaginaire », 1980.
- Autobiographie de tout le monde, Seuil, 1978.
- L’Histoire géographique de l’Amérique ou la relation de la nature humaine avec l’esprit humain, Christian Bourgois, 1978.
- Ida, (trad. Daniel Mauroc), Seuil, « Fiction & Cie », 1978.
- Lectures en Amérique, Christian Bourgois, 1978.
- Du sang sur le sol de la salle à manger, Christian Bourgois, 1984.
- La Terre est ronde, (trad. Marc Dachy), Transédition, 1984.
- Une pièce circulaire, Traversière, 1985.
- Q.E.D. Les choses comme elles sont, (trad. Michèle Causse), Co-Éditions Vlasta/Remue Menage, Paris/Montreal, 1986.
- Interview transatlantique, (trad. Marc Dachy), Transédition, 1987.
- Le Monde est rond, (trad. Françoise Collin et Pierre Taminiaux, Tierce, 1984 ; Seuil, 1991.
- Poèmes, Textuel, « L’œil du poète », 1999.
- Strophes en méditation, Romainville, Al Dante, 2005.
- Tendres Boutons, Caen, Nous, 2005.
- Flirter au Bon Marché, (trad. Jean Pavans), Phébus, 2008.
- Willie est Willie, Noville-sur-Mehaigne, Belgique, L'Esperluète, 2010.
- Au sujet de...
- Marc Dachy, Gertrude Stein, préface de Paul Bowles, Culoz, Le Clos Poncet, 1987.
Annexes
Articles connexes
Liens externes
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