Gemiste Pléthon

Gemiste Pléthon
portrait de Plethon
Portrait de Gémiste Pléthon fait par son contemporain, Benozzo Gozzoli (1420-1497), Palais Médici-Riccardi (Florence)

Philosophe néo-platonicien, Georges Gémiste, dit Pléthon, fut lun des penseurs les plus originaux de son temps. entre 1355 et 1360 il fit ses études en milieu musulman avant de revenir enseigner à Constantinople ses cours sur Platon firent scandale et faillirent lui valoir dêtre arrêté pour hérésie. Mais son ami et admirateur, lempereur Manuel II préféra lexiler à Mistra, devenu un important centre intellectuel dans le despotat de Morée. Il y développa le concept dune filiation entre les Byzantins et les Grecs de lAntiquité et rédigea entre 1415 et 1418 à lintention de lempereur Manuel et de son fils, le despote Théodore, un vaste plan de réformes politiques, économiques, sociales et militaires basées sur les textes de Platon.

Membre de la délégation byzantine à titre de délégué laïc au concile de Florence (1437-1439) alors quil était déjà octogénaire, il donna dans cette ville de nombreuses conférences qui firent revivre la pensée platonicienne en Europe de lOuest. Lors de ce séjour, il rencontra Cosme de Médicis qui fonda une nouvelle Académie platonicienne, laquelle sous la direction de Marsilio Ficino, commença la traduction des œuvres complètes de Platon, les Ennéades de Plotin et divers autres ouvrages néo-platoniciens.

De retour à Mistra il devait mourir le 26 juin 1452, il fut nommé au Sénat et devint magistrat de la ville. Il passa ses dernières années à enseigner, à écrire et à poursuivre la lutte qui lopposait à Gennade II Scholarios, patriarche de Constantinople et défenseur dAristote[1].

Sommaire

Sa vie

Les premières années

Pléthon naquit probablement entre 1355 et 1360 à Constantinople. Encore jeune, il fit ses études chez Elisha (Elissaios) un Juif probablement adepte de la Falsafa (recherche de la sagesse chez les musulmans) à « la cour des barbares ». Certains auteurs identifient cette cour avec Bursa[1], mais il est plus probable quil sagisse dAndrinople devenue depuis sa conquête par le sultan Murad Ier en 1365 non seulement la capitale de lémirat, mais aussi un centre de savoir à légal du Caire et de Bagdad[2]. Cest quil étudia Aristote, Zoroastre et la philosophie cabalistique hébraïque[3].

Aux environs de 1407, Gémiste fit un long voyage avant de sétablir à Constantinople pour y enseigner. Toutefois ses études de plusieurs années en milieu turc musulman et ses cours jugés hautement subversifs par lestablishment orthodoxe faillirent le faire emprisonner pour hérésie. En 1410, lempereur Manuel II Paléologue qui admirait Gémiste et était son ami préféra plutôt lexiler à Mistra dans le despotat de Morée régnait son fils, le despote Théodore II. Fondée par Guillaume de Villehardouin en 1249 et perchée sur un éperon rocheux du mont Taygète surplombant la plaine de Sparte, Mistra était devenue au quinzième siècle beaucoup plus quune capitale provinciale. Centre artistique, intellectuel et religieux, la ville pouvait se comparer à ce que Constantinople avait été au siècle précédent. Jean VI Cantacuzène y avait fait de nombreux séjours avant dy mourir. Des écrivains et philosophes sy étaient regroupés; des architectes avaient construit de nombreuses églises de styles et de techniques complètement nouveaux, ce qui navait pas manqué dattirer de nombreux artistes qui produisirent à leur intention mosaïques et icones[4].

Professeur à Mistra

Mistra et le Taygète
Massif et gorges du Taygète depuis les ramparts de la citadelle de Mistra

Gémiste, qui considérait Constantinople moins comme successeur de lempire romain que comme héritier de la culture et de la civilisation grecque ou hellène, fut ravi de cette proposition qui lui permettait dhabiter non seulement au cœur du Péloponnèse mais encore près de lancienne Sparte dont la discipline rigide était tout à fait conforme aux idées platoniciennes hostiles à la démocratie athénienne[5].

À Mistra, il enseigna la philosophie, lastronomie, lhistoire et la géographie tout en écrivant sur ces sujets et en compilant des résumés de nombreux auteurs classiques. Il eut parmi ses élèves Marc Eugenikos qui devait être le chef de file des antiunionistes au concile de Florence, Basile Bessarion futur évêque métropolitain de Nicée, et Georges Scholarios qui, sous le nom de Gennade II, devait devenir le premier patriarche de Constantinople après sa chute aux mains des Ottomans. Lorsque Théodore II fit de lui le premier magistrat de la cité Pléthon affecta de jouer à la cour du despote le rôle que Platon avait joué à celle de Syracuse[6].

Cest quil développa le concept dune sorte de filiation entre les Byzantins et les Grecs de lAntiquité. Depuis quelques années déjà, le terme dHellène avait perdu la connotation péjorative qui lavait longtemps lié au monde païen antique[7]. Alors que lempire romain dOrient se réduisait de plus en plus à Constantinople et à ses territoires du Péloponnèse, cet héritage grec prenait une nouvelle signification. Mistra, située au cœur de la Grèce et près du site de lancienne Sparte permettait despérer la possible résurrection de lHellénisme antique :

« Il nest de pays (écrit Pléthon) qui soit plus intimement associé aux Grecs que le PéloponnèseCest un pays que la même race grecque a toujours habité, aussi loin que la mémoire puisse remonter. Aucun autre peuple ne sy était établi auparavant, aucun autre venu de lextérieur ne la habité par la suite […] Au contraire, les Grecs lont toujours occupé comme le leur, et même si, pour cause de surpeuplement, ils ont émigré et occupé dautres territoires dun grand intérêt, ils ne lont jamais abandonné[8] »

.

Ses idées sur le concept de Dieu chez Platon et Aristote, quil résuma dans le De Differentiis, devaient lui donner maille à partir avec lÉglise. Scholarios, son ancien élève, prit position en faveur dAristote et se plaignit que la défense des théories de Platon par Gémiste équivalait à une hérésie. Manuel II Paléologue qui était à la fois ami et défenseur de Pléthon préféra lexiler à Mistra, ce qui commença à le rendre célèbre. De 1415 à 1418, il écrivit à lintention de Théodore et de Manuel II une série de textes proposant de vastes réformes politiques, économiques, sociales et militaires modelées sur La République de Platon[9]. Si ce vaste projet de réformes passablement utopique ne lui valut que les remerciements polis du despote et de lempereur, il lui conféra également la réputation de grand penseur juridique qui avait réussi à mémoriser plusieurs codes juridiques[10].

Auteur de nombreux autres ouvrages sur lhistoire du Péloponnèse, de résumés dauteurs anciens, de livres sur la musique et la géographie, il joua à Mistra au quinzième siècle, un rôle identique à celui quavait joué Théodore Métochitès à Constantinople au siècle précédent[11].

Conférencier à Florence

En 1425, Jean VIII Paléologue succéda à son père, Manuel II. Il consulta Gémiste sur le dossier de la réconciliation des Églises grecque et latine en vue du concile qui devait se tenir à Ferrare. Comme lempereur, Gémiste était plutôt favorable à lunification des Églises, moins pour des motifs théologiques (il sétait déjà passablement éloigné du christianisme) que par conviction que Constantinople avait un besoin urgent de laide de lOuest pour survivre[12].

Depuis 1204 et les débuts de lempire latin, les érudits byzantins avaient noué de nombreux contacts avec leurs collègues dOccident, liens qui sétaient renforcés lorsque Byzance commença à solliciter laide de lOuest pour laider à combattre les Ottomans au XIVe siècle. Les occidentaux possédaient une certaine connaissance des anciens philosophes grecs grâce à lÉglise catholique et aux musulmans, mais plusieurs documents et leurs commentaires restaient inconnus. Le concile de Ferrare, bientôt connu sous le nom de concile de Florence, suite à une épidémie qui le força à quitter Ferrare, devait être loccasion pour eux de découvrir létendue de la philosophie grecque antique[13].

Cosme de Médicis
Portrait de Cosme l'Ancien de Médicis par il Vecchio (1389-1464)

La délégation byzantine à ce concile comprenait non seulement lempereur et les patriarches de Constantinople, dAlexandrie, dAntioche et de Jérusalem, mais également des clercs et des laïcs. Cétait la première fois quun patriarche accompagnait lempereur dans un voyage à Rome. Mais, de santé fragile et dun naturel conciliant, Joseph II était peu qualifié pour faire valoir les positions de lÉglise orthodoxe dans un débat théologique. Certains de ses délégués, comme Bessarion, récemment devenu évêque de Nicée, étaient au courant de lintérêt généré par la pensée grecque antique en Occident et, épris dItalie, étaient eux-mêmes favorables à une union des deux Églises. À lopposé, Marc Eugénikos, un moine fait métropolite dÉphèse, était convaincu des erreurs de lÉglise dOccident. Lempereur qui conduisait la délégation laïque avait décidé Gémiste à laccompagner en raison de sa réputation dintellectuel et de moraliste. Bien que ses vues étaient déjà bien loin de celles défendues par les deux parties chrétiennes, Pléthon en dépit de son âge (il était déjà octogénaire) était également curieux de découvrir lItalie. Parmi les laïcs se trouvait également Georges Scholaros, invité en raison de sa parfaite maitrise du latin. Partisan de la philosophie de Thomas dAquin, il admirait également Grégoire Palamas et la doctrine orthodoxe de lhésychasme. La délégation byzantine dans son ensemble était donc loin d'être unanime sur les positions à défendre dans les débats[14].

Pléthon se lassa rapidement des arides débats théologiques, dautant plus que nétant pas clerc, sa présence nétait pas continuellement requise au concile. À linvitation de quelques humanistes florentins, il commença à donner des conférences sur la différence entre les philosophies de Platon et dAristote. Peu décrits de Platon étaient connus en Occident à cette époque; Pléthon réintroduisit ainsi la philosophie platonicienne dans un monde , depuis le Moyen-âge, dominait celle dAristote. Cest à Florence quil fit la connaissance de Léonardo Bruni, lun des premiers traducteurs de Platon ainsi que de Cosme de Médicis, qui venait souvent lécouter. Fasciné par la comparaison entre Aristote et Platon, de même que par ce que Pléthon enseignait sur les mages, de Médicis décida de fonder lAcadémie platonicienne de Florence les étudiants italiens de Pléthon continuèrent à enseigner après le départ de celui-ci. Lhumaniste florentin Marsilio Ficino qui devait devenir le premier directeur de lAcadémie platonicienne alla jusquà parler de lui comme dun « second Platon » alors que le cardinal Bessarion se demandait si lâme de Platon ne sétait pas incarnée en lui. Linfluence de Pléthon aura ainsi été plus grande en Occident samorçait la Renaissance que dans l'empire byzantin lui-même[15].

Cest alors quil était encore à Florence que Gémiste résuma ses conférences dans louvrage En quoi Aristote se différentie-t-il de Platon, connu sous le nom de De Differentiis , auquel Georges Scholarios répondit par À la défense dAristote, ce qui suscita le En réponse de Pléthon. Cest également quil adopta le pseudonyme de Pléthon (Πλήθον signifiant « plein, abondant » est un synonyme de Gémistos et se rapproche sur le plan euphonique de Platon)[16].

Les dernières années

tombeau de Gémiste Pléthon
Tombeau de Gémiste Pléthon au Tempio Malatestiano de Rimini

De retour au Péloponnèse, Gémiste fut nommé membre du Sénat et magistrat de Mistra. Mais il continua à se considérer d'abord et avant tout comme le philosophe attitré de la cour et, tout comme lavait fait Platon à Syracuse, à se promener avec ses disciples le long de lagora développant à la fois ses idées de réformes politiques et la controverse religieuse qui lopposa jusquà la fin à Scholarios[3].

Pléthon mourut à Mistra vraisemblablement en 1452, peut-être deux ans plus tard. En 1465, lorsque Sigsimondo Pandolfo Malatesta, à la fois condottieri et érudit entra à Mistra à la tête de larmée vénitienne, il fit retirer le cercueil de Pléthon de lhumble sépulture il reposait pour le ramener dans sa ville de Rimini il fit construire une tombe splendide dans la cathédrale de Saint François sur laquelle il fit graver : « Au plus grand philosophe de son temps »[17].

Sa pensée

Son œuvre politique

Voyant dans les habitants du Péloponnèse les descendants directs des anciens Hellènes, Pléthon rejetait lidée acceptée depuis Justinien dun empire universel et proposait plutôt de rebâtir la civilisation helléniste telle quelle avait été au zénith de linfluence exercée par la Grèce dans sa région. Dans ses deux Adresses au despote Théodore (II Paléologue) et Adresse à Manuel (II), datant de 1415 et de 1418, il recommandait avec insistance à lempereur et au despote de faire de la Morée une société dotée de trois classes sociales rigides (les travailleurs manuels, les fonctionnaires et une classe de gouvernants incluant les militaires). Les soldats devaient être professionnels et nés en Grèce. Leurs services seraient rémunérés par les contribuables ou Hélotes qui, en retour, seraient exempts du service militaire. La terre devait appartenir à lÉtat qui recevrait un tiers de la production. On encouragerait le développement des terres non encore cultivées. Le commerce devait être strictement contrôlé et lusage du numéraire réduit au minimum. Au contraire, on encouragerait le troc et on limiterait les importations. La mutilation devait être abolie mais les homosexuels, en tant que déviants, devaient être envoyés au bucher. Ces deux pamphlets parlent peu de religion, mais on peut y lire le dédain de Pléthon à lendroit des moines « qui ne produisent rien dutile pour la société ». Trois principes religieux y sont implicittes : la croyance en un (ou plusieurs) Être(s) suprême(s), lintérêt de cette divinité pour ses créatures et son indifférence aux sacrifices et aux louanges. Ni lempereur, ni le despote ne tentèrent de mettre en œuvre ce programme de gouvernement[18].

Son œuvre philosophique

Platon enseignant à ses disciples
Platon qui a inspiré la pensée de Pléthon enseignant à ses disciples, mosaïque romaine découverte à Pompéï

Dans le De Differentiis ou En quoi Aristote se différencie de Platon, Pléthon compare les concepts de « dieu » chez Aristote et Platon, soutenant que chez Platon, dieu jouit de pouvoirs plus grands et plus élevés en tant que « créateur de toute substance intelligible et séparée et dès lors, de lunivers tout entier », alors quAristote ne le considère que comme la force motrice de lunivers. Le dieu de Platon est également le principe et la cause finale de lexistence, alors que chez Aristote il nest que la fin du mouvement et du changement. Pléthon se moque dAristote prétendant que celui-ci discute de sujets triviaux comme les coquillages et les embryons mais néglige dattribuer à dieu la création de lunivers. Il tourne également en dérision la prétention à leffet que les cieux seraient composés dun cinquième élément et que la contemplation constituerait le plaisir suprême de l'homme, ce qui ferait de lui un épicurien semblable aux moines qui recherchent le plaisir et se complaisent dans loisiveté. Par la suite, en réponse à louvrage de Gennade intitulé À la défense dAristote, Pléthon dans une Réplique soutint que le dieu de Platon ressemblait plus à la doctrine chrétienne que celui dAristote[19].

Dans ses dernières années, Pléthon fit une compilation de ses croyances ésotériques dans un recueil intitulé Le Traité des lois dont le titre est emprunté à Platon (en grec Νόμων συγγραφή, ou simplement Νόμοι) qui ne fut découvert quaprès sa mort. Ce fut la princesse Théodora, épouse du despote Démétrios de Morée qui en prit possession et envoya le manuscrit à Scholarios, entre-temps élu patriarche de Constantinople sous le nom de Gennade II, pour savoir quen faire. Réalisant à quel point son contenu était en désaccord avec la doctrine traditionnelle orthodoxe, celui-ci le retourna à la princesse en conseillant de le détruire. Après linvasion de la Morée par le sultan Mehmet II, Théodora et Démétrios senfuirent à Constantinople et le livre fut renvoyé à nouveau au patriarche, Théodora ne voulant prendre sur elle de détruire la seule copie existante de lœuvre dun auteur aussi renommé que Pléthon. Gennade neut pas de tels scrupules et fit bruler le livre en 1460, non sans avoir au préalable résumé son contenu et ses têtes de chapitres dans une lettre envoyée à lexarque Joseph, peut-être pour justifier sa sentence[20].

Si on se fie à cette lettre, de même quau résumé que Pléthon en fit sous le titre de Résumé des doctrines de Zoroastre et de Platon qui nous sont tous deux parvenus grâce à son disciple Bessarion, le livre représente un exposé dogmatique plus théologique que philosophique. Pour assurer le bonheur de lhomme, Pléthon propose un ensemble de réformes politiques, sociales, morales et religieuses, déterminées par la place quoccupe lhomme dans lunivers. Cet univers est régi par un déterminisme rigoureux auquel obéissent aussi bien les dieux que les hommes. Les êtres divins, intelligences pures habitent au ciel, les êtres composés dun corps et dune âme habitent en bas du ciel[21].

Le plus grand des dieux est Zeus, sans commencement ni fin, dont la pensée a créé lunivers. Tout procède donc de la volonté de Zeus et est régi par la Fatalité inexorable (Heimarmèné). Fils ainé de Zeus mais qui neut pas de mère, Poséidon qui a créé les cieux régit tout ce qui se passe sous eux, maintenant ainsi lordre dans lunivers. Parmi les autres fils de Zeus on trouve un cortège de dieux « super célestes », appelés Olympiens et Tartaréens, aucun nayant été enfanté par une femme. Héra, la troisième dignité de ce panthéon, vient immédiatement après Poséidon. Elle est la créatrice de la matière indestructible et la mère par Zeus dune série de dieux, de demi-dieux et desprits. Les Olympiens gouvernent la vie immortelle dans les cieux alors que les Tartaréens régissent la vie des mortels situés sous les cieux grâce à leur chef, Kronos, maitre de la mortalité. Lainé des dieux vivant dans les cieux est Hélios, maitre des cieux et source de toute vie mortelle sur la terre. Les dieux sont responsables de ce qui se fait de bon et ne peuvent rien faire de mal. Ils guident toute vie en fonction de lordre universel. La création de lunivers est ainsi parfaite et se situe hors du temps, de telle sorte quelle est immortelle, nayant jamais eu de commencement et ne devant jamais avoir de fin[22].

Suivent les génies, les démons, les âmes sans corps et enfin, les hommes composés dun corps et dune âme immortelle à limage des dieux à qui ils doivent sefforcer de ressembler. Cette âme est appelée à se réincarner pour léternité dans différents corps selon la volonté des dieux. Lhomme doit rendre un culte à ces dieux ; la liturgie proposée par Pléthon se rapproche de celle proposée par Zoroastre alors que les fêtes et le calendrier liturgique sont inspirés de la Grèce antique[23].

Dans ce même livre, Pléthon proposait de modifier radicalement la structure et la philosophie de lempire byzantin pour les ajuster sur les théories platoniciennes. La nouvelle religion dÉtat serait fondée sur le panthéon des dieux païens et basée sur les principes de lhumanisme prévalant à cette période qui incorporait des idées comme le rationalisme et la logique. Cest ainsi quil en vint à appuyer la réconciliation des Églises dOrient et dOccident à seul fin dobtenir des secours de lOuest contre les Ottomans. De façon plus concrète, il proposait des mesures comme la réhabilitation immédiate de lHéxamilion, ce mur de défense qui coupait listhme de Corinthe et que les Ottomans avaient réussi à pénétrer en 1423.

Au chapitre des théories économiques et sociales, il prônait la création de communautés régies par une monarchie bienveillante, le collectivisme des terres, la division des sexes et des classes sociales. Dans un tel système, les cultivateurs conserveraient le tiers de leurs récoltes, un autre tiers devant servir à nourrir les militaires professionnels[24].

Ses autres œuvres

De nombreux manuscrits attribués à Pléthon sont parvenus jusquà nous et se trouvent dans diverses bibliothèques européennes. Ceux-ci contiennent des extraits des œuvres de Lucien de Samosate, Appien, Strabon, Théophraste, Aristote, Diodore de Sicile, Xénophon et Denys dHalicarnasse. Pléthon composa des œuvres de philosophie, théologie, musique, rhétorique, grammaire, histoire, des traités de géographie et des oraisons funèbres. Son Histoire de la Grèce après la bataille de Mantinée, a pour sources Diodore et Plutarque. Parmi ses autres œuvres on retiendra : Mémoire pour Théodore, De Isthmo ; Mémoire pour Manuel, Oracles magiques des mages disciples de Zoroastre et Commentaire sur ces Oracles ; Prolegomena Artis Rhetoricae ; Oraison Funèbre pour Cléopa ; Oraison Funèbre pour Hélène ; Zoroastri et Platonicorum dogmatum compendium ; Du destin ; Des vertus ; Traité des lois ; En quoi Aristote est en désaccord avec Platon, Réplique à Scholarios. La plupart des œuvres de Pléthon se trouvent dans la collection Patrologia Graeca de Jean-Paul Migne publié entre 1844 et 1855. Pour une liste complète on consultera la Bibliotheca Hagiographica Graeca (ed. Harles 1895 et 1909).

Notes et Références

Notes

Références

  1. a et b Kazhdan, p. 1685
  2. Norwich,p. 392 ; Bréhier, p. 370
  3. a et b Norwich, p. 392
  4. Norwich, pp. 391-392.
  5. Norwich, p. 392.
  6. Nicol, p. 365.
  7. Herrin, p. 293.
  8. cité par Nicol, p. 365.
  9. Burns, pp. 77-78.
  10. Nicol, p. 367; Herrin, pp.296-297.
  11. Nicol, p. 364.
  12. Nicol, p. 376.
  13. Nicol, p. 375.
  14. Nicol, p. 375-376 ; Meyendorff, p.111.
  15. Norwich, p. 1430.
  16. Kazhdan, p. 1685.
  17. Herrin, p. 297; Norwich, p. 393.
  18. Nicol 366; Guillou, p. 240 et 346 ; Runciman, pp. 77-80 ; Kazhdan, p. 1685; Herrin, p. 294.
  19. Meyendorff, p. 113 .
  20. Bréhier, pp. 371-372 ; Runciman, p. 79; Herrin, pp. 294-295.
  21. Bréhier, p. 371.
  22. Bréhier, p. 371 ; Mango, p. 291.
  23. Bréhier, p. 372.
  24. Nicol, p. 366.

Bibliographie

Ouvrages de Pléthon

  • Traité des lois (1440-1452), Paris, 1858. [1]
  • Traité des vertus, Édition critique avec introduction, traduction et commentaire, Corpus Philosophorum Medii Aevi, Philosophi Byzantini 3, Athens-The Academy of Athens, E. J. Brill, Leyde, 1987.
  • Magika logia tôn apo Zoroastrou magôn, Georgiou Gemistou Plêthônos Exêgêsis eis ta auta logia. Oracles chaldaïques. Recension de Georges Gémiste Pléthon. Edition critique avec introduction, traduction et commentaire par B. Tambrun-Krasker. La recension arabe des Magika logia par M. Tardieu, Corpus Philosophorum Medii Aevi, Philosophi Byzantini 7, Athènes, The Academy of Athens ; Paris, librairie J. Vrin ; Bruxelles, éditions Ousia, 1995, LXXX+187 p. [2]
  • Des différences entre Platon et Aristote (1439), thèse de 3° cycle de Bernadette Lagarde, Université de Paris IV-Sorbonne, 1976.

Bibliographie

  • Bréhier, Louis. La civilisation byzantine. Albin Michel, Paris, 1970. ISBN ?
  • Brown, Alison M. « Platonism in fifteenth century Florence and its contribution to early modern political thought », Journal of Modern History 58 (1986), pp. 383-413.
  • Burns, James Henderson (ed.). The Cambridge History of Medieval Political Thought, c. 350 - c.1450, Cambridge University Press, Cambridge, 1991.
  • Harris, Jonathan. “The influence of Plethons idea of fate on the historian Laonikos Chalkokondylesin Proceedings of the International Congress on Plethon and his Time, 26-29 June 2002, ed. L.G. Benakis and Ch. P. Balogou (Athens: Society for Peloponnesian and Byzantine Studies, 2004), pp. 211-217.
  • Herrin, Judith. Byzantium, The Surprising Life of a Medieval Empire, Princeton University Press, Princeton & Oxford, 2009 (5th ed). ISBN 978-0-691-14369-9 (paperback).
  • Kazhdan, Alexander P. (ed. in chief). The Oxford Dictionary of Byzantium. Oxford University Press, New York, 1991. ISBN 0-19-504652-8.
  • Keller, A. “Two Byzantine scholars and their reception in Italy”, Journal of the Warburg and Courtauld Institutes 20 (1957), pp. 363-370.
  • Mango, Cyril (ed). The Oxford History of Byzantium, Oxford University Press, Oxford, 2002. ISBN 0-19-814098-3.
  • Merry, Bruce. “George Gemistos Pletho (c. 1355/60)”, in Alba Amoia and Bettina L. Knapp (ed.) Multicultural Writers from Antiquity to 1945 : A Bio-bibliographical Sourcebook. Westport, Conn.: Greenwood Press, 2002.
  • Meyendorff, John. Byzantine Theology, historical trends & doctrinal themes, Fordham University Press, New York, 1987 (3rd ed.). ISBN 0-8232-0967-9.
  • Nicol, Donald M. Les derniers siècles de Byzance, 1261-1453, Les Belles Lettres, Paris, 2005. ISBN 2-251-38074-4.
  • Norwich, John Julius. Byzantium, The Decline and Fall, Alfred A. Knopf, New York, 1996. ISBN 0-679-41650-1.
  • Runciman, Steven. The Last Byzantine Renaissance, Cambridge University Press, Cambridge, 1970. ISBN 978-0-521-09710-9.
  • Tambrun-Krasker, B. "Georges Gémiste Pléthon, Traité des vertus". Corpus Philosophorum Medii Aevi, Philosophi Byzantini 3, E.J. Brill, Leiden, 1987.
  • Treadgold, Warren. A History of the Byzantine State and Society, Stanford University Press, Stanford, 1997. ISBN0-8047-2630-2.

Liens externes

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