Fédération des bourses du travail

Fédération des bourses du travail

Fédération des Bourses du travail

La Fédération des Bourses du travail de France et des colonies est une organisation syndicale française fondée en 1892. De son union en 1895 avec la Fédération nationale des syndicats naît la Confédération générale du travail (CGT). Son principal animateur est Fernand Pelloutier.

le Congrès fondateur de la Fédération[1]

Les 7 et 8 février 1892, à Saint-Étienne, se tient le Congrès fondateur de la Fédération des Bourses du Travail de France[1].

Dix Bourses du Travail sont représentées :

Paris, 2 délégués ; Lyon[2], 1 ; Toulouse, 1 ; Bordeaux[3], 1 ; Saint-Étienne[4], 2 ; Nîmes, 2 ; Toulon, 1 ; Montpellier, 1 ; Cholet, 1 ; Béziers, 1. Les Bourses de Marseille, Sète, Nice, Roanne et Le Cergne n'ont pas envoyé de délégués pour cause de manque de fonds.

La séance du dimanche matin 7 février débute à 9 heures.

Elle est l'occasion d'échanges sur la place qu'occuperont les représentants des Bourses du Travail dans le Secrétariat national du Travail composé notamment des fédérations de métiers et de groupes politiques.

Le délégué de la Bourse du Travail de Lyon se déclare favorable à la Fédération des Bourses mais précise qu'il ne faut qu'elle ne gène en rien l'action et le fonctionnement de la Fédération nationale des syndicats ouvriers français.

Le délégué de Nîmes explique que la Fédération des Syndicats ouvriers français doit exister, fonctionner, à côté de la Fédération des Bourses ; ces deux organisations ne peuvent que s'entraider.

Finalement, les délégués sont d'accord sur le fait qu'il est utile que « tout le Prolétariat soit fédéré, soit en partie similaires de métier, soit dans l'ensemble, soit en Syndicats ou en Fédérations » et le principe de la Fédération des Bourses du Travail de France est voté à l'unanimité.

L'après-midi est consacré au débat sur les statuts dont seuls les trois premiers articles sont adoptés sur les dix qui ont été proposés par la Bourse de Paris. Le Congrès décide à 19 heures 30 de lever la séance et de se réunir le lendemain matin dès 8 heures.

Le soir, un grand punch est donné à la Grande Brasserie, tenue par le syndicat des Limonadiers, offert par la municipalité socialiste de Saint-Étienne, en l'honneur des délégués « étrangers ». Cette soirée sympathique débute par un chant patriotique exécuté par le représentant de la Bourse de Toulouse, est suivi d'autres chants, puis de toasts aux délégués et à leurs Bourses respectives, à la prospérité de la Fédération des Bourses, à la Révolution sociale et à l'affranchissement des travailleurs, à l'union des Syndicats de France. On se sépare à minuit avec la garantie de garder longtemps un bon souvenir de l'accueil très sympathique fait pendant cette soirée.

Le lendemain matin 8 février, les 10 articles des statuts de la nouvelle Fédération sont adoptés et les quatre délégués au Secrétariat national du Travail sont élus : citoyens Léon Martin, Bertrand, Chaput et Lagarde (suppléants : citoyenne Marie Bonnevial, citoyens Calmet, Besset et Legardeur).

L'après-midi, une déclaration sur l'indépendance des Bourses du Travail vis-à-vis des pouvoirs administratifs et gouvernementaux est adoptée.

Sur proposition des deux délégués de Paris, un manifeste aux travailleurs est rédigé :

  Citoyens,

Le Congrès des Bourses du Travail vient de terminer ses travaux.

Les délégués représentants plus de 500 syndicats ouvriers ont la profonde satisfaction de vous dire: désormais le Prolétariat conscient, oubliant les néfastes divisions qui avaient jusqu'à présent paralysé ses espérances, est uni, ne forme qu'un faisceau décidé à travailler plus que jamais à l'émancipation intégrale de l'humanité. La Fédération des Bourses est un fait accompli; autour d'elle, le Prolétariat va pouvoir, ayant une force propre et indépendante, occuper la première place intellectuelle dans la conquête de l'avenir. Bientôt, tous les centres industriels auront leur Bourse de Travail dont le premier devoir sera de se joindre à la Fédération naissante. De sorte que, dans un avenir rapproché, toutes les forces ouvrières ne formeront qu'un seul bloc, unis par les intérêts communs, cimenté par la solidarité. Et la bourgeoisie qui, après s'être fait des gorges chaudes de nos divisions passées, escomptait déjà nos divisions à venir, n'aura plus qu'à prendre son parti de la liquidation sociale prochainement inévitable. Vive l'émancipation des travailleurs ! Vive l'humanité ! Vive la Révolution sociale !

Puis, sur la proposition du délégué de Cholet, le Congrès décide de s'associer au Congrès international de Bruxelles (la Deuxième Internationale) en ce qui concerne la manifestation du 1er mai.

Le congrès arrive à son terme et il est décidé à l'unanimité que le deuxième aura lieu à Toulouse. Le Congrès se termine à 20 heures 30 aux cris de : « Vive la Révolution sociale ! »

Dirigeants


Notes et références

  1. Congrès de Saint-Étienne, février 1892 / rapport du citoyen Branque, délégué des menuisiers en bâtiment, administrateur de la bourse du travail ; Bourse du travail de Toulouse (BNF)
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