- Frédéric Japy
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Frédéric Japy (né le 22 mai 1749 à Beaucourt, près de Montbéliard (Franche-Comté) - mort le 4 janvier 1812 au moulin à Badevel), est avec Armand Peugeot, le créateur de l'industrie moderne et participe à l'essor du pays de Montbéliard.
Il mécanise la fabrication horlogère par des machines qu'il crée lui même et concentre ainsi toute la fabrication dans l'établissement de son beau-père. Il développe les « cités japy », cités ouvrières qui permet de loger le personnel qui, autrefois, travaillait à domicile.
Il fait partie de la longue liste des inventeurs du pays de Montbéliard[1].
Un musée est consacré à sa personne à Beaucourt[2].
Sommaire
Jeunesse
Né dans une famille beaucourtoise de souche protestante et disposant déjà d'une certaine notoriété, Frédéric Japy est le fils du maire de Beaucourt, qui exploite des terres en plus d’une activité de forgeron. Il franchit la frontière pour faire en Suisse son apprentissage dans l'horlogerie[3]. C'est au Locle que Frédéric Japy apprend autant le métier d'horloger que l'esprit communautaire qui règne chez les artisans . De retour à 24 ans, dans sa ville natale de Beaucourt, il rachète les machines de Jean-Jacques Janneret-Gris son ancien maitre et ouvre son propre atelier. Il conçoit lui-même les machines-outils qui lui serviront à produire ses pièces.
L'Innovation industrielle
Rénovation du système de l'Etablissage [4]
La fabrication de pièces pour l'industrie horlogère fonctionne traditionnellement selon le procédé dit de l'établissage : Des artisans spécialisés travaillent à domicile, et fournissent chacun un type très spécifique de pièce. Pièces ensuite collectées et assemblées par un «Etablisseur».
Frédéric Japy regroupe ses ouvriers dans une usine à part de la ville pour minimiser les coûts de transfert . Pour chaque poste de travail, il conçoit une machine-outil adaptée et capable d'opérer une production en série. Japy augmente à faible cout les cadences de production tout en réduisant la main d'œuvre nécessaire. Alors que 150 ouvriers en moyenne intervenaient pour réaliser le produit fini, ses dix machines-outils lui permettent de concevoir les 83 pièces de l'ébauche, puis de les assembler[5].Naissance de l'usine et de l'état d'esprit industriel
Le capitalisme du XIX°s est déjà inscrit dans la fabrique de Japy de 1773 :
- -le rythme de travail n'est plus maitrisé par l'artisan, mais imposé par le dirigeant.
- -nombre d'opérations réduit selon un processus de réflexion proche de notre actuelle analyse de la valeur.
- -machines conduites par des opérateurs faiblement qualifiés ( Japy fait même valoir que son système permet d'embaucher des vieillards, des estropiés, des femmes et des enfants )
- -fabrication en série des différentes pièces composant un mouvement
- -regroupement de la main-d'oeuvre en un même lieu pour réduire le coût de transfert des sous-ensembles.
Son inventivité technique ne s'arrêtant pas à son cœur de métier, Frédéric Japy inventera en outre un modèle de pompe rotative encore en usage de nos jours. En 1811, un an avant sa mort, il créé une usine de vis à bois, à la Feschotte. L'entreprise produit ensuite de la serrurerie et des ustensiles de ménage en fer battu étamé. En 1773, il épouse Suzanne-Catherine Amstoutz et transfère ses outils dans l'un des bâtiments du beau-père, avant de créer quatre ans plus tard sa propre fabrique de montres à Beaucourt. Il produit 2400 ébauches dès 1780, chiffre qui atteindra 12700 en 1806[5].
A la vente des biens nationaux, il avait acquis plusieurs propriétés en 1793, comme le moulin de Badevel qui permettra plus tard d'utiliser l'énergie hydraulique pour faire fonctionner les machines[3]. En mars 1799 (le 27 ventôse an VII), il demande un brevet d'invention de 5 ans pour dix machines d'horlogerie qu'il utilise depuis plusieurs années, dont une machine à tailler les roues, une machine à fendre les vis, un tour pour tourner les platines des montres. Il insiste dans ses descriptions sur le fait que ses machines peuvent être actionnées facilement par des infirmes ou des enfants.
Évolution de l'entreprise Japy après la passation de pouvoir de Frédéric Japy
Frédéric Japy souhaite diversifier la production de son entreprise dans le domaine de la quincaillerie. Cette tâche est menée à bien par ses trois fils, à qui il passe le pouvoir en 1806. Dans le cadre de cette diversification, l'entreprise qui s'appelle désormais Japy Frères, et qui a connu le succès grâce aux machines-outils, développe une machine à tirer le fil d'acier (1810), une machine à dresser, allonger et pointer le fil de fer pour clous d'épingles et à fileter les vis à bois et à métaux (1828). Cette diversification réussie sera continuée par la troisième génération Japy à la tête de l'entreprise. Mais l'avance industrielle initiale n'a pas été renouvelée. Le projet social, avec des ouvriers travaillant dans des maisons créées à cet effet, emportant du travail à domicile et sans horaires fixe d'ouverture, apparait, à la fin du XIXe siècle, comme dépassé. La société Japy réussit le lancement de machines à écrire en Europe au début du XXe siècle mais perd sa prédominance sur l'innovation industrielle. L'entreprise Japy, très largement diversifiée, est progressivement démantelée avec la cession de différentes branches de la marque.
Influence sur le développement industriel de Montbéliard
A quelques kilomètres de là, en 1810, onze ans après les dix dépôts de brevet Frédéric Japy, la région de de Montbéliard (Doubs) voit s'associer Jean-Frédéric et Jean-Pierre II Peugeot avec Jacques Maillard-Salins et fondent la société « Peugeot-Frères et Jacques Maillard-Salins »[6]. Ils transforment le moulin hydraulique du lieu-dit du Sous-Cratet en fonderie d'acier, qui fournit dans un premier temps les horlogeries en ressorts d'acier, puis laisse place à partir de 1833, à de la grosse quincaillerie, des scies à rubans, des outils et à partir de 1840, à un moulin à café cubique.
Liens internes
Liens externes
Après la cession de différentes branches, le nom de Japy est désormais associé à plusieurs entreprises.
Sources
- Bruno Jacomy, Une Histoire des techniques, Éditions du Seuil, février 1990, (ISBN 2.02.0124505.X), sixième partie, chapitre 3.
- Pierre Lamard , Histoire d'un capital familial au XIX°s : Le capital Japy 1777-1910, Thèse Belfort 1988.
Notes et références
- Terre d'inventeurs
- Musée Frédéric Japy
- http://www.ferriere.net/pdf/VI.27.M_R.pdf
- Une histoire des techniques , par bruno Jacomy , Ed le Seuil 1990
- http://www.famille-japy.fr/rubrique,frederic-japy,202115.html
- Histoire : La Saga du Lion, une saga familiale sur Peugeot.com. Consulté le 31 janvier 2010
Catégories :- Naissance en 1749
- Naissance dans la province de Franche-Comté
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