- Francis Jourdain
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- Pour l'homonymie ornithologue et zoologiste britannique, Francis Jourdain, voir Francis Charles Robert Jourdain
Francis Jourdain (1876-1958 Paris) a été peintre, créateur de meubles et de décorations d'intérieurs, de céramiques, et d'autres objets d'arts décoratifs. À partir des Années 1930, il s'est de plus en plus engagé politiquement et a fini par adhérer au parti communiste français. À la fin de sa vie, il a exercé la fonction de Président du Secours Populaire Français.
Sommaire
Biographie
Fils de l'architecte Frantz Jourdain, fondateur du salon d'automne, son enfance bénéficie des nombreuses relations de ses parents dans les milieux intellectuels (Émile Zola, Alphonse Daudet) et artistiques (cercle d'Alexandre Charpentier). Pionnier du mouvement moderne, il abandonne au début du XXe siècle le style art nouveau dans lequel il s'était distingué (décoration de la villa Majorelle à Nancy), grâce en particulier à l'influence d'Adolf Loos, précurseur du Bauhaus.
Proche des nabis (Bonnard, Vuillard) il restera fidèle à la devise de « l'art pour tous ». Sa peinture sera influencée par celle des « fauves » (Henri Matisse, Albert Marquet). Proche d'Octave Mirbeau, il soutient avec lui les romanciers du petit peuple Charles-Louis Philippe et Marguerite Audoux, dont il est un très proche ami à travers le « groupe fraternel » dans lequel il est directement impliqué avec son épouse Agathe, styliste, autour de Charles-Louis Philippe -- et sa compagne du moment Milie, la lingère Émilie Millerand -- et de Léon-Paul Fargue, avec Charles Chanvin, Jules Ielh qui signe Michel Yell -- celui qui trouve la maison vide d'un certain Claude Terrasse, qui la loue, -- et Marguerite Audoux -- couturière dite « La couturière des lettres », -- appelé le « Groupe de Carnetin »[1].
Abandonnant la peinture et la gravure en 1912, il invente et commercialise un système de meubles interchangeables bon marché et ouvre en 1919 une boutique de céramiques, tissus, luminaires et autres objets décoratifs d'un style résolument moderne. Dans cette période, il collabore régulièrement aux Cahiers d'Aujourd'hui dirigés par son ami Georges Besson.
En 1929 il participe à la fondation de l'union des artistes modernes (UAM) aux côtés de Robert Mallet-Stevens, Charlotte Perriand, Pierre Chareau, René Herbst… Il s'engage de plus en plus dans le combat politique et adhère en 1932 à l'Association des écrivains et artistes révolutionnaires (AEAR) auprès d'André Gide, Aragon et Paul Vaillant-Couturier.
Il est pourchassé par la Gestapo pendant la Seconde Guerre mondiale. À la libération, il consacre la majeure partie de son temps à des critiques d'art sur les peintres qu'il a côtoyés (Toulouse-Lautrec, Pierre Bonnard, Paul Cézanne, Albert Marquet…) et à la rédaction de ses mémoires. Il est alors membre du comité directeur de la revue La Pensée fondée par Paul Langevin.
Francis Jourdain a été un des tout premiers fondateurs des arts décoratifs modernes en France. Il est aussi l'un sinon le premier des praticiens engageant une théorie des applications artistiques du cadre de vie au service du peuple. Sous son idée du « Bazar », et avec sa propre boutique à Paris, Francis Jourdain est le fondateur pragmatique d'un design épuré de l'ornementation, recherche visant la production en série pour épargner les coûts de la qualité pour un plus grande nombre.
Ce projet sera finalement réalisé au moment de la société de consommation, dans une variante élargie du design pour le peuple à l'instar des applications aux produits commerciaux représentatifs de l'innovation et du progrès du mode de vie dans la société américaine des années 1930 et 40, par les designers postmodernes européens « progressistes » des années 1950 à 1970, avec la création de concept stores comme « Habitat », créé par le designer Joseph Conran, et les centrales d'achat dédiées à la vie quotidienne dans les grands magasins, transformation socio-économique tels les critiques et sociologues Gilbert Simondon (Du mode d'existence des objets techniques, 1958), Roland Barthes (Système de la mode, 1967), et Jean Baudrillard (Le système des objets,1968), succédant aux intuitions sociales de Walter Benjamin à propos de la modification du statut de l'œuvre d'art (L'Œuvre d'art à l'époque de sa reproductibilité technique, 1935), purent en prédire, en annoncer, ou en analyser l'impact post-révolutionnaire, dans les sociétés actuelles.
Autobiographie
- Né en 1876, souvenirs, Francis Jourdain, éd. du Pavillon, Paris, 1951.
- Sans remords ni rancune, souvenirs épars d'un vieil homme né en « 76 », Francis Jourdain, Mémoires en trois volumes, éd. Corréa, Paris, 1953.
Muséo-bibliographie
- Le fonds muséographique et bibliographique de référence (le plus complet en toutes disciplines) sur Francis Jourdain se trouve au musée d'Art et d'Histoire de Saint-Denis (Seine Saint-Denis).
- Une place conséquente est accordée à Francis Jourdain dans le musée du château de Gordon (Alpes Maritimes) parmi les artistes de l'art nouveau et les fondateurs des arts décoratifs en France.
- Le musée d'Orsay, comme on peut l'attendre de sa spécialité relative au XIXe et au début du XXe siècles, présente également un fonds Francis Jourdain.
Biographie sur Internet
- Francis Jourdain, note biographique professionnelle dans le cadre du département des arts décoratifs, château de Gourdon (Alpes Maritimes).
- site sur Francis Jourdain créé par un descendant
Notes et références
- Carnetin », du nom du village près de Lagny, en Seine et Marne, où fut louée en partage une maison pour des week-ends communautaires à la campagne, de 1904 à 1908, est un mouvement de mode de vie amical aux idées anarcho-syndicalistes et socialistes, selon l'esprit prolétarien après 1880, qui présente une production critique populaire en littérature et dans les arts. Émergence d'une diversité idéologique révolutionnaire aux actes pluridisciplinaires engagés, à l'opposé d'une avant-garde unitaire pour autant que la lutte des classes y soit néanmoins assumée, ce mouvement est influent dans son temps et prémonitoire de la modernité matérialiste qui s'annonce ; il se caractérise par le temps réel des rencontres à Paris, essentiellement des dîners dans des restaurants à bon marché (dans ce cas à l'exclusion des femmes de la communauté), et à Carnetin (où les femmes règnent aussi), dans la beauté végétale du site, au sommet d'une colline dominant la Marne, et par les actes de création ou d'entreprise individuels menés par les membres fraternels ou du réseau dans leurs secteurs d'activité respectifs en ville ou à la campagne (tel à distance de Paris l'ami de C.L. Philippe, Émile Guillaumin, un paysan -- fondateur du syndicat des métayers pour faire face aux propriétaires terriens, -- auteur de plusieurs ouvrages parmi lesquels le plus connu est La vie d'un simple, qui rata de peu le Goncourt) ; délibérément ce groupe ne se dote pas du pouvoir d'une revue manifeste, n'étant pas l'objet de sa réunion collective, dédiée à la sensibilité et à la sensualité bonnes vivantes, critiques de la bourgeoisie. Les membres publient chacun de leur côté dans les autres revues engagées ou avant-gardistes de l'époque, où ils installent leur inspiration et leur influence, plutôt par contamination. Le cercle du groupe fraternel qui comprend Léon-Paul Fargue parmi les fondateurs locataires de la maison de Carnetin, (David Roe, C.L. Philippe et le groupe de Carnetin, Bulletin des amis de Jacques Rivière et d'Alain Fournier, N°117, actes du colloque international de Bourges du centenaire de Jacques Rivière, 24-24 mars 2006), au moment où malgré le brillant poème autobiographique Tancrède ce dernier hésite encore entre l'exercice de la littérature et celui des arts, est élargi par les affinités électives de chacun, parmi lesquels amis on compte Léon Werth (collaborateur d'Octave Mirbeau, ami de la première heure de Philippe), Élie Faure -- historien de l'art qui est aussi le médecin secourable des membres du groupe les plus pauvres, -- Valery Larbaud, André Gide, (tous amis de Charles-Louis Philippe et dreyfusards à l'instar de Mirbeau) et beaucoup d'autres… Ce groupe et ses pratiques ainsi que les personnalités singulières lui donnant lieu, toutes remarquables, font l'objet de citations nombreuses dans plusieurs ouvrages biographiques, notamment dans l'autobiographie de Francis Jourdain -- qui en fut un des animateurs dynamiques. Ce groupe étant informel, on suit le cours de son histoire principalement à travers l'archive des correspondances entre les protagonistes, dans différentes bibliothèques, médiathèques et musées. On peut considérer le groupe de Carnetin parce qu'il est dynamique plutôt que topologique en dépit de son nom, celui d'une « Hacienda » viatique inspirée par la virtualité de l'hyperarborescence de ses visiteurs et correspondants, comme une préfiguration des réseaux émergents du Web. (ref. Actualité de Charles-Louis Philippe, Présentation). « Le Groupe de
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