- Francis Cammaerts
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Francis Cammaerts (1916-2006) fut, pendant la Deuxième Guerre mondiale, un agent britannique du SOE, section F. Il organisa dans le sud-est de la France des réseaux de Résistance chargés d'actions de sabotage contre l'armée allemande.
Sommaire
Identités
- État civil : Francis Charles Albert Cammaerts
- Comme agent du SOE, section F :
- Nom de guerre (field name) : « Roger »
- Nom de code opérationnel : JOCKEY
Parcours militaire : SOE, section F ; grade : captain + Lieutenant Colonel
Pour accéder à des photographies de Francis Cammaerts, se reporter au paragraphe Sources et liens externes en fin d'article.
Famille
- Son père : Professeur Emile Cammaerts (1878-1953), poète belge.
- Sa mère : Helen (Tita) Brand, actrice shakespearienne, fille de Marie Brema, chanteuse d'opéra.
- 4 sœurs (2 plus jeunes et 2 plus âgées)
- 1 frère (plus jeune) : Pieter Emile Gerald Cammaerts, mort le 30 mars 1941, âgé de 21 ans, alors sergent (observateur) au 101 Squadron RAFVR.
- Sa femme : Nancy Finlay (1941). Ils eurent 4 enfants.
Biographie
Avant la guerre
1916. Le 16 juin, naissance de Francis Cammaerts à Londres.
Scolarité à l'école de Mill Hill.
Années 1930.
- Études au St Catherine's College, Université de Cambridge, où il est inscrit en anglais et en histoire (M.A.). Il devient pacifiste.
- Il commence une carrière d'enseignant, d'abord à Cabin Hill School, Belfast.
- Il la poursuit à l'école de garçons de Penge à Londres, où il enseigne avec son ami très proche, Harry Rée, qui sera comme lui agent du SOE.
1940. Objecteur de conscience, il devient travailleur agricole, solution alternative au service militaire.
1941.
- Mars. Le 31, mort de son frère en service dans la RAF[1]. Cet événement le fait changer de position : il ne veut pas rester inactif plus longtemps.
- Il épouse Nancy Finlay.
Au service du SOE
1942.
- Octobre. Cammaerts rejoint le SOE, qui l'a remarqué car il parle couramment le français.
- Il reçoit un entraînement intensif.
1943.
- Mars. Avec pour nom de guerre « Roger », il est envoyé en France, zone nord. Plus d'une douzaine de réseaux sont actifs à ce moment-là. On confie à Cammaerts le réseau DONKEYMAN, qui opère alors dans la haute vallée du Rhône. Mais son comité de réception le conduit d'abord à Paris, en négligeant gravement la sécurité, ce qui le met en garde contre les risques de tels comportements. Haut de plus de six pieds, on le remarque facilement. Il quitte Paris par un train de nuit pour rejoindre DONKEYMAN à Annecy. À Cannes, il établit une couverture : il sera un enseignant en convalescence après une jaunisse. C'est la seule période où il passe plus de quatre nuits au même endroit, car à ce moment-là de la guerre, la sécurité était le critère principal, devant la rapidité. Ayant découvert que DONKEYMAN avait été pénétré par Hugo Bleicher de l'Abwehr, il se déplace à Saint-Jorioz dans les montagnes de Savoie et y établit son propre réseau JOCKEY, consistant en sept ou huit individus de confiance, dont l'un est Cecily Lefort. Après avoir été complètement instruits de l'importance de la sécurité, ces agents SOE se mettent à recruter des saboteurs potentiels pour quand le temps serait venu. Pour Cammaerts, la question clé en matière de sécurité individuelle était d'insister pour que les agents aient toujours une raison crédible d'être là où ils étaient, au cas où ils seraient arrêtés par une patrouille allemande.
- Fin de l'année. Il met en place plusieurs groupes, petits et semi-autonomes, rattachés à son réseau JOCKEY. Ils se développent sur la rive gauche du Rhône, entre Vienne et Arles et vers l'est dans l'arrière-pays dans la vallée de l'Isère. Il se déplace aux alentours sur une moto et rend visite ainsi à chaque groupe. Personne naturellement ne connaît son véritable nom, ni sa nationalité, ni son domicile. Cammaerts s'est assuré que le réseau JOCKEY est prêt à jouer son rôle dans les sabotages qui seraient nécessaires.
- Novembre. Rappelé à Londres, il découvre le problème qui existe entre les différents agents travaillant en France, ceux qui sont placés sous l'autorité du quartier général du Général de Gaulle et les autres, dont beaucoup sont citoyens français et travaillent sous le commandement de la section F du SOE. Les gaullistes estiment inconstitutionnel que des Français soient recrutés par une puissance étrangère. Comme les Britanniques et la France libre se battent pour la même cause, cela peut paraitre une chicane mineure. Elle ne fut jamais entièrement résolue, et de Gaulle insista pour que toutes les opérations du SOE en France cessent très vite après la libération de Paris en août 1944.
1944.
- Février. À son retour en France, l'avion de Cammaerts s'écrase à l'atterrissage, mais il s'en sort heureusement sans être blessé. Il poursuit la vérification que le réseau JOCKEY fonctionne correctement. Il rend visite au groupe de 3000 maquisards (jeunes français qui ont fui sur le plateau du Vercors pour éviter d'être envoyés en Allemagne au titre du STO).
- Avril. Il informe le quartier général à Londres que le Vercors dispose d'une armée bien organisée, mais qui a besoin d'armes lourdes et anti-char.
- Après le débarquement, le réseau JOCKEY de Cammaerts joue son rôle : coupure de lignes ferroviaires, sévère empêchement de la progression des allemands. Cammaerts est nommé chef des missions alliées dans le sud-est ; à ce moment-là l'organisation qu'il a construite comprend plus de 10000 membres. Le plateau du Vercors ne réussit pas si bien, car il s'est vu refuser les armes lourdes par Londres, qui pense, en se basant sur l'expérience yougoslave, qu'ils ne devraient pas se battre. Le Vercors est finalement attaqué par deux divisions allemandes complètes avec leur support aérien. C'est alors naturellement la déroute, et les maquisards s'enfuient partout où ils peuvent se cacher.
- Août. Le 15, les alliés commencent à débarquer en Provence (Opération Anvil Dragoon). Le réseau JOCKEY, avec d'autres équipes, participe, en maintenant ouverte la route de Cannes à Grenoble, et permettant ainsi aux armées alliées d'avancer vers le nord. Le 18, en dépit de sa vigilance scrupuleuse en matière de sécurité, Cammaerts, Xan Fielding et un collègue sont arrêtés par la Gestapo à Digne. Celle-ci ne réalise probablement pas l'importance de Cammaerts. Krystyna Skarbek, une jeune Polonaise agent du SOE, qui a évité l'arrestation, parvient à faire libérer Cammaerts et les autres. Elle confronte deux collaborateurs, Albert Schenck un officier le liaison français avec la Gestapo et un interprète belge, leur annonçant que les troupes américaines arrivant, il fallait qu'ils coopèrent, faute de quoi ils seraient pendus par la foule. Les collaborateurs terrifiés relâchent Cammaerts, Fielding et le collègue. Cela conclut les 15 mois d'activité de Cammaerts en France occupée.
Après la guerre
- Après être démobilisé, il travaille pour l'Agence Internationale pour les Réparations à Bruxelles.
1952. Il retourne à l'enseignement et devient plus tard directeur d'école à Stevenage pendant neuf ans.
1961-1966. Il dirige le City of Leicester College.
1966-1972. Professeur à Nairobi.
Il retourne en Angleterre pour devenir directeur du Rolle College, qui forme les enseignants, à Exeter. Elle deviendra plus tard une partie de l'université d'Exeter University.
1981. Âgé de 65 ans, il sort de sa retraite pour lancer une université de formation des enseignants au Botswana.
1987. Il prend sa retraite.
2000. La BBC diffuse la série télévisée Secret Agent, où il dit : « L'élément le plus important était la femme au foyer française qui nous nourrissait, nous habillait, et maintenait notre moral. » Comme dans d'autres cas d'agents qui opérèrent en territoire occupé par l'ennemi pendant de longues périodes, il donne ainsi une nouvelle marque de gratitude envers les citoyens français ordinaires qui lui avaient fourni, à lui et à ses collègues, sécurité et confort.
2006. Il meurt le 3 juillet.
Œuvre
Francis Cammaerts a résumé son action dans le chapitre Le réseau Buckmaster-Jockey du livre collectif Pour l'amour de la France.
Reconnaissance
- Royaume-Uni : DSO décerné le 21 juin 1945 pour son activité comme chef de réseau et pour son courage en France[2].
- France : Officier de la Légion d'honneur, 1991.
- États-Unis : Medal of Freedom, 1947.
Sources et liens externes
- (en) Fiche Francis Cammaerts, avec photographies, sur le site Special Forces Roll of Honour.
- (en)Nécrologie dans le The Guardian
- Michael Richard Daniell Foot, Des Anglais dans la Résistance. Le Service Secret Britannique d'Action (SOE) en France 1940-1944, annot. Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Tallandier, 2008, (ISBN 978-2-84734-329-8) / (EAN 9782847343298). Traduction en français par Rachel Bouyssou de (en) SOE in France. An account of the Work of the British Special Operations Executive in France, 1940-1944, London, Her Majesty's Stationery Office, 1966, 1968 ; Whitehall History Publishing, in association with Frank Cass, 2004.
Ce livre présente la version officielle britannique de l’histoire du SOE en France.
- Fédération des unités combattantes de la Résistance et des FFI de la Drôme, Pour l'amour de la France, Drôme-Vercors 1940-1944, préface de Rodolphe Pesce, Éditions Peuple Libre, 1989, (ISBN 2.907 655.04.3), chapitre Le réseau Buckmaster-Jockey, p. 82-86.
- Article du Wikipedia de langue anglaise.
- (en) Interview, Leicester Mercury
Notes
- RAF : Royal Air Force. Armée de l'Air britannique.
- London Gazette du 19 juin 1945
Catégories :- Naissance en 1916
- Décès en 2006
- Special Operations Executive
- Officier de la Légion d'honneur
- Titulaire de la Croix de guerre 1939-1945
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