France sous Giscard (1974-1981)

France sous Giscard (1974-1981)

France sous Giscard (1974-1981)

En 1974, Valéry Giscard d'Estaing succède au gaulliste Georges Pompidou à la présidence de la République. Jugé libéral, Giscard d'Estaing prend le pouvoir un an après le choc pétrolier de 1973, alors que se terminent les Trente Glorieuses et que la France est encore affectée par les contre-coups de Mai 68.

Sommaire

Élection de 1974

Après le décès de Georges Pompidou, le 2 avril 1974, Valéry Giscard d'Estaing se présente à l'élection présidentielle. Bénéficiant du soutien de Jacques Chirac, il élimine Jacques Chaban-Delmas au premier tour.

Entre les deux tours, le débat[1] qui l'oppose à François Mitterrand lui donne un avantage décisif, la phrase « Vous n'avez pas le monopole du cœur » ayant marqué tous les esprits. Il est élu de justesse, avec 50,81 % des suffrages le 19 mai 1974 et devient le troisième président de la Cinquième République, le plus jeune, à l'âge de 48 ans[2].

La présidence de la République (1974-1981)

Considérations générales sur le septennat

Valéry Giscard d'Estaing nomme Jacques Chirac Premier ministre, mais les relations entre les deux hommes se tendent et le second démissionne en 1976. Il est remplacé par Raymond Barre, le « meilleur économiste de France » d'après le président. Sous son impulsion sont prises d'importantes réformes législatives qui modifient la société en profondeur : divorce par consentement mutuel (loi du 11 juillet 1975), loi Veil de 1975 dépénalisant l'avortement, abaissement de l'âge légal de majorité de 21 à 18 ans...

Le début de sa présidence est marqué par une grande volonté de jeunesse et de modernisation. Il édulcore ainsi quelques symboles nationaux - le bleu drapeau de l'étendard français est remplacé par un bleu cobalt plus clair, jugé moins agressif, la Marseillaise est jouée sur un ton moins fort et un rythme plus lent (cela n'empêchera pas Gainsbourg de susciter chez certains un scandale, en 1979, en la reprenant version reggae dans Aux armes et cætera) -, il donne des interviews en anglais, pose en complet veston pour la photo officielle, simplifie le protocole de l'Élysée et, cherchant à paraître proche des Français, multiplie les occasions de se montrer à leurs côtés, notamment dans des dîners dans des familles.

En matière industrielle, il engage la modernisation du transport ferroviaire en lançant l'étude sur le TGV.

Le septennat de Valéry Giscard d'Estaing est marqué par les conséquences des deux chocs pétroliers qui brisent la dynamique des Trente glorieuses. Devant la nécessité d'économiser l'énergie, le gouvernement restaure en 1976 l'ancien changement d'heure pendant les mois d'été, mesure permettant une économie d'électricité pour l'éclairage du soir. Il décide aussi de poursuivre et d'intensifier le programme de développement de l'énergie nucléaire civile engagé par son prédécesseur. Cette période est aussi marquée par l'apparition du chômage de masse.

Valéry Giscard d'Estaing est, par ailleurs, un fervent partisan de la construction européenne : il défend l'idée des États-Unis d'Europe dès ses débuts en politique. Partisan d'une « troisième voie » entre une Europe supranationale et une Europe des États, il crée le Conseil européen et aide à l'augmentation des pouvoirs du Parlement européen, en particulier en matière budgétaire.

Bien qu'à titre personnel en faveur du remplacement de la peine de mort par la perpétuité réelle[réf. nécessaire], Valéry Giscard d'Estaing refusa sa grâce à trois condamnés à mort (deux infanticides et un meurtre par un violeur d'enfant) estimant contrairement à son successeur ne pas avoir à faire passer ses sentiments personnels avant l'opinion publique[réf. nécessaire]. Ce seront les dernières exécutions en France.

Grandes étapes du septennat

Gouvernement Chirac (27 mai 1974 - 25 août 1976)
Gouvernement Barre (27 août 1976 - 12 mai 1981)
  • 1977 :
  • 1978:
    • 27 janvier : Discours de Verdun-sur-le-Doubs[3],[4],[5],[6], (dit « discours du bon choix »), par lequel Valéry Giscard d'Estaing met en garde les français sur les conséquences institutionnelles et les blocages politiques que provoquerait une victoire de la gauche aux élections législatives du mois de mars. Il déclare qu'il ne démissionnerait pas mais n'aurait pas les moyens d'empêcher une majorité de gauche d'appliquer son programme.
      De gauche à droite : Giulio Andreotti, Takeo Fukuda, Jimmy Carter, Helmut Schmidt et Valéry Giscard d'Estaing lors du sommet économique du G7, le 16 juin 1978 à Bonn en Allemagne.
    • 1er février : Fondation de l'UDF regroupant centristes et giscardiens afin de soutenir l'action de Valéry Giscard d'Estaing.
    • Mars : La majorité de droite (RPR-UDF) remporte les élections législatives.
    • 19 mai : Le président envoie des troupes parachutistes à Kolwezi au Zaïre, afin de libérer les occidentaux pris en otage par des rebelles au gouvernement zaïrois.
    • 5 décembre : Accord sur le Système monétaire européen (SME) qui établit un système de taux de change stable et ajustable entre les pays membres de la Communauté économique européenne
    • 6 décembre : Appel de Cochin de Jacques Chirac qualifiant l'UDF et les giscardiens de « parti de l'étranger » pour leurs prises de position pro-européennes.
  • 1979 :
    • 13 mars : Création de l'ECU, l'unité de compte européenne
    • 10 juin : Premières élections au suffrage universel au Parlement Européen. Simone Veil en devient la première présidente.
    • 10 octobre : Début de l'affaire des diamants. Le Canard enchaîné accuse le président de la République d'avoir reçu de Bokassa 1er, Empereur déchu de Centre Afrique des diamants en cadeaux lors de visites officielles. Le Canard enchaîné estime la valeur de ces diamants à un million de francs. La défense maladroite de Giscard va accréditer les informations du journal satirique et va avoir une influence négative sur sa campagne de réélection.
    • 30 octobre : Le ministre du travail Robert Boulin, accusé par des lettres anonymes, publiées par Le Canard enchaîné, d'avoir acquis de manière illégale, une garrigue, est retrouvé mort dans un étang de la forêt de Rambouillet. L'enquête n'a toujours pas permis d'aboutir à des conclusions définitives.
  • 1980 :
    • 2 février : L'ancien ministre Joseph Fontanet est assassiné. Le meurtre reste non élucidé.
    • Le pays compte à la fin de l'année plus de 1,5 millions de chômeurs.

Élection présidentielle de 1981 : la défaite

Le 26 avril 1981, Valéry Giscard d'Estaing arrive en tête du premier tour de l'élection présidentielle avec 28,32 % des voix. Jacques Chirac, arrivé troisième (18 %), refuse d'appeler ses partisans à soutenir Valéry Giscard d'Estaing face à François Mitterrand (25,85 %). Il est en particulier accusé de soutenir indirectement Mitterrand en ne se prononçant qu'à titre personnel en faveur de Giscard pour le second tour, tandis qu'entre les deux tours, le Canard enchaîné publie des documents montrant, pour la première fois, que Maurice Papon, ministre du Budget sous Valéry Giscard d'Estaing et sous le Premier ministre Raymond Barre, a été sous le régime de Vichy, comme secrétaire général de la préfecture de la Gironde à Bordeaux, responsable de la déportation de Juifs. Giscard d'Estaing dénonce une manipulation politique et nie avoir connu le passé de Papon.

François Mitterrand, qui avait accablé Valéry Giscard d'Estaing de surnoms comme « monsieur chômage » ou « l'homme du passif » en réaction à « l'homme du passé » ou « vous n'avez pas le monopole du cœur » dont Giscard l'avait crédité sept ans plus tôt lors du débat télévisé de la présidentielle de 1974, est élu président de la République.

Valéry Giscard d'Estaing perd donc le second tour de l'élection en recueillant 48,24 % des suffrages exprimés, bien moins que ce que les sondages prédisaient quelques mois auparavant[7].

Références

  1. Débat Valéry Giscard d'Estaing - François Mitterrand de l'ORTF du 10 mai 1974. Archives de l'INA.
  2. Le 27 mai 1974, dans son discours d'investiture, il proclame « J'entends encore l'immense rumeur du peuple français qui nous a demandé le changement. Nous ferons ce changement avec lui, pour lui, tel qu'il est dans son nombre et sa diversité. »
  3. « Discours de Valéry Gicard d'Estaing à la veille du 1er tour des élections législatives sur les données du « bon choix pour la France ». », sur TFI le 11 mars 1978 à 20 h, sur le site ina.fr/archivespourtous, consulté le 9 janvier 2009.
  4. « Vie politique française : Les grandes dates », § 1978 – Discours de Verdun-sur-le-Doubs, sur le site fortunecity.com, consulté le 21 juin 2007.
  5. [pdf] Sciences Po, « Histoire constitutionnelle depuis la Révolution française », § 11 – « Ve république et histoire », p. 2/3, sur le site supportscoursenligne.sciences-po.fr, consulté le 21 juin 2007
  6. Hervé Morin, « , Le bipartisme ou l'impasse démocratique », Le Figaro, 19 février 2003, consulté le 21 juin 2007
  7. Quid 2001, p. 757

Voir aussi

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