- Foret de Chaux
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Forêt de Chaux
La forêt de Chaux est une forêt située à l'est de la ville de Dole dans le Jura. Elle est l'un des plus vastes massifs de feuillus de France et particulièrement de chênes. Elle est la deuxième plus vaste forêt de France avec ses 20 493 hectares.
Sommaire
Historique
À partir du XIIIe siècle elle abrita une population composée de bûcherons-charbonniers, forgerons, laveurs d'écorce... 600 personnes y séjournaient encore au début du XIXe siècle.
Les possibilités offertes par les ressources en bois de chauffage de la forêt de Chaux ont déterminé le choix de cet emplacement pour édifier la saline royale d'Arc-et-Senans en 1775.
La forêt de Chaux est le théâtre des romans de Jean-Louis Foncine La Bande des Ayacks,La Forêt qui n'en finit pas "et Les Chroniques du Pays Perdu. Le relais de la Chance au Roy se passe dans la proche forêt de la Serre.
Géologie
La géologie de la Forêt de Chaux hérite en grande partie de l'ancien cours de l'Aar-Doubs, modifié notamment par les mouvements alpins. En effet, le Rhin et l'Aar n'ont pas toujours emprunté le fossé rhénan en direction de la Mer du Nord. Entre le Pliocène et le Villafranchien, les rivières alpines Aar et Doubs, par une circonvolution empruntant le cours du Doubs, venaient se jeter dans la plaine bressane. La forêt occupe les restes du vaste delta Pliocène de l’ancien Aar-Doubs qui se jetait dans le lac bressan sous forme d’un glacis faiblement incliné nord-est/sud-ouest. Le sous-sol est principalement constitué d’un puissant ensemble de cailloutis, communs à la Forêt de Chaux et au Sundgau, cimentés dans une pâte argileuse à fortes variations locales et très généralement surmontés de limons. Ces cailloutis n'affleurent que sur les pentes ou en fond de vallons[1].
Hydrologie
La nature du sous-sol et des sols conditionnent l'hydrologie souterraine et de surface et la distribution des groupements végétaux. Le plateau central est caractérisé par une nappe perchée intermittente alimentée par les pluies. La Clauge et son affluent, la Tanche, traversent la forêt d'est en ouest et constituent les principaux ruisseaux permanents de la forêt. Elles disposent d’un imposant bassin d’alimentation constitué par un dense chevelu de ruisseaux temporaires.
Le phréatisme hélocrène donne naissance à différents ruisseaux comme la Doulonne, les ruisseaux de Plumont, de La Bretenière, d’Our, de Bief et de Falletans, au nord et du ruisseau de Gouvenon, au sud. Situés aux marges de la forêt, ils drainent des bassins versants isolés et de faible taille. Également temporaires dans leur partie amont, ils confluent directement avec le Doubs entre Fraisans et Dole et avec la Loue entre Arc-et-Senans et Villette-les-Dole. Les portions non permanentes de nombreux ruisseaux du massif abritent parmi les plus riches peuplements d’hépatiques du réseau hydrographique Franche-Comtois.
Dans ce contexte forestier, les cours d'eau constituent un important facteur de diversification du milieu. La qualité des eaux est optimale et, compte tenu du contexte forestier, leurs caractéristiques morpho-dynamiques et biologiques sont tout à fait originales. Au coté d’espèces de vertébrés protégés et à forte valeur patrimoniale comme le chabot ou la lamproie de Planer, très abondante et dont les frayères sont ici parmi les plus spectaculaires du réseau hydrographique franc-comtois, figure des peuplements de petite faune aquatique à haut intérêt patrimonial régional. Dans la Clauge, ces biocénoses tirent leur originalité du mode d’alimentation des sources, de l’amplitude thermique et de l’apport foliaire. Les mentions les plus remarquables portent sur la présence de deux espèces de plécoptères, Dyctiogenus ventralis, Capnia nigra et Capnia bifrons. La première peut-être considérée comme un témoin de l’ancien cours d’eau pliocène qui a fondé les parentés faunistiques actuelles du Doubs supérieur, de l’Aar, du Danube et du Rhin. La seconde, élective des litières de débris végétaux, est exclusives du site, à l’exception de deux stations sur le haut Drugeon et le Haut Dessoubre. Ces ruisseaux abritent également la plus belle population franc-comtoise et de France.
Les cours supérieur et moyen de la Doulonne forment une vallée très particulière où les eaux courantes froides s'écoulent sur cailloutis siliceux plus grossiers que ceux de la Clauge et proviennent de sources intraforestières protégées de toutes pollutions. Ce ruisseau structure un vaste complexe de forêts humides (aulnaies, aulnaies-frênaies, aulnaies-érablaies, chênaies pédonculées) à forte valeur patrimoniale ainsi que la lamproie de Planer et un riche cortège d’invertébrés benthiques inféodés aux conditions intraforestières et apparenté à celui de la Clauge supérieure. Dans la haute vallée des Doulonnes Capnia bifrons, élective d’eaux plus fraîches, remplace Capnia nigra.
Au nord du massif, un riche ensemble de vallons marécageux, donnant sur la vallée du Doubs entre Éclans-Nenon et Plumont, constituent un réseau de zones humides dominées par les aulnaies marécageuses : aulnaies-saulaies à sphaignes sur tourbe, aulnaies à crin végétal, aulnaies à laîche allongée, aulnaies à populage et grandes laîches. Cet ensemble de vallons abrite plusieurs espèces protégées : lamproie de Planer, crapaud sonneur, osmonde royale, fougère des marais, carex faux-souchet.
L’humidité permanente de l’air permet la rencontre d’espèces montagnardes ou subatlantiques inhabituelles en plaine. Dans la forêt communale de Liesle, un réseau de mares forestières installé sur des marnes assure une importante fonction de relais pour un riche cortège d’amphibiens. Elles sont colonisées en périphérie par des cariçaies, des aulnaies-frênaies amphibies abritant une très belle station de fougère des marais. La chênaie pédonculée-frênaie complète ces ensembles végétaux.
Dans ce massif où de grandes superficies sont particulièrement propices à la présence d’oiseaux caractéristiques des forêts vieillies, vivent toutes les espèces de pics, l'aigle botté, la gélinotte des bois et l'engoulevent dans certains secteurs[2].
Phytosociologie
Le vaste ensemble feuillu collinéen de Chaux habritent 8 principaux groupements forestiers :
- la chênaie sessiliflore-boulaie subcontinentale à luzule blanchâtre
développée sur les versants bien exposés où affleure le cailloutis de la forêt de Chaux indique des conditions stationnelles extrêmement xériques et très acides. Elle se présente sous forme d’une cépée de chêne sessile sur un sous-bois clair peuplé d’abondants coussinets de leucobryum glauque. En Franche-Comté, on ne retrouve des forêts équivalentes que dans le massif de la Serre et dans les régions périvosgiennes ;
- la hêtraie-chênaie-(charmaie) médioeuropéenne acidophile à luzule des bois et luzule blanche (Fago-Quercetum)
couvre de larges superficies sur les plateaux du massif. Cette formation très frugale se développe sur des sols limoneux très oligotrophes affectés d’engorgements temporaires durant l’hiver et le printemps. Malgré ces conditions difficiles, les stations abritent une futaie mélangée de chênes et de hêtres d’assez bel aspect et de qualité moyenne ;
- la chênaie pédonculée-boulaie (Molinio-Quercetum roboris)
occupe les zones les plus engorgées des plateaux. Localement, elle couvre des surfaces assez importantes surtout au nord-est du massif. Il s’agit de formations boisées ouvertes, à base de chêne pédonculé, bouleau verruqueux et aulne, dominées au sol par la molinie. Elles proviennent souvent de la recolonisation d’anciens «vides» ou «places vaines» générés par une surexploitation historique (ancienne métallurgie) ; certaines zones comme «la Steppe» situées sur des sols très contraignants, ont résisté aux tentatives de boisements ;
- la hêtraie-chênaie-charmaie médioeuropéenne mésotrophe à pâturin de Chaix (Poa chaixii-Carpinetum)
relaie la hêtraie-chênaie acidiphile à Luzule en bordure de vallon et dans toutes les situations où le sol s’enrichit sensiblement en sels minéraux ;
- la chênaie pédonculée à pâturin de Chaix et crin végétal (Poo chaixii-Quercetum robori)
est l’association dominante des fonds de vallon bien alimentés en eau. Elle couvre de grandes surfaces dans la vallée de la Clauge et l’exubérance du crin végétal (herbe à matelas) lui donne localement une physionomie très particulière ;
- le chenal parsemé d’îles sableuses de la Clauge
accueille une aulnaie alluviale (Alno-Padion) à fougères de composition et d’aspect très originaux ;
- des aulnaies marécageuses très diversifiées
s’insèrent dans tout le système hydrographique. Elles sont bien développées en bordure de la vallée de la Clauge, des Doulonnes et caractérisent toute une série de vallons marécageux donnant sur la vallée du Doubs. Elles hébergent des espèces animales et végétales très particulières (fougère des marais, groupements à sphaigne, à grands carex ou à molinie bleue et calamagrostis...), elles participent beaucoup à la diversité d’ensemble du massif. L'aulnaie marécageuse à calamagrostis des marais sur tourbe de la forêt de Our constitue un exemple remarquable de ce type de groupement ;
- la partie est du massif (forêts de Fourg et de Liesle)
correspond à la bordure calcaire du Jura. Dans ces conditions, se développent d'autres formations forestières comme les hêtraies neutrophiles (ou hêtraie-chênaies) (Scillo-Carpinetum). Ce groupement montre une flore herbacée assez diversifiée dont quelques espèces remarquables comme le lys martagon ou l'isopyre faux pygamon.[2]
Singularités
Les colonnes Guidon de la forêt de Chaux
Les huit colonnes Guidon de la forêt de Chaux ont été commandées par les Eaux et Forêts. Le devis réalisé par l’architecte Champonnois a été présenté le 1 er décembre 1824. Elles ont été édifiées en 1826. Elles sont placées sur la route forestière du Grand Contour, la première se situe à l’ouest près de Dole et la huitième à l’est près de Fourg et Fraisans. Elles sont réalisées en pierre provenant principalement de la carrière de Couterfontaine. Chaque colonne a la forme d’une colonne dorique grecque et mesure 5 mètres sous le chapiteau pour un diamètre de 1,15 m à la base. Sur le chapiteau sont gravées sur deux côtés les noms des villages situés à l’extrémité des routes et sur les deux autres faces les lettres E (est) et O (ouest) indiquent les points cardinaux. Ces colonnes Guidon avaient pour rôle principal de guider les travailleurs de la forêt. Chaque colonne a coûté environ 550 francs de l’époque. La septième colonne a disparu, elle aurait été démontée et emportée par les soldats allemands lors de la dernière guerre. Depuis le printemps 2009, la 5ième colonne n'existe plus : elle a été renversée par un camion, et évacuée. A l'avenir, elle pourrait être reconstruite[3].
Les baraques du 14
Dernier hameau des bûcherons-charbonniers qui peuplaient autrefois la forêt de Chaux, le site des baraques du 14 est devenu le lieu incontournable de découverte de cette forêt. Quatre habitations, deux fours à pain et un rucher composent cet habitat dont la plus ancienne maison date du XVIe siècle. Un sentier forestier permet la découverte d’autres éléments de ce patrimoine dont un chantier de carbonisation. Ce site est animé de fêtes, expositions et veillées en période estivale[4].
Les Chênes sacrés ou Chênes à la Vierge
Les Celtes considéraient les chênes de la forêt de Chaux comme les piliers d’un temple où il invoquaient leur déesse mère. Les Chrétiens ont assimilé cette croyance en incorporant dans ces arbres des statuettes de la Vierge. 6 chênes sacrés sont encore visibles dont le plus vieux a 500 ans (il est situé près de Falletans). Renouant avec cette tradition, les gens de Chaux installèrent une vierge en 1993, dans un chêne proche de la deuxième colonne (sur la route forestière)[5].
La cueillette des champignons
La forêt de Chaux a longtemps été réputée pour la cueillette d'espèces nobles de champignons comestibles (Girolle, Chanterelle en tube, Trompette de la mort, Cèpe de Bordeaux, etc). Cette réputation, largement extra-régionale, a provoqué un afflux important de champignoneurs pratiquant d'importantes cueillettes. Le phénomène a pris une telle ampleur que l'Office National des Forêts a réglementé la cueillette à 2Kg/personne/jour. Cette réglementation est maintenant obsolète, tant les nappes de champignons se sont raréfiées, en particulier les Girolles.
Les sources
Le réseau hydrographique dense est à l'origine de bon nombre de sources permanentes, réputées potables, dont la plus connue des dolois est la fontaine des Prés Bas ou fontaine Lecomte. Nombreuses sont les sources confidentielles dont la localisation ne figure pas sur les cartes au 1/25000ème.
La gestion de la population de Cerf élaphe
Le plan de chasse 2008/2009 a fait la "une" de l'actualité régionale à l'automne 2008. En effet, l'Office National des Forêts a assigné à la Fédération des Chasseurs un tableau de chasse potentiel de 225 têtes (mâles, femelles et juvéniles). La population a été estimé par l'O.N.F. à 550 individus. L'O.N.F., qui a entre autres pour mission de garantir la pérennité des forêts soumises au Régime Forestier, justifie une diminution du cheptel de Cerf élaphe au regard des dégats conséquents de ces populations sur les jeunes semis d'essences de reboisement (on parle d'abroutissements). Au comptage du gibier 2008, critiqué par les chasseurs et les associations de protection de la nature, ont succédé des recours auprès du Tribunale Administratif de Besançon et une saisie du Ministère de l'Ecologie, de l'Energie, du Développement Durable et de l'Aménagement du Territoire par la Fondation Brigitte Bardot. Au final, l'arrêté préfectoral a été suspendu dans l'attente d'un nouveau comptage paritaire entre l'O.N.F. et la Fédération des Chasseurs. Le nombre de Cerf élaphe finalement prélevé a été de 188 têtes au 4 janvier 2009. Un nouveau plan de chasse établi sur cette base doit être communiqué pour l'automne 2009[6].
Notes et références
- ↑ Bulletin de l'Association française pour l'étude du Quaternaire, Jura et Vosges, Rapport de M. Campy ; Guides Géologiques Régionaux, Jura, M. Chauve
- ↑ a et b Rapport Natura 2000 DIREN Franche-Comté FR4301317-pSIC
- ↑ http://www.racinescomtoises.net/?Les-Colonnes-de-la-foret-de-Chaux
- ↑ http://www.juramusees.fr/1/musee/musees/des_metiers_et_des_hommes/les_baraques_du_14_a_la_vieille_loye.html
- ↑ http://www.cdt-jura.fr/upload/paragraphes/1134653376.pdf
- ↑ http://www.leprogres.fr/fr/permalien/article.html?iurweb=362359
Liens externes
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