- Ai Weiwei
-
Pour les articles homonymes, voir Ai.Dans ce nom chinois, le nom de famille, Ai, précède le prénom.
Ai Weiwei Ai WeiweiNom de naissance Ai Weiwei Activité Artiste Naissance 28 août 1957
PékinFormation Université de cinéma de Pékin, Parsons The New School for Design Maîtres Marcel Duchamp, Andy Warhol Ai Weiwei (chinois : 艾未未), né le 28 août 1957 à Pékin, est un des artistes majeurs de la scène artistique indépendante chinoise. Il est le fils du poète et intellectuel Ai Qing (1910-1996), et demi frère du peintre Ai Xuan. Il est marié à l'artiste Lu Qing avec qui il a eu un fils, Ai Lao.
Architecte, il a été conseiller artistique pour le cabinet d'architecture suisse Herzog & de Meuron lors de la réalisation du stade national de Pékin construit pour les Jeux olympiques d'été de 2008[1].
Il est l'un des 303 intellectuels chinois signataires de la Charte 08[2]. Dans son classement annuel, le magazine Art Review l'a désigné comme la figure la plus puissante de l'art contemporain en 2011[3]
Ai Weiwei est arrêté le 3 avril 2011. La police de Pékin annonce, le 22 juin 2011, sa libération sous caution, après 81 jours d'enfermement dans un lieu inconnu et des conditions dégradantes, officiellement pour évasion fiscale, ce qui avait soulevé une vague d'indignation à travers le monde[4].
Sommaire
Biographie
La Révolution culturelle
Son père est le poète et intellectuel Ai Qing[5], qui fut dénoncé comme "ennemi du peuple" après certains remarques critiques vis-à-vis du régime et envoyé, en 1957, avec sa femme Gao Ying, et ses enfants dans un camp de travail et de rééducation. Tout d'abord dans une ferme forestière de Beidahuang dans le Heilongjiang, puis deux ans plus tard dans l'Ouest de la province du Xinjiang. C'est là, à Shihezi, que Weiwei a vécu jusqu'à l'âge de 17 ans, tandis que son père vécu toutes les humiliations publiques possible, dans sa rééducation politique en pleine révolution culturelle. En 1976, la famille a pu rejoindre le Printemps de Pékin[6]. En 1978 il fut accepté et pris dans l'Université de cinéma de Pékin où il étudie avec Chen Kaige et Zhang Yimou[7]. Il participe au mur de la démocratie du quartier de Xidan, vers décembre 1978, et la condamnation de son animateur Wei Jingsheng à 15 ans de prisons, dégouta Ai Weiwei de la politique[8].
Les étoiles
En 1979, il fonde avec d'autres (Huang Rui, Ma Desheng, Li Shuang, Wang Keping, Zhong Acheng...) le groupe d'avant-garde Les Étoiles. Ses œuvres seront incluses dans les expositions anniversaires des Étoiles, « The Stars: Ten Years, 1989 » (Hanart Gallery, Hong-Hong et Taipei) et l'exposition rétrospective de Pékin en 2007, « Origin Point » (Today Art Museum).
New York
Dès 1981, grâce à un réseau de relations il part aux États-Unis, principalement à New York, où il est étudiant à la Parsons The New School for Design, qu'il délaisse rapidement, vivant de petits métiers comme charpentier ou peintre en bâtiment et créant un milieu fertile avec les chinois exilés dans son appartement du East village[8]. Il lance des performances artistiques et crée de l'art conceptuel en modifiant des objets readymade. En 1987 Ai prend une part active à la fondation de la Chinese United Overseas Artists Association, dont le siège est à New York. Ai a joué un rôle majeur au sein du mouvement de l'East Village, premier collectif d'art expérimental. Après les Manifestations de la place Tian'anmen et son dénouement tragique le 4 juin 1989, il fait une gréve de la faim de huit jours avec un collectif appelé "Solidarity for China".
Pékin
En 1993, son père étant malade, Ai revient en Chine. De retour à Pekin, et à partir de 1994, il lance avec Feng Boyi, un critique et commissaire d'exposition indépendant, une série de publications underground connues comme les livres du drapeau rouge (The red flag books). Certaines de ces publications ont eu alors une influence décisives dans les milieux artistiques chinois. En particulier trois livres sur des artistes expérimentaux, Black Cover Book (1994), White Cover Book (1995) et Gray Cover Book (1997), faisant découvrir les œuvres et les personnages fondamentaux de l'art à un public chinois avide de connaissance[1].
Depuis, il produit un travail très iconoclaste, à la fois malicieux, destructeur et profond se consacrant à la culture classique chinoise et à l'environnement populaire occidental, il s'attache à la représentation du système politique centralisé et les contradictions de la modernité[9]. Ai est entouré en permanence d'artistes et d'autres acteurs.
Architecture
FAKE Design
Ai Weiwei a assez rapidement découvert l'architecture et le design et participe activement à la création de sa résidence le Studio House en 1999, inspirée par un photographie de la Stonborough House de Paul Engelmann et Ludwig Wittgenstein à Vienne puis en 2000 le nouvel espace de la galerie China Art Archives and Warehouse (CAAW), première galerie et archive d'art contemporain en Chine, qu'il a contribué a créer en 1998. Il créé en 2003 le studio d'architecture FAKE Design à Caochangdi, avec 19 employés (2010), qui a réalisé par exemple le Yiwu South Riverbank (Jinhua, 2002), les 9 Boxes-Taihe Complex (Pékin, 2004), ou le Gowhere Restaurant (Pékin, 2004).
Expositions
Les œuvres d'Ai Weiwei ont été exposées aux États-Unis, en Belgique, en Italie, en Allemagne, en France, en Australie, en Chine, en Corée et au Japon.
Son travail a été présenté à la 48e Biennale de Venise en 1999 (Italie) ; à la First Guangzhou Triennial de 2002 (Chine) ; à la Biennale de Sydney de 2006, Zones of Contact, (Australie)[10] ; et à la documenta 12 de Cassel (Allemagne), où il a « importé 1 000 et 1 chinois ».
En tant qu'organisateur : « Fuck Off » (avec Feng Boyi), Shanghai, Chine, 2000.
Une de ses œuvres récentes les plus célèbres est l'installation Sunflower Seeds présentée dans le cadre des « Unilever Series », du 10 octobre 2010 au 2 mai 2011, à la Tate Modern de Londres. L'œuvre est constituée de plusieurs millions de représentations de graines de tournesol ; elle joue avec une métaphore célèbre de Mao Zedong où le peuple chinois devait se tourner vers lui comme les tournesols vers le soleil. Cette sculpture, selon le mot choisi par la Tate Modern pour présenter l'œuvre, est constituée de petites porcelaines peintes une à une, à la main, par près de 1 600 artisans et ouvriers de la ville de Jingdezhen (dont la porcelaine est historiquement l'activité économique principale et qui traverse une crise de l'emploi sans précédent) et installées sur 1 000 m2 du hall sur lesquelles pouvaient initialement se déplacer les visiteurs[11].
Activité politique
En juin 2009, aux prises avec la censure entourant toute tentative de commémorer le massacre de la place Tiananmen, il met en ligne un poème intitulé ironiquement Oublions[12].
Le 3 décembre 2010, Ai Weiwei, qui souhaitait rejoindre la Corée du Sud, indique que la police a refusé sa sortie du territoire chinois car il mettait alors « en danger la sécurité nationale ». Il analyse ainsi cette interdiction : « la police et les autorités aux frontières augmentent leurs efforts pour empêcher des membres éminents de la société civile chinoise de voyager à l'étranger à l'approche de la cérémonie du prix Nobel de la paix » attribué au Chinois Liu Xiaobo qui est actuellement emprisonné[13].
Ai WeiWei a été sélectionné par le site Sina.com dans la liste visant à élire l'« artiste de l'année » en dépit du gouvernement chinois[14].
Le 3 avril 2011, Ai Weiwei est interpellé par la police à l'aéroport International de Pékin avant qu'il ne puisse prendre un avion en direction de Hong Kong. Son atelier et son domicile sont fouillés et des ordinateurs sont confisqués le même jour, alors que la Chine voit la plus large répression qu'elle ait connu depuis dix ans, commencée en février 2011[15]. Le 17 avril une manifestation de soutien à Ai s'est tenue à Hong Kong pour demander « la libération de ce militant des droits de l'homme[16] ».
Le 15 mai 2011, l'artiste a pu brièvement rencontrer sa femme dans le lieu secret où il est détenu[17]. Suivant le témoignage de celle-ci, Ai Weiwei n'aurait subi aucune forme de torture par les autorités chinoises[17] et il aurait aussi reçu les thérapies demandées par son état de santé (diabète et hypertension[18]).
Ai Weiwei est libéré sous caution annonce, le 22 juin, la police pékinoise, selon le site de l'agence officielle Xinhua. Ai Weiwei faisait l'objet d'une enquête pour crime économique, qui a conclu « à une importante évasion fiscale par la société Fake, que l'artiste contrôle, et à la destruction intentionnelle de pièces comptables. » Cette décision est prise « du fait de la reconnaissance par Ai Weiwei de ses crimes, en considération de son état de maladie chronique, et de son intention répétée de rembourser au fisc les sommes manquantes. »
Comme Hu Jia, et d'autres dissidents libérés récemment, il voit sa liberté de parole et d'intervention limitée, comme condition de sa libération.
Bibliographie
- Ai Weiwei, AI Weiwei: Sunflower Seeds, TATE Publishing, 2010, 144 p. (ISBN 978-1854378842)
- Ai Weiwei, Ai Weiwei's Blog: Writings, Interviews, and Digital Rants, 2006-2009, MIT Press, 2011, 320 p. (ISBN 978-2-916583-05-1)
Liens
Articles connexes
- art contemporain chinois • art contemporain
- FAKE Design
- Art contemporain Catégories Wikipédia
Liens externes
- Le blog d'Ai Wewei (en chinois)
- Reportage de Papiers de Chine : A Caochangdi, dans les espaces particuliers de Ai Weiwei
- Sur le site artmediaagency : le 10 mai 2011, Ai Weiwei est élu à l’Académie allemande des arts[19]
En début septembre 2011, Ai Weiwei continue de défier le pouvoir chinois : un texte publié dans Newsweek est censuré en Chine (www.courrierinternational.com).
Notes et références
- (en) Merewether, Charles, Editor.~Essays by Jonathan Napack and Chin-Chin Yap. Ai Weiwei, Works: Beijing 1993-2003. Beijing: Timezone 8 Ltd., 2003.
- Le Figaro : Charte 08
- http://www.artreview100.com/people/751/
- http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2011/11/02/accuse-de-fraude-fiscale-le-dissident-ai-weiwei-defie-pekin_1597517_3216.html
- (en) Ai Weiwei | DLD Conference
- Merewether, Charles, Ruins in Reverse, in Ai Weiwei: Under Construction, University of New South Wales press, Sydney, 2008, pp. 29.
- (en) Archinect articles
- http://mitpress.mit.edu/books/chapters/0262015218intro1.pdf
- (en) Art Facts Net articles.
- (en) Asia Pacific Triennial artists
- « Cric Crac - Les graines de tournesol de l’artiste Ai Weiwei ne vont plus crisser » dans Le Monde du 15 octobre 2010 et :« Ai Weiwei l'audace emprisonnée » dans Le Monde Magazine du 20 mai 2011, par Philippe Dagen.
- Oublions sur Rue89. « […] Oublions chaque cas de persécution, chaque cas d'humiliation, chaque massacre et chaque tentative de le cacher, chaque mensonge, chaque mort. Oublier chaque moment de souffrance, et oublier chaque moment d'oubli. […] »
- L'Express du 3 décembre 2010 : « Avant le Nobel, un artiste chinois empêché de quitter le pays ».
- « Les votes désignant Ai Weiwei comme "artiste de l’année" déclenchent la panique de la censure chinoise » sur le site Artinfo France.
- « L’artiste Ai Weiwei interpellé », Courrier International, 4 avril 2011, consulté le 6 avril 2011.
- L'Express.fr du 17 avril 2011 : « Manifestation de soutien à l'artiste Ai Weiwei à Hong Kong »
- « L'artiste et activiste chinois Ai Weiwei n'aurait pas été torturé », Le Monde, 16 mai 2011
- (en) Michael Wines, « China Allows Dissident Artist’s Wife to Visit Him », The New York Times, 16 mai 2011.
- La plus ancienne et la plus prestigieuse académie d'Allemagne.
- Portail de l’architecture et de l’urbanisme
- Portail de la Chine
- Portail de l’art contemporain
- Portail des droits de l’homme
Catégories :- Naissance en 1957
- Naissance à Pékin
- Artiste contemporain chinois
- Architecte chinois
- Signataire de la Charte 08
- Dissident chinois
Wikimedia Foundation. 2010.