Ferdinand Alquie

Ferdinand Alquie

Ferdinand Alquié

Ferdinand Alquié, né le 18 décembre 1906 à Carcassonne (Aude) et mort le 28 février 1985 à Montpellier (Hérault), est un écrivain et philosophe français.

Sommaire

Biographie

Ferdinand Alquié est né dans une famille catholique et royaliste de viticulteurs. Son père est professeur au lycée de Carcassonne. Il étudie lui-même dans ce lycée et dans cette ville, où il fait la connaissance de René Nelli et Joë Bousquet lesquels l'influenceront dans son intérêt pour la littérature et pour le surréalisme.

Dans son journal de 1927[1], il raconte sa petite enfance, en particulier ses premières expériences de sexualité dès l'âge de cinq ans (la masturbation, l'homosexualité, le fantasme anal, les rapports multiples avec les femmes, les prostituées) et ses difficultés à concilier sa « nature d'homme » et son désir avec la foi et l'éducation catholique.

Il éprouve cette contradiction en particulier lors de sa première communion. Il ne se confesse qu'à l'âge de quinze ans et considère alors comme péché l'amour des femmes, la musique et la pitié. Puis, il entre en philosophie et se livre au satanisme. Il fait l'expérience de l'écriture automatique appréhendée comme forme de libération et acceptation de la nature.

En 1924, Alquié part étudier à Paris. Il est interne au Lycée Louis-le-Grand. Il reprend à nouveau la voie mystique et se rapproche du cercle catholique autour de Marc Sangnier en cessant toute relation sexuelle avant d'entreprendre sa « conversion à rebours » pour devenir finalement « naturaliste » en acceptant son désir.

Il décrit son existence comme partagée entre l'amour du réel et la haine du réel. L'amour du réel est la base de sa vocation philosophique (« principe de réalité »). Dès l'âge de dix ans, Alquié est convaincu par le cogito de René Descartes. Le rêve, la poésie et le surréalisme sont, au contraire, des réponses à l'insatisfaction du réel (« principe de l'imaginaire »).

Dans les années 1920, il fait partie avec François-Paul Alibert, Claude-Louis Estève et René Nelli des proches du poète Joë Bousquet. Ensemble, ils créent, en 1928, la revue Chantiers puis collaborent à la revue Les Cahiers du Sud.

En 1927-1928, il poursuit ses études à l'université de la Sorbonne. Il est en même temps surveillant à l'École Bossuet à Paris.

Il commence sa vie d'enseignant à Saintes en 1929.

Reçu premier à l'agrégation de philosophie en 1931, il enseigne au lycée Louis-le-Grand, à Paris, puis à l'université de Montpellier, et finalement à la Sorbonne où il compte parmi ses élèves Gilles Deleuze.

En mai 1933 paraît, dans la revue Le Surréalisme au service de la Révolution, une lettre dans laquelle Alquié dénonce « le vent de crétinisation systématique qui souffle d'URSS ». Cette publication entraîne l'exclusion d'André Breton et Paul Éluard du Parti communiste français[2].

En 1955, il publie Philosophie du surréalisme.

Alquié publie des ouvrages sur René Descartes, Emmanuel Kant et Baruch Spinoza.

Il est élu membre de l'Académie des Sciences morales et politiques en 1975. Jean Guitton lui succède en 1987[3].

Alquié et le cartésianisme

On l'a souvent opposé à Martial Gueroult, notamment au cours d'une polémique au sujet de Descartes : Alquié voit en Descartes avant tout le geste philosophique, Gueroult « l'ordre des raisons ».

Alquié et le surréalisme

Alquié considère le surréalisme comme une forme de philosophie. C'est un acte de libération et en même temps une forme de connaissance de soi. Le libertinage est moins comme une forme d'hédonisme que comme une forme d'authenticité et de morale. Le surréalisme est une forme d'art, parce qu'il est un rapport à la vie, comme une "délivrance par rapport au réel tel qu'il est sous nos yeux" : "si l'art n'est pas la vie, il est à rejeter". Le surréalisme est un moyen de se rapporter à la nature sur le mode de la jouissance.[4]

La philosophie du surréalisme consiste en une théorie de l’amour, de la vie, de l’imagination, des rapports de l’homme et du monde. Le surréalisme est une forme de "libération totale" et en même temps une "poursuite de la vérité". Il n'est pas incompatible avec la métaphysique dans la mesure où il où il est aussi "le messager de quelque transcendance"[5].

En 1966, Alquié dirige une décade à Cerisy-la-Salle où se trouve abordée la question de l'histoire du surréalisme (Entretiens sur le surréalisme). Il ne se définit pas lui-même comme surréaliste, mais comme quelqu'un qui écrit sur le surréalisme. Il n'appartient d'ailleurs pas au groupe surréaliste et ne veut parler que du dehors. (Certains participants critiquent, d'ailleurs, le cadre universitaire de la discussion et la soumission à la "culturelle officielle".) Alquié remercie à cette occasion André Breton, qui vient de mourir, pour lui avoir appris, lorsqu'il avait vingt ans, "le sens merveilleux du mot « liberté »"[6].

Citation

« Par la passion, nous refusons aussi de connaître ce qu'est le présent. Les objets que la vie nous offre ne sont pour nous que des occasions de nous souvenir, ils deviennent les symboles de notre passé. Par là, ils se parent d'un prestige qui n'est pas le leur ; par contre, nous refusons de percevoir ce qu'ils sont en eux-mêmes, de saisir la réalité des êtres qui, véritablement, sont là. » in Le Désir d'éternité.

« Déclarer que la raison est l'essence de l'homme, c'est déjà couper l'homme en deux, et la tradition classique n'y a jamais manqué. Elle a distingué en l'homme ce qui est raison et qui par la même, est vraiment humain, et ce qui n'est point raison, et paraît, de ce fait, indigne de l'homme, instincts et sentiments. » in Humanisme surréaliste et existentialiste, 1948

Œuvres

  • Leçon de philosophie, 2 vol., Didier, 1931-1951.
  • Notes sur la première partie des Principes de la philosophie de Descartes, Éditions Chantiers, 1933.
  • Le Problème moral, Éditions Chantiers, 1933.
  • Les États représentatifs, Éditions Chantiers, 1934.
  • Les Mouvements et les actes, Éditions Chantiers, 1934.
  • Plans de philosophie générale, Éditions Chantiers, 1934; réédition La Table Ronde, "La Petite Vermillon", 2000.
  • La Science, Éditions Chantiers, 1934.
  • Les Devoirs et la vie morale (plans de morale spéciale), Éditions Chantiers, 1935.
  • Notions de psychologie générale, Éditions Chantiers, 1935.
  • Les Tendances et la raison, Éditions Chantiers, 1935.
  • Les Sciences mathématiques, les sciences de la matière et de la vie, Éditions Chantiers, 1936.
  • Les Synthèses représentatives, Éditions Chantiers, 1936.
  • Les États affectifs, Éditions Chantiers, 1937.
  • Les Opérations intellectuelles, Éditions Chantiers, 1937.
  • Le Désir d'éternité, PUF, 1943.
  • Introduction à la lecture de la Critique de la raison pure, PUF, 1943.
  • La Découverte métaphysique de l'homme chez Descartes, PUF, 1950.
  • La Nostalgie de l'être, PUF, 1950.
  • Science et métaphysique chez Descartes, Les Cours de Sorbonne, CDU, 1955.
  • Philosophie du surréalisme, Flammarion, 1955.
  • Descartes, l'homme et l'œuvre, Connaissance des Lettres, Hatier, 1956.
  • L'Expérience, PUF, 1957.
  • Édition de textes choisis de l'Éthique de Spinoza, PUF, 1961.
  • Édition des Œuvres philosophiques de Descartes, 3 vol., Garnier, 1963-1973.
  • Nature et vérité dans la philosophie de Spinoza, Les Cours de Sorbonne, CDU, 1965.
  • Solitude de la raison, Le Terrain vague, 1966.
  • La Critique kantienne de la métaphysique, PUF, 1968.
  • Entretiens sur le surréalisme, W. de Gruyter, 1968.
  • Signification de la philosophie, Hachette, 1971.
  • Le Cartésianisme de Malebranche, Vrin, 1974.
  • Malebranche et le rationalisme chrétien, Seghers, 1977.
  • La Conscience affective, Vrin, 1979.
  • Le Rationalisme de Spinoza, PUF, 1981.
  • Servitude et liberté chez Spinoza, Les Cours de Sorbonne, CDU.
  • La Morale de Kant, Les Cours de Sorbonne, 1957.
  • Édition des Œuvres philosophiques de Kant, 3 vol., Gallimard,Bibliothèque de la Pléiade, 1980, 1984, 1986.
  • Études cartésiennes, Vrin, 1983.

Notes et références

  1. Ferdinand Alquié, Écrits de jeunesse, éd. Paule Plouvier, L'Âge d'homme, 2003.
  2. Adam Biro & René Passeron (sous la direction de), « Dictionnaire général du surréalisme et de ses environs », Office du livre, Genève & Presses universitaires de France, Paris, 1982, p. 19
  3. Notice sur la vie et les travaux de Ferdinand Alquié, Institut de France, 1989
  4. Alquié, Cahiers de jeunesse, p. 39
  5. Alquié, Philosophie du surréalisme, Champs, 1977, "Avant-propos".
  6. Ferdinand Alquié, Entretiens sur le surréalisme, Paris, 1968, p. 11
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