Famille de Béon

Famille de Béon

Maison de Béon

La maison de Béon est une maison chevaleresque, seigneuriale puis comtale originaire du Béarn tirant son nom du village de Béon dans la vallée d'Ossau et dont l'existence est assurée depuis au moins la fin du XIIe siècle. Elle a fait l'objet d'assez peu d'études en considération de l'élévation qu'elle connut de la fin du XVe siècle au XIXe siècle, époque à laquelle, bien que déjà très réduite en terme d'effectifs, elle évoluait encore dans l'entourage de la famille royale. Filleul du comte de Chambord, dernier prétendant légitimiste français au trône de France, le dernier comte de Béon s'éteint sans descendance en avril 1908.

Vicomtes de Béarn : d'or aux deux vaches de gueules, accornées, colletées et clarinées d'azur, passant l'une sur l'autre

Sommaire

Origines

Légendes

De nombreuses légendes entourent les origines de cette maison béarnaise. Elles apparaissent principalement au XVIIIe siècle au sein de la famille puis parmi les généalogistes et font état de travaux d'anciens historiens dont les traces sont aujourd'hui plus ou moins perdues.

La principale légende est rapportée dès la première édition du Dictionnaire de la Noblesse de La Chesnay-Desbois (1857-1866) à partir de travaux de généalogistes du XVIIIe au XIXe siècles et sera reprise régulièrement avec plus ou moins de foi par la suite. Elle établit que cette maison est sortie de la première maison de Béarn et qu'elle aurait été formée par un puîné du vicomte Centulle V de Béarn (en réalité plus probablement Centulle VI de Béarn compte tenu des dates) qui aurait reçu la terre de la vallée de Béon comme apanage par un acte du jour de Pâques 1133. Cette filiation permit de classer la maison de Béon parmi les familles descendantes des Mérovingiens via les vicomtes de Béarn, les ducs de Gascogne puis les ducs d'Aquitaine, dynasties sorties de la première race des rois de France. L'auteur de cette théorie fait référence à plusieurs garants plus ou moins fiables dont un anonyme historien des comtes de Brabant qui aurait cité en exemple, à une date inconnue, la maison de Béon comme tirant son origine des anciens vicomtes de Béarn, et voulant pour preuve le fait, exact il est vrai, que la maison de Béon, du moins sa branche aînée, ait toujours porté de droit les armes pleines et entières de Béarn.

C'est d'ailleurs dans la seconde moitié du XVIIIe siècle que les représentants de cette même branche modifient leur nom en faveur d'un "Béon-Béarn" voire d'un "Béarn de Béon" afin de mieux mettre en valeur leurs prétendues origines mérovingiennes. Ces modifications apparaissent dans différents exemplaires de l'État général de la France à partir des années 1770. Nous savons depuis que le fameux Centulle VI de Béarn évoqué dans la légende n'eut pas de descendance et qu'avec lui s'éteignit la première maison de Béarn.

Une seconde légende existe autour de la figure de l'auteur de cette maison, son premier représentant connu par un acte du 19 novembre 1204 : Arnaud-Guilhem de Béon, mentionné dans une lettre de Mazère dans laquelle Raymond-Roger, comte de Foix, demande à son oncle, ledit Arnaud-Guilhem de Béon, de libérer des prisonniers. Ce document est le premier conservé à faire apparaître le nom de cette maison. Le lien de parenté évoqué dans cette lettre de 1204 a été utilisé à la fin du XVIIIe siècle et au XIXe siècle par de nombreux généalogistes pour conforter l'ascendance princière des Béon et établir la première alliance connue de cette famille : celle d'Arnaud-Guilhem avec N. de Foix, une hypothétique tante de Raymond-Roger et fille de Roger III de Foix. Curiosité non exploitée de la généalogie, une telle alliance placerait parmi les auteurs de cette famille un héros de la littérature et de l'histoire : le Cid. En effet, Roger III de Foix épousa la petite fille de Rodrigo Diaz de Bivar en la personne de Chimène Diaz de Barcelone, fille de Maria Diaz de Bivar, la fille du Cid, d'une part et de Raymond-Beranger III de Barcelone d'autre part. Malheureusement pour cette alliance, aucun acte l'attestant n'a été conservé et on ne peut s'en tenir qu'à cette appellation d'oncle figurant dans cette lettre pour l'envisager. Par la suite, les comtes de Foix et les seigneurs de Béon continueront de s'appeler cousins, comme le fit Roger IV de Foix avec Philippe de Béon, capitaine gouverneur de Foix, dans un courrier du 3 novembre 1260 ; mais de telles habitudes s'entretenaient entre les princes et leurs principaux seigneurs comme entre les rois de France et leurs ducs sans qu'un réel lien de parenté n'existât toujours.

Ces différentes légendes tournant autour des origines de cette maison attestent du prestige considérable obtenu par cette famille dans le sud ouest français et bien au-delà à la fin de l'ancien régime, prestige formé en partie par une longue familiarité entretenue avec les plus importantes dynasties féodales de Gascogne et de Guyenne mais pas seulement...

Sources et contexte historique

Les principales sources ayant servi à la connaissance de cette ancienne maison sont conservées dans différents fonds d'archives français constitués par les généalogistes du roi à la fin du XVIIIe siècle à l'occasion des preuves de noblesse faites par différents membres de cette famille afin d'obtenir les honneurs de la cour (en 1780 et en 1782), des présentations à la famille royale, l'entrée dans les ordres du roi (Saint Louis, Saint Lazare)...
Ces papiers contiennent de nombreux actes appartenant à la famille ainsi que quelques documents d'ordre familier voire politique. Ceux-ci ont permis à ces généalogistes de considérer cette famille comme l'une des premières du royaume en la classant parmi les maisons de la haute noblesse sur la base de son ancienneté, de la qualité de ses alliances et de ses nombreuses distinctions. Nous reviendrons plus bas sur le crédit qu'il faut accorder à ces considérations.

D'autres sources permettent d'avoir un regard plus distant vis-à-vis de cette famille et surtout de mieux ancrer son parcours dans le contexte social et politique des époques considérées. Les participations aux revues de compagnies, aux états et autres manifestations de la vie publique permettent de voir apparaître certains de ses représentants dans un contexte différent, confrontés à leurs prérogatives réelles : celles d'hommes d'armes et de simples notables de la région.

Façade sud du château de Béon dans la vallée d'Ossau.

Si les critères qui permettent d'apprécier la noblesse à la fin de l'ancien régime tendent à s'uniformiser il ne faut pas oublier que le second ordre est pluriel et qu'il a évolué dans des cadres très variés en fonction des provinces.
Dans ses Cartulaires de la vallée d'Ossau, Pierre Tucoo-Chala évoque les structures de cette noblesse pyrénéenne : « Il y avait cependant en Ossau un certain nombre de maisons nobles, de "domenjadures", dont les propriétaires pouvaient se parer du titre de "seigneur" : trois dans la partie la plus méridionale de la vallée, Saint-Colome, Izeste, Louvie-Juzon ; cinq plus à l'intérieur, Béon, Louvie-Soubiron, Béost, Espalungue et Assoute. Au fur et à mesure que les siècles passent - et les cartulaires en portent un témoignage intéressant - leur influence s'accroît. Mais il ne s'agit que d'influence et non de domination, ce sont de simples seigneurs de villages ne rendant pas la justice, n'ayant aucune part à l'exploitation de la vallée ». Le même auteur précise les fonctions de ces familles installées dans la vallée dans L'Islam était aux portes des Pyrénées : « il s'agissait simplement de châteaux vicomtaux dont la garde avait été confiée à des "cavers" ; l'autorité supérieure en réclamait leur restitution trois fois dans l'année. Dans ce cas, les potentats béarnais ne seraient pas des vassaux, mais des fidèles qui siègent à la cour et gardent les forteresses publiques ; leurs relations avec le vicomte sont caractéristiques de celles qu'entretiennent les grands du midi avec les lignages comtaux détenteurs de l'autorité publique avant la crise féodale du XIe siècle. (...) Les "cavers" étaient donc en train de se muer en seigneurs châtelains avec autour d'eux leur petite troupe de chevaliers. »

Les origines de la maison de Béon sont à imaginer parmi ces pistes. L'hypothèse la plus vraisemblable est celle d'un chevalier proche du vicomte, sans doute assez proche pour avoir appartenu à sa famille, placé à Béon dans la vallée d'Ossau pour y représenter l'autorité vicomtale et garder la vallée dans un contexte de Reconquista et qui aurait fait souche...

Généalogie

Structure générale

Tous les généalogistes s'accordent sur ce point : cette maison était déjà divisée en deux branches principales dès le XIIIe siècle sans que l'on connaisse avec exactitude les conditions de cette ancienne division. D'ailleurs, certains historiens se demandèrent finalement s'il s'agissait bien d'une seule et même famille. La proximité géographique et les relations entretenues tout au long des siècles par les représentants des deux branches semblent l'attester. Au XVIIIe siècle, en dépit d'une si lointaine séparation, les chefs des deux branches se donnent encore du "cousin" et tous deux conviennent que l'une est bien la branche aînée et que son chef est donc celui de la maison entière.
La généalogie reproduite ici s'inspire de celle proposée dans le Nobiliaire de Guyenne et Gascogne d'O'Gilvy.
Une première branche aînée, dite des Béon-Béarn, aurait couru du XIIe au XVe siècle avant de se fondre dans celle des Vicomtes de Sère. La branche des seigneurs d'Armentieu-La Palu serait alors devenue la branche aînée jusqu'à son extinction à la fin du XVIIIe siècle. La seconde branche principale est celle dite des vicomte de Sère qui a fait plusieurs rameaux : celui des vicomtes de Sère, fondu dans la maison de Pardaillan-Gondrin, celui des seigneurs du Massés, fondu pour partie dans la maison de Timbrune-Valence, celui des seigneurs du Massés puis barons de Bouteville dits Béon-Luxembourg éteints en 1725 et celui des seigneurs de Cazaux éteint à la fin du XVIIIe siècle.

Branche aînée, dite de Béon-Béarn

Elle est formée par

I. Arnaud-Guilhem de Béon (1145 / 1204 ou 1188) ¤ N. de Foix, dont il eut

II. Philippe de Béon (1180 / 1223), qui eut

III. Jean de Béon, qui eut

IV. Jean-Menaud de Béon, qui eut

V. Raymond de Béon (? / 1362) ¤ Dame Claire, dont il eut

VI. Arnaud-Guilhem II de Béon, qui eut

VII. N. de Béon, qui eut

VIII. Jean III de Béon, qui eut

IX. Jean IV de Béon, qui eut

X. Jeanne de Béon, dame de Béon ¤ Pierre II de Béon, vicomte de Sère (probablement)

Seconde branche aînée dite de Béon d'Armentieu

Elle serait formée par un fils cadet de Philippe de Béon, du nom de

III. Arnaud de Béon (1223 / 1284) ¤ Jeanne de La Palu (¤ 6 janvier 1269), dont il eut

IV. Arnaud de Béon (? / 1319), qui eut

V. Bernard II de Béon, qui eut

VI. Pierre de Béon (? / 1338), qui eut

VII. Bernard III de Béon (? / 1358), qui eut

VIII. Pierre II de Béon (? / 1418) ¤ Jeanne de Maumus (1378 / 1425), dont il eut

IX. Odet de Béon ¤ Marie de Castelbajac, dont il eut Jeanne mariée à Amanieu du Lau et Miramonde mariée à Amadon de Montesquiou

IX. Bernard IV de Béon (1400 / 1450), qui eut

X. Odon de Béon (1430 / 1488) ¤ Catherine du Lin (ou Catherine de Olino)(1435 / 1475 / 1488), dont il eut

XI. Bertrand de Béon (1475 / 1537) ¤ Jeanne d'Ornezan de Saint Blancard (¤ 17 janvier 1501), dont il eut

XII. Gabriel de Béon (1501 / 1577) ¤ Catherine de Saint-Lary-Bellegarde (¤ 17 août 1556 à Bellegarde), dont il eut

XIII. Pierre III de Béon (1556 / 1590) ¤ Marguerite de Noé (¤ 31 décembre 1579), dont il eut

XIV. Jean-Antoine de Béon ¤ Marguerite de Soyanne de Lasseran-Massencome (¤ 23 février 1628), dont il eut

XV. François de Béon qui épousa Jeanne de La-Tour-de-Lives

XV. François II de Béon ¤ Françoise de Moura (¤ 17 octobre 1663), dont il eut

XVI. François III de Béon ¤ Marie-Catherine de Rollet, dont il eut

XVII. François IV de Béon ¤ Anne de Puyberail (¤ 20 juin 1735), dont il eut

XVIII. François-Frédéric de Béon (1754 / 179?) ¤ Marie-Madeleine-Charlotte de Béon du Massés-Cazaux, dont il eut

XIX. François-Antoine-Henri de Béon (mort en 1820)

XVII. Jean-Antoine de Béon (1715 / ?) ¤ Thérèse Cauvet, qui firent souche...

Branche des vicomtes de Sère

Le raccord est hypothétique : elle serait aussi formée par un cadet de Philippe de Béon, du nom de

III. Pierre de Béon, qui eut

IV. N. de Béon, qui eut

V. N. de Béon, qui eut

VI. N. de Béon, qui eut

VII. Pey, ou Pierre II de Béon, ¤ Jeanne de Béon-Béarn (probablement) dont il eut

VIII. Arnaud-Guillaume de Béon ¤ Constance de Montault (¤ le 8 janvier 1422 à Tarbes), dont il eut

IX. Pierre III de Béon ¤ Jeanne d'Ornezan d'Orade (¤ en 1487), dont il eut

X. Jean de Béon ¤ Jeanne de Foix, dont il eut

XI. Sébastien de Béon ¤ Marie Isalguier, dont il eut deux filles : Marguerite mariée à Beraud de Goth (du Goût) puis à Joseph-François de Montesquiou et Philiberte mariée à Jacques de Béon son cousin

XI. Bernard de Béon, seigneur de Ricau ¤ Miramonde de Montaut (¤ en 1549), dont il eut

XII. Jacques de Béon, vicomte de Sère par son mariage ¤ Philiberte de Béon (¤ le 24 juillet 1569), dont il eut

XIII. François ou Jean II de Béon, ¤ Anne de Flageac, dont il eut

XIV. Jean III de Béon (mort sans alliance), Anne mariée à N. de Bezolles, N. mariée à Jean-Louis de Pardaillan-Gondrin, et Catherine mariée à Anne de Monstron

De son second mariage avec Catherine de Faudoas-Serillac, Jacques de Béon n'eut pas d'enfant.

De son second mariage avec Marguerite Isalguier de Clermont, Jean de Béon eut un fils, François mort sans alliance, et quatre filles dont l'aînée, Catherine, fut mariée à Corbeyran de Faudoas

De son second mariage avec Guiote de Devèze, Arnaud-Guillaume de Béon eut deux fils, Menaud de Béon, mort sans alliance, et Pierre IV de Béon qui fit la branche des seigneurs du Massés.

Principales illustrations

Présentation générale

O'Gilvy dans son Nobiliaire de Guyenne et Gascogne introduit cette famille en ces termes : "Cette noble et antique race exclusivement militaire a payé largement et sans interruption sa dette à la France depuis huit siècles. Elle eut des représentants aux croisades. Elle a produit un grand nombre de chevaliers, des capitaines et gouverneurs de places, des capitaines de cinquante hommes d'armes, des chevaliers commandeurs de l'ordre de Malte, un chevalier de Saint-Michel avant la création de l'ordre du Saint-Esprit, un chevalier du Saint-Esprit, quatre généraux, dont trois maréchaux de camp et un lieutenant général des armées du roi, des conseillers d'État, des gouverneurs de provinces, un évêque d'Oloron etc." L'Annuaire de la Noblesse de 1876 ajoute à cette liste déjà longue : "un grand prieur et un grand hospitalier de l'ordre de Saint Jean de Jérusalem, des gentilshommes de la chambre du roi, des ambassadeurs, des conseillers d'État, des chambellans, des Grands d'Espagne, des dames d'honneur des reines de France ( NDR : on pense à Louise de Béon, comtesse de Brienne auprès d'Anne d'Autriche) et princesses royales (NDR : on pense à la comtesse de Béon auprès de Madame Adélaïde), des pages, des prélats distingués, entre autres Raymond-Arnaud de Béon, évêque d'Oléron, qui fut l'exécuteur testamentaire de sa parente Catherine de Foix, reine de Navarre, bisaïeule d'Henri IV."
Le même auteur précise plus loin la situation de cette maison à la veille de la Révolution : "Au moment de la Révolution, sept membres de cette noble famille faisaient partie de la maison du roi".

Quelques figures de cette maison évoquées à partir des fiches proposées par le Dictionnaire de biographie française de Prevost et Roman d'Amat, ici augmentées de quelques compléments ainsi que des preuves de noblesse fournies à l'occasion de l'entrée dans les ordres du roi ou de l'accès aux honneurs de la cour et qui sont conservées aux Archives nationales (MM 810/817 ; M 614 ; ) et parmi les manuscrits occidentaux de la BN dans le Fonds Chérin (n°3) et le fonds des manuscrits français Fr 31782 principalement :

Aimery de Béon du Massés

Gouverneur de Limoges, fils aîné de Bernard, écuyer d'écurie de Louis XI et chambellan du roi de Navarre en 1480 d'une part, et d'Antoinette de Devèze, épousée en 1513, d'autre part. Il fit la guerre en Italie sous Monluc, à Barges et à Fossano, en 1543, et devint enseigne à la compagnie de Termes avant le 29 juin 1559.
En garnison à Bordeaux, il manque d'assister le 17 juillet 1562 au combat de Targon et s'en plaignit amèrement. Comme mestre de camp, il prit part à celui de Vergt, le 9 octobre, passa lieutenant de la compagnie de François d'Escars, dont il prit le commandement en août 1562, après que celui-ci eut été signalé comme agent de Condé. Au terme de nombreuses pérégrinations militaires il est nommé gouverneur de Limoges au début de juin 1569 et meurt la même année.
Il avait épousé le 16 novembre 1540, Marguerite de Castelbajac qui lui donna au moins deux fils, Bernard qui suit et Pierre, marié à Marguerite de Faudoas.

Bernard de Béon du Massés

Maréchal de camp, fils d'Aimery. Le 1er octobre 1574, lors de la réorganisation des gardes françaises, il prend la tête de la compagnie colonelle de ce corps. Il prit part, dans les troupes royales, à la bataille de Dormans, en 1576, au siège du Brouage, en 1577, accompagna Catherine de Médicis dans son voyage dans le midi de la France en 1578-1579 et, le 1er mai 1584, après s'être démis de sa compagnie, fut nommé gouverneur de Carmagnole. Maréchal de camp le 16 novembre 1585, il fut employé en Dauphiné sous La Valette, puis sous Épernon. En 1589, il leva une compagnie de cinquante lances et, après s'être démis de son gouvernement, fut désigné par Henri III comme lieutenant général au gouvernements de Saintonge, Angoumois, Aunis et La Rochelle, en mars de la même année Henri IV lui conserva cette charge, le créa conseiller d'État en 1597 et le nomma chevalier de ses ordres en 1604 mais il meurt à Monceaux, le 8 août 1607, avant la cérémonie de réception à l'ordre du Saint-Esprit.
En 1572, il avait épousé en premières noces Gabrielle de Marast, veuve de Jean de St-Lary dont il aura un fils mort sans descendance et deux filles : Jeanne mariée à Jean-Louis de Rochechouart (grand oncle de la marquise de Montespan) et Marguerite mariée à Jean-François de Magnat. Il épousa en deuxième noces Louise de Luxembourg-Ligny, fille de Jean IV de Luxembourg-Ligny (1557 – † 1576) et veuve de Georges d'Amboise, comte d'Aubijoux, dont il eut une fille prénommée Louise et un fils Charles. Ce dernier fut, le 15 janvier 1623, en vertu d'accords antérieurement conclus, substitué à la famille de sa mère. Il épousa Marie Amelot et se qualifia de Luxembourg-Béon, tandis que sa sœur, Louise, héritière du comté de Brienne, apportait cette terre à son mari Henri-Auguste de Loménie qu'elle épousa la même année.
Les Montmorency, alliés également aux Luxembourg, ayant revendiqué leur riche succession, Bernard (NDR : élevé enfant d'honneur de Louis XIV) et Jean-louis, l'un et l'autre fils de Charles, puis Charles, fils de Jean-Louis, colonel au régiment de Brassigny, eurent à soutenir contre eux un interminable procès, qui se termina en 1715 par un arrêt interdisant aux Béon, mais contre tout droit, de prendre le nom de Luxembourg (NDR : le motif invoqué fut la prescription...)
Charles, le dernier des Béon du Massés, avait épousé Anne-Dorothée du Hautoy (famille comptée parmi les petits chevaux de Lorraine), dont il se sépara en 1698. Il devint l'amant de la femme de Pierre Gardel, trésorier général des fortifications de France, puis de la fille de celle-ci, Anne-Charlotte (que l'on soupçonnait d'être sa fille), qu'il débaucha à 17 ans, alors qu'il en avait lui-même 54. Il mourut sans postérité, le 9 août 1725, et sa succession donna lieu à un nouveau procès (NDR : entre sa sœur Antoinette-Louise-Thérèse de Béon-Luxembourg et Anne-Charlotte Gardel en faveur de laquelle il avait testé, la succession fut partagée en deux). Notons qu'à la fin du XVIIIe siècle les tensions entre les Montmorency-Luxembourg et les Béon étaient déjà retombées, et en cela l'extinction des Béon-Luxembourg aida sans doute, car François-Frédéric de Béon-Béarn était filleul du duc et de la duchesse de Luxembourg et c'est dans la compagnie de Luxembourg qu'il fut sous-lieutenant des gardes du corps.

Aimery-François de Béon du Massés

Dit le comte de Lamesan, maréchal de camp, fils de Jean-Pierre et de Catherine de Lamesan, mariés en 1598, il servit comme lieutenant au régiment des gardes françaises au siège de Corbie, en 1636, à ceux de Landrecies, Maubeuges, La Capelle, en 1637, de St-Omer, en 1638, de Renty et de Hesdin en 1639.
Promu capitaine le 9 juin 1640, il fit campagne en Flandre (siège d'Arras, 1641), en Roussillon (siège de Colliouren et de Perpignan, en 1642), puis de nouveau en Flandre, se distingua sous les ordres du Grand Condé à la bataille de Lens, en 1648, au blocus de Paris, en 1649.
Maréchal de camp le 21 mars 1650, guidon (12 janvier 1651), puis enseigne (10 mars) des gendarmes de la garde, il se démit de sa compagnie de garde française, servit au siège d'Angers, à la prise de St-Denis, au combat du faubourg St-Antoine en 1654, il fut présent au siège de Sainte-Menehould en 1653 ; aux tentatives faites pour dégager Arras, en 1654, au siège de Montmédy en 1657, et enfin à la bataille des Dunes en 1658. L'année suivante il accompagna le roi dans son voyage en Provence et en Languedoc et fut promu sous-lieutenant de la compagnie des gendarmes le 16 février 1666. Bien qu'il ne fut plus jeune, il fit la guerre de Dévolution comme volontaire et se fit tuer au siège de Tournai, en 1667. Il avait épousé Marie Lybaut et en avait eu deux fils, Louis de Béon, comte du Massés et de Lamezan, mort sans alliance et Aimery-Joseph de Béon du Massés, vicomte de Lamezan, également mort sans alliance.

Isaac de Béon-Caseaux

Lieutenant général, fils de François, gentilhomme de la chambre de Gaston d'Orléans et d'Agnès de Lévis-Lomagne, fille de Jean, cinquième fils de Jean VI de Lévis. Il entra comme mousquetaire à la compagnie du cardinal de Mazarin en 1658 et servit au siège de Dunkerque. La même année, les 13 et 14 juin, il se distingua particulièrement sous le marquis d'Humières, aux opérations qui précédèrent et suivirent la bataille des Dunes, d'où il revint blessé avec six hommes de sa compagnie. Lieutenant aux mousquetaires en 1659, puis capitaine au régiment de St-Geniez, il fit comme volontaire la guerre de Dévolution et la conquête de la Franche Comté en 1668. Nommé Grand Bailli (9 avril 1668) puis commandant de Bergues (5 juin), il résida jusqu'en 1676 dans cette place pour le service de laquelle il leva une compagnie de dragons en 1674 et une compagnie d'infanterie en 1675. Promu maréchal de camp le 25 février de l'année suivante, il fut employé en Catalogne à la lutte contre les guérillas, passa à Messine avec Vivonne le 15 février 1677 et revint en Roussillon l'année suivante. Il fut blessé au siège de Puigcerda. Après la reddition de cette ville il fut promu Lieutenant général le 28 juin 1678, obtint le gouvernement de Bergues le 15 février 1679, puis celui de Thionville le 13 janvier 1681, il mourut deux mois plus tard sans postérité. Son frère, Pierre-Hyppolite de Béon de Caseaux, marié à Jeanne d'Ax, poursuivit la lignée.

François-Frédéric de Béon-Béarn

Comte de Béon, seigneur de La Palu, Serissan, Mazerolles, La Cassaigne, Castela, Maumus, Artigos, mestre de camp de cavalerie, sous-lieutenant des gardes du corps du roi dans la compagnie de Luxembourg. Né le 5 février 1754 à Mirande dans le diocèse d'Auch et baptisé le 9 suivant. Fils de François de Béon, comte de Beaumont et de La Palu, capitaine au régiment d'infanterie du Boulonnais d'une part, et d'Anne de Puyberail de Froncens, épousée le 20 juin 1735 au château de Froncens et qui était fille d'Annet et de Paule de Montlezun de Saint-Lary d'autre part.
Par l'intermédiaire de son grand oncle et de son oncle successivement aumônier de quartier puis aumônier ordinaire de Madame Adélaïde il obtient pour sa femme (qui suit) une place de dame pour accompagner la princesse en 1782, charge qui fera entrer le couple dans la société de Mesdames.
Présent à Versailles durant les journées d'octobre, on retrouve très vite le comte de Béon dans les rangs de l'armée des princes où il se distingue comme le décrit cet extrait d'article près d'un siècle plus tard :
"François-Frédéric de Béarn, comte de Béon, prit pendant l'émigration du service en Angleterre et obtint le grade de colonel d'un régiment de son nom au service de Sa Majesté Britannique. Il servit en Angleterre et en Hollande comme il avait servi en France, toujours avec honneur, bravoure et distinction (NDR : En avril 1793, alors que les insurrections commencent en Vendée et que les troupes hollandaises essuient des revers, le comte de Béon reçoit la mission d'organiser un nouveau régiment d'émigrés à Nimègue. Dès l'été, la Légion de Béon est au complet avec 200 cavaliers et 600 fantassins qui participeront aux campagnes autour de Liège et Maubeuge cette année là et subiront de nombreuses pertes). À la bataille de Boussigny, il eut deux chevaux tués sous lui . En 1795, le comte de Béon, qui était un des principaux chefs de l'armée royale, commandait la brave légion de Béon qui, le 20 juillet, se couvrit de gloire dans son héroïque défense au milieu de la sanglante catastrophe de Quiberon." (extrait de l'Annuaire de la noblesse de 1876).

Voir aussi l'article : Les Hussards de la Légion de Béon.

Marie-Madeleine-Charlotte de Béon du Massés-Cazaux

Fille de Gabriel-Guillaume, marquis de Béon du Massés de Cazaux, lieutenant d'une compagnie des gardes du corps et brigadier des armées du roi d'une part et de Marie-Madeleine-Christine Lombard de Montauroux d'autre part.
Comtesse de Béon par son mariage, le 22 janvier 1776 au château de La Serpent, avec son lointain cousin : François Frédéric de Béon-Béarn chef de la maison de Béon, sous lieutenant aux gardes du corps dans la compagnie de Luxembourg et chevalier de Saint-Louis. Elle fut reçue aux honneurs de la cour en 1782 et obtint alors une place de dame pour accompagner Madame Adélaïde, charge qu'elle tint jusqu'à la Révolution. Elle appartint à la petite cour de Bellevue où Mesdames s'étaient retirées dans la dernière décennie de l'ancien régime. La comtesse de Boigne, née d'Osmond et qui était également fille d'une dame de ces princesses, évoque cette petite société dans ses mémoires : "Ainsi, je me rappelle très bien qu'à Bellevue, chez Mesdames, l'officier des gardes du corps de service ne dînait pas à la table des princesses. Cela était tellement de rigueur que Monsieur de Béon, mari d'une des dames de Madame Adélaïde, dînait à la deuxième table lorsqu'il était de service, et, le lendemain, venait s'asseoir à côté de sa femme, à la table des princesses. Mais c'était une innovation, et ce manque à l'étiquette avait été une grande concession des bonnes princesses. Ce qui est encore plus extraordinaire, c'est que les évêques se trouvaient dans le même prédicament, et ne mangeaient ni avec le roi ni avec les princes de la famille royale. On ne m'a jamais expliqué les motifs de cette exclusion." Elle est à Versailles lors des journées d'octobre qui virent le départ de la famille royale pour Paris. Dans ses mémoires, la marquise de La Rochejaquelein évoque cette courte anecdote la concernant : "le comte de Narbonne-Lara, qui depuis a été ministre, alors chevalier d'honneur de Madame Adélaïde et grand ami de M. de La Fayette, arrive à onze heures et demie chez Mesdames ; il venait de l'Œil de bœuf, assure que tout est apaisé, se met à plaisanter sur la peur de chacun ; il parlait encore, quand M. de Thianges ouvre la porte, ainsi que Mme de Béon, en criant : "M. de La Fayette est chez le roi". Rien ne peut peindre l'étonnement, le saisissement que causa cette nouvelle..."

Elle épouse en seconde noce en 1808 Joseph-Marie-Prosper, comte d'Hautpoul, qui fit carrière dans les ambassades du marquis de Bombelles.

Élisabeth Vigée Le Brun fit son portrait en 1787, il appartint longuement aux collections de la famille de Mauléon (la sœur unique de la comtesse de Béon ayant été comtesse de Mauléon) avant d'être mis en vente à New York en 1949. [1]

Marie-Louise de Béon

Fille de Pierre-Prosper, comte de Béon, sous-lieutenant des gardes du corps d'une part et de Sophie de Chaumareys d'autre part. Elle appartenait à la dernière branche aînée de cette ancienne maison, celle dite des Béon seigneurs de Bière qui était un rameau formé au XVe siècle par Berringuier de Béon, fils cadet de Bernard IV de Béon d'Armentieu et qui à la suite de l'extinction des principales autres branches se retrouva au XIXe siècle seule survivante d'une famille qui fut pourtant prolifique. Elle était la cousine de Jean-Marie-Clovis-Charles-Ferdinand-Henri de Béon, dernier chef de cette maison, mort en 1908 sans enfant d'Inès-Mercedès Sanz, épousée en 1901.

Marie-Louise de Béon est restée célèbre pour avoir été demoiselle d'honneur de la duchesse de Berry ainsi que gouvernante des enfants qu'elle avait eu de son second lit et l'avoir suivie dans ses aventures jusqu'à sa propre mort, sans alliance, en 1855. Elle est ensevelie dans le tombeau royal des ducs de Parme à Plaisance.

Quelle noblesse ?

Quels critères utiliser ?

La noblesse n'est pas une qualité facile à apprécier pour la simple raison qu'elle n'est pas qu'une qualité mais également un statut social, juridique et politique évoluant dans un environnement adapté (aujourd'hui disparu, ce qui n'est pas sans conséquence sur notre définition actuelle) lui-même non figé mais évoluant au fil des siècles. Pour cela il n'y a pas qu'une seule définition de la noblesse qui serait immuable mais bien plusieurs qui se sont succédé, en même temps que cet ordre de la société s'adaptait aux évolutions qu'elle subissait.
De même, la structure de la noblesse a aussi changé avec le temps, ainsi que sa propre représentation...
Tenant compte de ces considérations il apparaît évident que la façon la plus signifiante d'évaluer l'importance ou l'exemplarité d'une maison ne repose pas sur un critère isolé et souvent subjectif tel que la renommée d'un nom ou bien le nombre d'actions d'éclat accomplies par ses membres.
Les critères employés à la fin de l'ancien régime par les généalogistes du roi sont clairs et significatifs : sont considérées comme appartenant à la haute noblesse les familles pouvant prouver par des titres officiels une grande ancienneté, des alliances de qualité, des possessions étendues, une fréquentation régulière de la cour et une occupation tout aussi régulière des charges de la couronne. Plus simplement, il faut être entré dans le club parmi les premiers, ne pas s'être mélangé avec n'importe qui, avoir le plus tôt possible participé à l'exercice de l'autorité et avoir veillé à toujours accroître son assise. Appartenir au cercle des grands signifie tout simplement avoir su mener sa barque et tenir la distance en résistant au temps et aux obstacles de tous ordres.
Voici les conditions idéales pour appartenir à la haute noblesse selon elle à la fin du XVIIIe siècle ; mais c'est passer très vite sur un ultime critère qui est loin d'être insignifiant : la faveur du roi. Bien sûr les familles qui réunissent toutes les conditions évoquées plus haut augmentent leur chance d'accéder à la faveur mais il existe des voies plus rapides et ceux qui les suivent avec succès ne sont pas pour autant déconsidérés par leur nouveaux pairs, tout juste sont-ils un peu enviés l'espace d'une ou deux générations. Ainsi parmi les ducs et pairs de France on peut compter quelques maisons de récente extraction mais pourtant parvenues au sommet de l'échelle nobiliaire : c'est le cas des Albert de Luynes, des Phélyppeaux (Pontchartrain, La Vrillière...), Fleury, Joyeuse... des élévations toutes formées par le succès ou la faveur d'un personnage.

La maison de Béon n'appartient pas à cette dernière catégorie mais est plutôt l'exemple d'une longue progression et d'une adaptation plus ou moins rapide d'un clan aux évolutions de la société et des mécanismes de l'ascension sociale et qui était, selon toute vraisemblance, occupée à soigner un dernier critère au moment où l'édifice s'écroula en 1789. Inutile de revenir sur le critère d'ancienneté, elle appartient aux rangs de la noblesse chevaleresque et est déjà noble à l'époque de la plus ancienne mention de son nom en 1204.

Titres et possessions

Cette maison est établie en Béarn, Bigorre, Gascogne, Astarac, comté de Foix, Guyenne, Angoumois, Limousin, Île de France, Antilles...
Ses titres, ainsi rappelés en introduction d'article dans le Nobiliaire de Guyenne et Gascogne d'O'Gilvy, donnent une idée de ses possessions considérables :

Hauts et puissants seigneurs, très nobles et très illustres messires, nobles, nobleshommes, messires, messeigneurs, damoiseaux, chevaliers, seigneurs de la vallée de Béon, vicomtes, comtes et marquis de Béon, vicomtes de Sère, barons de Miglos, comtes de Lamezan et de Brienne, marquis de Boutteville etc (NDR : barons de La Palu et d'Armentieu, comtes et marquis de Béon-Cazaux, comtes de La Palu, comtes du Massés, vicomtes de Lamezan, comtes de Ligny, ducs de Piney) ; seigneurs de Béon, Armentieu, La Palu, Arrembos, Moncassin, Belloc, Castetz, Serian (ou Sedian), Maumus, Ortigos, La Cassaigne, Mazerolles, Pontac, Bières, La Barthe, Birac, Antras, Verduzan, du Saulx, du Massés, Esclassan, Cazaux, Bezian, Lartigue, Ricau, Bellesbat, Bourriège, La Serpent...

Toutes ces terres n'ont pas été simultanément dans cette famille mais l'ont toutes été à un moment donné et certaines le sont restées des origines jusqu'à son extinction. Les châteaux qui suivent ont été des lieux de résidence des membres de cette famille durant une plus ou moins longue période :

Hôtel de la rue Plumet (11 et 16), paroisse St-Sulpice à Paris

Domaine de Mitry en France

Château de Brienne [2]

Château de Bouteville [3]

Château de La Palu à Mirande

Château d'Armentieu

Château de Sère

Château d'Arrouède ou de Rouède près du Massès en Astarac (sud du Gers)

Château de Bellesbat

Château de La Serpent [4]

Gentilhommière de Béon en Béarn (photo plus haut dans l'article)

Son assise territoriale et financière est solide. À titre d'exemple, à la mort du dernier Béon-Luxembourg en 1725, c'est près de 300 000 livres que se disputent les deux partis opposés.

Qualité des alliances

L'étude des alliances contractées par les différents représentants de cette maison à travers les âges permet de voir évoluer les réseaux de fidélité et de suivre à chaque échelon la position sociale et politique de ce clan.

Les premières alliances connues, ou revendiquées, sont très brillantes puisqu'il s'agit d'unions contractées avec des maisons princières : les vicomtes de Béarn (soupçonnées), les comtes de Foix (plusieurs alliances à la fin du moyen âge en plus de celle du XIIe siècle évoquée plus haut qui n'est que suggérée), les comtes d'Astarac (XIVe siècle), les comtes de Comminges.

Du XIVe au XVIe siècle, les unions très nombreuses avec quelques grandes maisons gasconnes d'égale noblesse consolident sa place dans les réseaux de pouvoir du sud ouest : les Montesquiou, les Castelbajac, les Isalguier, les Devèze, les Noé, les Montlezun, les Faudoas, les Ornezan, les Chelles, les Pardaillan-Gondrin.

A partir des XVe XVIe siècles, viennent s'ajouter de nouvelles maisons originaires de provinces plus éloignées et représentant une extension considérable de son aire d'influence parallèle à son intégration aux réseaux nationaux par l'entremise de la maison de Navarre sa protectrice (depuis l'installation de la maison de Foix-Béarn sur le trône de Navarre) : les Timbrune-Valence, les Luppé (pairs), les Goût/Goth (pairs), les Rochechouart-Mortemart (pairs), les Saint-Lary-Bellegarde (pairs), les Lévis-Mirepoix (pairs), les Castries (pairs) pour les principales.

La carrière militaire, qui est le destin de quasiment tous ses membres, les oriente pour le moment vers les plus brillants noms de la noblesse d'épée (La Barthe, Lautrec, La Valette/Épernon, Gontaut-Biron, Moissens, Mauléon, Labadie), et en conduit certains vers les plus puissantes maisons d'alors comme la maison impériale et royale de Luxembourg à la fin du XVIe siècle.

A partir du XVIIe siècle des noms de noblesse de robe apparaissent : Rollet, Amelot, Loménie, Hautoy (ancienne maison lorraine issue des Luxembourg).

A mesure que son élévation s'affirme jusqu'au milieu du XVIIe siècle, la qualité des alliances va croissante. À partir du XVIIIe siècle, on voit apparaître des partis plus modestes, des familles moins anciennes et vraisemblablement plus de difficulté à trouver une union avec une famille d'un renom au moins équivalent. Le meilleur exemple en l'occurrence est le mariage en 1776 entre François-Frédéric de Béon-Béarn et Marie-Madeleine de Béon du Massés-Caseaux. Le XVIIe siècle a amené dans le second ordre beaucoup de sang neuf et une fois arrivé au sommet les chances de trouver à se marier dignement sont de plus en plus restreintes pour des raisons démographiques mais également dans le cas de cette maison, des raisons stratégiques...

Au XIXe siècle, la branche survivante n'a plus pour elle que son nom. Elle n'a pas connu la même élévation et semble ne se fixer pour objectif que celui, pas toujours facile à tenir, d'épouser dans la noblesse (Chaumarey, Bouchiat).

Les charges de la couronne

Il s'agit ici de voir si les représentants de cette maison ont su obtenir qu'on leur confie une parcelle de l'autorité publique. En tant que seigneurs de nombreuses terres ils ont bien sûr exercé le pouvoir durant des générations. Mais par leur investissement dans la carrière militaire ils ont été très nombreux à devenir officiers et à obtenir de grandes responsabilités militaires : gouvernements de places fortes, de villes et de provinces (dès le XIIIe siècle au service de la maison de Foix, puis au XVIe siècle pour le roi).

Toutefois, contrairement aux autres maisons de la haute noblesse, celle-ci ne parvient pas à se maintenir dans ses charges plus d'une génération et ainsi peine à s'installer sur les marches du pouvoir durablement. La raison est certainement à trouver du côté du dernier critère : la fréquentation de la cour.

Sa présence à la Cour

Alors qu'elle figure parmi les familles les mieux représentées aux cours de Foix puis de Navarre, occupant les plus grandes distinctions et bénéficiant de grandes marques de confiance (chambellan, tuteur des enfants princiers, exécuteur testamentaire...) la famille peine à percer au sein de la cour de France.

Lorsque la dernière maison de Navarre accède au trône de France, tous les espoirs semblent possibles pour les Béon. C'est d'ailleurs à cette époque (le début de XVIIe siècle) que l'on assiste à la plus audacieuse tentative d'ascension : la substitution de Luxembourg. La branche des Béon du Massés est au sommet de sa carrière curiale, les autres branches n'ont pas eu les mêmes distinctions militaires et sont en retrait. Louise de Béon, comtesse de Brienne et épouse du premier Loménie de Brienne, est une amie d'Anne d'Autriche, d'une grande vertu et sans beaucoup d'éclat. Sa position est bonne mais sa famille ne résistera pas à la prise en main du pouvoir par Louis XIV car son mari est remercié. Il faudra attendre un siècle avant de retrouver un Loménie à un poste ministériel. Louise parvient tout de même à obtenir une place d'enfant d'honneur pour son neveu Bernard. Celui-ci meurt sans alliance et son petit neveu Charles de Béon-Luxembourg ne réussira qu'à s'attirer la défaveur du roi par le scandale de sa vie privée : O1 47-239 "Lettre du Roy à Mr de Béon Luxembourg pour luy dire de sortir incessamment de la ville de Paris et de se retirer dans celles de ses terres qu'il jugera à propos pour y demeurer jusqu'à nouvel ordre". La branche des Béon-Cazaux à cette même période semble profiter de l'embellie puisqu'elle obtient une place de gentilhomme de la chambre auprès de Gaston d'Orléans. Plus éloignés, on compte deux écuyers du nom de Béon aux petites écuries sous le règne de Louis XIV - probablement appartenant aux Béon de Bière, cette branche cadette des Béon d'Armentieu.

Durant tout le début du XVIIIe siècle il y a un vide en ce qui concerne l'occupation des charges de la cour. C'est le moment où s'éteignent les Béon-Luxembourg et même avant cela ... tout espoir de faveur. Une nouvelle tentative de réussite curiale est lancée au milieu du siècle, cette fois-ci à l'initiative des Béon d'Armentieu, restés en retrait au siècle précédent.
En 1754 (le 13 avril) Jean-Antoine de Béon, abbé de son état, obtient un brevet d'Aumônier de Madame Adélaïde de France. La situation extraordinaire de cette princesse et de ses sœurs, restées si longtemps à la cour puisque non mariées à l'exception d'une seule, favorisa la lente agrégation des Béon au système curial. La place passera à un neveu de l'abbé de Béon, également abbé, et celui-ci obtiendra une promotion puisqu'il deviendra Aumônier ordinaire, au second rang dans la chapelle. En même temps, François-Frédéric de Béon Béarn, neveu du dernier abbé, accède aux honneurs de la cour en 1780 et les obtient deux ans plus tard à son épouse ainsi qu'une place de dame de compagnie de Madame Adélaïde devenue le principal soutien de la famille. Elle presse la reine Marie-Antoinette d'obtenir un évêché du sud ouest pour l'abbé de Béon, mais cette dernière préfèrera l'attribuer à son propre protégé, l'abbé de Comminges (intrigue rapportée dans les mémoires du marquis de Bombelles, époux d'une amie et dame pour accompagner Madame Elisabeth qui fera une carrière diplomatique).

Il n'est pas certain que ces assises à la cour, en d'autres circonstances que celles de la fin de l'ancien régime, eussent été longtemps capables de les soutenir, la position de Mesdames étant alors de plus en plus marginale dans les réseaux de pouvoir. Néanmoins, la présence croissante des Béon à la cour en cette fin du XVIIIe siècle prouve les nouvelles priorités stratégiques de cette famille et sa volonté ferme d'accéder à la faveur par sa fréquentation.

La carrière curiale de cette maison, très inégale dans le temps, nous montre les difficultés parfois rencontrées pour s'adapter aux évolutions de la société et des modes d'ascension sociale. Les Béon n'ont manifestement pas été en mesure d'investir la cour avec l'énergie nécessaire à une période où elle devient un passage obligé pour celui qui veut faire carrière et où il ne suffit plus de bien servir le roi dans ses armées. La fin des clientèles féodales et militaires qui avaient porté la plupart de ses membres jusqu'au XVIe siècle et leur remplacement par l'absolutisme royal qui fait du roi le seul maître des destinées, vont déstabiliser durablement cette maison.

Il apparaît également, au travers de l'étude de ce clan, qu'une grande division des forces, si elle permet d'explorer plusieurs voies, ne permet pas toujours de se constituer une assise assez solide en cour et qu'à ces fins il est préférable de posséder une famille moins étendue ou de rassembler derrière une seule tête si ce n'est pas le cas. La correspondance entre les différentes branches devient plus nombreuse au XVIIIe siècle. Et c'est sans doute dans cette optique qu'il faut comprendre l'union des deux branches en 1776 par le mariage de François-Frédéric de Béon Béarn avec Marie-Madeleine-Charlotte de Béon du Massés de Cazaux.

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