- Espérantophone
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Un espérantophone est une personne apte à utiliser l'espéranto pour communiquer, soit de façon passive (lecture, écoute), soit de façon active et passive.
L'espéranto étant par nature une langue véhiculaire, la quasi-totalité des espérantophones ont l'espéranto comme langue seconde ou langue apprise. Cette caractéristique rend le dénombrement des espérantophones beaucoup plus complexe que pour les langues nationales qui comptent une importante base de locuteurs natifs. L'autre difficulté du dénombrement des espérantophones est comme pour tous les locuteurs d'une langue apprise la grande hétérogénéité des niveaux de pratique.
Dans la pratique il existe souvent une confusion entre les termes espérantophone et espérantiste[1]. En espéranto, le terme esperantisto est fréquemment utilisé pour désigné un espérantophone (esperanto-parolanto), et de ce fait le terme esperantisto est souvent improprement traduit en espérantiste. En français, le suffixe "-phone" désigne les locuteurs d'une langue alors que le suffixe "-ist" venant de l'espéranto où il désigne habituellement une profession. Toutefois accolé au mot espéranto il désigne plutôt une personne engagée pour la diffusion de l'espéranto[2].
Études essayant de comptabiliser le nombre d'espérantophones
Article détaillé : Espérantophone natif.Jouko Lindstedt évalue par l'échelle suivante la capacité à parler l'espéranto dans la communauté espérantophone:
- 1 000 personnes ont l'espéranto comme langue maternelle
- 10 000 personnes parlent l'espéranto couramment
- 100 000 personnes utilisent l'espéranto de façon très active
- 1 000 000 de personnes comprennent facilement l'espéranto
- 10 000 000 de personnes ont étudié l'espéranto de façon plus ou moins approfondie à un moment donné.
Sidney Culbert, ancien professeur de psychologie de l'Université de Washington, espérantiste, est arrivé, en comptabilisant pendant vingt ans dans de nombreux pays les espérantophones à l'aide d'une méthode par échantillonnage[3], à une estimation de 1,6 million de personnes parlant l'espéranto avec un niveau professionnel. Ses travaux ne concernaient pas que l'espéranto et faisaient partie de sa liste d'estimation des langues parlées par plus d'un million de personnes, liste publiée annuellement dans le World Almanac and Book of Facts. Comme dans l'Almanach, toutes ses estimations étaient arrondies au million le plus proche, c'est le nombre de deux millions d'espérantophones qui a été retenu et fréquemment repris depuis. Culbert n'a jamais publié de résultats intermédiaires détaillés pour une région ou un pays particulier, ce qui rend difficile l'analyse de la pertinence de ses résultats.
Ziko Marcus Sikosek a considéré que ce nombre de 1,6 million était exagéré[4]. Même en supposant une répartition uniforme des espérantophones dans le monde, 1 million d'espérantophones devrait se traduire par environ 180 espérantophones dans la ville de Cologne, or, Sikosek n'y a trouvé que 30 personnes parlant couramment l'espéranto; de même, il a trouvé un nombre inférieur à celui attendu dans plusieurs autres villes censées avoir une plus forte concentration d'espérantophones que la moyenne. Il fait également remarquer que les différentes organisations espérantistes représentent un total d'environ vingt mille membres (d'autres estimations sont supérieures). Bien que de nombreux espérantophones ne soient membres d'aucune organisation espérantiste, il lui semble peu probable qu'il y ait cinquante fois plus de personnes parlant l'espéranto que de membres de ces organisations.
Notes et références
- lexicographiques et étymologiques de « espéranto » du CNRTL. Définitions
- http://www.reta-vortaro.de/revo/art/ist.html
- Three letters about his method for estimating the number of Esperanto speakers. La présentation la plus détaillée de la méthodologie utilisée se trouve dans une lettre qu'il a écrite en 1989 à David Wolff: Culbert, Sidney S.,
- Sikosek, Ziko M. Esperanto Sen Mitoj ("Esperanto without Myths") Second edition. Antwerp: Flandra Esperanto-Ligo, 2003.
Wikimedia Foundation. 2010.