- Affaire du Duc d'Enghien
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L'affaire du Duc d'Enghien recouvre l'enlèvement, le jugement et l'exécution dans les fossés du château de Vincennes le 21 mars 1804, de Louis Antoine de Bourbon-Condé duc d’Enghien petit-fils du prince de Condé, à la suite d'une opération de la police secrète dirigée par Savary. Louis Antoine de Bourbon-Condé avait émigré en 1803 à Ettenheim, dans le grand-duché de Bade.
Sommaire
Les faits
Cette opération, suggérée par Talleyrand[1], avait pour objectif de démoraliser les royalistes opposés au Consulat de Napoléon Bonaparte.
Elle prend forme lors de l'enquête policière sur le projet d'assassinat du premier consul en octobre 1803 dit « conspiration de l'An XII ». Cet attentat, organisé par Cadoudal et le général Pichegru, implique aussi le général Moreau. À la suite des interrogatoires de Cadoudal qui révèle que les comploteurs attendaient l'arrivée d'un prince de sang royal, Savary, le chef de la police secrète, décide sur ordre de Bonaparte de faire enlever le duc d'Enghien.
Le 15 mars 1804, un détachement du 22e de dragons (dont son colonel, Jean Augustin Carrié de Boissy) franchit le Rhin à Rhinau, se dirige vers Ettenheim à 10 km de la frontière et enlève le duc. Il est enfermé à Strasbourg puis transféré à Vincennes le 20 mars. Jugé le soir même par une commission militaire présidée par le général Hulin, sans témoin ni défenseur, le duc d’Enghien est condamné à mort pour « complot contre la sûreté de l'État ». Il est fusillé sur le champ dans les fossés du château de Vincennes.
Faute de preuves de la participation du duc à l'attentat, les deux hommes envisageaient manifestement, selon l'historien Jacques Bainville, de faire un exemple : « Le prince annoncé par les conspirateurs royalistes ne paraissant pas, Napoléon ne voulut pas abandonner le plan qu'il avait formé. Il fit enlever de force le jeune prince de Condé, duc d'Enghien, qui se trouvait à Ettenheim, en territoire badois, et qui fut passé par les armes après un simulacre de jugement. »[2]
Le député de la Meurthe Antoine Boulay prononça à ce sujet ce jugement : « C'est pire qu'un crime. C'est une faute ». Le nom de Boulay étant peu connu du grand public, cette phrase, attestée par des témoignages de l'époque, se retrouvera souvent attribuée à Fouché, et parfois même à Talleyrand.
Pichegru se suicida peu après dans sa prison et Cadoudal fut guillotiné avec onze complices le 25 juin 1804. Avant son exécution, ce dernier déclara : « Nous voulions faire un roi, nous avons fait un empereur ».
Iconographie
- L'exécution du duc d'Enghein a donné lieu à de nombreux tableaux :
- Le duc d'Enghien dans les fossés de Vincennes et La Mort du duc d'Enghien de Jean-Paul Laurens
- Le duc d’Enghien face au peloton d’exécution par Job
Notes et références
- J. Tulard Napoléon p.169
- Jacques Bainville, Histoire de France, Chapitre XVII,1924
Bibliographie
- Auguste Nougarède de Fayet, Recherches historiques sur le procès et la condamnation du duc d'Enghien. Paris, impr. Crapelet, 1844, 2 vol. in-8.
- Florence de Baudus, Le Sang du Prince, Éditions du Rocher, 2002
Lien externe
- L’affaire du duc d’Enghien, une machination contre Napoléon Thèse opposée à la responsabilité de Napoléon dans cette affaire.
Catégories :- Événement du Consulat ou de l'Empire
- Crise politique
- L'exécution du duc d'Enghein a donné lieu à de nombreux tableaux :
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