- Affaire Libri
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Guglielmo Libri Carucci dalla Sommaja
Le comte Guglielmo Brutus Icilius Timeleone Libri-Carucci dalla Sommaja, dit en français Guillaume Libri ou le comte Libri, né à Florence le 1er janvier 1803 et mort à Fiesole le 28 septembre 1869, est un mathématicien et bibliophile italien, tristement célèbre pour ses nombreux vols de livres rares. Il épousa Mélanie Jeanne Charlotte Double, décédée en 1865, inhumée au cimetière du Père-Lachaise à Paris (5ème division), fille du docteur François Joseph Double (1776-1842), fondateur de l'Académie royale de médecine, lui aussi inhumé dans ce même cimetière (8ème division), et soeur du baron Léopold Double, inhumé au cimetière de Saint-Prix, près de Paris.
Sommaire
Jeunesse
Aristocrate florentin, Libri fréquente la faculté de droit de Pise à partir de 1816, mais se tourne rapidement vers les mathématiques. Il se fait remarquer dès ce moment par Charles Babbage, Augustin-Louis Cauchy et Carl Friedrich Gauss.
Professeur de physique mathématique dans son université dès 1823, il délaisse l'enseignement et part l'année suivante en année sabbatique pour Paris, où il fréquente quelques-unes des sommités mathématiques du moment. De retour en Italie, il est compromis avec les Carbonari de Toscane, et doit s'enfuir en France, où il est naturalisé français en 1833.
Le contexte français
Son nom aristocratique et sa fortune lui ouvrent bien des portes. Mathématicien, il est élu membre de l'Académie des sciences en 1833. En décembre 1834, après la mort d'Hachette, il est nommé professeur-adjoint à la Faculté des sciences de Paris, en charge d'un cours de calcul des probabilités. Il y est nommé professeur titulaire de chaire en 1839. Il est également nommé titulaire de la chaire de mathématiques au Collège de France en 1843, évinçant Cauchy et Jean-Marie Duhamel. Il reçoit aussi la Légion d'honneur. Entre 1838 et 1841, il publie une Histoire des sciences mathématiques en Italie de la Renaissance au XVIIe siècle, avec pour sources originales quelques 1 800 pièces manuscrites, lettres et livres de Galilée, Fermat et Descartes, qu'il dit avoir acquises au gré de ventes publiques. Il s'avérera plus tard que ces documents ont été dérobés à la bibliothèque Laurentienne.
La patrie d'adoption de Libri ouvre de nouveaux horizons à sa passion de bibliophile. Les bibliothèques des grandes villes de France avaient hérité, sur ordre du Comité de salut public, des livres confisqués chez les aristocrates et les dignitaires de l'Ancien Régime qui n'avaient pas été détruits lors des pillages de la Révolution française. Ces collections, mal connues, n'avaient en 1840 fait l'objet d'aucun inventaire. D'autre part, l'accès aux bibliothèques publiques était, au XIXe siècle, encore réservé aux notables, aux « savants » ou aux personnes recommandées (souvent des étrangers).
Travaux mathématiques
Les faits
En 1841, Libri, connu pour son érudition et sa connaissance de l'histoire des livres, parvient à se faire nommer secrétaire de la Commission du Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France. Abusant de ses fonctions, il parcourt le pays et, un « emprunt » en entraînant un autre, il complète petit à petit sa collection de livres rares et d'autographes. Grâce à la confiance aveugle du chanoine Hyacinthe Olivier-Vitalis, il s'empare à Carpentras de nombreux documents tels que les « Œuvres de Théocrite et d'Hésiode » (Venise, Alde, 1495). Il n'hésite pas, à l'occasion, à mutiler certains manuscrits : cinq volumes du fonds Peiresc et au moins deux mille feuillets disparaissent ainsi.
La chute
Les déclarations de vols n'attirent l'attention des autorités qu'au bout de plusieurs années. Le scandale éclate finalement avec le rapport Boucly publié dans Le Moniteur du 19 mars 1848. Sur le point d'être inculpé, Libri s'enfuit en Angleterre avec la complicité de son collègue de la commission des Monuments historiques, Prosper Mérimée ; on retrouvera dans son logement à la Sorbonne quelques liasses restituées ensuite à la bibliothèque Inguimbertine de Carpentras. Dès 1847, Libri avait vendu une partie de sa collection à Lord Ashburnham, sans en justifier la provenance : il faudra toute la ténacité de Léopold Delisle (1826-1910), administrateur de la Bibliothèque nationale, pour obtenir en 1888 des héritiers de Lord Ashburnham la restitution, moyennant finances, d'une partie des documents volés. De son côté, le gouvernement italien racheta en 1884 à Lord Beltram quelques 2000 manuscrits, qui ont retrouvé les rayons de la bibliothèque Laurentienne.
Référence
- Alberto Manguel, Une histoire de la lecture, éd. Actes Sud, Arles, 1998 (ISBN 2-74271-543-6) (Prix Médicis essai).
- Ludovic C. Lalanne, Henri Léonard Bordier, Dictionnaire de pièces autographes volées aux bibliothèques publiques de la France, Libr. Panckoucke, 1851
- (en) Adrian Rice, « Brought to book: the curious story of Guglielmo Libri (1803-69) », dans Newsletter of the European Mathematical Society, no 48, juin 2003, p. 12–14 (ISSN 1027-488X) [texte intégral].
- Domenico Gabrielli, Dictionnaire Historique du cimetière du Père-Lachaise XVIIIème et XIXème siècles. Ed. de l'Amateur, 2002
- André Jammes, Libri vaincu : enquêtes policières et secrets bibliographiques : documents inédits. Ed. des Cendres, 2008. Au sujet de ce lvre voir l'article de Bertrand Galimard Flavigny, "Libri vaincu" dans Les Petites affiches du 10 février 2009.
Lien externe
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