Emil Zatopek

Emil Zatopek

Emil Zátopek

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Zatopek-Gorno-1952.jpg
Emil Zátopek (à gauche) avec Reinaldo Gorno, Jeux olympiques d'Helsinki 1952
Discipline(s) Courses de fond
Période d'activité 1946-1956
Nationalité Tchécoslovaquie Tchécoslovaquie
Naissance 19 septembre 1922
Lieu Kopřivnice
Décès 22 novembre 2000
Records
18 records du monde
Palmarès
Jeux olympiques 4 1 0
Championnats d'Europe 3 0 1

Emil Zátopek né le 19 septembre 1922, à Kopřivnice, Tchécoslovaquie, mort le 22 novembre 2000, à Prague, est un coureur de fond tchécoslovaque, détenteur de 4 titres olympiques et de 18 records du monde.

Sommaire

Débuts

Né dans une famille modeste dont il est le sixième enfant, il doit travailler dès l'âge de 16 ans aux usines de chaussures Bata à Zlín. C'est chez Bata qu'il fait ses débuts en athlétisme, lorsque, en 1940, la société décide de le faire participer à une course dont elle est le sponsor. Il ne finit que deuxième mais c'est pour lui le début d'une carrière sportive[1], et il commence à s'entrainer en prenant pour modèle le coureur finlandais Paavo Nurmi.

Rentré dans l'armée en 1945 pour y accomplir son service militaire, il continue dans la carrière militaire. Il y trouve des conditions favorisant son entraînement. C'est également par l'armée qu'il fait la connaissance de sa future épouse, Dana Zátopková, la fille de son colonel ; sa future épouse et lui étaient nés exactement le même jour.

Pour sa première grande participation internationale, il termine 5e du championnat d'Europe d'athlétisme 1946 à Oslo. A sa première participation aux Jeux olympiques, lors de l'édition de Londres, en 1948, il remporte le 10 000 mètres, et termine deuxième derrière le Belge Gaston Reiff dans le 5 000 mètres. Ces jeux, il faillit ne pas les disputer : en effet, des « officiels » prirent comme prétexte sa nomination à un grade supérieur, nomination obtenue en récompense de ses bons résultats précédents, pour essayer de le qualifier de professionnel, ce qui l'aurait exclu automatiquement des Jeux.[2]

C'est le début d'une domination sur le fond : dès l'année suivante, il établit par deux fois le record du monde du 10 000 mètres, distance sur lequel il restera invaincu entre 1948 et 1954, remportant 38 courses. Il devient également le premier à franchir la barre des 20 km parcourus dans l'heure avec 20,052 km.

Helsinki 1952

Le point culminant de la carrière de la « locomotive tchèque » se présente avec les Jeux olympiques d'Helsinki. Ce surnom lui vient d'un journaliste français, comme le raconte son épouse Dana Zátopková: « Il a dessiné Emil comme une locomotive trainant ses concurrents comme des wagons ».

Cette édition des Jeux olympiques a failli être privée de la présence de Zatopek. Les autorités tchèques refusent à un coureur de 1 500mètres, Stanislav Jungwirth de se rendre à Helsinki sous le prétexte que le père de celui-ci est un opposant au parti communiste. Zatopek décrète alors qu'il ne participera pas aux Jeux si son compatriote n'est pas autorisé à participer également. Dans un premier temps, les autorités refusent de céder. Puis après quelques jours, le parti cède et les deux athlètes se rendent finalement à Helsinki.[3]

Tombe d'Emil Zátopek a Rožnov pod Radhoštěm

La première épreuve qu'il dispute est le 10 000 mètres. Très tôt, ses adversaires disparaissent, incapables de suivre le rythme du Tchèque. Le dernier à le suivre est le Français Alain Mimoun qui doit céder aux 8 000 mètres. Zátopek termine premier avec 120 mètres d'avance sur le Français.[4]

La deuxième épreuve de son programme est le 5 000 mètres. Parmi ses concurrents au départ figure le champion en titre, le Belge Gaston Reiff, l'Anglais Chris Chataway, l'Allemand Herbert Schade et le Français Mimoun. A 300 mètres, Zatopek semble en difficulté après le départ de Chataway suivi de Mimoun. Puis Zátopek revient, les dépasse dans le dernier virage et s'impose, Mimoun terminant à la 2e place. [4]. Lors de la même journée, il voit sa femme Dana Zátopková triompher lors de l'épreuve du javelot. Vient alors le dernier jour de compétition en athlétisme et l'épreuve du marathon. C'est la première fois qu'il s'aligne sur cette distance en compétition. Son principal adversaire est le britannique Jim Peters qui détient la meilleure performance sur la distance en 2h20'42". Celui-ci, agacé par les déclarations de Zátopek qui pense courir en 2h15, s'échappe dès le départ. Mais au 19e km, le Tchèque revient et lance même une accélération qui est fatale au Britannique. Son dernier adversaire, le Suédois Gustaf Jansson le laisse partir un peu plus tard. Son arrivée dans le stade olympique est un triomphe.[5],[4]

Emil Zátopek est le seul coureur à avoir remporté le 5 000m, le 10 000m et le marathon au cours d'une même édition des Jeux olympiques. De 1948 à 1954, il est resté invaincu sur 10 000 mètres.

En 1956, il participe aux Jeux olympiques de Melbourne six semaines seulement après avoir été opéré d'une hernie. Lors du marathon, il est distancé à partir de la mi-course et finit 6e, éloigné du vainqueur Alain Mimoun. A l'arrivée, après être resté longtemps couché sur la pelouse, il se relève et va vers Mihalic qu'il croit être le vainqueur. Le Français Alain Mimoun lui annonce sa victoire. Il se met alors au garde-à-vous devant son ami, vainqueur du jour, et lui déclare : « Alain, je suis heureux pour toi! » [6],[4]. En 1957, Zátopek arrête définitivement la compétition.

Fin de carrière

Après sa carrière sportive il est nommé colonel et travaille au Ministère de la Défense jusqu'au printemps de Prague de 1968. Proche de Alexander Dubček qui prône un Socialisme à visage humain, il est surpris par l'invasion russe. Il se rend alors en pleine rue et doit improviser un discours à la demande des gens qui scandent son nom : il invite alors les armées d’occupation à respecter une trêve olympique[7],[8].

Il est victime de la répression soviétique : radié de l'armée et forcé à faire son autocritique, il est exclu de l'armée, du parti communiste et condamné à ne pouvoir exercer que des métiers manuels (dont éboueur dans les rues de Prague). Il est aussi envoyé dans les mines d'uranium de Jáchymov où il reste jusqu’en 1974.

En 1988, le président Tchèque Vaclav Havel lui décerne le Lion Blanc, distinction nationale.

Le quadruple champion olympique tchèque s'est éteint à l'âge de 78 ans le 22 novembre 2000. Il avait auparavant souffert de pneumonie et d'une fracture du bassin.

Il fut récompensé à titre posthume de la Médaille Pierre de Coubertin par le président du CIO Juan Antonio Samaranch[9]. Cette médaille est attribuée par le CIO aux sportifs qui ont démontré leur sportivité lors d'épreuves olympiques.

Le dessinateur Coucho a publié en 2006 une bande dessinée Zatopek, les années Mimoun.

En 2008, le romancier Jean Echenoz lui a consacré un roman, Courir.

Entraînement

Zatopek a été un précurseur en matière d’entrainement. Il s'imposait de très longues heures d’entrainement, qui contribuèrent à sa légende. Sa méthode reposait sur l'entrainement par intervalles ; il s'imposait des séances de 20 x 400 mètres, puis 40 x 400m effectués en 1'10"-1'15". [10] Les difficultés étaient également accentuées par l'environnement : il n'hésitait pas à braver les dures conditions hivernales, propres à son pays, pour aller courir dans la neige.[1]

Personnalité

Alors que pendant ses courses, il présentait un visage crispé de douleur, la tête penchée sur le coté, il rayonnait en dehors des pistes. Il était sympathique et ouvert et connut de grandes amitiés avec ses adversaires sur la piste, en particulier avec le Français Alain Mimoun, amitié qui dura dans ce dernier cas jusqu'à la mort de la « locomotive tchèque ».

Il était d'une grande générosité. En 1966, lors d'une visite du grand champion australien Ron Clarke, qui ne parvint pas à obtenir le titre olympique, il lui offrit la médaille d'or qu'il avait obtenue en 1952 sur 10 000 mètres.[11],[12]

Palmarès

Jeux olympiques d'été

championnats d'Europe d'athlétisme

Record du monde

  • 18 records du monde dont :
    • record du monde du 10 000 en 29 min 28 s 2 à Ostrava, Tchécoslovaquie Tchécoslovaquie le 11 juin 1949
    • record du monde du 10 000 en 29 min 21 s 2 à Ostrava, Tchécoslovaquie Tchécoslovaquie le 22 octobre 1949
    • record du monde du 10 000 en 29 min 02 s 6 à Turku, Finlande Finlande le 4 août 1950
    • record du monde du 10 000 en 29 min 01 s 6 à Stará Boleslav, Tchécoslovaquie Tchécoslovaquie le 1 novembre 1953
    • record du monde du 10 000 en 28 min 54 s 2 à Bruxelles, Belgique Belgique le 1 juin 1954
    • record du monde du 5 000 en 13 min 57 s 2 à Paris, France France le 30 mai 1954
    • record du monde du 20 km en 59'51" à Stará Boleslav, Tchécoslovaquie Tchécoslovaquie le 29 septembre 1951
    • record du monde de l'heure avec 20,052 km à Stará Boleslav, Tchécoslovaquie Tchécoslovaquie le 29 septembre 1951

Déclarations

« We are different, in essence, from other men. If you want to win something, run the 100 meters. If you want to experience another life, run a marathon.[13] »
« I was not talented enough to run and smile at the same time[14]. »
« It's at the borders of pain and suffering that the men are separated from the boys[15]. »

Références

  1. a  et b (fr) Biographie de Zátopek sur le site www.volodalen.com
  2. (fr) Zátopek et les secrets de la flamme olympique de 1948
  3. (en) Biographie de Emil Zatopek dans Running Times Magazine
  4. a , b , c  et d La fabuleuse histoire des Jeux olympiques, Robert Parienté, Guy Lagorce, (ISBN 2830705831)
  5. (fr) Récit du marathon d'Helsinki sur marathoninfo.free.fr
  6. (fr) Récit du marathon de Melbourne sur marathoninfo.free.fr
  7. (fr) Prague, août 1968 Emil Zatopek, quadruple champion olympique, se souvenait, " comme si c'était hier ", de cette nuit du 20 au 21 août 1968 où il protesta contre l'occupation de son pays, et dut troquer peu après sa casquette de colonel contre un casque de mineur au fond d'une mine d'uranium., sur le site du journal l'humanité
  8. (en) The Hero as Garbageman, sur le site time.com
  9. (en) Zatopek laid to rest, sur le site bbc.co.uk
  10. (fr) Description de l'entrainement de Zatopek
  11. (en) Emil Zatopek legendary runner
  12. (en) Immortal runners: Emil Zatopek, sur le site srichinmoyraces.org
  13. Nous sommes différents, de nature, des autres hommes. Si tu veux gagner, cours le 100 mètres. Si tu veux tenter une autre existence, cours un marathon. [1]
  14. Je n'étais pas assez doué pour courir et sourire en même temps. [2]
  15. C'est aux frontières de la souffrance et de la douleur que les hommes se distinguent des garçons. [3]

Ouvrages

Lien externe

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