Eliza, comtesse de Feuillide

Eliza, comtesse de Feuillide

Eliza Hancock

Eliza Hancock (22 décembre 1761 - 1813), puis Eliza de Feuillide après son premier mariage en 1781, puis Eliza Austen après son second mariage en 1797, est la cousine germaine de la romancière anglaise Jane Austen.

Née aux Indes, elle arrive en Angleterre en 1765 avec ses parents, pour s'installer ensuite en France en 1779, où elle épouse Jean-François de Feuillide en 1781. Elle rentre avec sa mère en Angleterre en 1790, après le début de la Révolution Française, au cours de laquelle son mari sera guillotiné en 1794.

Henry Austen courtise alors Eliza, qu'il épouse en décembre 1797, et avec qui il n'a pas d'enfant. Le fils du précédent mariage d'Eliza, Hastings, meurt en 1801. Eliza meurt elle-même en avril 1813, avec Jane Austen à ses côtés.

Sommaire

Biographie

Naissance en Inde

Gravure représentant Warren Hastings, parrain d'Eliza Hancock, d'après un tableau de Joshua Reynolds.

Eliza Hancock, cousine germaine de Jane Austen, est née le 22 décembre 1761, en Inde, à Calcutta. Elle est la fille de Tysoe Saul Hancock et de son épouse Philadelphia, sœur de George Austen, le père de Jane Austen. Baptisée Elizabeth en souvenir de la fille de Warren et Mary Hastings, morte quelques semaines après sa naissance[1], Eliza a d'ailleurs Warren Hastings pour parrain.

Celui-ci, qui deviendra plus tard le premier gouverneur général de l'Inde britannique, de 1774 à 1785, est un personnage très important, dont on pense qu'il est peut-être le père naturel d'Eliza[2], comme le laisse assez clairement entendre une lettre de Lord Clive à Lady Clive[3],[N 1]. De fait, Warren Hastings suit de très près la vie d'Eliza, lui offrant cadeaux et argent, et allant jusqu'à apprendre lui-même la guitare pour l'amuser[4].

Quoi qu'il en soit, lorsque le père d'Eliza connait des difficultés financières, Warren Hasting assure à sa filleule la sécurité financière par une importante somme d'argent[N 2] qu'il met à son nom[5].

Arrivée en Europe et mariage français

En 1765, les parents d'Eliza regagnent l'Angleterre avec elle ; elle ne reverra plus jamais l'Inde. Après la mort de son père en 1775, elle voyage avec sa mère à travers l'Europe, avant de se fixer à Paris en 1779. Elle y fréquente la haute société, ce qui lui permet de rencontrer Jean-François Capot de Feuillide[N 3], qui revendique le titre de comte. Elle l'épouse en 1781, puis se rend à Londres en 1786, où elle donne naissance en juin à son seul enfant, Hastings, qui nait handicapé. La même année, elle se rend chez les Austen, ses cousins anglais, qui habitent Steventon[5].

Depuis 1782, les Austen prenaient plaisir à organiser des pièces de théatre amateur, auxquelles participaient les membres de la famille. L'arrivée d'Eliza relance ces spectacles, car, douée d'un certain talent d'actrice, elle tient les principaux rôles féminins dans deux pièces, The Wonder — a woman keeps a secret (Quelle merveille ! Une femme qui garde un secret) de Mrs Susannah Centlivre, et The Chances (Le Hasard), comédie de John Fletcher[6]. La petite troupe, formée des membres de la famille Austen et de quelques voisins, se produit dans la grange l'été, et dans la maison pour les spectacles de Noël[7].

Eliza ne dédaigne pas de flirter avec ses cousins Henry (qui l'épousera après la mort du comte de Feuillide) et James, l'aîné des Austen. Jane Austen, qui n'a que onze ans, est conquise par le talent et l'exotisme de sa cousine « française »[N 4], qu'elle appelle my very pleasure-loving cousin (« ma cousine si amoureuse du plaisir ») et qu'elle met en scène dans ses Juvenilia, dont elle commence la rédaction en 1787[8].

Eliza et sa mère s'installent à Londres, dans une belle maison d'Orchard Street. Elles regagnent ensuite toutes deux la France en septembre 1788, à Paris.

Retour en Angleterre

Elles reviennent en Angleterre en 1790, non sans avoir sans doute assisté aux débuts de la Révolution Française. Eliza s'occupe de son fils et de sa mère, jusqu'à la mort de celle-ci en février 1792. Elle se rapproche alors de plus en plus des Austen et, en particulier, de Jane et de Henry, avec lequel elle renoue dès 1792.

Le 22 février 1794, le mari d'Eliza est guillotiné pour avoir tenté de suborner un témoin lors du procès d'un aristocrate de ses amis accusé de conspiration contre la République[9],[N 5].

À partir de 1795, Henry se livre à une cour en règle à l'égard d'Eliza, qu'il épouse le 31 décembre 1797. Le fils d'Eliza, Hastings, meurt en 1801, à l'âge de 15 ans ; elle-même n'aura pas d'enfant avec Henry. Elle meurt le 25 avril 1813, à la suite d'une longue maladie[N 6], après que Jane Austen l'a assistée tous au long de ses derniers jours[2].

Eliza dans l'œuvre de Jane Austen

Dans les Juvenilia

Eliza apparait dans les Juvenilia de Jane Austen :

Love and Freindship 

Love and Freindship est dédicacé ainsi :

« To Madame la Comtesse de Feuillide this novel is inscribed by her obliged humble servant The Author. »
« À Madame la comtesse de Feuillide, ce roman est dédicacé par son humble et obligée servante, L'Auteur. »

Laura y écrit à Marianne, « la fille de son amie la plus intime », Isobel, comtesse de Feuillide. Son vocabulaire s'émaille parfois de quelques mots de français, et elle fait précèder sa signature de « Adeiu » (sic)[N 7].

Henry and Eliza 

On admet généralement que c'est bien Eliza de Feuillide qui est ici représentée, et que Henry n'est nul autre que le frère de Jane Austen. Allusion directe, par conséquent, au flirt qui les réunit dans la vraie vie[10].

L'Eliza de Henry and Eliza s'avère être, sinon une enfant naturelle, comme Eliza Hancock l'est peut-être elle-même, du moins une enfant trouvée. Plus tard, Sense and Sensibility mettra en scène une autre Eliza, également enfant naturelle, sans doute inspirée par Eliza de Feuillide[11].

Dans les romans de la maturité

D'autre part, il est souvent avancé que Eliza, avec son talent pour le théatre, sa vivacité, et sa tendance au flirt, est le prototype de Mary Crawford dans Mansfield Park, voire du personnage titre de Lady Susan[2].

Annexes

Notes

  1. Robert Clive écrit en effet à sa femme : « In no circumstances whatever keep company with Mrs Hancock, for it is beyond a doubt that she has abandoned herself to Mr Hastings. » (« Ne fréquentez en aucun cas Mrs Hancock, car il ne fait pas l'ombre d'un doute qu'elle s'est abandonnée à Mr Hastings. »)
  2. La somme se montait en effet à 10 000 livres sterling, versées en 1775 (Poplawski, p. 156).
  3. On trouve aussi parfois « François-Gabriel Capotte de Feuillide » (voire « de Feuillade », dans A Memoir of Jane Austen, de James Edward Austen-Leigh, neveu de Jane Austen).
  4. Les jeunes filles de la bonne société anglaise se doivent alors de parler français, ce qui ne peut qu'accroître l'aura dont bénéficie Eliza de Feuillide.
  5. James Edward Austen Leigh évoque dans son ouvrage A memoir of Jane Austen qu'« il aurait transformé une terre arable en pâturage », « embarrassant de ce fait le gouvernement de la République ainsi menacée de famine », ironise J. E. Austen Leigh.
  6. Eliza Austen meurt peut-être d'un cancer.
  7. Car Jane Austen, en français comme en anglais, prend parfois certaines libertés avec l'orthographe.

Références

  1. David Nokes 1998, p. 29
  2. a , b  et c Paul Poplawski 1998, p. 156
  3. David Nokes 1998, p. 31
  4. David Nokes 1998, p. 32
  5. a  et b Paul Poplawski 1998, p. 155
  6. Paul Poplawski 1998, p. 6
  7. B. C. Southam, Jane Austen's Literary Manuscripts, 2006, p. 5
  8. Jane Austen, James Kinsley, Fiona J. Stafford, "A Chronology of Jane Austen", Pride and Prejudice, 2004, p. xli-xlvi
  9. Paul Poplawski 1998, p. 9
  10. Jane Austen, Margaret Anne Doody, Douglas Murray, Catharine and other writings, 1998, p. 298
  11. Jane Austen, Sense and Sensibility, "End notes" de Laura Engel, 2004, p. 314

Bibliographie

  • (en) David Nokes, Jane Austen: a life, University of California Press, 1998 (ISBN 9780520216068) 


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