- Elisabeth Bourchier
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Oliver Cromwell
Pour les articles homonymes, voir Cromwell.Oliver Cromwell (Huntingdon, 25 avril 1599[1] – Londres, 3 septembre 1658) est un militaire et homme politique anglais qui a gouverné l'Angleterre sous le titre de Lord Protecteur pendant les années 1650 jusqu'à sa mort.
Sommaire
Origine et parcours
Descendant des premiers Tudors et de la sœur du réformateur Thomas Cromwell, Oliver Cromwell naît dans une famille assez distinguée à Huntingdon, ville de l'est du pays et étudie à l'université de Cambridge. Il entre de bonne heure dans le mouvement puritain. Persécuté comme dissident, il est sur le point d'embarquer pour l'Amérique quand un ordre du roi interdit le départ.
En 1620, il épouse Elisabeth Bourchier et obtient un siège au Parlement en 1628. L'écrivain et député Sir Philip Warwick dressa un portrait peu flatteur d'Oliver Cromwell :
« Il portait son habit de drap tout uni, grossièrement coupé, son linge grossier, sa rapière serrée contre sa cuisse. Il parlait avec une éloquence pleine de ferveur. Le motif de son discours n'était guère raisonnable : il plaidait pour un domestique qui avait distribué des libelles contre la reine. Je dois avouer que l'attention avec laquelle ce gentilhomme fut écouté diminua beaucoup ma révérence pour cette grande assemblée. »— Philip Warwick
Mais lorsque le Parlement est dissous en 1629, il retourne gérer la fortune paternelle. Député de l'université de Cambridge au Long Parlement (1640), il s'y fait remarquer par ses déclamations contre le papisme et la royauté. Lorsque la guerre civile (civil war) commence, en janvier 1642, il est convaincu que c'est le signe de Dieu pour la lutte contre l'épiscopalisme et la monarchie détachée des affaires puritaines.
Il vit comme fermier-gentilhomme, membre de la gentry jusqu'au début de la première guerre civile anglaise en 1642 quand il mène ses ouvriers (en fait une armée recrutée par ses soins) au service du Parlement. Il se signale par son habileté et sa bravoure, mais aussi par ses actes de cruauté. Après son service militaire, il devient un homme politique remarqué, et il est le seul apparemment capable de gouverner après la mort du roi Charles Ier.
Quelques auteurs ont affirmé qu'il était l'un des fondateurs de la franc-maçonnerie[2].
Carrière militaire et politique à son apogée
En 1643, il lève à ses frais (il a hérité en 1638 d'une riche propriété) une troupe de cavalerie organisée selon des principes démocratiques (officiers élus par la troupe, discussions idéologiques...) : les Ironsides (Côtes de Fer). Le 2 juillet 1644, il s'illustre dans la bataille de Marston Moor, et celle de Newbury, en octobre. Le Parlement le nomme Lieutenant-général de cavalerie.
En 1645, le Parlement le charge de réorganiser l'armée sur le modèle de ses propres troupes (c'est la New Model Army). Il bat les royalistes à la bataille de Naseby le 14 juin de la même année.
Le 5 mai 1646, le roi se rend aux Écossais, qui le livrent au Parlement anglais le 30 janvier 1647.
L'armée parlementaire est divisée en deux camps : les Indépendants constitués par les officiers, et les Niveleurs composés par la troupe. Ceux-ci prônent un régime égalitaire. Cromwell est d'abord conquis par leurs idées. En 1648, Charles Ier s'enfuit sur l'île de Wight, mais il est bientôt ramené à Londres. Le Parlement étant peu enclin à juger son souverain légal, Cromwell organise la purge dans ses rangs. Le procès a lieu du 20 au 27 janvier 1649, et Charles Ier est décapité à la hache le 30 janvier. C'est le général en chef de ses armées et un de ses plus proche conseiller, Edward Whalley, qui signe l'arrêt de mort de Charles Ier.
Une des opérations de siège les plus réussies de la New Model Army est le siège de Drogheda de 1649, dans le cadre de la Conquête cromwellienne de l'Irlande catholique.
Le 17 mai 1649, Cromwell proclame la République, ou Commonwealth . Mais les relations se détériorent entre le Parlement croupion, parlement à chambre unique, et l'armée ; Cromwell intervient et fait chasser les parlementaires par des soldats et institue un nouveau Conseil d'État dont il est partie prenante ainsi qu'un nouveau Parlement, mais dont les membres sont cette fois-ci nommés par le Conseil d'État. Ce Conseil ainsi que le Conseil des officiers, redoutant l'anarchie latente, nomme Cromwell Lord Protecteur de la République d'Angleterre, d'Ecosse et d'Irlande en 1653.
Ses pouvoirs sont normalement contrebalancés par le Conseil et le Parlement, mais le Conseil lui est acquis et le Parlement est dissous dès le 20 avril 1653 :
- « Allons, Moi, ou plutôt le Seigneur, nous en avons assez. Je vais mettre fin à votre bavardage. Il ne convient ni de l'intérêt de ces nations, ni au bien public, que vous siégiez ici plus longtemps. Je vous déclare donc que je dissous ce Parlement. »
Par ironie, il fait placer un écriteau sur la porte de la salle des séances où il est écrit: "Chambre non meublée à louer".
Cromwell impose ainsi un despotisme puritain, fait régner l'austérité, et pratique une certaine tolérance religieuse, sauf en ce qui concerne les catholiques. À l'initiative de Manasse ben Israel, il abolit en 1656 le décret de 1290 qui avait expulsé la communauté juive d'Angleterre[3]. Les séries de massacres commis par ses troupes durant la répression de la révolte de l'Irlande sont ainsi encore très présente dans la mémoire collective.
En 1656, il convoque un nouveau Parlement car il a besoin de subsides pour mener la guerre contre l'Espagne en Jamaïque, et le dissout dix jours plus tard.
Une troisième session est ouverte en 1658. Ce Parlement, fortement épuré, lui accorde les subsides et lui demande de devenir roi et de rétablir la royauté ; sous la pression de ses officiers, Cromwell refuse, mais conserve le droit de désigner son successeur ; il désignera Richard Cromwell, son fils, avant de dissoudre une dernière fois l'Assemblée, le 4 février de la même année:
- « Tout cela ne tend qu'à faire le jeu du roi d'Écosse. De tout cela il ne peut sortir que de la confusion et du sang. Je crois qu'il est grand temps de mettre fin à votre session et je dissous ce Parlement. Que Dieu juge entre vous et moi. »
Dès lors, Cromwell règne en souverain absolu. Du reste, il enlève la Jamaïque aux Espagnols et abaisse la marine hollandaise ; il achève la réduction de l'Irlande et de l'Écosse.
À l'éclatement de la guerre civile anglaise, la flotte, de trente-cinq navires, se range du côté du Parlement et s'accroît alors très rapidement jusqu'à parvenir à cent deux bâtiments en 1652. Les tactiques et l'armement évoluent et le combat en ligne de file, laquelle est alors divisée en trois parties ou escadrons, commandés respectivement par un amiral, un vice-amiral et un contre-amiral, est introduit. Lors de la Guerre de Hollande, sous le commandement d'amiraux tel que Robert Blake, elle se révèle un magnifique outil de combat. Quand Charles II monte sur le trône en 1660, l'effectif est de 154 vaisseaux. Le roi change le nom de la flotte en Royal Navy et désigne Samuel Pepys à la tête du Navy Board, où il organise la création de l'amirauté. Suivent deux guerres contre la Hollande en 1664 et 1674; Pepys est finalement écarté en 1688, lors de la déposition de Jacques II.
L'attaque des colonies catholiques et espagnoles de la Caraïbe
En 1655, l'amiral William Penn échoue dans sa tentative de prise de contrôle de la colonie espagnole d'Hispaniola mais parvient à s'emparer de la Jamaïque, dont il fait une importante base pour les corsaires de toute nationalité et l'attaque des navires espagnols. Cromwell espère ainsi prolonger la guerre des Hollandais contre l'Espagne qui s'est achevée en 1648.
Ses successeurs de la dynastie Stuart vont au contraire faire la guerre aux Hollandais, coupables de soutenir le trafic du tabac au détriment de la croissance du sucre. La première guerre, en 1664, revient à inverser les alliances de la période élisabétaine, lorsque les chiens de mer anglais combattaient aux côtés des corsaires huguenots et des gueux de mer hollandais contre l'ennemi commun : l'inquisition(??)[réf. nécessaire] espagnole et son empire.
Auparavant, les forces maritimes de Cromwell, dopées par un important effort de construction navale, ont fait le blocus de l'île de la Barbade, dirigée par des catholiques, puis imposé à l'île des taxes élevées et un monopole d'exportation, qui freine l'essor alors très rapide de cette colonie, où le sucre vient de s'implanter.
L'après-Cromwell
Cromwell s'éteint à Londres le 3 septembre 1658, victime de la malaria ou d'un empoisonnement. Son fils Richard Cromwell lui succède, mais pour très peu de temps, car le général George Monck, gouverneur de l'Écosse, craint que la nation ne sombre dans le chaos, et cherche à rétablir la monarchie. En février 1660, Monck et son armée marchent sur Londres, et avec le soutien populaire, forcent le Parlement à se dissoudre.
Charles II rentre à Londres et s'y fait couronner le 23 avril 1661.
Pour venger la mort de son père, il fait juger les régicides, et exhumer entre autres le corps de Cromwell de l'abbaye de Westminster et le soumet au rituel d'exécution post mortem le 30 janvier, date anniversaire de l'exécution de Charles Ier. Son corps est jeté dans un puits et sa tête exposée sur un pieu devant l'abbaye de Westminster jusqu'en 1685.
La période qui suit le couronnement de Charles II est appelée la Restauration.
Bibliographie
- Bernard Cottret, Cromwell, Fayard, Paris, 1992.
- L'Histoire de Cromwell a été écrite par l'abbé François Raguenet, 1691, par Abel-François Villemain, 1819 et par François Guizot, 1854.
- Honoré de Balzac en 1820 écrit une tragédie en 5 actes Cromwell qu'un académicien lui déconseille de publier. Elle le sera en 1925 chez Calmann-Lévy.
- Victor Hugo a consacré à Cromwell un drame gigantesque qui se place non pas au moment du renversement de la monarchie, mais montre un Cromwell qui se rêve roi.
- Vingt ans après d'Alexandre Dumas, où l'on retrouve également le personnage de Mazarin, relate de façon picaresque l'épisode de la capture de Charles Ier et son exécution.
- Les Dictateurs de Jacques Bainville, Denoël, 1935.
Anecdotes
- Les humoristes britanniques Monty Python ont chanté sa biographie sur l’air de la Polonaise no 6, op. 53 de Frédéric Chopin.
- Ken Hughes a fait un film, Cromwell, retraçant l'accession au pouvoir de Cromwell.
Notes et références
- ↑ Les dates sont données selon le calendrier julien en usage en Grande-Bretagne jusqu'en 1752, où il fut remplacé par le calendrier grégorien.
- ↑ Albert Mackey, The History of Freemasonry, Chapitre XXXIII : Oliver Cromwell and freemasonry.
- ↑ (en)Oliver Cromwell et les juifs
Sources
« Oliver Cromwell », dans Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang [sous la dir. de], Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, 1878 [détail des éditions] (Wikisource)
Voir aussi
Précédé par Oliver Cromwell Suivi par Conseil d'État du Commonwealth de l'Angleterre
lord protecteur d'Angleterre et d'Irlande
lord protecteur d'Écosse
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